Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Patrick DEVEDJIAN bonjour.
PATRICK DEVEDJIAN
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
La bonne solution c'est que Nicolas SARKOZY redevienne le chef officiel
de l'UMP avez-vous déclaré hier sur lci.fr en constatant que les
ambitions présidentielles des plus jeunes, les incitaient à vouloir
contrôler le parti. Alors qu'avez-vous voulu dire exactement ?
PATRICK DEVEDJIAN
D'abord je ne suis pas sûr que ce soit la préoccupation numéro un des
Français en cette période de crise que les affaires intérieures des
partis. Bien sûr, la vie continue pour autant et le fond de notre
problème, c'est que nous voulons moderniser notre parti.
CHRISTOPHE BARBIER
Un parti moderne et efficace ça peut aider quand même.
PATRICK DEVEDJIAN
Voilà ça peut aider et puis on regarde ce qui se passe au Parti
socialiste, franchement on ne voudrait pas que ça nous arrive. Donc on
réfléchit à une meilleure organisation. Nous avons une réflexion
stratégique sur la modernisation de notre parti.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors la meilleure organisation pour vous, c'est que le président de la
République redevienne le président officiel du parti ?
PATRICK DEVEDJIAN
Non, un parti politique a besoin d"un leader et notre leader, pour se
faire entendre et pour avoir de la crédibilité, et notre leader naturel
c'est évidemment le président de la République. D'abord, parce qu'il
est le rénovateur de notre parti, il en est l'inspirateur et puis il
faut bien le dire dans toutes les démocraties du monde le chef de l'
exécutif, c'est celui du parti vainqueur. Il y a que chez nous où on
vit un peu depuis une cinquantaine d'années sur cette hypocrisie.
CHRISTOPHE BARBIER
Hypocrisie, il est le président de tous les Français, ce n'est pas une
hypocrisie.
PATRICK DEVEDJIAN
Bien sûr. Mais attendez Gordon BROWN il n'est pas le Premier ministre
de tous les Anglais? Il est pour autant le leader du parti
travailliste. Donc il y a que chez nous qu'on vit dans cette espèce d'
hypocrisie en disant je suis le président de tous les Français et puis
finalement, j'ignore la famille politique dont je viens. En réalité
bien sûr, depuis 1958, le chef de l'exécutif a toujours maintenu des
liens très forts avec son parti mais seulement ça a été caché et
discret.
CHRISTOPHE BARBIER
Concrètement si ça ne doit pas être caché et discret, ça doit prendre
quelle forme ?
PATRICK DEVEDJIAN
Alors j'y viens. Par exemple nous à l'UMP, on a eu la chance que
Nicolas SARKOZY ait accepté de participer officiellement à la vie du
parti, ce qui fait que par exemple ça nous a donné parfois un lustre
exceptionnel. On a reçu Tony BLAIR, le dialogue sur la scène de l'UMP
entre le président de la République et Tony BLAIR était formidable. On
a fait la même chose avec Angela MERKEL, avec José Manuel BARROSO. On
voit bien que pour un parti politique ça lui donne une dimension, une
crédibilité qu'autrement on n'aurait pas. Donc c'est vrai que nous
avons des liens étroits avec le président de la République qui suit
notre action mais moi je suis pour l'affirmation de l'autorité
naturelle du chef de l'Etat sur l'UMP.
CHRISTOPHE BARBIER
Il redevient président, il vient le mardi ou les autres jours à vos
réunions ?
PATRICK DEVEDJIAN
Non il ne vient pas le mardi, c'est nous qui venons. Attendez c'est
nous qui allons à l'Elysée.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc il faut que ce soit officiel de nouveau, le président de l'UMP s'
appelle ?
PATRICK DEVEDJIAN
C'est évident pour tout le monde, tout le monde le sait, c'est parfois
discuté, critiqué. Moi je suis pour que les choses soient naturellement
affirmées et sortir de l'hypocrisie.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors on a l'impression que vous voulez aussi protéger l'UMP d'une
prise de pouvoir par d'autres qui voudraient en faire leur machine
présidentielle.
PATRICK DEVEDJIAN
Non il y a une logique simplement. Moi je vais vous dire c'est très
simple, mon candidat pour la prochaine élection présidentielle c'est
Nicolas SARKOZY. Donc pour moi les choses sont très simples. Mais je
pense si vous voulez qu'il y ait nécessairement un lien entre le
leadership d'un parti et la prochaine échéance présidentielle. Pas la
peine de se cacher derrière son doigt. C'est naturel. C'est même la
condition de la victoire.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que vous trouvez que Xavier BERTRAND par exemple veut trop en
faire à l'UMP pour en faire sa chose ?
PATRICK DEVEDJIAN
Non pas du tout, je ne le soupçonne pas de quoi que ce soit et d'
ailleurs il est très actif et c'est très bien comme ça et puis même si
il avait des ambitions présidentielles, il aurait parfaitement le droit
de les avoir parce que tout le monde a le droit de les avoir a fortiori
dans un parti politique. La question n'est pas là, la question elle est
dans la clarté de la démarche à l'égard de l'ensemble de l'opinion.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors démarche claire, Brice HORTEFEUX a été chargé en gros de piloter
le renouvellement des cadres internes de l'UMP. Ca vous gêne ?
PATRICK DEVEDJIAN
Pas du tout, c'est moi qui l'ai voulu. Il est d'ailleurs chargé des
élections, il a pas été chargé d'autre chose mais c'est déjà une très
grosse tâche à laquelle d'ailleurs il s'est attelé tout de suite et on
a quelques échéances devant nous qui requièrent vraiment son attention.
Donc ce n'est pas ça le débat, le débat c'est la modernisation de notre
parti. On vit, les partis politiques français d'une manière générale,
regardez ce qui se passe dans la campagne américaine avec OBAMA.
Regardez comment OBAMA fait sa campagne et connaît le fonctionnement du
parti démocrate dans cette campagne. Ca n'a rien à voir, si vous
regardez de près, ça n'a rien à voir avec la manière dont en France
nous vivons la vie de parti. Moi je voudrai que l'UMP et nous
travaillons à ça, nous réfléchissons à ça, je voudrai que l'UMP ait un
temps d'avance sur sa modernisation.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'une partie du problème ne vient pas de la puissance, de l'
autonomie, parfois de l'esprit un peu de rébellion des députés UMP sous
la houlette de Jean François COPE ?
PATRICK DEVEDJIAN
Non pas du tout. Là aussi nous avons voulu une réforme de la
constitution pour que le Parlement joue son rôle. Si le Parlement joue
son rôle, ça veut dire que les députés prennent plus d'importance et
sil ils prennent de l'importance il ne faut pas s'étonner qu'ils aient
des initiatives. C'est quand même normal qu'ils aient des initiatives.
CHRISTOPHE BARBIER
Le Parlement a bougé, le parti se modernise, est-ce que vous souhaitez
qu'au début de l'année 2009 il y ait un remaniement du gouvernement
pour prolonger cette modernisation ?
PATRICK DEVEDJIAN
Ca c'est pas à moi de le dire, c'est pas le parti politique qui va se
mettre à la place du président de la République. Ca obéit à d'autres
considérations que des strictes considérations partisanes. Ce doit
répondre à une demande politique, à un projet politique et c'est
seulement le président de la République qui est en situation de
déterminer ça.
CHRISTOPHE BARBIER
Et vous personnellement vous laisseriez votre place à la tête du parti
pour rentrer au gouvernement ?
PATRICK DEVEDJIAN
Comme je l'ai dit et je le répète, je soutiens le président de la
République de toutes mes forces parce que sa politique est la politique
dont la France a besoin, donc je la soutiens et moi je suis à sa
disposition et je ferais ce qu'il me demandera.
CHRISTOPHE BARBIER
A sa disposition, vous êtes donc disponible. Rachida DATI, la garde des
Sceaux, est en difficulté, si on a besoin de vous pour la place Vendôme
vous êtes disponible ?
PATRICK DEVEDJIAN
Ce n'est pas le sujet, j'ai renoncé à ce projet. J'ai dans un moment de
ma vie eu envie d'aller au ministère de la Justice, je pense à autre
chose et cette autre chose c'est l'action que j'ai à conduire au sein
de l'UMP et pour moi le vrai projet, c'est de moderniser ce parti.
CHRISTOPHE BARBIER
Qu'est-ce qui ne va pas au ministère de la Justice, pourquoi est t-elle
si décriée ?
PATRICK DEVEDJIAN
Je crois d'abord qu'on lui fait un faux procès. Je crois que souvent
c'est assez malicieux aussi, c'est un ministère difficile évidemment
parce que la justice les gens projettent sur la justice un idéal et
qu'on est dans l'humain. Et donc dans l'imparfait. Donc on lui fait
porter les responsabilités de tous les disfonctionnements qui peuvent
arriver et parfois inévitablement. Elle n'est pas responsable de tout.
En plus la justice et les magistrats sont indépendants. Donc il ne faut
pas exagérer mais Rachida DATI c'est quand même une belle image de ce
que la justice finalement doit être impartiale et au service de toute
la diversité de la population.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors dans cette population il y a le président de la République, il a
multiplié les plaintes. Est-ce que c'est normal ? Il n'est pas un
justiciable comme les autres ?
PATRICK DEVEDJIAN
Si. Il est un justiciable comme les autres, exactement comme les
autres.
CHRISTOPHE BARBIER
Il a une forme d'immunité pendant son mandat.
PATRICK DEVEDJIAN
Ni au dessus ni au dessous.
CHRISTOPHE BARBIER
Un peu au dessus quand même. On ne peut pas l'attaquer pendant son
mandat.
PATRICK DEVEDJIAN
Ca dépend pourquoi. Sur le plan privé par exemple, sur le plan de la
vie privée, en matière civile, il peut évidemment faire l'objet d'un
procès, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Sur l'affaire de la poupée vaudoue, la justice laisse cette poupée dans
le commerce et Nicolas SARKOZY fait appel. Il est un peu susceptible
quand même.
PATRICK DEVEDJIAN
Non on a le droit à la protection aussi de son image, de sa vie privée.
D'ailleurs juridiquement, d'abord ce que ça prouve c'est que la justice
est indépendante. Ca a beau être le président de la République ça n'
impressionne pas les juges, ça prouve bien qu'il est un justiciable
comme les autres. Et comme il est un justiciable comme les autres, il a
aussi le droit de faire appel et comme avocat je trouve que l'appel est
justifié.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous aviez promis de nettoyer les écuries d'Augias, avez-vous dit dans
L'EXPRESS, dans les Hauts de Seine. Alors vous avez prononcé la
dissolution d'une société d'économie mixte, est-ce que les écuries sont
aussi sales que vous le pensiez ?
PATRICK DEVEDJIAN
Si vous voulez moi j'ai souffert, j'ai déjà expliqué ça chez vous, j'ai
souffert que mon département qui est un département extraordinaire ait
une mauvaise image.
CHRISTOPHE BARBIER
Avec de bonnes raisons?
PATRICK DEVEDJIAN
Oui parfois et non parfois. Oui parce que nous avons eu des poursuites
pénales qui sont toujours désagréables, non parce que ça ne représente
qu'une faible partie de ce qu'il est. Et donc j'ai voulu le mettre au
dessus de tous les soupçons et cette société d'économie mixte qui était
pas non plus l'abomination de la désolation mais elle avait l'
inconvénient d'être une sous traitante d'actions politiques qui doivent
être conduites de manière transparente par les conseillers généraux.
CHRISTOPHE BARBIER
En un mot rumeur de baisse des taux de Livret A. Il faut quitter les 4%
parce que les taux généraux baissent ou bien il faut préserver les 4%
pour rassurer les épargnants ?
PATRICK DEVEDJIAN
Rassurer les épargnants c'est ce que le gouvernement a fait jusqu'à
maintenant en garantissant les dépôts, ça c'est essentiel. Pour le
reste c'est une question de politique monétaire, moi je crois si l'
ensemble des taux baisse, ça servira de relance.
Source http://www.u-m-p.org, le 31 octobre 2008