Texte intégral
Monsieur le Président, cher Franck Provost,
Madame le Secrétaire général, (Michèle Duval)
Mesdames et Messieurs,
On connaît depuis la Bible l'importance des coiffeurs et de la coiffure, puisqu'il a suffi à Dalila de couper les sept tresses de Samson pour lui ôter sa force surhumaine. Chaque jour, 800 000 de nos concitoyens entrent dans un salon de coiffure. On ne s'étonnera pas, alors, que le secteur compte 160 000 professionnels, et que son chiffre d'affaires dépasse les 5 Mdeuros, avec plus de 65 000 entreprises sur l'ensemble du territoire.
Pourtant, dans le livre blanc que le Conseil national des entreprises de coiffure a publié en octobre 2007, on peut lire que « dans la coiffure, nous nous sentons parfois oubliés des politiques ». Il est vrai que les ministres de l'Économie qui m'ont précédée n'ont guère passé de temps avec les coiffeurs. Serait-ce parce que, comme on dit parfois, Bercy prédispose au crâne d'oeuf ? En tout cas, moi qui ai bien besoin d'un coiffeur avant de me rendre aux photos de groupe du G 7 ou de l'Écofin, j'attache une grande importance à ce secteur. J'ai déjà eu le plaisir, il y a quelques mois, de décorer de la Légion d'Honneur le Président et fondateur de votre syndicat, Franck Provost [ je vois d'ailleurs que vous la portez aujourd'hui ]. Aujourd'hui, je tenais, en sortant de l'Élysée, à me rendre à ce deuxième colloque des entreprises de coiffure et à clôturer cette matinée, pour vous exprimer mon amitié et mon soutien.
J'aimerais vous dire en deux mots pourquoi j'estime que la coiffure est « un métier d'avenir », pour reprendre l'excellent slogan du CNEC.
D'abord parce que, crise financière ou pas, les gens auront toujours besoin de se faire couper les cheveux - et ceux qui se font en ce moment des cheveux blancs iront se les faire teindre... De l'autre côté, il n'y a pas à craindre les délocalisations : vos salons ne partiront jamais en Chine ou en Inde ! Vous êtes donc les meilleurs représentants de l'économie réelle, celle qui ne connaît pas les produits dérivés et les problèmes de liquidité, et qui soutient véritablement notre tissu économique. Mon souci est que des PME comme les vôtres ne pâtissent pas injustement des événements déclenchés de l'autre côté de l'Atlantique par une politique de prêt immobilier irresponsable. C'est pourquoi nous avons mis en place un plan de soutien aux entreprises de 22 milliards d'euros, via les prêts bancaires. Tout euro accordé aux banques sera converti en 1 euro prêté à une PME.
Cette mesure complète les 30 milliards d'euros de prêts aux PME européennes annoncés par la Banque européenne d'investissement (BEI), qui mettra des ressources précieuses à la disposition des banques. Sur ces 30 milliards, la France peut légitimement en attendre 4, soit 1 milliard par an entre 2008 et 2011.
La coiffure est aussi un métier d'avenir parce que vous continuez à former des jeunes et à assurer le renouvellement de votre profession, qui compte aujourd'hui 24 000 apprentis. Vous contribuez ainsi à donner un métier et bien souvent une vocation à nos jeunes. J'en profite pour réaffirmer avec force le souhait du Gouvernement de poursuivre le développement de l'apprentissage, au-delà des 416 000 apprentis recensés à la fin de l'année 2007. Le fort développement de ces dernières années a été favorisé par les mesures fortes qui ont été prises : création d'une carte d'apprenti, revalorisation du statut d'apprentis, crédit d'impôt de 1600 euros, quota dans les grandes entreprises (ou à défaut, majoration du taux de taxe d'apprentissage), campagnes de promotion de l'apprentissage. C'est bien la preuve que le politique a un rôle à jouer pour encourager l'apprentissage, et il continuera à le faire.
Qui dit apprentissage dit également transmission. C'est pourquoi la loi de modernisation de l'économie, votée cet été, et qui reprend un certain nombre des propositions de votre invité de ce matin, Jacques Attali, prévoit d'abaisser le taux appliqué aux droits de mutations à titre onéreux de fonds de commerce ou de clientèle de 5 à 3 %. De plus, en cas de reprises familiales ou par des salariés ou dirigeants qui, de fait, connaissent le fonctionnement de l'entreprise, il est prévu d'instaurer un abattement de 300 000 euros avant application des droits de mutation à titre onéreux. Ce dispositif bénéficie aux apprentis, aux salariés ainsi qu'aux membres de la famille du cédant. Les acquéreurs devront s'engager à poursuivre leur activité ou leur fonction de dirigeant dans l'entreprise pendant cinq ans.
Je sais que Jacques Attali propose également l'assouplissement du régime de la qualification professionnelle artisanale. Cette proposition n'est pas adaptée à tous les secteurs, et certainement pas à celui de la coiffure. En effet, lorsque l'offre de services existe est suffisante, notamment dans les services aux personnes, et que des opérateurs économiques sont prêts à la satisfaire, on voit mal ce qu'une réforme des qualifications professionnelles pourrait apporter. C'est le cas de la coiffure, un secteur où les besoins de la population sont satisfaits, et qui crée des emplois !
Chers amis, ne coupons pas les cheveux en quatre : le Gouvernement soutient les coiffeurs et souhaite les « reconnaître à leur juste valeur », pour reprendre le titre de votre livre blanc. Je vous souhaite un excellent débat cet après-midi avec Jean-François Roubaud, François de Closets et Marc Touati.
Je vous remercie.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 4 novembre 2008