Texte intégral
C'est avec grande émotion que j'interviens devant vous pour clôturer ce congrès, le premier pour moi en tant que président de Jeunes Agriculteurs. Je veux le faire avec fierté et grande responsabilité.
Et avec un brin d'émotion, pour ce passage de relais.
[Remerciements]
Je tenais, au nom du nouveau conseil d'administration, à remercier tous ceux qui ont oeuvré ces deux dernières années pour faire en sorte que Jeunes Agriculteurs conserve sa place de choix.
Un syndicat de jeunes agriculteurs, engagés, responsables, que les urnes aux dernières élections des chambres d'agriculture ont de nouveau légitimé. Et être responsable, c'est être à l'écoute de son réseau et porter ses attentes avec sérieux auprès des pouvoirs publics.
Je voudrais tout particulièrement saluer celui à qui je succède, Philippe, qui sur ses terres, a transmis le flambeau de la belle histoire du CNJA et de Jeunes Agriculteurs.
Je voulais lui redire combien son engagement et sa tenacité ont contribué à une plus grande lisibilité et une intense crédibilité de nos actions.
Et puis, nous saurons tous où se situe l'Aisne dans la géographie française.
Car, vous nous avez organisé un fabuleux congrès, vous les jeunes agriculteurs du département, les membres du Comité d'organisation, Georges Ferté et votre présidente, Carole Doré, qui depuis hier est aussi la vice-présidente de Jeunes Agriculteurs.
Un grand merci pour votre efficacité dans une grande discrétion. C'est ça l'esprit d'équipe des jeunes agriculteurs.
Je n'oublie pas l'équipe administrative qui nous a accompagnés, celle du département et de l'échelon national. Soyez en tous chaleureusement remerciés.
Je voudrais tout particulièrement vous saluer, monsieur le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, de participer à ce 42ème congrès.
Vous le verrez, les Hommes sont différents, les présidents se succèdent mais les priorités et les préoccupations demeurent et nos caractères sont tout aussi résolus.
Notre détermination est à la hauteur des grands enjeux qui se présentent à nous, nous les jeunes agriculteurs, qui avons au moins 20 ans de carrière devant nous. Défis alimentaire, environnemental, énergétique, social et territorial et j'en passe.
Avec un préalable : l'Homme doit rester au coeur des exploitations et le coeur des arbitrages.
[RGA : nouvel accompagnement, prêts bonifiés]
Nous faisons le choix d'être nombreux sur l'ensemble des territoires pour relever l'ensemble de ces défis.
A long terme, c'est une démarche payante.
Notre vraie force en France, c'est d'avoir su maintenir un tissu agricole, économique et rural très dense, vecteur de dynamisme, d'innovation et de forte valeur ajoutée.
Grâce à des jeunes agriculteurs qui s'installent en nombre, malgré le contexte démographique nouveau.
Nous reconnaissons que la hausse des prix de certaines matières premières agricoles depuis notre dernier congrès a fait revivre quelques vocations et quelques espoirs.
Même si, dans le même temps, certains jeunes éleveurs se posent beaucoup de questions quant à leur avenir.
Nous avons fait en sorte que l'installation de jeunes soit être accompagnée, personnalisée, en tenant compte des profils des nouveaux agriculteurs, comme de leurs projets spécifiques d'installation, qui allient viabilité et qualité de vie. C'est une vraie nouveauté.
Il n'y a plus un modèle d'exploitation par filière, il n'y a que des projets adaptés à des territoires.
Le seul fil conducteur commun de ces trente dernières années, ce fut et c'est la nécessité de soutenir financièrement l'ensemble de ces projets par une politique publique à l'installation volontariste et forte au sein de notre ministère de l'Agriculture.
Le rapport Véraldi, voté par le Parlement européen, ne dit pas autre chose que d'aider l'installation de jeunes en agriculture.
Nous souhaitons vous entendre redire, monsieur le ministre, que les crédits d'État consacrés à l'installation ne seront pas remis en cause. Ni sur les aides à l'installation à proprement dites, ni sur le nouveau dispositif d'accompagnement que nous réfléchissons ensemble.
Sur les prêts bonifiés destinés aux jeunes agriculteurs, je tenais, à vous dire, avec beaucoup de sincérité, combien nous avons apprécié votre engagement et votre combat pour les maintenir grâce à une enveloppe revalorisée à hauteur de 130 Millions d'euros en ayant convaincu le Premier Ministre.
Mais sachez que notre réseau demeure inquiet sur la pérennité du système et la bonne répartition régionale des enveloppes. Et puis, pourquoi les Départements d'Outre Mer ou autre collectivité n'ont-ils pas droit aux prêts JA ?
Notre réseau a fait preuve d'une grande responsabilité en acceptant de limiter l'aide accordée aux jeunes. C'est notre engagement commun qui a fait la réussite de cette évolution.
Sur le nouvel accompagnement à l'installation de jeunes porteurs de projets, nous sommes aujourd'hui arrivés à l'étape de la mise en oeuvre technique du nouveau dispositif. Il faut transformer l'essai !
Les réactions qu'il provoque en fin de parcours nous interpellent mais ne perdons pas le cap politique que nous nous sommes fixés.
A savoir mettre en place des plans de professionnalisation personnalisés, qui offrent la possibilité d'être formés. Également de partir en stages, à l'étranger si l'envie est là, pendant des durées satisfaisantes : tant pour les finances de l'État que pour le jeune.
Nous sommes sur la dernière ligne droite : elle est décisive pour l'avenir de l'accompagnement de l'installation autour de « Points Info Installation », reconnus, homogénéisés, professionnalisés, dans leurs missions.
Et, le nerf de la guerre, c'est un financement assuré de ces Points Info Installation par des crédits supplémentaires du FICIA, au-delà des 10 millions programmés. C'est une demande forte de notre débat de mardi.
Des Points Info Installation en département, pilotés par la sous-section installation de la CDOA, c'est le gage d'une grande efficacité et d'une indispensable coordination avec les partenaires européens et les collectivités locales.
Ne nous méprenons pas : les Conseils régionaux y ont un rôle majeur, autour d'un vrai partenariat gagnant-gagnant avec l'État et les JA. Et a fortiori en lien avec la formation des jeunes.
L'articulation entre échelon départemental et régional, entre acteurs d'État, acteurs locaux et partenaires professionnels, doit se faire en bonne intelligence, autour de liens privilégiés.
Mais avec un préalable incontournable : c'est-à-dire reconnaître la légitimité des jeunes agriculteurs sur le dossier installation.
Nous voulons être des acteurs majeurs dans la gouvernance de l'installation.
Nous avons d'ailleurs commencé, de notre côté, en lançant le réseau Primevère, le réseau des partenaires de l'installation. En portant également l'observatoire national de l'installation.
Nous avons besoin de tous les acteurs institutionnels ! Et ce, au service des jeunes qui s'installent. C'est la seule motivation qui nous anime !
Par ce nouveau dispositif, nous faisons également le choix d'installer des jeunes compétents I et formés.
Des jeunes de tous milieux, issus ou non de familles agricoles.
Des jeunes ayant des formations, des expériences agricoles ou non, des formations solides, porteuses de richesses et de renouveau de notre métier. A qui l'on proposera un Plan de professionnalisation personnalisé.
Cela dit si les textes permettant un accès plus large à la formation continue agricole sortent un jour ! Il est incompréhensible que des propositions sans incidences budgétaires mettent autant de temps à être votées.
Et puis, il faudrait enfin se décider à ouvrir plus largement la liste des diplômes, pour que ceux qui détiennent un diplôme de niveau IV non agricole puissent accéder à ce nouvel accompagnement.
Va-t-on encore demander longtemps à un jeune ayant un bac général de repasser un diplôme agricole alors même que le Plan de Professionnalisation Personnalisé doit lui apporter des compétences techniques agricoles ? Faisons simple quand on peut faire simple.
Cela n'a rien à voir avec la remise en question de l'enseignement agricole. Bien au contraire. Car il est incontestablement de qualité. Et c'est pour cela que nous insistons tant pour maintenir la possibilité de passer le bac pro en 4 ans, en cas de besoin.
Quand je parle de formation, je pense également à une certaine formation professionnelle, collective essentiellement.
Etre formé, c'est vital. C'est pourquoi nous vous demandons que des crédits du CAS DAR soient spécialement orientés sur le remplacement des agriculteurs qui souhaitent partir en formation, notamment après leur installation.
Quant à l'approche collective proposée par les formations, elle doit être une ligne directrice de toutes nos actions.
Penser collectif, c'est donner toutes ses chances à l'organisation de notre profession.
Etre organisés ensemble, nous n'avons pas d'autres choix. Cela prend du temps, mais cela s'apprend.
[Rapport d'orientation, FCO]
Et quand je pense organisation, je vois évidemment l'interdépendance qui nous lie, nous tous, les acteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
C'est ce que nous appelons la solidarité, thème du rapport d'orientation que nous avons voté hier dans cette même salle.
L'idée nous est apparue évidente parce que nous étions en pleine crise de la fièvre catarrhale ovine en France.
Cette maladie est l'illustration même de notre désarroi et de notre incapacité à nous organiser lors de profondes crises sanitaires.
La région dans laquelle nous sommés aujourd'hui a depuis longtemps envoyé des appels à l'aide, forts peu écoutés au demeurant !
A qui revient la responsabilité de la crise et surtout qui doit faire en sorte d'y remédier ? La prise de conscience fut loin d'être immédiate !
Quand est-ce que l'Union européenne voudra enfin mettre tout son sens politique en action pour reconnaître que nous faisons fasse à une crise sanitaire européenne, touchant plus de 6 pays, et dont les conséquences économiques ne vont qu'empirer ?
Mortalités, baisses de lactations, de fertilités....
L'absence de réactions de notre commissaire est insupportable et incompréhensible ! D'autant plus, qu'en parallèle, l'élevage européen est en danger !
Nous n'avons pas fini de connaître des crises sanitaires en élevage, en grandes cultures, en cultures spécialisées. Le bilan de santé de la PAC apportera-t-il une réponse sur la création d'un fonds sanitaire européen que nous appelons de nos voeux depuis des mois ?
En revanche, il semblerait que le lobbying des vétérinaires, notamment français, ait été entendu pour faire valoir ses droits en cette période de crise. La rentabilité du métier de vétérinaire peut susciter de nouvelles vocations chez les jeunes élèves 1 au contraire des jeunes éleveurs...
Le vaccin est notre seul salut pour l'élevage mais pas dans ces conditions là.
Entre nous, monsieur le ministre, nous ne nous serions pas scandalisés s'il vous prenait l'idée de toiletter le code rural qui confère le monopole de la vaccination des animaux aux seuls vétérinaires en cas de maladie réglementée ! L'ordre des vétérinaires serait alors renvoyé dans ses 22 !
Car les prix liés à cet acte dans certains départements sont tout simplement scandaleux ! C'est ce qui a le plus choqué les éleveurs, monsieur le ministre ! Vous qui êtes garant de l'efficacité de la campagne de vaccination : vous devez jouer vote rôle d'arbitre !
Car les éleveurs sont étranglés par des charges, par le coût de l'alimentation animale, par le coût des intrants.
Les résultats des comptes d'exploitation viennent de tomber. Ils sont très inquiétants !
C'est pourquoi nous vous demandons, monsieur Barnier, d'obtenir très rapidement des mesures de trésorerie dont le versement anticipé de nos aides animales.
Cela est loin d'être suffisant au vu du contexte mais ce serait un début de solidarité.
La solidarité, que nous devons retrouver comme valeur, dans l'intérêt général, à plus ou moins long terme, entre les agriculteurs, au sein des filières et avec la société.
La solidarité pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale grâce à des politiques régionales autonomes pour tous les paysans du monde : c'est l'un de nos « vieux combat » ! Mais sûrement pas un combat d'arrière-garde !
La solidarité, c'est aussi assurer un meilleur partage des ressources : l'eau et la terre.
Nous faisons de la question foncière une question majeure pour les Jeunes Agriculteurs. Il n'y a pas en France de politique coordonnée en matière de gestion du foncier. Chacun des élus proposant sa zone commerciale, artisanale, ses lotissements .... Tout cela n'est pas très « développement durable » !
Or, il nous faut préserver les terres agricoles. L'extension urbaine, si elle doit se faire, ne doit plus être confiée aux communes mais au département. C'est une trop grande responsabilité pour nos 36 000 maires !
Et puis pour convaincre, il nous faut une arme dissuasive que nous pourrions appeler « Redevance sur le changement d'usage du foncier » et que nous pourrions consacrer au financement de l'installation des jeunes. Cette idée n'est pas nouvelle mais de plus en plus d'actualité !
La solidarité, cela évoque aussi pour nous l'organisation de nos filières. C'est une question de survie, sûrement pas de concurrence entre organisations professionnelles agricoles !
Nous avons réfléchi à plusieurs instruments de gestion des risques, qui seraient obligatoires mais adaptés à chaque filière.
Nous proposons également des mécanismes de solidarité inter-filières: comme la contractualisation de volumes de production entre les filières grandes cultures et élevage.
Comme un plan de relance des protéines végétales que le bilan de santé de la PAC devra confirmer ou encore une mise en oeuvre de la flexibilité des aides publiques ou de caisses de solidarité sanitaire.
Et puis, pour promouvoir nos produits, il nous faut développer des marques collectives professionnelles fortes. Quand je vois la difficulté que nous avons à faire la promotion de nos vins, y compris par internet, il est urgent que nous fassions savoir aux consommateurs ce qu'est une marque, un produit et au final un producteur.
La solidarité que nous défendons et que nous voulons mettre en place, doit nous aider à mieux nous adapter à la nouvelle conjoncture mondiale.
[Contexte agricole, présidence française, environnement, charges]
Et le contexte agricole actuel, c'est tout sauf du déjà vu ou de la routine : il nous faut produire plus, mieux, en respectant les exigences françaises au sein d'un équilibre des échanges européens et mondiaux.
Mais, cela mérite de la cohérence de la part de nos gouvernants : Pour produire plus d'agriculture biologique, augmenter nos volumes de productions si besoin, tout en réduisant l'usage des produits phytosanitaires.
Nous sommes un peu déstabilisés par ces formidables incantations, même si nous demeurons convaincus qu'il faut produire plus et mieux !
A la veille de la présidence française de l'Union européenne dont nous attendons beaucoup, les chantiers de dimension politique ne manquent pas.
Dans une Europe dotée de pouvoirs politiques, du moins nous l'espérons. Nous sommes suspendus au résultat du référendum irlandais portant sur la ratification du traité de Lisbonne, décisif pour notre avenir commun.
Décisif pour les chantiers qui doivent absolument guider l'action de la France autour de quelques priorités « durables » que nous vous suggérons bien volontiers, monsieur le ministre :
- La première priorité étant l'harmonisation des réglementations entre Etat membres.
C'est vital pour la crédibilité de notre construction européenne.
Grenelle de l'environnement, directives et règlements sur les produits phyto-sanitaires, OGM, grenelle de l'animal (je veux parler des rencontres « Animal et Société ») ... il ne suffit pas d'avoir des idées tout seul dans son coin. Rien de plus facile pour les nombrilistes que nous sommes.
Le véritable défi est de les faire partager à nos homologues quand elles sont dignes d'intérêt.
Nous n'avons aucun mal à dire que nous faisons le choix d'installer des jeunes qui investissent dans la modernité, dans les attentes sociétales.
Des jeunes qui répondent à la nouvelle donne environnementale. Nous voulons être partie prenant de la « révolution verte ». Mais pas n'importe comment !
Comment répondre à des agriculteurs que les intrants qu'ils utilisent par exemple en viticulture, pour les fruits ou légumes frais ne sont pas autorisés en France alors qu'ils sont indirectement proposés aux consommateurs français via des importations ? C'est incohérent ! Et inexplicable !
Les règles relatives à l'environnement doivent être harmonisées et devenir un atout valorisant notre agriculture. Un atout permettant de promouvoir notre savoir-faire européen, la proximité entre nos bassins de production et de consommation, la proximité avec ceux qui consomment nos produits.
Les jeunes veulent réfléchir également à l'autonomie énergétique de leur exploitation, sujet ô combien d'actualité.
Développer les bioénergies, les biocarburants sur nos exploitations, au sein d'un bouquet énergétique large : c'est plutôt visionnaire quand on sait que le baril de pétrole est monté jusqu'à 139 dollars !
Réduire nos consommations d'énergie, les diversifier. Nous n'aurons d'autres choix à l'avenir.
Et pour cela il faut que la recherche avance : c'est tout l'objet par exemple du fonds d'investissement agro-ressources proposés par des jeunes agriculteurs de l'est et du nord de la France.
Au-delà de la question énergétique, les charges directes et indirectes sur nos exploitations explosent. Les Jeunes Agriculteurs crient leur désarroi depuis plusieurs semaines, dans toute la France.
Quand se mettra-t-on à parler du pouvoir d'achat de l'agriculteur ?
Le remboursement partiel de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers est un début de réponse à l'augmentation des charges mais pas une fin en soi. Nous attendons plus, nous attendons mieux.
Quand nous parlons de pouvoir d'achat et de la répartition des marges au sein des filières agricoles, nous pensons aussi à leurs fournisseurs : si vous voyez qui je veux dire... Vont-ils longtemps se faire du gras sur le dos des paysans? Leurs principaux débouchés, c'est encore nous que je sache...
Alors, la moindre des choses est qu'ils participent au tour de table pour financer des diagnostics, économes en intrants, en énergie. Des diagnostics orientés prioritairement vers les jeunes qui s'installent avec les aides. Nous avons besoin de confirmations fortes et concrètes sur le sujet !
La mauvaise alternative serait de proposer des facilités pour acheter du matériel plus économe car tout le monde ne peut pas investir, et encore moins les jeunes qui démarrent.
En termes de marges outrancières, ces fournisseurs n'ont pas le monopole malheureusement !
Sortent-ils des mêmes grandes écoles que les responsables des cinq centrales d'achat ? La loi de modernisation de l'économie agricole, c'est le coup de grâce asséné par la grande distribution à l'espoir de pouvoir vivre un jour du prix de nos produits !
Avec la négociabilité des tarifs des fournisseurs, exit la transparence des marges et des prix de la grande distribution !
C'est d'une véritable politique agricole forte, européenne et adaptée dont nous avons besoin.
[Réforme de la PAC
- C'est à cette seconde priorité que la présidence française devra travailler, en finalisant notamment le bilan de santé de la Politique agricole commune.
Aujourd'hui nous sommes dans l'expectative.
C'est un bilan de santé sans bilan.
C'est un bilan de santé qui ne tient pas compte de la santé de l'agriculture.
Les propositions de la Commission européenne nous ont déçus.
Où est la prise en compte de la conjoncture du marché, défendue par les Jeunes Agriculteurs depuis le début des réflexions ?
Le citoyen européen ne le comprendra pas autrement ! Nous non plus ! Car en parallèle, la volatilité des cours des matières premières agricoles est en marche.
Et cela ne va pas s'arranger avec le démantèlement des outils de gestion des marchés. Fin des quotas laitiers, abolition de l'intervention pour le blé dur, suppression de la jachère, abolition de l'intervention en porc et en riz.
Mais pas un mot sur l'assurance de notre sécurité alimentaire et l'approvisionnement des consommateurs européens !
Pas un mot non plus sur la mise en place d'un système de gestion des risques économiques, notamment en termes de stabilisation des revenus.
La Dotation pour aléas n'est pas le remède miracle annoncé ou la solution par dépit, encore moins pour les jeunes qui n'y auront pas accès !
Rien non plus pour rendre plus compétitifs nos élevages européens, quelle que soit la production ou la région.
On nous assène tous les jours que cela n'est qu'un bilan de santé qui doit se conformer aux textes européens, textes qui n'ouvrent que peu de portes.
Où est passée l'ambition de la France et sa volonté d'anticiper l'après 2013 ?
Sur la modulation des aides, le prélèvement au sein des aides du premier pilier, c'est motus et bouche cousue !
Nous, les Jeunes Agriculteurs, avons proposé d'ici 2013 des aides flexibles, redistribuées en fonction de la conjoncture de l'année. Des aides directes attribuées en fonction des hectares mais aussi des actifs. C'est tout sauf impossible !
Parce l'agriculture de demain sera riche aussi de ses hommes. Mais pas en porc, ni en volailles.
C'est à croire que les productions hors sols ne méritent pas l'intérêt des chantres du bilan de santé de la PAC
[Régulation, interprofessions]
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, vous êtes devant des jeunes qui ont besoin d'être rassurés sur le type d'agriculture qu'on leur propose de développer.
La crise de l'alimentation, la crise financière, la crise énergétique doivent nous amener à penser autrement. On dérégule les marchés agricoles mais l'on veut réguler à nouveau les marchés financiers ! C'est à n'y rien comprendre !
Et puisque l'on parle d'Europe et de gouvernance, il est urgent de mettre en place une organisation de gestion plus efficace des marchés agricoles grâce à des organisations communes de filières, notamment en Europe.
Les détracteurs sont nombreux, les incrédules majoritaires sur le sujet.
Nous croyons, au contraire, que ces interprofessions européennes sont notre seule voie de salut, malgré leur difficile mise en place, y compris au sein de notre pays.
Et quand nous possédons des interprofessions nationales qui fonctionnent, c'est la DGCCRF qui nous dit que nous n'avons pas le droit de nous organiser, notamment en lait. On nous avait pourtant dit « organisez vous » !
Les paysans veulent vivre de leur métier, ils veulent vivre de prix rémunérateurs et assurer la souveraineté alimentaire de leurs concitoyens.
Mais cette souveraineté alimentaire a un prix, un prix sociétal. L'intervention des pouvoirs publics et la régulation des marchés ne doivent plus être tabous.
La crise alimentaire mondiale doit constituer pour l'avenir un électrochoc des consciences et des politiques publiques.
Nous n'avons d'autres choix que d'être responsables.
[Conclusions]
Pour terminer,
Je voulais vous redire combien les jeunes agriculteurs sont déterminés et veulent aller de l'avant. Avec ceux qui en ont envie.
Nous sommes pleins d'espoir pour le métier que nous avons choisi.
Un métier structurant pour nos territoires, pour notre économie.
Un métier qui a besoin d'une représentation forte, un peu piquante parfois, au coeur de la mêlée mais aussi de collaborations fortes.
C'est comme cela que nous voyons le rôle de Jeunes Agriculteurs
Je vous remercie.Source http://www.cnja.com, le 24 juin 2008