Point de Presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les relations avec la Serbie après l'arrestation de Radovan Karadzic, la situation au Zimbabwe et sur les négociations entre Israël et la Syrie, à Bruxelles le 22 juillet 2008.

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Circonstance : Réunion du Conseil affaires génértales et relations extérieures, à Bruxelles le 22 juillet 2008

Texte intégral

Q - Votre réaction après l'arrestation de Karadzic ?
R - Je pense que c'est une bonne nouvelle attendue pendant treize ans. Nous étions hier réunis pour préparer ce premier Conseil Affaires générales de la Présidence française. Lorsque nous l'avons appris, tout le monde a sauté de joie. Enfin, enfin ! Treize ans. Nous avons pensé aux victimes. C'est une page qui se tourne et j'ai pensé à l'avenir, à ce gouvernement serbe pro-européen que nous avons soutenu. Les résultats n'ont pas tardé pour un rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne. J'ai pensé aussi à ce qui se passe au Soudan, j'ai pensé au procureur, M. Ocampo. Je pense que c'est un signe pour les dictateurs. Vous savez les chefs d'accusation sont les mêmes, mais la justice existe et le droit d'ingérence et la responsabilité de protéger reprennent un petit peu de vigueur.
Q - Est-ce que la Serbie coopère avec le TPIY ?
R - Les autorités serbes coopèrent beaucoup plus qu'avant. Ils auraient probablement pu l'arrêter avant mais c'est une autre histoire. Le gouvernement de M. Tadic coopère.
Q - Pour l'ASA ?
R - Ne préjugeons de rien, bien sûr, mais les choses vont être plus faciles. Quand on pense à toutes ces souffrances de centaines de milliers de victimes qui attendaient ce moment pour que la justice passe. Il ne peut pas y avoir de fraternité retrouvée sans justice, il ne peut pas y avoir de paix sans justice.
Q - Est ce que le Conseil va dire aujourd'hui que la Serbie coopère ?
R - Le Conseil va certainement dire quelque chose. Mais vous savez, le Conseil est constitué de vingt-sept Etats membres. D'accord, Karadzic est arrêté, mais Mladic ne l'est pas...
Q - (Sur le Zimbabwe)
R - Un accord a été signé, c'est mieux que rien. L'Union européenne espère que M. Tsvangirai sera le Premier ministre. Il a eu 47 % des voix au second tour et personne n'est plus indiqué que lui pour être le Premier ministre.
Q - Allez-vous poursuivre l'adoption des sanctions ?
R - Les sanctions ont joué un rôle. Il faut continuer parce que cette menace de sanctions, qui n'étaient pas encore passée à l'acte, a joué un rôle considérable pour renforcer la détermination des pays de la SADC, en particulier de l'Afrique du Sud qui maintenant est d'accord.
Il y a parfois des bonnes nouvelles.
Q - (Sur l'Iran)
R - Ne commençons pas à être pessimiste. Pour la première fois, nous avons parlé, nos amis américains étaient impliqués dans les pourparlers, c'est le début d'un "bruissement" de dialogue.
Q - (Concernant les perspectives de ce dialogue)
R - Non, je ne suis pas optimiste, mais je ne suis pas pessimiste non plus. Ce n'est que le début, et Javier Solana leur a proposé de répondre d'ici 15 jours. Nous verrons. Nous parlons tous ensemble. C'est un bon début, même si nous ne sommes pas encore en train de parler des aboutissements de cette négociation.
Q - (Sur l'arrestation de Karadzic)
R - Je viens d'en parler trois fois, je suis très heureux, il était temps, treize ans, et vraiment je crois en la justice internationale. Nous croyons que le droit d'ingérence existe, que la responsabilité de protéger va ressurgir. Je pense aussi à ce qui vient de se passer avec le président du Soudan. On commence à se diriger vers une justice pénale internationale, à montrer que nous ne sommes pas seulement des plaisantins. Il y a une justice qui s'exprime. Je suis très heureux que la Serbie se dirige vers l'Union européenne de façon plus décidée.
Q - (Sur les négociations Israël et la Syrie)
R - Je les encourage à aller de l'avant. Je suis bien sûr satisfait que tout aille un peu mieux.
Q - Qu'attendez-vous du côté iranien ?
R - Nous faisons des propositions de travail commun. Mais dans bien des domaines, l'agriculture, la culture, etc., nous n'avons pas eu de réponse à ces propositions. Dans la lettre, il était convenu que selon les résolutions des Nations unies, ils devaient cesser l'enrichissement de l'uranium : c'est cela la question, ce n'est pas seulement de se parler à Genève, même si nous sommes satisfaits qu'ils se soient parlé à Genève.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2008