Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mes Chers Amis,
Depuis 15 mois environ, nous travaillons ensemble. Il s'agit de notre deuxième réunion, deuxième Conférence des ambassadeurs et je crois que nous avons fait, comme on dit pudiquement, ce que nous avons pu.
Nous avons tous beaucoup travaillé et beaucoup voyagé. Une visite ne correspond pas toujours forcément à un progrès, vous le savez, mais enfin, en 15 mois, nous avons effectué - je ne parle pas que de moi, mais aussi des secrétaires d'Etat qui sont autour de cette table - environ 150 visites, dans des endroits extrêmement divers, avec des résultats divers eux aussi. Vous avez vraiment effectué un travail considérable sous l'autorité du président de la République.
Nous avons organisé deux conférences internationales majeures : l'une consacrée à la Palestine, à l'Etat palestinien, l'autre à l'Afghanistan.
Nous avons déployé ensemble des efforts significatifs pour la stabilisation du Liban et l'implication de la France dans la recherche de la paix au Moyen-Orient. Il y a quelques jours, nous étions encore à Beyrouth et à Damas. Nous avons lancé au mois de juillet l'Union pour la Méditerranée. Nous avons travaillé à la libération de nombreux otages, français en particulier, et nous avons eu la joie de retrouver Ingrid Betancourt.
Nous avons mis en place l'EUFOR au Tchad et en République centrafricaine. Hélas, nous n'avons pas trouvé de l'autre côté de la frontière, du côté soudanais, la force hybride que nous attendions et qui devait compléter la sécurisation de cette frontière.
Nous avons surtout oeuvré sans relâche avec Jean Pierre Jouyet, à la préparation de la présidence française de l'Union européenne et nous veillons depuis le 1er juillet, nuit et jour, à son bon déroulement - je dis nuit et jour parce que lors de ce mois d'août qui est réservé aux vacances il y a eu beaucoup d'agitation nuit et jour en particulier, à propos de la Géorgie.
Il n'y a pas que des succès bien entendu, il y a eu beaucoup de déceptions. Notre combat pour les Droits de l'Homme et pour cette responsabilité de protéger qui était la version internationale de notre droit d'ingérence nous est apparu plus difficile que jamais : entre la crise tibétaine et le cyclone Nargis qui a frappé la Birmanie. L'année dernière, je vous avais demandé de faire de chacune de nos ambassades, entre autre une Maison des Droits de l'Homme, je vous remercie de vos efforts. Nous avons obtenu la libération de nombreux prisonniers politiques, nous n'avons pas baissé notre ambition, avec Rama Yade, et la France a d'ailleurs été réélue au Conseil des Droits de l'Homme. Reconnaissons-le, malgré l'ampleur de nos efforts, nous constatons souvent que ce que nous pensions être un consensus mondial sur les valeurs est de moins en moins évident. Je dirais même que dans bien des lieux nous régressons.
Nous avons eu aussi à affronter les difficultés matérielles d'une administration dont les moyens continuent de baisser alors qu'elle est chargée de missions de plus en plus nombreuses, de plus en plus importantes, de plus en plus délicates. Une aide au développement bilatéral et une politique de coopération et d'influence, certes très importante mais dont les budgets au mieux stagnent et nous nous demandons avec Alain Joyandet, ce fut le cas aussi avec Jean-Marie Bockel, comment nous allons pouvoir tirer plus de ce que l'on nous donne en moins.
Il y a les crises dont se nourrit notre action quotidienne et qui mettent en valeur l'efficacité de nos agents, le dévouement de ceux-ci et là encore jour et nuit. Permettez-moi aussi de remercier tous ceux qui ont parmi vous, parmi vos collaborateurs, au ministère de la Défense, au ministère de l'Intérieur, géré ces dernières crises : prises d'otages, accidents, attentats, catastrophes naturelles, qui ont permis également d'évacuer les Français du Tchad ou de la Géorgie dans les meilleures conditions possibles. Permettez-moi, au passage, de rendre un hommage très particulier à nos soldats, aux dix soldats morts en Afghanistan il y a quelques jours. Il y a eu l'hommage de la Nation aux Invalides, l'hommage aux familles, l'hommage à l'armée et j'y ajoute en votre nom, l'hommage de la diplomatie française.
Nous allons avoir l'occasion durant ces deux jours de revenir sur ces crises. Nous reparlerons des évènements de Géorgie et de leurs implications multiples qui nous occuperons à mon avis pendant bien des années. Nous allons voir comment organiser notre ministère, comment établir un lien plus fort, plus efficace entre les fonctions d'anticipation, de réflexion, de veille et les fonctions de gestion des crises. C'est d'ailleurs l'un des objectifs de ce nouveau centre de crise que j'ai eu la fierté d'inaugurer début juillet et dont Stéphane Gompertz prendra bientôt la direction.
Mais tout d'abord, je suis très heureux d'accueillir en votre nom et de remercier MM. Alain Juppé et Louis Schweitzer, coprésidents de la commission du Livre Blanc. Livre Blanc qu'ils m'ont remis il y a un mois et que nous avons présenté au président de la République et au Premier ministre récemment. Ils vont pouvoir vous présenter leurs analyses, leurs propositions. Ces analyses, ces propositions nous ont fortement influencé. Nous avons travaillé au plus près d'eux mais je dois remercier toute la Commission qui était regroupée autour d'Alain Juppé et de Louis Schweitzer et qui a effectué un important travail, qui a écouté des experts français et internationaux avec beaucoup de profit. Je crois que la réforme de notre ministère, celle que je vous exposerai tout à l'heure et qui sera conduite par vous repose très particulièrement sur leurs efforts, sur leurs réflexions.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008
Mes Chers Amis,
Depuis 15 mois environ, nous travaillons ensemble. Il s'agit de notre deuxième réunion, deuxième Conférence des ambassadeurs et je crois que nous avons fait, comme on dit pudiquement, ce que nous avons pu.
Nous avons tous beaucoup travaillé et beaucoup voyagé. Une visite ne correspond pas toujours forcément à un progrès, vous le savez, mais enfin, en 15 mois, nous avons effectué - je ne parle pas que de moi, mais aussi des secrétaires d'Etat qui sont autour de cette table - environ 150 visites, dans des endroits extrêmement divers, avec des résultats divers eux aussi. Vous avez vraiment effectué un travail considérable sous l'autorité du président de la République.
Nous avons organisé deux conférences internationales majeures : l'une consacrée à la Palestine, à l'Etat palestinien, l'autre à l'Afghanistan.
Nous avons déployé ensemble des efforts significatifs pour la stabilisation du Liban et l'implication de la France dans la recherche de la paix au Moyen-Orient. Il y a quelques jours, nous étions encore à Beyrouth et à Damas. Nous avons lancé au mois de juillet l'Union pour la Méditerranée. Nous avons travaillé à la libération de nombreux otages, français en particulier, et nous avons eu la joie de retrouver Ingrid Betancourt.
Nous avons mis en place l'EUFOR au Tchad et en République centrafricaine. Hélas, nous n'avons pas trouvé de l'autre côté de la frontière, du côté soudanais, la force hybride que nous attendions et qui devait compléter la sécurisation de cette frontière.
Nous avons surtout oeuvré sans relâche avec Jean Pierre Jouyet, à la préparation de la présidence française de l'Union européenne et nous veillons depuis le 1er juillet, nuit et jour, à son bon déroulement - je dis nuit et jour parce que lors de ce mois d'août qui est réservé aux vacances il y a eu beaucoup d'agitation nuit et jour en particulier, à propos de la Géorgie.
Il n'y a pas que des succès bien entendu, il y a eu beaucoup de déceptions. Notre combat pour les Droits de l'Homme et pour cette responsabilité de protéger qui était la version internationale de notre droit d'ingérence nous est apparu plus difficile que jamais : entre la crise tibétaine et le cyclone Nargis qui a frappé la Birmanie. L'année dernière, je vous avais demandé de faire de chacune de nos ambassades, entre autre une Maison des Droits de l'Homme, je vous remercie de vos efforts. Nous avons obtenu la libération de nombreux prisonniers politiques, nous n'avons pas baissé notre ambition, avec Rama Yade, et la France a d'ailleurs été réélue au Conseil des Droits de l'Homme. Reconnaissons-le, malgré l'ampleur de nos efforts, nous constatons souvent que ce que nous pensions être un consensus mondial sur les valeurs est de moins en moins évident. Je dirais même que dans bien des lieux nous régressons.
Nous avons eu aussi à affronter les difficultés matérielles d'une administration dont les moyens continuent de baisser alors qu'elle est chargée de missions de plus en plus nombreuses, de plus en plus importantes, de plus en plus délicates. Une aide au développement bilatéral et une politique de coopération et d'influence, certes très importante mais dont les budgets au mieux stagnent et nous nous demandons avec Alain Joyandet, ce fut le cas aussi avec Jean-Marie Bockel, comment nous allons pouvoir tirer plus de ce que l'on nous donne en moins.
Il y a les crises dont se nourrit notre action quotidienne et qui mettent en valeur l'efficacité de nos agents, le dévouement de ceux-ci et là encore jour et nuit. Permettez-moi aussi de remercier tous ceux qui ont parmi vous, parmi vos collaborateurs, au ministère de la Défense, au ministère de l'Intérieur, géré ces dernières crises : prises d'otages, accidents, attentats, catastrophes naturelles, qui ont permis également d'évacuer les Français du Tchad ou de la Géorgie dans les meilleures conditions possibles. Permettez-moi, au passage, de rendre un hommage très particulier à nos soldats, aux dix soldats morts en Afghanistan il y a quelques jours. Il y a eu l'hommage de la Nation aux Invalides, l'hommage aux familles, l'hommage à l'armée et j'y ajoute en votre nom, l'hommage de la diplomatie française.
Nous allons avoir l'occasion durant ces deux jours de revenir sur ces crises. Nous reparlerons des évènements de Géorgie et de leurs implications multiples qui nous occuperons à mon avis pendant bien des années. Nous allons voir comment organiser notre ministère, comment établir un lien plus fort, plus efficace entre les fonctions d'anticipation, de réflexion, de veille et les fonctions de gestion des crises. C'est d'ailleurs l'un des objectifs de ce nouveau centre de crise que j'ai eu la fierté d'inaugurer début juillet et dont Stéphane Gompertz prendra bientôt la direction.
Mais tout d'abord, je suis très heureux d'accueillir en votre nom et de remercier MM. Alain Juppé et Louis Schweitzer, coprésidents de la commission du Livre Blanc. Livre Blanc qu'ils m'ont remis il y a un mois et que nous avons présenté au président de la République et au Premier ministre récemment. Ils vont pouvoir vous présenter leurs analyses, leurs propositions. Ces analyses, ces propositions nous ont fortement influencé. Nous avons travaillé au plus près d'eux mais je dois remercier toute la Commission qui était regroupée autour d'Alain Juppé et de Louis Schweitzer et qui a effectué un important travail, qui a écouté des experts français et internationaux avec beaucoup de profit. Je crois que la réforme de notre ministère, celle que je vous exposerai tout à l'heure et qui sera conduite par vous repose très particulièrement sur leurs efforts, sur leurs réflexions.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008