Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invité, E. Woerth, ministre du Budget, l'homme des Comptes publics. Vous veillez sur les comptes de la France. E. Woerth bonjour.
Bonjour.
Merci d'être avec nous. E. Woerth, est-ce que la France peut échapper à la crise financière mondiale, la crise bancaire ?
C'est une crise très profonde, comme probablement on n'avait jamais connu depuis bien longtemps, depuis plusieurs dizaines d'années. Elle a commencé en juillet, pas de cette année, en juillet de l'année d'avant, toujours pour la même raison : diffusion de crédits dont les gens sont incapables de rembourser en fait, partie des Etats-Unis - et là, par exemple, la faillite de cet établissement bancaire, le 4ème ou le 5ème établissement bancaire, donc c'est très important aux Etats-Unis -c'est aussi le signe d'une crise profonde. C'est probablement aussi dans les dernières lignes droites - elles peuvent être longues les dernières lignes droites - mais dans les dernières lignes droites, des éléments très violents. Souvent, les choses deviennent de plus en plus énormes.
Crise financière et souvent crise économique derrière, E. Woerth, c'est... ?
La crise économique elle est déjà là, au fond elle est déjà là, puisque le ralentissement de la croissance...
Alors, on n'échappe pas à la crise ?
C'est une crise mondiale, c'est une crise lourde. Donc, on n'échappe pas à la crise quand on est un pays dans ce monde.
Est-ce que les banques françaises sont concernées ?
Je crois que les banques françaises - on l'a déjà plusieurs fois dit et je crois que ce n'est pas uniquement pour rassurer, je crois que c'est vraiment la réalité - les banques françaises sont plus protégées que les autres que beaucoup d'autres, parce qu'elles ont probablement moins d'actifs américains ou diffusés dans leurs propres comptes. Il y a eu des provisions qui ont été passées très tôt par les banques françaises. Elles ont continué à le faire, donc il y a évidemment une exposition. Mais je crois que cette exposition est limitée par rapport à d'autres établissements. Il n'y a pas de problème pour le réseau commercial, il n'y a pas de problème pour les gens. Il y a le problème pour la finance et le problème de la finance c'est vrai que c'est aussi un problème global, parce que quand il n'y a pas assez de liquidités, quand il n'y a pas d'argent, on ne prête pas. Pour l'immobilier... c'est évidemment un ralentissement très fort.
Les crédits seront plus chers, les entreprises elles aussi ont moins de crédits pour se développer.
Les fusions, les acquisitions ne se font pas dans les établissements.
Le chômage avec la crise économique risque de remonter.
Oui enfin, il ne faut pas non plus décrire une situation....
Et les salaires ne sont pas augmentés.
Il ne faut pas décrire toute une situation en noir. C'est un cycle de ralentissement très fort. Quand on fait 1 % de croissance, c'est évidemment très, très faible. Vous confirmez ? Oui, oui, c'est ce qu'on fera en 2008. Le Premier ministre l'a indiqué, C. Lagarde l'a confirmé...
En 2009, vous prévoyez quoi ?
En 2009, la prévision sera une prévision réaliste.
Cela veut dire quoi réaliste ?
Réaliste ça veut dire réaliste.
Entre 0,5 et 1,5 ?
On affichera notre fourchette de croissance au moment du budget, donc ce sera une prévision évidemment réaliste et évidemment...
Réaliste ça veut quoi ? En fonction de quoi ?
C'est réaliste. Regarder tout ce que font les économistes. A vous de la fixer, et puis lancez un concours. On verra ça, à la fin...
Non, non, c'est qui avez en charge les comptes de l'Etat.
Ce n'est pas moi...
A la fin du mois de ?
A la fin du mois de septembre. C'est-à-dire le budget du pays comme les finances publiques du pays seront calées évidemment sur une prévision...
...beaucoup plus réaliste qu'il y a un an ?
Il y a un an, elle était réaliste. Vous savez quand on prévoit...
Il y a un an, vous disiez quoi ?
Aux alentours de 2,25. On était à 1 %. Oui peut être mais enfin le monde entier a ouvert les yeux un jour de juillet 2007 et la crise s'est prolongée. Qui pouvait dire qu'il y avait une inflation à plus de 3% ?
Pourtant, C. Lagarde nous a répété sans cesse au début de l'année 2008 que tout allait bien, que c'était formidable, qu'on résistait à la crise...
C'est vrai que la France résiste mieux que beaucoup d'autres pays à la crise, c'est vrai que le chômage s'est enrayé ; on a 7,2 % de chômage, c'est encore trop mais enfin c'est de très bons chiffres. C'est vrai aussi que l'économie française continue de fonctionner. Il n'y a pas de drame absolu. Il y a une situation de ralentissement, il faut y veiller, il faut surtout donner l'oxygène aux banques, il faut donner l'oxygène au monde financier. C'est ce qu'ont fait les Banques centrales hier ou avant-hier en réinjectant des liquidités. Il faut ré assainir le système, c'est une réponse saine à une situation malsaine, ce qui se passe aujourd'hui sur Lehman Brothers et sur tous ces établissements financiers américains.
E. Woerth, question directe : est-ce que vous allez continuer à baisser les impôts ?
Oui, on va continuer au fur à mesure du temps. C'est ce qu'on fera. En tendance, nous baissons les impôts. Je trouve qu'il y a un procès, une caricature qui est faite mais je suis prêt tout à fait à affronter. Nous avons une diminution en tendance des impôts, les prélèvements obligatoires d'ailleurs ont diminué en 2007 et continueront à peu près à diminuer ou à stabiliser en 2008, alors qu'auparavant ils progressaient tout le temps. La volonté du Président comme celle du Gouvernement, c'est de diminuer au fur et à mesure du temps les prélèvements obligatoires. C'est plus dur quand on est dans une situation évidemment de manque de croissance, parce qu'on doit aussi sécuriser nos ressources et sécuriser les ressources de l'Etat. Nul ne comprendrait qu'on ne sécurise pas ses ressources. Mais il y a déjà une diminution en tendance ; l'impôt sur le revenu a diminué considérablement à partir de 2007, c'est quand même moins 4 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat sur l'impôt sur le revenu. C'est vrai aussi pour la taxe professionnelle, voilà un autre impôt emblématique qui a été écrêté, qui a été plafonné à 3,5 % de la valeur ajoutée. C'est vrai pour tout le paquet fiscal, comme on a dit. Dans le bouquet fiscal, il y a fiscal. Il y a beaucoup, beaucoup de détaxations ou d'exemples de cotisations sociales. Et puis, il y a bien ici ou là des augmentations de taxes sur des sujets précis qui font appel à des politiques précises. C'est bien un chemin général qui est celui de la diminution des prélèvements obligatoires. Un chemin général qui est celui de la diminution de la dépense publique, c'est absolument majeur, et puis pourquoi pas, ici ou là, des appels à des financements particuliers sur des sujets qui en valent le coût. L'ISF, on ne changera rien à l'ISF cette année. Il y a eu le bouclier fiscal...
L'ISF, l'année prochaine, on peut changer ?
L'année prochaine non plus. L'ISF c'est un sujet tabou. Dès que vous ouvrez cette boîte de Pandore, on ne parle plus que de cela. Donc, parlons des impôts d'une manière générale.
Donc, vous ne touchez pas à l'ISF. La porte est refermée.
Et notre position sur le patrimoine est aujourd'hui, je pense, relativement juste.
Le financement du RSA : 1,1 % des revenus du capital. Intégration dans le bouclier fiscal ?
Il faut l'assumer, je sais que c'est difficile. Je sais qu'il y a des gens ici ou là qui sont à l'UMP...
Qui râlent.
Bien sûr, bien sûr. Mais il faut l'assumer. Vous savez, le RSA d'abord c'est un nouveau mode de versement des prestations sociales non plus fondé uniquement sur le fait quand vous êtes au RMI, vous ne vous en sortirez jamais, mais sur le fait qu'il faut remettre en avant la valeur du travail. La personne qui va retravailler, elle aura bien un écart de revenu avec le revenu qu'elle avait quand elle était dans l'assistance. C'est finalement la fin de la culture de l'assistance pour arriver à la culture du travail. Cela, cela ne pouvait pas se faire à coûts constants. Cela devait se faire avec un peu d'argent en plus. On a limité cet argent pour faire un vrai RSA, on l'a limité quand même avec M. Hirsch à peu près à un milliard et demi. Il faut le financer. L'argent il ne tombe pas du ciel. Même avec la visite du Pape, ce n'est pas le Saint esprit qui fait qu'il y a de l'argent qui tombe du ciel, je peux vous l'assurer. Et donc il faut bien financer. On avait tout fait sur les dépenses, et donc il faut maintenant qu'on puisse le financer.
Comment ? Intégration dans le bouclier fiscal ?
Oui, il faut l'intégrer dans le bouclier fiscal. Pourquoi parce qu'à partir du moment où nous avons fait ce bouclier fiscal - et le bouclier fiscal ce n'est pas une règle fiscale, c'est beaucoup plus que cela, c'est un Pacse, un lien de confiance entre un contribuable et la nation : quand vous êtes contribuable, on vous dit à un moment donné, eh bien, tu sais, on ne prendra pas plus de a moitié de tes revenus en impôts. Lien de confiance entre un contribuable et la nation. Quand vous êtes contribuable, on vous dit à un moment donné : eh bien, tu sais, on ne te prendra pas plus de la moitié de tes revenus en impôt. C'est un règlement de base de confiance entre un contribuable et l'Etat.
C'était à 50%, ça sera à 51,8 % ?
Ce serait aberrant qu'il y ait d'un côté un bouclier fiscal... On peut en discuter, il peut y avoir un débat, il y a eu un débat l'année dernière, on a fait voter ce bouclier fiscal, ce n'est pas pour aujourd'hui faire plein d'exceptions. Si vous avez un bouclier fiscal et puis 250 exceptions, cela veut dire qu'il n'y a plus de bouclier fiscal.
J'écoute les auditeurs et j'écoute le Français moyen qui me dit : "oui mais il y a de très hauts revenus qui arrivent à ne pas payer d'impôts grâce aux niches fiscales". Est-ce que vous allez y toucher aux niches fiscales ?
Nous allons toucher aux niches fiscales. Avec C. Lagarde, on y réfléchit beaucoup. On va éplucher les niches fiscales. Nous allons plafonner. Il y a quelques niches fiscales qui ne sont pas plafonnées. Par exemple, les niches fiscales concernant les DOM-TOM ; par exemple, les niches fiscales concernant la possibilité de construire des biens, les meubler, et les louer...
Pour bien faire comprendre aux auditeurs, j'ai de l'argent, je vais investir dans les DOM-TOM, je peux déduire de mes impôts.
Oui, bien sûr.
Aujourd'hui, c'est illimité !
Illimité, oui. Vous avez un avantage d'à peu près 50 % de la somme que vous avez investie.
Quelle limite vous allez mettre ?
Il y aura des limites. Certaines limites circulent dans les journaux économiques donc...
100.000 euros, 150.000 euros ?
Nous verrons au moment du débat fiscal. Ce n'est pas à moi de donner des chiffres aujourd'hui à 15 jours ou 3 semaines de la préparation budgétaire. Mais il y aura une limitation. Il peut y avoir une limitation en valeur absolue et une limitation aussi en pourcentage du revenu. Donc, nous limiterons les niches fiscales qui ne sont pas aujourd'hui plafonnées et peut-être nous verrons sur les monuments historiques, parce que la France est un pays de Monuments historiques, c'est très difficile de les entretenir. Il faut que les fonds privés s'y investissent.
Vous ne touchez pas aux Monuments historiques ?
Nous allons en discuter mais c'est en tout cas une parenthèse que je fais. Et puis, nous pouvons aussi réfléchir à un plafonnement global des niches fiscales. L'un peut aller avec l'autre. Mais vous savez, il faut faire attention aussi au mythe de la niche fiscale. Dans les niches fiscales, vous avez la prime pour l'emploi, vous avez les taux de TVA réduits...
Le quotient familial ?
Non, on ne le met pas dedans mais c'est en soi une niche fiscale, mais il n'est pas compris dedans quand on calcule. En général, vous savez, on dit cela fait 73 milliards. Il n'y a pas le quotient familial. Vous avez des réductions d'impôts selon votre situation familiale. Vous avez l'assurance vie, vous avez tout cela dans les niches fiscales.
Est-ce que vous avez touché aux aides pour les services, c'est-à-dire les personnes employées à domicile, par exemple ?
Non. Je pense qu'une personne employée à domicile, c'est une politique très, très importante. Donc, bien évidemment tout cela sera poursuivi. Mais c'est vrai, toutes ces niches fiscales, il y a derrière des politiques précises d'incitation. Et donc ce n'est pas uniquement : Tiens ! On va prendre sur les niches fiscales. Moi, j'ai lu cela ; pour financer le RSA, j'ai dit : "ils n'ont qu'à prendre sur les niches fiscales", j'ai entendu cela de la part d'un certain nombre de gens qui ne voulaient pas qu'on augmente les prélèvements obligatoires. Réduire une niche fiscale, c'est augmenter les prélèvements obligatoires. [2ème partie]
L'aide au transport : vous avez le texte, ça y est ?
Le texte a été envoyé hier par le Premier ministre aux partenaires sociaux.
Que dit ce texte ?
Il dit que tout ce qui est transports publics - c'est la grande avancée de ce texte - donc tous les salariés, en dehors de l'Ile-de-France qui en bénéficie, et qui prennent les transports publics, leur entreprise leur remboursera les coupons à hauteur de 50 %, les coupons d'abonnement. Je voudrais dire d'ailleurs que la fonction publique montrait le chemin, puisque depuis le 1er janvier, nous le faisons pour tous les types de coupons pour les fonctionnaires qui prennent les transports en commun. Et puis, pour les personnes qui n'ont pas accès aux transports en commun, donc c'est sur la base du volontariat - c'est la proposition en tout cas du Gouvernement - c'est sur la base du volontariat, sur une somme forfaitaire qui est de 200 euros par an, et qui est à ce moment-là, lorsque l'entreprise le fait... enfin tout cela est déchargé de cotisations sociales. Donc, le débat aujourd'hui est sur la table.
Moins d'argent pour la Sécurité sociale ?
Moins d'argent pour la Sécurité sociale. Oui, moins d'argent, moins de cotisations pour la Sécurité sociale sur cette part-là.
Cela veut dire que les partenaires sociaux, maintenant...
De l'autre côté, c'est aussi améliorer le travail, c'est aussi faciliter le travail, faire en sorte que... donc faciliter le travail, c'est augmenter le travail, c'est augmenter la masse sociale...
Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu.
Et augmenter la masse salariale, c'est bon pour la Sécurité sociale.
C'est vrai. Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu. Les grosses vont peut-être le faire, mais les petites entreprises nous disent : il n'en est pas question.
Mais c'est normal d'être sur le volontariat. On ne peut pas imposer aux entreprises cela, je crois qu'on montre la direction, on donne une incitation pour que l'entreprise le fasse, après il y a un dialogue qui se crée autour de l'entreprise. Donc au sein de l'entreprise, lorsqu'elle ne peut pas, elle ne peut pas, et les salariés à ce moment-là doivent pouvoir le comprendre...
Cela va être inscrit dans la loi ?
Je pense qu'on essaye de passer par la voie de la concertation. Et puis, si la concertation ne fonctionne pas, j'imagine qu'on passera par la loi. Mais prenons le temps de la concertation, il y a une réunion je cois en fin de semaine sur la base du texte à Matignon. Et puis, nous ferons el point dans les jours qui viennent là-dessus.
Le bonus-malus, alors cette fameuse taxe dite écologique. Vous avez la liste des 19 produits qui vont bénéficier de ce bonus-malus ?
La liste n'est pas arrêtée. On en parle dans la presse tout le temps, la liste n'est pas arrêtée..
Moi je vois tout, je vois : réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, téléviseur, peinture, pneumatique, ordinateur, téléphones mobiles... Oui, le téléphone mobile ?
Et pas les radios, il n'y a pas les radios.
Non, il n'y a pas les radios ?
Il n'y a pas les radios. La fiscalité écologique, elle doit être logique, et la logique de cette fiscalité, c'est ce qui est important, c'est qu'on incite un consommateur à aller vers un bien qui est écologiquement plus correct qu'un autre bien. Il y a des biens qui polluent énormément, qui contiennent de la pollution, puis de l'autre, des biens qui sont écologiquement corrects, donc bons pour la société toute entière. Donc, c'est vraiment une révolution en terme de fiscalité. Alors, quand vous dites "taxes", il n'y a pas que les taxes. D'ailleurs, le ministre du Budget peut le regretter - je plaisante, bien sûr - mais c'est surtout des bonus. C'est-à-dire le fait d'inciter, donc c'est une diminution de prix. Il ne faut pas confondre cela uniquement avec l'idée d'une taxe. C'est une diminution de prix pour les produits, qui sont écologiquement corrects, et c'est une augmentation de prix pour les produits dont on considère qu'il faut éloigner le consommateur. Donc, c'est changer les cultures de la consommation.
Alors, ces produits, quand les connaîtra-t-on ?
C'est à J.-L. Borloo de les annoncer. Ce n'est pas au ministère du Budget d'avoir une opinion sur les types de produits écologiquement corrects ou pas. C'est au ministère de l'Ecologie de le faire et à J.-L. Borloo de l'évoquer. Moi je pense qu'il faut, en tout cas, et c'est un point extrêmement important, vu du côté des finances de l'Etat, c'est que la fiscalité verte, elle ne doit pas mettre les comptes dans le rouge, et la fiscalité verte, elle doit être donc équilibrée. Par catégorie de produits, les malus doivent financer les bonus. Voilà, c'est aussi simple que ça.
On ne doit pas renouveler ce qu'on a fait avec les voitures ?
Non, on ne doit pas se retrouver avec ce qu'on a fait avec les voitures. Les voitures, c'est 200 millions d'euros, et peut-être un peu plus. D'un autre côté, cela a relancé la consommation. Et puis il faut aussi que la situation économique étant ce qu'elle est, ce n'était pas si mal de faire cela, quand on regarde rétrospectivement, d'avoir un peu soutenu à la fois l'industrie automobile et en même temps, d'avoir permis une modification de la consommation vers des voitures qui sont plus propres, c'est bien pour l'ensemble de l'Etat. Mais on ne peut pas le faire ...
Vous allez poursuivre le bonus-malus dans l'automobile ?
Oui, on va poursuivre ce bonus-malus sur l'automobile.
Le même ?
Ecoutez, en terme de grammage - le nombre de grammes de CO² qu'on rejette- on ne changera pas les choses. On peut toujours un peu ajuster les bonus et les malus.
Vous allez le faire ?
On peut toujours les ajuster, on va en discuter.
Vous allez le faire.
Mais nous allons en discuter.
Vous avez envie de le faire ?
Nous en allons en discuter. En tout cas, durablement, ça ne peut pas être déséquilibré sur le plan financier. Parce que...
Ca ne peut pas coûter 200 millions d'euros au budget de l'Etat chaque année, si je comprends bien.
Non, parce que le développement doit être durable, et pour un développement durable, il faut des finances durables, et donc il faut des finances qui se rééquilibrent dans l'ensemble du pays. C'est pour nous une priorité absolue.
Cette fameuse taxe pique-nique...
Elle porte un nom un peu ridicule. Ce n'est pas le cas mais derrière ce nom un peu ridicule, il y a un sujet très sérieux, qui est celui des matières plastiques, ou des cartons qui ne sont pas recyclables. C'est ce qu'a voulu dire J.-L. Borloo et N. Kosciusko-Morizet. En réalité, quel est le principe de cette fiscalité, quelle est la logique de cette fiscalité économique ? C'est bien de prendre des catégories de produits qui sont consommés en grandes quantités - si ce n'est pas consommé, ça n'a aucun intérêt - qui sont consommés en grandes quantités, qui sont porteurs de beaucoup de pollution et de faire en sorte que ceux-là ils soient..., qu'on en augmente le prix, donc qu'on éloigne le consommateur de ces produits, et qu'on facilite la consommation de produits qui sont moins polluants, parfois ceux-là sont un peu plus chers, donc avec le bonus, on fait diminuer le prix. On change nos habitudes de consommation, et d'ailleurs, elles sont en train de changer. Enfin, je veux dire que les vôtres, je veux dire que les miennes, elles sont en train de changer....
C'est vrai.
... Parce qu'on y pense ; il y a quelques années, on n'y pensait pas.
Un de nos auditeurs a fait le calcul. Sur un paquet de gobelets de 250 gobelets en plastique, qui coûtent 4 euros aujourd'hui, ça coûtera 5 euros TTC, avec les taxes écolos.
Je ne veux pas rentrer dans un débat, liste de produits ou produit par produit, parce que d'abord, je manquerais... ce n'est à moi de le faire. C'est à J.-L. Borloo de le faire, ce qu'il fera volontiers.
On va bientôt taxer les couches-culottes ? On le fera volontiers...
Ecoutez, ce que je veux pas, je ne veux pas qu'on ridiculise les choses, je ne veux pas non plus qu'on les caricature. C'est excellent pour l'environnement. Je pense qu'on va montrer d'ailleurs le chemin. Cela réoriente la consommation et donc c'est bon aussi pour l'industrie, d'une certaine façon. Je pense qu'on montre aussi le chemin en Europe sur ce type de sujet. Et en même temps, il faut que ce soit financièrement compatible, budgétaro-compatible. C'est en tout cas ce que j'essaye de faire, mais j'adhère évidemment à la logique qui est derrière tout cela...
Au passage, je voulais vous dire aussi que vous allez financer des médailles, pour le ministère de l'Education nationale...
Vous savez, pendant des années, on nous a dit que toutes les valeurs de l'Education nationale fichent le camp, donc c'est vraiment très bien de pouvoir dire, quand vous avez bien travaillé, vous êtes mis à l'honneur. C'est formidable d'être mis à l'honneur, on oublie tout cela. On a touts envie, à un moment donné, on réussit quelque chose, et un gamin, quand il réussit quelque chose, un jeune quand il réussit quelque chose, il faut lui dire que c'est bien, parce que c'est comme ça, après, qu'il réussit encore mieux. Qu'est-ce que c'est que cette société où on n'ose pas vous dire "c'est bien ce que tu as fait" ?
M. Lagardère (RMC) : N. Sarkozy s'est engagé, il y a un an, à axer les produits qui viennent des pays qui n'ont pas signé le protocole de Kyoto, comme les Etats-Unis ; où en est-on ?
Pour ce qui concerne l'OMC, il y a eu des négociations très importantes, le processus est aujourd'hui largement bloqué. On est dans le cadre d'organisations internationales. De toute façon, lorsqu'un produit est importé, il paiera cette fiscalité écologique, quel que soit l'endroit où il est produit. Beaucoup de produits sont importés, effectivement, d'une façon écologiquement pas correctes du tout. Donc ceux-là seront les premiers à supporter les malus. Donc c'est une bonne chose.
Une question sur le Rapido...
Oui, la Française des Jeux. On augmente la capacité de jeux, il y a un troisième jeu qui se fait.
Je ne parle pas des jeux, je parle du Rapido qui provoque l'addiction aux jeux ; qu'allez-vous faire ?
Il y a un travail énorme qui est fait sur l'addiction par la Française des Jeux, il y a un comité du jeu responsable donc il n'y a pas d'addiction.
Est-ce que vous allez limiter le nombre, les enjeux ?
C'est d'ailleurs limité, d'ailleurs les recettes du Rapido sont plutôt en diminution.
Un tirage toutes les cinq minutes...
Oui, mais les recettes du Rapido sont plutôt en diminution, donc on ne peut pas dire qu'il y ait addiction. Et puis, on surveille de très près les jeux. La Française des Jeux n'est vraiment pas une entreprise qui crée l'addiction.
Vous n'allez pas limiter le Rapido ?
On limite d'une manière générale l'accès aux jeux et puis de l'autre côté, il y a vraiment un vrai travail sur l'addiction, éviter que les gens... Il n'y a vraiment pas de difficulté, la France est vraiment bien placée là-dessus, il y a un comité du jeu responsable, il y a des études tout le temps, sans arrêt. Et en même temps, les gens ont envie de jouer donc il faut pouvoir leur offrir cela dans des conditions transparentes. Mais on va ouvrir le marché des jeux dans les mois qui viennent, notamment aux jeux par Internet.
Combien d'argent pensez-vous récolter ?
On a du mal, on ne sait pas du tout parce que c'est très difficile d'ouvrir un marché, on est en train de la faire. Ce qui est très important, c'est que le jeu par Internet aujourd'hui est illégal, sauf quand il est monté par la Française des jeux et par le PMU, il est aujourd'hui totalement illégal. Beaucoup d'entreprises travaillent en France de façon illégale. Je suis allé à Malte - il y a beaucoup d'entreprises qui sont à Malte et qui font jouer en France - pour regarder comment cela se passait. Donc on doit s'adapter à notre temps. C'est comme si on disait que le téléchargement est totalement interdit, vous n'avez pas d'autres possibilités. Donc il faut rendre le jeu par Internet légal, dans des conditions précises, avec un cahier des charges précis, avec une autorité de régulation. C'est ce que nous allons faire. On s'adapte ; on présentera, je pense, un texte d'ici la fin de l'année, et puis, pour une ouverture d'ici la fin de l'année prochaine. La politique économique du Gouvernement, c'est une...
Fin 2009, on pourra jouer légalement sur Internet ?
On pourra jouer légalement sur Internet, auprès d'opérateurs agréés, dans des conditions définies de la nature du pari. Si on vous dit qu'il n'y a qu'un des types qui va tirer le maillot, ça, évidemment, c'est un problème parce que cela peut-être manipuler. Donc on fera très attention à tout ce qui est manipulation, jeux ou âge du joueur par exemple. Donc ce sera, comme vous pouvez penser, fait tout à fait sérieusement.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 16 septembre 2008
Bonjour.
Merci d'être avec nous. E. Woerth, est-ce que la France peut échapper à la crise financière mondiale, la crise bancaire ?
C'est une crise très profonde, comme probablement on n'avait jamais connu depuis bien longtemps, depuis plusieurs dizaines d'années. Elle a commencé en juillet, pas de cette année, en juillet de l'année d'avant, toujours pour la même raison : diffusion de crédits dont les gens sont incapables de rembourser en fait, partie des Etats-Unis - et là, par exemple, la faillite de cet établissement bancaire, le 4ème ou le 5ème établissement bancaire, donc c'est très important aux Etats-Unis -c'est aussi le signe d'une crise profonde. C'est probablement aussi dans les dernières lignes droites - elles peuvent être longues les dernières lignes droites - mais dans les dernières lignes droites, des éléments très violents. Souvent, les choses deviennent de plus en plus énormes.
Crise financière et souvent crise économique derrière, E. Woerth, c'est... ?
La crise économique elle est déjà là, au fond elle est déjà là, puisque le ralentissement de la croissance...
Alors, on n'échappe pas à la crise ?
C'est une crise mondiale, c'est une crise lourde. Donc, on n'échappe pas à la crise quand on est un pays dans ce monde.
Est-ce que les banques françaises sont concernées ?
Je crois que les banques françaises - on l'a déjà plusieurs fois dit et je crois que ce n'est pas uniquement pour rassurer, je crois que c'est vraiment la réalité - les banques françaises sont plus protégées que les autres que beaucoup d'autres, parce qu'elles ont probablement moins d'actifs américains ou diffusés dans leurs propres comptes. Il y a eu des provisions qui ont été passées très tôt par les banques françaises. Elles ont continué à le faire, donc il y a évidemment une exposition. Mais je crois que cette exposition est limitée par rapport à d'autres établissements. Il n'y a pas de problème pour le réseau commercial, il n'y a pas de problème pour les gens. Il y a le problème pour la finance et le problème de la finance c'est vrai que c'est aussi un problème global, parce que quand il n'y a pas assez de liquidités, quand il n'y a pas d'argent, on ne prête pas. Pour l'immobilier... c'est évidemment un ralentissement très fort.
Les crédits seront plus chers, les entreprises elles aussi ont moins de crédits pour se développer.
Les fusions, les acquisitions ne se font pas dans les établissements.
Le chômage avec la crise économique risque de remonter.
Oui enfin, il ne faut pas non plus décrire une situation....
Et les salaires ne sont pas augmentés.
Il ne faut pas décrire toute une situation en noir. C'est un cycle de ralentissement très fort. Quand on fait 1 % de croissance, c'est évidemment très, très faible. Vous confirmez ? Oui, oui, c'est ce qu'on fera en 2008. Le Premier ministre l'a indiqué, C. Lagarde l'a confirmé...
En 2009, vous prévoyez quoi ?
En 2009, la prévision sera une prévision réaliste.
Cela veut dire quoi réaliste ?
Réaliste ça veut dire réaliste.
Entre 0,5 et 1,5 ?
On affichera notre fourchette de croissance au moment du budget, donc ce sera une prévision évidemment réaliste et évidemment...
Réaliste ça veut quoi ? En fonction de quoi ?
C'est réaliste. Regarder tout ce que font les économistes. A vous de la fixer, et puis lancez un concours. On verra ça, à la fin...
Non, non, c'est qui avez en charge les comptes de l'Etat.
Ce n'est pas moi...
A la fin du mois de ?
A la fin du mois de septembre. C'est-à-dire le budget du pays comme les finances publiques du pays seront calées évidemment sur une prévision...
...beaucoup plus réaliste qu'il y a un an ?
Il y a un an, elle était réaliste. Vous savez quand on prévoit...
Il y a un an, vous disiez quoi ?
Aux alentours de 2,25. On était à 1 %. Oui peut être mais enfin le monde entier a ouvert les yeux un jour de juillet 2007 et la crise s'est prolongée. Qui pouvait dire qu'il y avait une inflation à plus de 3% ?
Pourtant, C. Lagarde nous a répété sans cesse au début de l'année 2008 que tout allait bien, que c'était formidable, qu'on résistait à la crise...
C'est vrai que la France résiste mieux que beaucoup d'autres pays à la crise, c'est vrai que le chômage s'est enrayé ; on a 7,2 % de chômage, c'est encore trop mais enfin c'est de très bons chiffres. C'est vrai aussi que l'économie française continue de fonctionner. Il n'y a pas de drame absolu. Il y a une situation de ralentissement, il faut y veiller, il faut surtout donner l'oxygène aux banques, il faut donner l'oxygène au monde financier. C'est ce qu'ont fait les Banques centrales hier ou avant-hier en réinjectant des liquidités. Il faut ré assainir le système, c'est une réponse saine à une situation malsaine, ce qui se passe aujourd'hui sur Lehman Brothers et sur tous ces établissements financiers américains.
E. Woerth, question directe : est-ce que vous allez continuer à baisser les impôts ?
Oui, on va continuer au fur à mesure du temps. C'est ce qu'on fera. En tendance, nous baissons les impôts. Je trouve qu'il y a un procès, une caricature qui est faite mais je suis prêt tout à fait à affronter. Nous avons une diminution en tendance des impôts, les prélèvements obligatoires d'ailleurs ont diminué en 2007 et continueront à peu près à diminuer ou à stabiliser en 2008, alors qu'auparavant ils progressaient tout le temps. La volonté du Président comme celle du Gouvernement, c'est de diminuer au fur et à mesure du temps les prélèvements obligatoires. C'est plus dur quand on est dans une situation évidemment de manque de croissance, parce qu'on doit aussi sécuriser nos ressources et sécuriser les ressources de l'Etat. Nul ne comprendrait qu'on ne sécurise pas ses ressources. Mais il y a déjà une diminution en tendance ; l'impôt sur le revenu a diminué considérablement à partir de 2007, c'est quand même moins 4 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat sur l'impôt sur le revenu. C'est vrai aussi pour la taxe professionnelle, voilà un autre impôt emblématique qui a été écrêté, qui a été plafonné à 3,5 % de la valeur ajoutée. C'est vrai pour tout le paquet fiscal, comme on a dit. Dans le bouquet fiscal, il y a fiscal. Il y a beaucoup, beaucoup de détaxations ou d'exemples de cotisations sociales. Et puis, il y a bien ici ou là des augmentations de taxes sur des sujets précis qui font appel à des politiques précises. C'est bien un chemin général qui est celui de la diminution des prélèvements obligatoires. Un chemin général qui est celui de la diminution de la dépense publique, c'est absolument majeur, et puis pourquoi pas, ici ou là, des appels à des financements particuliers sur des sujets qui en valent le coût. L'ISF, on ne changera rien à l'ISF cette année. Il y a eu le bouclier fiscal...
L'ISF, l'année prochaine, on peut changer ?
L'année prochaine non plus. L'ISF c'est un sujet tabou. Dès que vous ouvrez cette boîte de Pandore, on ne parle plus que de cela. Donc, parlons des impôts d'une manière générale.
Donc, vous ne touchez pas à l'ISF. La porte est refermée.
Et notre position sur le patrimoine est aujourd'hui, je pense, relativement juste.
Le financement du RSA : 1,1 % des revenus du capital. Intégration dans le bouclier fiscal ?
Il faut l'assumer, je sais que c'est difficile. Je sais qu'il y a des gens ici ou là qui sont à l'UMP...
Qui râlent.
Bien sûr, bien sûr. Mais il faut l'assumer. Vous savez, le RSA d'abord c'est un nouveau mode de versement des prestations sociales non plus fondé uniquement sur le fait quand vous êtes au RMI, vous ne vous en sortirez jamais, mais sur le fait qu'il faut remettre en avant la valeur du travail. La personne qui va retravailler, elle aura bien un écart de revenu avec le revenu qu'elle avait quand elle était dans l'assistance. C'est finalement la fin de la culture de l'assistance pour arriver à la culture du travail. Cela, cela ne pouvait pas se faire à coûts constants. Cela devait se faire avec un peu d'argent en plus. On a limité cet argent pour faire un vrai RSA, on l'a limité quand même avec M. Hirsch à peu près à un milliard et demi. Il faut le financer. L'argent il ne tombe pas du ciel. Même avec la visite du Pape, ce n'est pas le Saint esprit qui fait qu'il y a de l'argent qui tombe du ciel, je peux vous l'assurer. Et donc il faut bien financer. On avait tout fait sur les dépenses, et donc il faut maintenant qu'on puisse le financer.
Comment ? Intégration dans le bouclier fiscal ?
Oui, il faut l'intégrer dans le bouclier fiscal. Pourquoi parce qu'à partir du moment où nous avons fait ce bouclier fiscal - et le bouclier fiscal ce n'est pas une règle fiscale, c'est beaucoup plus que cela, c'est un Pacse, un lien de confiance entre un contribuable et la nation : quand vous êtes contribuable, on vous dit à un moment donné, eh bien, tu sais, on ne prendra pas plus de a moitié de tes revenus en impôts. Lien de confiance entre un contribuable et la nation. Quand vous êtes contribuable, on vous dit à un moment donné : eh bien, tu sais, on ne te prendra pas plus de la moitié de tes revenus en impôt. C'est un règlement de base de confiance entre un contribuable et l'Etat.
C'était à 50%, ça sera à 51,8 % ?
Ce serait aberrant qu'il y ait d'un côté un bouclier fiscal... On peut en discuter, il peut y avoir un débat, il y a eu un débat l'année dernière, on a fait voter ce bouclier fiscal, ce n'est pas pour aujourd'hui faire plein d'exceptions. Si vous avez un bouclier fiscal et puis 250 exceptions, cela veut dire qu'il n'y a plus de bouclier fiscal.
J'écoute les auditeurs et j'écoute le Français moyen qui me dit : "oui mais il y a de très hauts revenus qui arrivent à ne pas payer d'impôts grâce aux niches fiscales". Est-ce que vous allez y toucher aux niches fiscales ?
Nous allons toucher aux niches fiscales. Avec C. Lagarde, on y réfléchit beaucoup. On va éplucher les niches fiscales. Nous allons plafonner. Il y a quelques niches fiscales qui ne sont pas plafonnées. Par exemple, les niches fiscales concernant les DOM-TOM ; par exemple, les niches fiscales concernant la possibilité de construire des biens, les meubler, et les louer...
Pour bien faire comprendre aux auditeurs, j'ai de l'argent, je vais investir dans les DOM-TOM, je peux déduire de mes impôts.
Oui, bien sûr.
Aujourd'hui, c'est illimité !
Illimité, oui. Vous avez un avantage d'à peu près 50 % de la somme que vous avez investie.
Quelle limite vous allez mettre ?
Il y aura des limites. Certaines limites circulent dans les journaux économiques donc...
100.000 euros, 150.000 euros ?
Nous verrons au moment du débat fiscal. Ce n'est pas à moi de donner des chiffres aujourd'hui à 15 jours ou 3 semaines de la préparation budgétaire. Mais il y aura une limitation. Il peut y avoir une limitation en valeur absolue et une limitation aussi en pourcentage du revenu. Donc, nous limiterons les niches fiscales qui ne sont pas aujourd'hui plafonnées et peut-être nous verrons sur les monuments historiques, parce que la France est un pays de Monuments historiques, c'est très difficile de les entretenir. Il faut que les fonds privés s'y investissent.
Vous ne touchez pas aux Monuments historiques ?
Nous allons en discuter mais c'est en tout cas une parenthèse que je fais. Et puis, nous pouvons aussi réfléchir à un plafonnement global des niches fiscales. L'un peut aller avec l'autre. Mais vous savez, il faut faire attention aussi au mythe de la niche fiscale. Dans les niches fiscales, vous avez la prime pour l'emploi, vous avez les taux de TVA réduits...
Le quotient familial ?
Non, on ne le met pas dedans mais c'est en soi une niche fiscale, mais il n'est pas compris dedans quand on calcule. En général, vous savez, on dit cela fait 73 milliards. Il n'y a pas le quotient familial. Vous avez des réductions d'impôts selon votre situation familiale. Vous avez l'assurance vie, vous avez tout cela dans les niches fiscales.
Est-ce que vous avez touché aux aides pour les services, c'est-à-dire les personnes employées à domicile, par exemple ?
Non. Je pense qu'une personne employée à domicile, c'est une politique très, très importante. Donc, bien évidemment tout cela sera poursuivi. Mais c'est vrai, toutes ces niches fiscales, il y a derrière des politiques précises d'incitation. Et donc ce n'est pas uniquement : Tiens ! On va prendre sur les niches fiscales. Moi, j'ai lu cela ; pour financer le RSA, j'ai dit : "ils n'ont qu'à prendre sur les niches fiscales", j'ai entendu cela de la part d'un certain nombre de gens qui ne voulaient pas qu'on augmente les prélèvements obligatoires. Réduire une niche fiscale, c'est augmenter les prélèvements obligatoires. [2ème partie]
L'aide au transport : vous avez le texte, ça y est ?
Le texte a été envoyé hier par le Premier ministre aux partenaires sociaux.
Que dit ce texte ?
Il dit que tout ce qui est transports publics - c'est la grande avancée de ce texte - donc tous les salariés, en dehors de l'Ile-de-France qui en bénéficie, et qui prennent les transports publics, leur entreprise leur remboursera les coupons à hauteur de 50 %, les coupons d'abonnement. Je voudrais dire d'ailleurs que la fonction publique montrait le chemin, puisque depuis le 1er janvier, nous le faisons pour tous les types de coupons pour les fonctionnaires qui prennent les transports en commun. Et puis, pour les personnes qui n'ont pas accès aux transports en commun, donc c'est sur la base du volontariat - c'est la proposition en tout cas du Gouvernement - c'est sur la base du volontariat, sur une somme forfaitaire qui est de 200 euros par an, et qui est à ce moment-là, lorsque l'entreprise le fait... enfin tout cela est déchargé de cotisations sociales. Donc, le débat aujourd'hui est sur la table.
Moins d'argent pour la Sécurité sociale ?
Moins d'argent pour la Sécurité sociale. Oui, moins d'argent, moins de cotisations pour la Sécurité sociale sur cette part-là.
Cela veut dire que les partenaires sociaux, maintenant...
De l'autre côté, c'est aussi améliorer le travail, c'est aussi faciliter le travail, faire en sorte que... donc faciliter le travail, c'est augmenter le travail, c'est augmenter la masse sociale...
Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu.
Et augmenter la masse salariale, c'est bon pour la Sécurité sociale.
C'est vrai. Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu. Les grosses vont peut-être le faire, mais les petites entreprises nous disent : il n'en est pas question.
Mais c'est normal d'être sur le volontariat. On ne peut pas imposer aux entreprises cela, je crois qu'on montre la direction, on donne une incitation pour que l'entreprise le fasse, après il y a un dialogue qui se crée autour de l'entreprise. Donc au sein de l'entreprise, lorsqu'elle ne peut pas, elle ne peut pas, et les salariés à ce moment-là doivent pouvoir le comprendre...
Cela va être inscrit dans la loi ?
Je pense qu'on essaye de passer par la voie de la concertation. Et puis, si la concertation ne fonctionne pas, j'imagine qu'on passera par la loi. Mais prenons le temps de la concertation, il y a une réunion je cois en fin de semaine sur la base du texte à Matignon. Et puis, nous ferons el point dans les jours qui viennent là-dessus.
Le bonus-malus, alors cette fameuse taxe dite écologique. Vous avez la liste des 19 produits qui vont bénéficier de ce bonus-malus ?
La liste n'est pas arrêtée. On en parle dans la presse tout le temps, la liste n'est pas arrêtée..
Moi je vois tout, je vois : réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, téléviseur, peinture, pneumatique, ordinateur, téléphones mobiles... Oui, le téléphone mobile ?
Et pas les radios, il n'y a pas les radios.
Non, il n'y a pas les radios ?
Il n'y a pas les radios. La fiscalité écologique, elle doit être logique, et la logique de cette fiscalité, c'est ce qui est important, c'est qu'on incite un consommateur à aller vers un bien qui est écologiquement plus correct qu'un autre bien. Il y a des biens qui polluent énormément, qui contiennent de la pollution, puis de l'autre, des biens qui sont écologiquement corrects, donc bons pour la société toute entière. Donc, c'est vraiment une révolution en terme de fiscalité. Alors, quand vous dites "taxes", il n'y a pas que les taxes. D'ailleurs, le ministre du Budget peut le regretter - je plaisante, bien sûr - mais c'est surtout des bonus. C'est-à-dire le fait d'inciter, donc c'est une diminution de prix. Il ne faut pas confondre cela uniquement avec l'idée d'une taxe. C'est une diminution de prix pour les produits, qui sont écologiquement corrects, et c'est une augmentation de prix pour les produits dont on considère qu'il faut éloigner le consommateur. Donc, c'est changer les cultures de la consommation.
Alors, ces produits, quand les connaîtra-t-on ?
C'est à J.-L. Borloo de les annoncer. Ce n'est pas au ministère du Budget d'avoir une opinion sur les types de produits écologiquement corrects ou pas. C'est au ministère de l'Ecologie de le faire et à J.-L. Borloo de l'évoquer. Moi je pense qu'il faut, en tout cas, et c'est un point extrêmement important, vu du côté des finances de l'Etat, c'est que la fiscalité verte, elle ne doit pas mettre les comptes dans le rouge, et la fiscalité verte, elle doit être donc équilibrée. Par catégorie de produits, les malus doivent financer les bonus. Voilà, c'est aussi simple que ça.
On ne doit pas renouveler ce qu'on a fait avec les voitures ?
Non, on ne doit pas se retrouver avec ce qu'on a fait avec les voitures. Les voitures, c'est 200 millions d'euros, et peut-être un peu plus. D'un autre côté, cela a relancé la consommation. Et puis il faut aussi que la situation économique étant ce qu'elle est, ce n'était pas si mal de faire cela, quand on regarde rétrospectivement, d'avoir un peu soutenu à la fois l'industrie automobile et en même temps, d'avoir permis une modification de la consommation vers des voitures qui sont plus propres, c'est bien pour l'ensemble de l'Etat. Mais on ne peut pas le faire ...
Vous allez poursuivre le bonus-malus dans l'automobile ?
Oui, on va poursuivre ce bonus-malus sur l'automobile.
Le même ?
Ecoutez, en terme de grammage - le nombre de grammes de CO² qu'on rejette- on ne changera pas les choses. On peut toujours un peu ajuster les bonus et les malus.
Vous allez le faire ?
On peut toujours les ajuster, on va en discuter.
Vous allez le faire.
Mais nous allons en discuter.
Vous avez envie de le faire ?
Nous en allons en discuter. En tout cas, durablement, ça ne peut pas être déséquilibré sur le plan financier. Parce que...
Ca ne peut pas coûter 200 millions d'euros au budget de l'Etat chaque année, si je comprends bien.
Non, parce que le développement doit être durable, et pour un développement durable, il faut des finances durables, et donc il faut des finances qui se rééquilibrent dans l'ensemble du pays. C'est pour nous une priorité absolue.
Cette fameuse taxe pique-nique...
Elle porte un nom un peu ridicule. Ce n'est pas le cas mais derrière ce nom un peu ridicule, il y a un sujet très sérieux, qui est celui des matières plastiques, ou des cartons qui ne sont pas recyclables. C'est ce qu'a voulu dire J.-L. Borloo et N. Kosciusko-Morizet. En réalité, quel est le principe de cette fiscalité, quelle est la logique de cette fiscalité économique ? C'est bien de prendre des catégories de produits qui sont consommés en grandes quantités - si ce n'est pas consommé, ça n'a aucun intérêt - qui sont consommés en grandes quantités, qui sont porteurs de beaucoup de pollution et de faire en sorte que ceux-là ils soient..., qu'on en augmente le prix, donc qu'on éloigne le consommateur de ces produits, et qu'on facilite la consommation de produits qui sont moins polluants, parfois ceux-là sont un peu plus chers, donc avec le bonus, on fait diminuer le prix. On change nos habitudes de consommation, et d'ailleurs, elles sont en train de changer. Enfin, je veux dire que les vôtres, je veux dire que les miennes, elles sont en train de changer....
C'est vrai.
... Parce qu'on y pense ; il y a quelques années, on n'y pensait pas.
Un de nos auditeurs a fait le calcul. Sur un paquet de gobelets de 250 gobelets en plastique, qui coûtent 4 euros aujourd'hui, ça coûtera 5 euros TTC, avec les taxes écolos.
Je ne veux pas rentrer dans un débat, liste de produits ou produit par produit, parce que d'abord, je manquerais... ce n'est à moi de le faire. C'est à J.-L. Borloo de le faire, ce qu'il fera volontiers.
On va bientôt taxer les couches-culottes ? On le fera volontiers...
Ecoutez, ce que je veux pas, je ne veux pas qu'on ridiculise les choses, je ne veux pas non plus qu'on les caricature. C'est excellent pour l'environnement. Je pense qu'on va montrer d'ailleurs le chemin. Cela réoriente la consommation et donc c'est bon aussi pour l'industrie, d'une certaine façon. Je pense qu'on montre aussi le chemin en Europe sur ce type de sujet. Et en même temps, il faut que ce soit financièrement compatible, budgétaro-compatible. C'est en tout cas ce que j'essaye de faire, mais j'adhère évidemment à la logique qui est derrière tout cela...
Au passage, je voulais vous dire aussi que vous allez financer des médailles, pour le ministère de l'Education nationale...
Vous savez, pendant des années, on nous a dit que toutes les valeurs de l'Education nationale fichent le camp, donc c'est vraiment très bien de pouvoir dire, quand vous avez bien travaillé, vous êtes mis à l'honneur. C'est formidable d'être mis à l'honneur, on oublie tout cela. On a touts envie, à un moment donné, on réussit quelque chose, et un gamin, quand il réussit quelque chose, un jeune quand il réussit quelque chose, il faut lui dire que c'est bien, parce que c'est comme ça, après, qu'il réussit encore mieux. Qu'est-ce que c'est que cette société où on n'ose pas vous dire "c'est bien ce que tu as fait" ?
M. Lagardère (RMC) : N. Sarkozy s'est engagé, il y a un an, à axer les produits qui viennent des pays qui n'ont pas signé le protocole de Kyoto, comme les Etats-Unis ; où en est-on ?
Pour ce qui concerne l'OMC, il y a eu des négociations très importantes, le processus est aujourd'hui largement bloqué. On est dans le cadre d'organisations internationales. De toute façon, lorsqu'un produit est importé, il paiera cette fiscalité écologique, quel que soit l'endroit où il est produit. Beaucoup de produits sont importés, effectivement, d'une façon écologiquement pas correctes du tout. Donc ceux-là seront les premiers à supporter les malus. Donc c'est une bonne chose.
Une question sur le Rapido...
Oui, la Française des Jeux. On augmente la capacité de jeux, il y a un troisième jeu qui se fait.
Je ne parle pas des jeux, je parle du Rapido qui provoque l'addiction aux jeux ; qu'allez-vous faire ?
Il y a un travail énorme qui est fait sur l'addiction par la Française des Jeux, il y a un comité du jeu responsable donc il n'y a pas d'addiction.
Est-ce que vous allez limiter le nombre, les enjeux ?
C'est d'ailleurs limité, d'ailleurs les recettes du Rapido sont plutôt en diminution.
Un tirage toutes les cinq minutes...
Oui, mais les recettes du Rapido sont plutôt en diminution, donc on ne peut pas dire qu'il y ait addiction. Et puis, on surveille de très près les jeux. La Française des Jeux n'est vraiment pas une entreprise qui crée l'addiction.
Vous n'allez pas limiter le Rapido ?
On limite d'une manière générale l'accès aux jeux et puis de l'autre côté, il y a vraiment un vrai travail sur l'addiction, éviter que les gens... Il n'y a vraiment pas de difficulté, la France est vraiment bien placée là-dessus, il y a un comité du jeu responsable, il y a des études tout le temps, sans arrêt. Et en même temps, les gens ont envie de jouer donc il faut pouvoir leur offrir cela dans des conditions transparentes. Mais on va ouvrir le marché des jeux dans les mois qui viennent, notamment aux jeux par Internet.
Combien d'argent pensez-vous récolter ?
On a du mal, on ne sait pas du tout parce que c'est très difficile d'ouvrir un marché, on est en train de la faire. Ce qui est très important, c'est que le jeu par Internet aujourd'hui est illégal, sauf quand il est monté par la Française des jeux et par le PMU, il est aujourd'hui totalement illégal. Beaucoup d'entreprises travaillent en France de façon illégale. Je suis allé à Malte - il y a beaucoup d'entreprises qui sont à Malte et qui font jouer en France - pour regarder comment cela se passait. Donc on doit s'adapter à notre temps. C'est comme si on disait que le téléchargement est totalement interdit, vous n'avez pas d'autres possibilités. Donc il faut rendre le jeu par Internet légal, dans des conditions précises, avec un cahier des charges précis, avec une autorité de régulation. C'est ce que nous allons faire. On s'adapte ; on présentera, je pense, un texte d'ici la fin de l'année, et puis, pour une ouverture d'ici la fin de l'année prochaine. La politique économique du Gouvernement, c'est une...
Fin 2009, on pourra jouer légalement sur Internet ?
On pourra jouer légalement sur Internet, auprès d'opérateurs agréés, dans des conditions définies de la nature du pari. Si on vous dit qu'il n'y a qu'un des types qui va tirer le maillot, ça, évidemment, c'est un problème parce que cela peut-être manipuler. Donc on fera très attention à tout ce qui est manipulation, jeux ou âge du joueur par exemple. Donc ce sera, comme vous pouvez penser, fait tout à fait sérieusement.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 16 septembre 2008