Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur le système de soins, les soins médicaux et l'éducation thérapeutique des soignants, Paris le 2 septembre 2008.

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Circonstance : Remise du rapport "mission éducation thérapeutique du patient" à Paris le 2 septembre 2008

Texte intégral


Replacer le patient au coeur du système de soins : telle est, aujourd'hui, la finalité de notre politique de santé, tel est l'objectif ultime de toutes nos réformes.
Le patient, désormais, en dépit de l'étymologie impliquant la passivité du malade, objet d'un traitement, devient un patient actif.
L'éducation thérapeutique comporte ainsi un double effet : éthique et médical.
Elle permet, en effet, d'une part, d'augmenter la maîtrise du patient sur lui-même, patient qui ne vit plus son traitement comme un assujettissement, patient resitué au centre du système de santé, et d'autre part, de diminuer très sensiblement le risque de complications et d'aggravation de la maladie.
En permettant aux malades de gagner en autonomie, par l'appropriation de compétences permettant d'améliorer leur qualité de vie, l'éducation thérapeutique participe de cet objectif cardinal d'une politique de prévention ambitieuse et innovante.
Je remercie très chaleureusement les membres de la mission que j'ai confiée à Christian Saout, président du collectif inter associatif sur la santé (CISS) ainsi qu'aux professeurs Dominique Bertrand et Bernard Charbonnel.
J'adhère pleinement aux grands axes du rapport remarquable que vous m'avez remis, aboutissement d'un travail de fond sans précédent.
Je remercie également, pour leur précieuse contribution, les membres de la mission d'appui et les membres du comité d'orientation de la mission.
Cependant, l'éducation thérapeutique n'est pas un territoire inexploré.
Aussi, je me dois ici de saluer les initiatives conjuguées visant à apporter les réponses adaptées aux besoins des patients souffrant de maladies chroniques.
Toutes ces initiatives, celles des équipes hospitalières, des réseaux ville-hôpital, sans oublier celles des équipes d'hospitalisation à domicile, celles des associations de patients, mais aussi celles des organismes sociaux, notamment celles de la mutuelle sociale agricole, de la CNAM, pour ne citer qu'eux, sont le ferment d'un mouvement qu'il convient de structurer et de prolonger.
Le temps est venu d'instituer un cadre qui favorise le développement et l'évaluation de ces initiatives.
Il s'agit ici d'ouvrir à ceux qui le souhaitent la possibilité de mieux prendre en main leur santé, la possibilité d'être impliqué davantage dans l'amélioration de la qualité des soins.
Il s'agit d'ouvrir une possibilité, non d'imposer une obligation.
Je partage pleinement vos recommandations en ce domaine.
L'éducation thérapeutique n'est pas un nouveau métier. Ainsi, l'amélioration continue des pratiques implique simplement une formation mieux adaptée des soignants.
Tout comme vous, je ne pense pas que l'éducation thérapeutique que nous voulons promouvoir doive se construire sur une remise en cause de tout ce qui a été fait.
Les initiatives doivent être valorisées, structurées, obéir à un cahier des charges précis, être évaluées en fonction de leur pertinence et de leur efficacité.
A cet effet, ce sont les ARS qui seront à la manoeuvre. Je partage, sur ce point, totalement vos recommandations.
Enfin, vous avez raison de souligner que ces nouveaux besoins exigent l'adaptation de nos outils tarifaires. Ces outils doivent tenir compte des résultats et s'appuyer sur de nouveaux modes de rémunération. Par exemple, il me semble que le paiement à l'acte ne sera pas toujours adapté à nos objectifs, compte tenu de la nécessité d'effectuer un travail de suivi dans la durée, du caractère pluridisciplinaire des missions d'éducation thérapeutique, et de l'institution d'un nouveau mode de relation entre soignants et patients.
L'éducation thérapeutique a le mérite immense de donner consistance au principe de solidarité qui unit soignants et soignés.
Le moment du diagnostic éducatif est, à cet égard, un moment décisif, instituant une compréhension mutuelle, fondant une confiance favorable au soin.
La démobilisation et le découragement induits par la chronicité de la maladie se trouvent ainsi contrariés par le constant souci d'accompagner le patient au long cours.
En rappelant ainsi cette exigence d'accompagnement, accompagnement que les associations de patients ont su mettre en oeuvre pour permettre aux malades d'assumer leur maladie, l'éducation thérapeutique contribue efficacement à la bonne observance de traitements mieux gérés et mieux compris.
Améliorer la qualité des soins, en permettant à chacun de mieux exploiter au long cours son potentiel de santé, donner un contenu effectif aux droits des malades, instituer ainsi le principe de santé durable : telle est la voie ouverte par la promotion inédite dans notre pays de l'éducation thérapeutique.
C'est une réponse à tous ceux qui n'ont qu'une approche comptable de la pathologie chronique.
Votre rapport fera date. Nous saurons, pour les patients, tirer les fruits de ce travail.
Ainsi, je souhaite que l'éducation thérapeutique puisse faire l'objet d'un article spécifique dans le projet de loi « patients, santé et territoires » que je défendrai bientôt devant le Parlement.
L'inscription dans un texte législatif du concept d'éducation thérapeutique est une première.
Il s'agit pour les patients d'une avancée considérable.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 septembre 2008