Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Représentant de Madame la Présidente du Conseil Régional,
Monsieur le Représentant de Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaiterais vous dire, pour commencer, combien je suis heureux de me trouver aujourdhui, parmi vous, à Grenoble, et combien jai apprécié la présentation qui vient dêtre faite de la future Cité scolaire internationale de votre ville.
Ce projet est, je le crois, exemplaire.
Grenoble, avec ses 45 000 étudiants, avec ses milliers duniversitaires, de chercheurs, du CEA, du CNRS, du CNET, du Synchrotron, ainsi que de grands groupes installés sur les bords de lIsère, est lun des tout premiers centres en France dans le domaine de la connaissance, de lintelligence.
Grenoble a ainsi attiré, grâce à ses compétences, un très grand nombre de scientifiques étrangers, venus, pour la plupart, des autres Etats membres de lUnion européenne. Il manquait, incontestablement, à cette ville, un lieu daccueil pour permettre à leurs enfants de poursuivre leur scolarité dans les meilleures conditions. Les sections internationales des lycées de Grenoble ou de ses environs ont certes offert une solution dattente, mais elle nétait manifestement plus suffisante.
Labsence dun équipement de ce niveau pouvait, de ce fait, dissuader nombre dentre eux de rejoindre lun des centres de recherche de lagglomération, et ce au détriment non seulement de la qualité des travaux qui y sont menés, mais aussi, du fait même des retombées de ces travaux sur le tissu économique local, au détriment du développement économique de Grenoble et de sa région.
Je me réjouis que lensemble des collectivités concernées, la ville, sous laction dynamique de Michel Destot, le département, la région, avec le concours de lEtat, aient été capables de se rassembler, de se mobiliser, pour bâtir ce projet et assurer la réussite de cette cité scolaire internationale.
En la construisant, vous allez, vous tous, responsables de ce projet, permettre à votre région, et à travers elle, à lensemble du pays, de participer à la fois plus activement et très concrètement à lédification de cette Europe de la connaissance, dont nous avons besoin. Vous me permettrez, en tant que ministre chargé, au sein du gouvernement que dirige Lionel Jospin, des Affaires européennes, dinsister quelques instants sur ce dernier point.
LEurope, en effet, tant pour être capable de sintégrer dans la mondialisation de léconomie, tout en préservant son modèle social, que pour profiter pleinement de ses richesses intellectuelles, culturelles, scientifiques, et de leurs variétés, doit, aussi, exister dans le domaine de la connaissance.
Mais pour la bâtir, nous aurons besoin dun projet fort, mobilisateur, capable dentraîner toutes les énergies.
La démarche que vient dengager Claude Allègre, en liaison étroite avec ses collègues italien, britannique et allemand, consistant à avancer sur la voie dune harmonisation européenne des cursus universitaires, est de ce point de vue très importante. Sans doute faudra-t-il aller plus loin. Jai, en ce domaine, formulé une proposition.
Au milieu des années 1980, lorsque lon a décidé de rendre complètement effective la liberté de circulation des marchandises, qui existait théoriquement depuis le Traité de Rome, lActe unique européen a fixé un programme, un calendrier et une date butoir, le 1er janvier 1993, pour lentrée en vigueur du Marché unique.
Pour que lEurope de la connaissance devienne, elle aussi, effective, il peut être nécessaire de suivre la même démarche, en se donnant, par exemple, pour objectif, quau premier janvier 2005, la liberté de circulation et détablissement des étudiants, des diplômés, des professeurs et des chercheurs soit devenue effective, grâce à la suppression de toutes les entraves qui subsistent.
Bien entendu, le contenu dun tel « Acte unique de lEurope de la connaissance » ne serait pas le même que pour le marché unique. Il ne sagirait pas de prendre des dizaines de directives dharmonisation, il y aurait moins de communautaire, plus dintergouvernemental, plus de subsidiarité, plus de relations directes entre universités. Mais ce qui compterait, cest la mobilisation de tous que permettrait laffichage de cet objectif, pour réussir cette Europe de la connaissance si importante pour notre avenir.
Aux institutions communautaires, il appartiendrait, tout dabord, de permettre les avancées encore nécessaires en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, en complétant les directives existantes ; ensuite, dencourager la mobilité des étudiants en Europe, en faisant en sorte, notamment, que les programmes communautaires qui existeront à partir de lan 2000 permettent à un nombre beaucoup plus élevé dentre eux détudier dans un autre pays de lUnion européenne.
Aux Etats membres et aux universités, chacun pour ce qui les concerne, il incomberait de généraliser linterpénétration des cursus, en validant plus systématiquement dans le pays de départ le temps passé dans le pays daccueil, de construire la reconnaissance mutuelle des diplômes afin, par exemple, quà un deuxième cycle effectué dans un pays puisse succéder, sans difficulté, un troisième cycle effectué dans un autre pays, de mettre enfin en place la mobilité des professeurs et des chercheurs, sans laquelle rien nest possible.
La promotion du multilinguisme, lutilisation des nouvelles technologies de linformation et de la communication, et le travail des universités en réseau devraient fonder le cadre de cette action.
Je sais quil existe peu dendroit, en France, où lon puisse autant saisir limportance de ce sujet de lEurope de la connaissance quici, à Grenoble, car la concentration détudiants, de professeurs et de chercheurs y est tout à fait exceptionnelle.
Cette proposition, il appartient à chacun dentre vous, si vous le souhaitez, de la faire vivre. Le plus important, je lai dit, est que nous avancions rapidement, pour mettre lEurope de la Connaissance à la hauteur de lEurope économique, afin que lUnion européenne tienne toute sa place, joue tout son rôle, au profit de nos concitoyens, dans le monde du 21ème siècle.
Je voudrais, pour terminer, adresser, à nouveau, toutes mes félicitations aux responsables du projet de la future Cité scolaire internationale.
Je vous remercie de votre attention./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)