Déclaration de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur la participation des élus locaux à la construction européenne, à Paris le 11 septembre 2008.

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Circonstance : Clôture de la 8ème Conférence des villes consacrée au thème "De Lisbonne à Goeteborg, les villes font l'Europe", à Paris le 11 septembre 2008

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Association des Maires des grandes villes de France, Cher Michel Destot,
Monsieur le Président de l'Association française de la Fédération des Communes et Régions d'Europe,
Monsieur le Ministre, Cher Louis Le Pensec,
Monsieur le Maire, Cher Pierre,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Chers Amis,
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui, ici à l'Hôtel de Ville, à l'occasion de cette 8e conférence. Je m'étais réjoui à l'annonce du thème que vous avez choisi en cette année de présidence européenne pour la France et j'avais accepté avec plaisir votre invitation à venir clôturer vos travaux.
MM. Michel Destot, Pierre Schapira et Louis Le Pensec ont montré toute la richesse de vos débats de la journée. Je voudrais maintenant rapidement vous dire quelques mots au nom de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne avant de mettre un terme à cette journée de travail.
Je voudrais tout d'abord remercier très vivement l'Association des maires des grandes villes de France pour avoir organisé cette grande manifestation placée sous le patronage de la Présidence française et, plus généralement, l'ensemble des élus français pour leur grand dynamisme et leur engagement sur les sujets européens.
C'est une des leçons que je tire des mois que je viens de passer au gouvernement en charge des affaires européennes : les élus locaux, les responsables territoriaux sont des relais extraordinairement efficaces, mobilisés et vigilants pour les institutions européennes.
Ils sont donc une force pour l'Union qui doit savoir utiliser au mieux le vivier qu'ils représentent pour conduire ses politiques.
Pour être clair, votre manifestation d'aujourd'hui le prouve, les élus locaux européens ne doivent pas être cantonnés par les responsables communautaires dans un rôle mineur car ils sont concernés au premier chef par les grands sujets d'avenir de la construction européenne que vous avez amplement débattus aujourd'hui : le développement durable, la compétitivité, la cohésion sociale, la lutte contre les discriminations, l'organisation des services publics... L'Europe se construit chez vous.
Trop souvent, il faut bien l'admettre, le dialogue entre les associations d'élus avec "Bruxelles" se résume à un dialogue sans cesse répété sur la mise en oeuvre des fonds structurels ou les contraintes fortes que font peser les règles de concurrence pour la gestion des services publics locaux. Ces débats sont importants et la mobilisation doit se poursuivre pour défendre votre point de vue, mon ami Louis Le Pensec le sait mieux que personne.
Mais l'Europe a besoin de plus que cela, vous pouvez lui apporter votre expérience et votre engagement au quotidien.
Je voudrais également remercier très chaleureusement pour leur présence à Paris aujourd'hui les maires des grandes villes européennes qui ont répondu à l'appel de leurs homologues français.
Je crois, Cher Michel Destot, que vous pouvez à juste titre être fier de cette Conférence des villes qui permet de réunir ensemble les grands édiles en provenance des quatre coins de l'Union européenne. Leur présence atteste la pertinence de votre approche : si les distances les séparent, les grandes questions qui se posent et aux villes et aux Etats les rapprochent grandement.
Je salue nos amis allemands, italiens, polonais, suédois, britanniques, slovaques, slovènes et portugais. Je sais que vous pouvez compter sur eux pour poursuivre ce dialogue entre européens à l'occasion des futures présidences du Conseil de l'Union.
Pour la Présidence française, la mobilisation des élus des grandes villes européennes est un véritable atout. Comme le montre votre débat d'aujourd'hui, les grandes priorités politiques de l'Union européenne qui sont au coeur de l'agenda de notre présidence concernent en tout premier lieu les villes qui sont le lieu de déclinaison concrète de ces politiques.
Vous avez longuement débattu sur ce thème, le développement durable et la mise en oeuvre du paquet "énergie-climat" sont une priorité essentielle. C'est une priorité et sans doute la plus difficile de la Présidence française
Le conseil débat du partage du fardeau entre Etats membres pour la réduction des émissions de CO2 et des grands instruments dont les Etats membres doivent disposer pour atteindre ces objectifs ambitieux. C'est un enjeu stratégique pour l'avenir de l'Union européenne
Vous avez également débattu du défi de la compétitivité. En ces temps de ralentissement économique prononcé, les Européens s'interrogent à nouveau sur la capacité de l'Union à soutenir l'activité et c'est un débat animé car les marges de manoeuvre sont faibles.
Là encore, le regard des responsables des grandes villes est éclairant car il met l'accent sur ce qui est la source principale de notre prospérité future : l'économie de la connaissance, la recherche, la création environnement favorable au développement de l'innovation et des "start up".
Les grandes villes européennes rassemblent l'essentiel de la production de richesse, de plus en plus immatérielle, de notre continent. Elles sont en première ligne pour soutenir le développement des emplois de demain grâce à l'innovation et à l'éducation.
Nous sommes ici à Paris bien placés pour observer la place grandissante de ces thèmes dans les priorités des politiques municipales. Sous l'impulsion de Bertrand Delanoë, la ville de Paris est un exemple remarquable pour ses efforts en faveur de l'innovation et du savoir et bien sûr du développement durable. Je n'oublie pas Grenoble et le Minatec, le pôle européen dédié aux nanotechnologies.
Vous avez enfin longuement parlé des enjeux sociaux et sociétaux de la construction européenne. C'est un défi considérable pour l'Europe et pour ses villes qui rassemblent des populations diverses et qui sont confrontées au risque de dislocation du lien social.
C'est notre conviction d'Européens, les politiques publiques ont un rôle à jouer pour inverser ces tendances, promouvoir le vouloir vivre ensemble.
Dans ce domaine, l'échange d'expériences entre responsables européens est très utile car, malgré les différences de culture et de tradition, nos sociétés sont bien confrontées aux même réalités. Nous devons également défendre le principe de solidarité et accorder la place qu'elle mérite à la performance sociale à côté de la performance économique.
Trop souvent, la construction européenne est accusée de faire une trop large place à la performance économique et financière, et pas assez à la dimension sociale de notre projet commun. La Présidence française, que j'ai voulu avec le président de la République et le Premier ministre une "présidence citoyenne", s'attache à réconcilier ces deux dimensions. Nous devons renforcer la dimension sociale en encourageant par exemple l'échange de bonnes pratiques.
Avec Xavier Bertrand et Martin Hirsch, nous espérons marquer quelques progrès en matière de législation sociale européenne d'ici la fin de l'année pour bien montrer que la dynamique sociale se poursuit dans l'Union. Le RSA, par exemple est une excellente pratique. Je e réjouis de sa mise en oeuvre et de son mode de fonctionnement qui, à quelques nuances près me convient très bien.
Avec les associations d'élus, nous maintenons aussi à l'agenda de l'Union la question des services publics et de la nécessaire défense des instruments de cohésion sociale et territoriale. Je sais que la Présidence peut aussi compter sur vous dans ce domaine.
Messieurs les Maires,
Chers Amis,
Vos discussions d'aujourd'hui ont bien montré que la feuille de route de l'Union européenne pour les prochaines années est bien remplie. Elle n'atteindra pas ses objectifs sans une étroite association de tous les échelons de responsabilité à Bruxelles, dans les capitales nationales et dans les grandes agglomérations.
Vous avez montré aujourd'hui votre détermination à prendre pleinement part à la conduite des politiques européennes. C'est un grand atout pour l'Europe et pour la Présidence française. Je ne peux donc que vous encourager, dans chacune de vos villes, à oeuvrer à la mise en oeuvre concrète de notre projet d'une Europe plus forte, plus solidaire et plus citoyenne.
A cet égard, je tiens à remercier ceux qui se sont déjà mobilisés pour le prochain grand rendez-vous citoyen européen que sont les élections européennes. Nous avons une double mission à cette occasion : inciter les ressortissants des Etats membres à s'inscrire sur la liste électorale de nos villes pour être en mesure d'exercer ce droit fondamental qu'est le vote, mais aussi inviter nos concitoyens à aller voter massivement en juin prochain.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 septembre 2008