Entretien de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, dans "Metro" du 10 septembre 2008, sur le bilan à mi-parcours de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Métro

Texte intégral

Q - Nous sommes bientôt à mi-parcours de la Présidence française de l'Union européenne. Quel bilan en tirez-vous ?
R - Objectivement, un très bon bilan. De nombreux objectifs ont déjà été atteints, comme ceux concernant la création de l'Union pour la Méditerranée, le pacte sur l'immigration, ou ceux défendus par Jean-Louis Borloo dans le sens d'un développement plus durable. Surtout, l'Europe s'est montrée unie dans le conflit entre la Russie et la Géorgie. Le cessez-le-feu du 12 août et l'accord obtenu lundi par Nicolas Sarkozy constitue le premier grand succès diplomatique de l'Europe. C'est la première fois que, seule, elle arrête un conflit de cette dimension, gère ses suites, organise une conférence internationale et jette les bases d'un règlement pacifique.
Q - Pourquoi le Kremlin tiendrait-il parole alors qu'il ne l'a pas fait depuis un mois ?
R - Il y a véritablement un engagement fort, des délais qui ont été fixés. Il n'y a pas que l'Europe qui soit dépendante de la Russie au niveau énergétique. La Russie ne va pas respecter les accords par altruisme, mais parce qu'elle a des intérêts économiques à entretenir de bonnes relations avec l'Union européenne.
Q - Les Russes refusent de reculer sur la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud. C'est un fait accompli ?
R - Non, le président l'a déclaré, il n'est pas question pour l'Europe de les reconnaître. La reconnaissance par les Russes s'est faite contre l'intégrité territoriale de la Géorgie.
Q - Vous êtes l'un des ministres d'ouverture du gouvernement. Comment vous y sentez-vous ?
R - Sur les dossiers européens je n'ai aucun état d'âme. Sur les événements domestiques, lorsque j'ai eu des réserves à faire, je les ai faites, car l'ouverture, ça ne sert que si vous pouvez vous exprimer en son nom. J'ai été par exemple très heureux du RSA, de son mode de financement. Mais il y a des dossiers où je suis moins à l'aise. Je reste social-démocrate, proche des socialistes, je ne m'en suis jamais caché.
Q - Comprenez-vous que le ministre de la Défense, Hervé Morin ait émis des réserves sur le fichier policier Edvige ?
R - Je comprends les questions d'Hervé Morin et des autres. Que les orientations sexuelles ou religieuses des gens soient mises en fiche, ça ne me réjouit pas particulièrement. La sécurité des citoyens suppose un certain nombre d'informations, mais, il ne faut pas en abuser.
Q - Vous participerez jeudi à l'inauguration d'une carte géante de l'Europe à Paris, sur le Champ de Mars. Quelle est l'utilité d'une telle opération ?
R - Cela participe d'une pédagogie sur l'Union européenne. Avec cette carte, on communique de manière ludique. Je ne dis pas que ça suffit en soi, mais si je regarde mes propres enfants, la plus jeune de mes filles va avoir dix ans, je crois que ce n'est pas inutile pour elle de savoir quelle est la représentation physique de l'Europe.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2008