Texte intégral
Q - En quoi l'Afrique du Sud est-elle, selon vous, un modèle ou un partenaire idéal pour l'Union européenne ?
R - Elle n'est pas un partenaire idéal. Elle est un partenaire obligé parce qu'elle est une grande démocratie, surmontée en permanence par l'image d'un très grand homme : Nelson Mandela. J'espère qu'elle sera un modèle.
Q - L'Afrique du Sud peut-elle, aux côtés de l'Europe et de la France, intervenir davantage en tant que pacificateur, comme on l'a vu récemment au Kenya mais comme on ne l'a pas vu au Zimbabwe ?
R - Vous avez raison, même si nous, les Français, n'avons pas de leçons à donner. Il y a eu des troubles dans tous les pays francophones, mais, jusque-là, on pensait que l'Afrique anglophone était épargnée et cela n'était pas vrai. Il faut aussi parler des rapports nécessaires entre l'Union africaine et l'Union européenne. Malheureusement, entre le Nord et le Sud, les rapports ne sont pas faciles, comme ils ne le sont pas, par exemple, entre M. Kadhafi et M. Mbeki. Pour l'Union africaine, il y a deux écoles : ceux qui veulent imiter l'Europe sur la base des nations et ceux qui pensent, comme M. Kadhafi, qu'il faut déjà un gouvernement africain. Tout le monde veut imiter l'Union européenne sauf... quand on y est.
Q - Il y a un an, Nicolas Sarkozy prononçait son fameux discours de Dakar sur l'homme noir et son engagement dans la société, très contesté dans un grand nombre de pays africains, mais plutôt bien accueilli par l'Afrique du Sud. Rétrospectivement, pourquoi Mbeki l'a-t-il, lui, plutôt bien accueilli ?
R - Peut-être ne l'avait-il pas lu... Disons que ses divergences avec les pays africains, en tout cas ceux de l'Afrique de l'Ouest, sont connues. Il a en tout cas envoyé une lettre très claire de soutien au président Sarkozy. Moi, je juge avec une certaine sévérité le discours de Dakar. Cela s'est passé dans des conditions telles que cela ne pouvait pas être accepté.
Q - Du côté du Soudan, le président Béchir a rejeté hier l'accusation de génocide au Darfour portée contre lui. Vous répondez quoi ?
R - Je réponds d'abord à M. Béchir, qui a accusé la France d'être néocolonialiste et de vouloir son pétrole, que cela n'a rien à voir avec notre position qui est entièrement politique et humaine. Les massacres, que je n'ai jamais qualifiés de génocide mais de crimes contre l'humanité et de massacres de masse, sont vus et connus par les populations du monde entier. Voilà ce que nous dénonçons.
Q - Barack Obama poursuit cette fin de semaine à Paris son voyage dans une Europe conquise. Après les signes forts en direction de George Bush adressés par Nicolas Sarkozy, c'est à nouveau un exercice diplomatique un peu compliqué qui vous attend, non ?
R - Ce n'est pas compliqué. Il n'y a pas eu de signes forts à destination de George Bush mais à destination du président américain. Si vous aviez assisté, comme moi, au discours du Congrès, ce n'est pas à George Bush qu'il rendait hommage mais à l'amitié franco-américaine renouvelée, qui nous permet justement de ne pas être toujours d'accord. Maintenant, nous nous parlons franchement et en toute fraternité. Nous serons très heureux de faire la même chose avec le président qui sera élu : que ce soit M. Obama ou M. McCain, qui nous a déjà rendu visite.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2008
R - Elle n'est pas un partenaire idéal. Elle est un partenaire obligé parce qu'elle est une grande démocratie, surmontée en permanence par l'image d'un très grand homme : Nelson Mandela. J'espère qu'elle sera un modèle.
Q - L'Afrique du Sud peut-elle, aux côtés de l'Europe et de la France, intervenir davantage en tant que pacificateur, comme on l'a vu récemment au Kenya mais comme on ne l'a pas vu au Zimbabwe ?
R - Vous avez raison, même si nous, les Français, n'avons pas de leçons à donner. Il y a eu des troubles dans tous les pays francophones, mais, jusque-là, on pensait que l'Afrique anglophone était épargnée et cela n'était pas vrai. Il faut aussi parler des rapports nécessaires entre l'Union africaine et l'Union européenne. Malheureusement, entre le Nord et le Sud, les rapports ne sont pas faciles, comme ils ne le sont pas, par exemple, entre M. Kadhafi et M. Mbeki. Pour l'Union africaine, il y a deux écoles : ceux qui veulent imiter l'Europe sur la base des nations et ceux qui pensent, comme M. Kadhafi, qu'il faut déjà un gouvernement africain. Tout le monde veut imiter l'Union européenne sauf... quand on y est.
Q - Il y a un an, Nicolas Sarkozy prononçait son fameux discours de Dakar sur l'homme noir et son engagement dans la société, très contesté dans un grand nombre de pays africains, mais plutôt bien accueilli par l'Afrique du Sud. Rétrospectivement, pourquoi Mbeki l'a-t-il, lui, plutôt bien accueilli ?
R - Peut-être ne l'avait-il pas lu... Disons que ses divergences avec les pays africains, en tout cas ceux de l'Afrique de l'Ouest, sont connues. Il a en tout cas envoyé une lettre très claire de soutien au président Sarkozy. Moi, je juge avec une certaine sévérité le discours de Dakar. Cela s'est passé dans des conditions telles que cela ne pouvait pas être accepté.
Q - Du côté du Soudan, le président Béchir a rejeté hier l'accusation de génocide au Darfour portée contre lui. Vous répondez quoi ?
R - Je réponds d'abord à M. Béchir, qui a accusé la France d'être néocolonialiste et de vouloir son pétrole, que cela n'a rien à voir avec notre position qui est entièrement politique et humaine. Les massacres, que je n'ai jamais qualifiés de génocide mais de crimes contre l'humanité et de massacres de masse, sont vus et connus par les populations du monde entier. Voilà ce que nous dénonçons.
Q - Barack Obama poursuit cette fin de semaine à Paris son voyage dans une Europe conquise. Après les signes forts en direction de George Bush adressés par Nicolas Sarkozy, c'est à nouveau un exercice diplomatique un peu compliqué qui vous attend, non ?
R - Ce n'est pas compliqué. Il n'y a pas eu de signes forts à destination de George Bush mais à destination du président américain. Si vous aviez assisté, comme moi, au discours du Congrès, ce n'est pas à George Bush qu'il rendait hommage mais à l'amitié franco-américaine renouvelée, qui nous permet justement de ne pas être toujours d'accord. Maintenant, nous nous parlons franchement et en toute fraternité. Nous serons très heureux de faire la même chose avec le président qui sera élu : que ce soit M. Obama ou M. McCain, qui nous a déjà rendu visite.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2008