Texte intégral
La Dépêche de Tahiti : Votre visite en Polynésie concerne surtout les Marquises. Pourquoi ?
Yves Jégo : Mon premier déplacement en juillet dernier m'a conduit aux Iles du vent (Tahiti et Bora Bora) et aux Iles Australes (Tubuai et Raivavae). Aux Marquises, je ferai le point avec les élus sur des dossiers ouverts en juillet, notamment la réforme communale. L'action de l'Etat pour l'insertion des jeunes, à travers le SMA, sera également au coeur de ce déplacement. Par ailleurs, le 30ème anniversaire de la disparition de Jacques Brel, le 9 octobre, sera aussi l'occasion de valoriser, vis à vis de la presse internationale, la beauté et la richesse de la culture et des paysages marquisiens. Mais je serai également, à Papeete pour installer l'observatoire des prix comme je l'avais annoncé en juillet et pour plusieurs réunions de travail. Ce deuxième voyage en 6 mois de fonctions rue Oudinot est très équilibré et je suis sûr que si je m'étais contenté de rester à Papeete vous m'auriez interrogé afin de savoir pourquoi je négligeais les autres archipels !
La Dépêche de Tahiti : Vous attendez-vous à des manifestations à Papeete sur les sur-pensions ?
Yves Jégo : Dans notre République chacun est évidement libre de manifester, et je rencontrerai, si elles le souhaitent, les organisations syndicales comme je l'ai fait en juillet. Je veux juste rappeler que notre pays traverse une grave crise financière qui secoue toute la planète. Cette situation renforce encore notre devoir de réformer l'Etat et de remettre à plat des avantages manifestement injustes et inéquitables. Quand je vois le montant réel des retraites des salariés du privés, en particulier ici en Polynésie ; je m'interroge : comment peut on imaginer défendre sérieusement l'idée que certains fonctionnaires d'Etat qui n'ont aucun lien avec le pays continuent de venir s'installer ici juste pour empocher une prime annuelle qui peut aller jusqu'à 40 000 euros (4 800 000 Francs C.F.P.) en plus de leur retraite ? Je rappelle que ce système créé en 1952 coûte au budget de l'Etat, donc aux impôts des Français, 300 000 000 d'euros (plus de 36 milliards de Francs C.F.P.) par an pour bénéficier à seulement 3 % des retraités de l'Etat. La réforme de cet avantage très critiqué est attendue depuis des années. Après avoir entendu, en particulier ici lors de mon dernier déplacement, les syndicats nous apportons de nombreuses réponses aux fonctionnaires qui bénéficient aujourd'hui de ce privilège qui n'existe d'ailleurs ni en métropole ni aux Antilles et en Guyane. Je le redis clairement, dans la réforme que le Gouvernement va soumettre au vote du Parlement : les retraités actuels conserveront leur sur-pension à vie. Simplement nous allons plafonner les plus hauts revenus avec une sur-pension qui ne pourra pas dépasser 18 000 Euros (2 148 000 Francs C.F.P.) par an dans dix ans. Pour les actuels retraités 75% ne sont donc pas concernés par ce projet de loi qui n'impactera progressivement que les très hauts revenus ! Pour les futurs retraités des 10 prochaines années ils conservent eux aussi la garantie d'une sur-pension à vie pour peu qu'il ait un lien matériel et moral avec la Polynésie ou qu'ils aient 15 ans de service Outre-mer. Il est vrai que cette sur-pension qui viendra s'ajouter à leur retraite sera plafonnée à 8 000 Euros (954 653 Francs C.F.P.) par an ce qui veut dire que les plus petits revenus de la fonction publique, soit 30 % des futurs retraités, ne seront pas non plus concernés par cette reforme. Quant à l'avenir, pour la génération qui prendra sa retraite dans 20 ans, nous proposerons une système de retraite complémentaire qui viendra se substituer à l'I.T.R.. Il faut d'ailleurs noter qu'un grand syndicat comme la C.F.D.T a approuvé notre projet parce qu'il est juste. D'autant plus juste dans un territoire où l'impôt sur le revenu n'existe pas et où malheureusement les retraites de ceux qui n'ont pas la chance d'être fonctionnaires sont très loin de ces montants.
La Dépêche de Tahiti : Gaston Flosse et Oscar Temaru vous ont demandé de nouveaux transferts financiers. Que leur avez-vous répondu ?
Yves Jégo : J'ai redit mardi dernier à Paris à mes interlocuteurs exactement ce que j'ai eu l'occasion de marteler lors de mon premier déplacement, à savoir que l'avenir de la Polynésie française passe par son développement économique qui sera le socle de son renouveau social. L'Etat est prêt à aider tout projet qui sera créateur d'emploi et de richesse pour le territoire. C'est d'ailleurs dans cette logique que je démarche, à l'occasion de ce déplacement, avec le Président Tong Sang des investisseurs aux Etats-Unis. Quant aux transferts de l'Etat ils sont en augmentation depuis plusieurs années. Les dépenses annuelles de l'Etat, dans le contexte très difficile que j'ai rappelé, ont encore augmenté de plus de 10% entre 2005 et 2007. Permettez-moi de citer encore quelques chiffres : la dotation globale de développement économique (DGDE) se traduit par le versement de 18 milliards de francs Pacifique au territoire et en dépit du contexte budgétaire national, ce versement se fera en 2009 sur la base de ce chiffre. De surcroît, au titre de l'ancien fonds de reconversion de l'économie polynésienne, ce sont près de quatre milliards supplémentaires qui sont versés au Pays. Je rappellerai aussi qu'un contrat de projets portant sur la période 2008-2013 vient d'être signé ! Le Président de la République a ainsi voulu marquer le soutien concret de l'Etat, à travers ce nouvel effort budgétaire, à des réalisations dans des domaines aussi variés que la réhabilitation de logements, la construction de réseaux d'assainissement ou la création de nouveaux centres de soins pour améliorer la couverture sanitaire de la Polynésie. J'ai le sentiment que dans les difficultés actuelles de la Polynésie française ce n'est pas l'Etat qui est défaillant, bien au contraire !
La Dépêche de Tahiti : La question des transferts financiers aux communes avance-t-elle ?
Yves Jégo : Les communes de Polynésie ont, depuis 2004, reçu de nouvelles compétences afin de combler le décalage très important avec les communes de métropole et d'assurer un meilleur équilibre des institutions. Or, pour qu'elles puissent exercer ces nouvelles compétences, plus près des citoyens, notamment en matière environnementale ou d'urbanisme, nous devons évaluer avec les élus les charges financières afférentes. Dans cet esprit, la rénovation des relations financières entre l'Etat et la Polynésie que j'ai lancée en juillet doit se traduire par un accroissement de la part des communes à hauteur de leurs compétences réelles. Je rencontrerai aux Marquises les maires pour évaluer l'avancée de ce dossier.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 9 octobre 2008
Yves Jégo : Mon premier déplacement en juillet dernier m'a conduit aux Iles du vent (Tahiti et Bora Bora) et aux Iles Australes (Tubuai et Raivavae). Aux Marquises, je ferai le point avec les élus sur des dossiers ouverts en juillet, notamment la réforme communale. L'action de l'Etat pour l'insertion des jeunes, à travers le SMA, sera également au coeur de ce déplacement. Par ailleurs, le 30ème anniversaire de la disparition de Jacques Brel, le 9 octobre, sera aussi l'occasion de valoriser, vis à vis de la presse internationale, la beauté et la richesse de la culture et des paysages marquisiens. Mais je serai également, à Papeete pour installer l'observatoire des prix comme je l'avais annoncé en juillet et pour plusieurs réunions de travail. Ce deuxième voyage en 6 mois de fonctions rue Oudinot est très équilibré et je suis sûr que si je m'étais contenté de rester à Papeete vous m'auriez interrogé afin de savoir pourquoi je négligeais les autres archipels !
La Dépêche de Tahiti : Vous attendez-vous à des manifestations à Papeete sur les sur-pensions ?
Yves Jégo : Dans notre République chacun est évidement libre de manifester, et je rencontrerai, si elles le souhaitent, les organisations syndicales comme je l'ai fait en juillet. Je veux juste rappeler que notre pays traverse une grave crise financière qui secoue toute la planète. Cette situation renforce encore notre devoir de réformer l'Etat et de remettre à plat des avantages manifestement injustes et inéquitables. Quand je vois le montant réel des retraites des salariés du privés, en particulier ici en Polynésie ; je m'interroge : comment peut on imaginer défendre sérieusement l'idée que certains fonctionnaires d'Etat qui n'ont aucun lien avec le pays continuent de venir s'installer ici juste pour empocher une prime annuelle qui peut aller jusqu'à 40 000 euros (4 800 000 Francs C.F.P.) en plus de leur retraite ? Je rappelle que ce système créé en 1952 coûte au budget de l'Etat, donc aux impôts des Français, 300 000 000 d'euros (plus de 36 milliards de Francs C.F.P.) par an pour bénéficier à seulement 3 % des retraités de l'Etat. La réforme de cet avantage très critiqué est attendue depuis des années. Après avoir entendu, en particulier ici lors de mon dernier déplacement, les syndicats nous apportons de nombreuses réponses aux fonctionnaires qui bénéficient aujourd'hui de ce privilège qui n'existe d'ailleurs ni en métropole ni aux Antilles et en Guyane. Je le redis clairement, dans la réforme que le Gouvernement va soumettre au vote du Parlement : les retraités actuels conserveront leur sur-pension à vie. Simplement nous allons plafonner les plus hauts revenus avec une sur-pension qui ne pourra pas dépasser 18 000 Euros (2 148 000 Francs C.F.P.) par an dans dix ans. Pour les actuels retraités 75% ne sont donc pas concernés par ce projet de loi qui n'impactera progressivement que les très hauts revenus ! Pour les futurs retraités des 10 prochaines années ils conservent eux aussi la garantie d'une sur-pension à vie pour peu qu'il ait un lien matériel et moral avec la Polynésie ou qu'ils aient 15 ans de service Outre-mer. Il est vrai que cette sur-pension qui viendra s'ajouter à leur retraite sera plafonnée à 8 000 Euros (954 653 Francs C.F.P.) par an ce qui veut dire que les plus petits revenus de la fonction publique, soit 30 % des futurs retraités, ne seront pas non plus concernés par cette reforme. Quant à l'avenir, pour la génération qui prendra sa retraite dans 20 ans, nous proposerons une système de retraite complémentaire qui viendra se substituer à l'I.T.R.. Il faut d'ailleurs noter qu'un grand syndicat comme la C.F.D.T a approuvé notre projet parce qu'il est juste. D'autant plus juste dans un territoire où l'impôt sur le revenu n'existe pas et où malheureusement les retraites de ceux qui n'ont pas la chance d'être fonctionnaires sont très loin de ces montants.
La Dépêche de Tahiti : Gaston Flosse et Oscar Temaru vous ont demandé de nouveaux transferts financiers. Que leur avez-vous répondu ?
Yves Jégo : J'ai redit mardi dernier à Paris à mes interlocuteurs exactement ce que j'ai eu l'occasion de marteler lors de mon premier déplacement, à savoir que l'avenir de la Polynésie française passe par son développement économique qui sera le socle de son renouveau social. L'Etat est prêt à aider tout projet qui sera créateur d'emploi et de richesse pour le territoire. C'est d'ailleurs dans cette logique que je démarche, à l'occasion de ce déplacement, avec le Président Tong Sang des investisseurs aux Etats-Unis. Quant aux transferts de l'Etat ils sont en augmentation depuis plusieurs années. Les dépenses annuelles de l'Etat, dans le contexte très difficile que j'ai rappelé, ont encore augmenté de plus de 10% entre 2005 et 2007. Permettez-moi de citer encore quelques chiffres : la dotation globale de développement économique (DGDE) se traduit par le versement de 18 milliards de francs Pacifique au territoire et en dépit du contexte budgétaire national, ce versement se fera en 2009 sur la base de ce chiffre. De surcroît, au titre de l'ancien fonds de reconversion de l'économie polynésienne, ce sont près de quatre milliards supplémentaires qui sont versés au Pays. Je rappellerai aussi qu'un contrat de projets portant sur la période 2008-2013 vient d'être signé ! Le Président de la République a ainsi voulu marquer le soutien concret de l'Etat, à travers ce nouvel effort budgétaire, à des réalisations dans des domaines aussi variés que la réhabilitation de logements, la construction de réseaux d'assainissement ou la création de nouveaux centres de soins pour améliorer la couverture sanitaire de la Polynésie. J'ai le sentiment que dans les difficultés actuelles de la Polynésie française ce n'est pas l'Etat qui est défaillant, bien au contraire !
La Dépêche de Tahiti : La question des transferts financiers aux communes avance-t-elle ?
Yves Jégo : Les communes de Polynésie ont, depuis 2004, reçu de nouvelles compétences afin de combler le décalage très important avec les communes de métropole et d'assurer un meilleur équilibre des institutions. Or, pour qu'elles puissent exercer ces nouvelles compétences, plus près des citoyens, notamment en matière environnementale ou d'urbanisme, nous devons évaluer avec les élus les charges financières afférentes. Dans cet esprit, la rénovation des relations financières entre l'Etat et la Polynésie que j'ai lancée en juillet doit se traduire par un accroissement de la part des communes à hauteur de leurs compétences réelles. Je rencontrerai aux Marquises les maires pour évaluer l'avancée de ce dossier.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 9 octobre 2008