Déclaration de M. Philippe Meurs, président de Jeunes Agriculteurs, sur le bilan de la mandature, notamment l'installation des jeunes agriculteurs, la politique agricole et la PAC, Saint Quentin (Aisne) le 10 juin 2008.

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Circonstance : 42ème congrès de Jeunes Agriculteurs à Saint Quentin le 10 juin 2008

Texte intégral


Vous n'imaginez pas combien je suis particulièrement fier d'ouvrir ce 42ème congrès de Jeunes Agriculteurs à Saint Quentin, un des temps forts de la vie de JA, et, sur ces mêmes terres, de terminer le mandat que le conseil d'administration m'avait confié aux Sables d'Olonne.
Je voudrais chaleureusement remercier l'ensemble des jeunes agriculteurs du département de l'Aisne d'avoir organisé cet événement, avec professionnalisme et convivialité. Carole, remercie-les très sincèrement au nom de l'ensemble des jeunes agriculteurs ici présents.
Un mandat de deux ans, c'est très court et en même temps très intense. Je demeure persuadé à titre personnel que nous devrions réfléchir rapidement à la mise en place d'un mandat de 3 ans.
Je disais très intense car je suis particulièrement fier du travail accompli avec ce conseil d'administration, de la pierre que nous avons apportée à l'édifice de Jeunes Agriculteurs.
Pierres que, au fil du temps, il nous faut consolider, conforter, pour que la place de Jeunes Agriculteurs soit reconnue à sa juste valeur.
Nous nous étions fixés de grandes priorités que nous avons essayé de respecter, avec du labeur, de l'énergie, des réussites et quelques freins parfois.
L'important est que cette feuille de route ait pu guider notre action syndicale, semée d'embuches et d'intérêts contradictoires. Mais je ne vous fais pas de dessins.
Ces priorités, symbolisées par les 4 vice-présidents de JA responsables du Renouvellement des Générations en agriculture, de la formation, de la communication et de l'Europe, sont le coeur même de notre raison d'être, de notre crédibilité.
Même si je n'oublie pas le reste, notre action collective au quotidien pour faire vivre notre réseau, notre action pour imaginer l'agriculture pour les jeunes de demain dans une démarche prospective et visionnaire. Cela doit être et rester notre marque de fabrique, notre regard qui fait la différence.
Alors, quand j'entends dire dans les couloirs que les jeunes seraient très réservés sur les préoccupations environnementales ou sur le progrès, cela me pose beaucoup de questions et doit vous interroger, ceux qui prennent la suite.
Et puis, au-delà des priorités nous avons vécu de grands moments forts, de vie syndicale et conviviale.
Je pense bien volontiers à l'opération événementielle que nous avons organisée sur le Champs de mars, « Un Week sur Terre », que les politique alors en campagne n'ont pas manqué de fouler.
Evidemment, il y eut les élections aux chambres d'agriculture, la campagne syndicale et la victoire tant méritée. C'est bien pour cela que d'autres syndicats concurrents se plaisent à nous attaquer, qui contestent notre indépendance, faute de grains à moudre sur d'autres sujets.
Ce qui nous a obligé à modifier nos statuts récemment. Il en fût de même pour la FNSEA qui n'avait pas pris le temps de le faire ces dernières années.
Et puis, il y eut tout le lancement du nouvel accompagnement de l'installation. Cela est loin d'être terminé mais le train est en route et ne s'arrêtera pas, avec tous les partenaires désireux de monter dans le wagon, y compris en marche. C'est la multitude des partenariats qui fera la réussite de ce nouveau dispositif.
Ce nouvel accompagnement n'aurait pas eu de valeur si nous avions perdu la négociation sur les prêts bonifiés destinés aux jeunes agriculteurs. Une négociation difficile, acharnée, d'un ensemble de petites mains, dans l'ensemble du réseau. Ce fut une démarche gagnante et au final, les prêts bonifiés jeunes agriculteurs sont maintenus. Mais nous devons rester vigilants à plus long terme.
Les autres temps forts du réseau, vous les avez vécus tout comme moi : congrès, sessions, UH, CNI. C'est tambour battant que nous avons vécu les deux années passées autour de ces « conseils de famille ». Car ce qui guide l'action de JA et qui a toujours guidé les décisions que nous avons prises, c'est le sentiment de le faire au service du réseau. Je n'en ai jamais douté à titre personnel.
Mais la nostalgie n'a pas sa place dans la vie de JA, car ce qui fait notre force, c'est la continuité de notre action malgré les changements très rapides de responsables.
Une nouvelle conjoncture vous attend, vous les responsables JA d'aujourd'hui et de demain. Et de nouveaux défis pour notre agriculture qui a le vent en poupe par les temps qui courent. Cela nous facilite bien la promotion du métier d'agriculteur même si rien n'est jamais rose.
Une agriculture moderne, innovante, forte de ses Hommes et de ses valeurs.
C'est bien ce que nous avons voulu dire à travers notre rapport d'orientation de cette année intitulé « cultivons la solidarité pour préserver notre avenir ». Nous n'aurions pas mieux choisi dans le contexte actuel de hausse des matières premières, de la crise énergétique et des préoccupations sociales et d'emploi.
Ce rapport, nous en débattrons demain après- midi ensemble, avec tous les agriculteurs des régions de France. Je vous invite à assister à cet exercice, digne d'une séance d'amendement à l'assemblée nationale. A la différence près que chez nous, la salle n'est jamais très vide comme sur certaines récentes lois....la décision est plus nette, moins hésitante...
Mardi matin, nous étudierons avec attention le rapport moral de cette année qui « veut se donner les moyens de réussir nos projets », en l'occurrence la défense syndicale de nos adhérents. C'est un rapport essentiel pour parler plus sereinement de la vitalité financière de nos structures, et donc de la vitalité de notre action collective. Sa mise en oeuvre est incontournable.
Jeudi main, nous accueillerons le ministre de l'Agriculture et de la Pêche après une discussion passionnée et passionnante autour de la solidarité et de la sécurité alimentaire lors d'une table ronde.
Il serait bien temps que les émeutes de la faim qui se sont produites dans les pays peu développés constituent un électrochoc, une réaction internationale, mettant au rang de nos préoccupations premières la sécurité alimentaire des habitants du monde !
Et pendant ce temps là, les négociations à l'Organisation mondiale du commerce, sur le démantèlement des protections et ouvrir d'avantage les marchés continuent, en toute impunité, comme si le contexte n'avait pas changé depuis l'ouverture de la négociation sur le cycle de Doha.
A dire vrai, il semblerait que nous n'ayons toujours pas besoin de cet accord « historique » pour que le commerce se développe. C'est déjà le cas. Ce sera toujours le cas demain. La négociation de cet accord a plutôt empêché les pays pauvres de développer leur agriculture.
Heureusement que nos commissaires européens veillent au bon grain, à la bonne négociation, à la bonne tractation, au bon équilibre de la négociation. Mais négocier tout seul, cela n'existe pas, cela s'appelle brader notre agriculture en l'occurrence.
Les jours à venir seront cruciaux, y compris dans le contexte de la présidence française de l'Union européenne. Cette présidence, nous la voulons volontaire, engagée, audacieuse, notamment en matière de politique agricole européenne.
Nous avons les cartes en mains, à nous de bien les distribuer. Et de faire en sorte que l'Europe dans laquelle nous croyons assure sa sécurité et son approvisionnement alimentaire pour elle-même tout en favorisant le développement des agricultures les plus pauvres.
Nous voulons que notre Union européenne parle de politique, pense des politiques et applique des politiques qu'elle aurait choisi, non par pour faire plaisir à Pascal ni à Peter.
Je voulais terminer sur le temps fort de ce congrès, c'est-à-dire l'élection du nouveau conseil d'administration qui élira le bureau dans la soirée.
C'est une grande chance pour nous que de proposer régulièrement une élection démocratique, renouvelée qui laisse place à de nouvelles idées et de nouveaux projets.
Jeunes Agriculteurs est une belle école de formation à la responsabilité, qui nous envoie vers d'autres horizons, d'autres engagements, syndicaux, mutualistes, économiques. Qu'importe, l'important est que la formation issue de Jeunes Agriculteurs puisse servir l'ensemble de la profession agricole pour un avenir radieux, qui privilégie la présence d'agricultrices et d'agriculteurs nombreux sur l'ensemble des territoires.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.cnja.com, le 24 juin 2008