Texte intégral
Mesdames et Messieurs, bonjour,
Nous avions décidé en Avignon de consacrer une autre réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à la rédaction - qui avait été entamée à Avignon- et à la critique d'un document transatlantique, ce que nous avons fait aujourd'hui avec mes amis de la Commission et le Haut représentant.
De quoi s'agit-il ? Comme vous le savez, le monde bascule, le monde change, le monde évolue, la globalisation impose un certain nombre de révisions ; la crise financière bouscule les économies, la crise économique bouscule très fortement les certitudes, et puis il y a l'élection américaine demain qui vient proposer à nos amis américains une autre administration. Pour toutes ces raisons - même si certaines n'étaient pas prévisibles - il nous semblait nécessaire de renforcer notre volonté d'entamer un travail commun avec nos amis américains. Nous avons donc rédigé ce document que nous avons à nouveau discuté et enrichi aujourd'hui. Ce n'est pas une série de certitudes ou de leçons données à nos amis américains, mais au contraire il se présente comme un socle de valeurs et d'objectifs communs, comme une boîte à outils à la disposition des Vingt-sept pays de l'Union européenne. Ces derniers l'utiliseront comme ils le veulent, comme ils le voudront en fonction de leur histoire nationale, de leur rapport toujours un peu particulier avec les Etats-Unis d'Amérique. Ce document ne sera pas rendu public aujourd'hui, il le sera peut-être après, d'abord, l'élection américaine, et après le changement d'administration - il ne faut pas oublier nous travaillerons avec le président Bush jusqu'au 21 janvier. N'essayons pas de comprimer le temps et de nous conduire impoliment.
Cette réflexion, cette nécessité d'ouvrir un nouveau chapitre de l'harmonie du monde, de son équilibre, de son changement porte sur cinq chapitres principaux.
Le premier, c'est le multilatéralisme. Qu'est-ce que le multilatéralisme par rapport à la place d'un très grand pays, qui demeurera un très grand pays et une très grande administration, un pays qui dans bien des domaines demeure en tête de tous les pays du monde : les Etats-Unis ? Est-ce que le multilatéralisme est seulement le travail commun entre les Américains et les Européens ? Pas seulement, mais en partie, il s'agit d'un travail commun sur des objectifs communs entre l'Union européenne et les Etats-Unis d'où le qualificatif "transatlantique" de ce document. Il eut été inimaginable il y a 10 ans ou même 5 ans de nous adresser non seulement comme des amis - parce que nous sommes des amis des Américains- mais surtout comme des partenaires qui leur disent : voilà ce que nous pourrions, si vous en êtes d'accord, faire ensemble.
Le multilatéralisme ce n'est pas un seul pays qui décide. Les pays se concertent et travaillent autant que possible ensemble avec des organisations que nous souhaitons renforcer - notamment l'organisation des Nations unies qui doit être certainement modifiée. Je vous rappelle par ailleurs ce qui se passera le 15 novembre avec non pas le G8, ni le G14 mais le G20. Il y a de nombreux sujets à aborder ensemble, nous devons et pouvons le faire sur des exemples précis ensemble, l'Europe et les Etats-Unis.
Bien sûr, il y a d'autres personnes concernées, et nous l'avons constaté lors du sommet de Pékin où nous étions réunis avec l'Asie, cet ensemble Asie Europe représente 60 % de la population mondiale, et 60 % des revenus mondiaux. Au cours de ces deux jours, nous étions absolument d'accord sur la nécessité par exemple de changements dans les domaines financier et économique, c'est notamment le besoin d'un changement de l'organisation de Bretton Woods ce qui se passera le 15 novembre. Il y a une volonté de rééquilibrer le monde mais sans jamais oublier les plus pauvres. Ce serait une grande erreur et cela a été dit aujourd'hui par au moins trois ou quatre des membres de l'Union européenne. Il faut saisir cette mauvaise occasion de la crise financière pour continuer à s'adresser, pour aider à construire, à être les partenaires des pays en développement. Ce serait une grande erreur que de changer la régulation du monde sans réserver un chapitre essentiel aux pays les plus pauvres : d'où le premier chapitre sur le multilatéralisme.
Ensuite, évidemment il y a un chapitre très important sur le Moyen-Orient et ses crises. Ce chapitre n'est pas réservé seulement au processus d'Annapolis qu'il faut poursuivre, ce chapitre n'est pas réservé seulement aux pays de la région. Il faut prendre en considération la modification de l'attitude de la Syrie, des rapports entre les Palestiniens et les Israéliens mais aussi bien sûr évoquer l'Irak et l'Iran. Quelle doit être notre attitude vis-à-vis de l'Iran ? Comment peut-on avancer sur toutes ces questions quand bien même les Etats-Unis se trouvaient au premier rang et que nous, finalement, nous essayons de trouver une place même si nous étions des contributeurs - par la Commission en particulier - d'aides précises et importantes ? Il y a un équilibre à trouver, comme en ce qui concerne le multilatéralisme, sur l'attitude à avoir afin de trouver une paix juste, équilibrée et de créer un Etat palestinien démocratique. Comment agir dans le Proche-Orient avec nos amis américains et avec d'autres ?
Il y a, également, une réflexion à mener en commun en tant que partenaires concernant notamment l'Afghanistan et le Pakistan. Vingt-cinq pays européens font partie de la coalition qui essaie d'assurer une sécurisation la plus solide possible pour que les Afghans prennent leurs affaires en main. A ce propos, il y a des idées précises à avancer et nous les avancerons, comme nous pensons qu'il n'y a pas uniquement de solution militaire.
Qui dit Afghanistan, dit Pakistan. Il y a une nouvelle attitude - Javier Solana vous en parlera - avec l'élection d'un nouveau président, M. Zardari, qui a déjà apporté des changements au Pakistan. Il y a donc un intérêt très grand et nous allons essayer de construire cette nouvelle attitude, nous écouterons les pays qui sont les voisins de l'Afghanistan et qui ont leurs mots à dire, leurs analyses à nous faire partager du moins à nous exposer.
Il y a un quatrième point : ce sont les rapports entre l'Europe et la Russie. Cela nous intéresse beaucoup et nous y avons particulièrement réfléchi à la lumière de la crise en Géorgie. Il y a donc intérêt à ce que nous ayons aussi une attitude commune avec nos amis américains sur ce dossier. La Russie est notre voisin, c'est un grand pays qui a beaucoup changé, et tout en parlant des Droits de l'Homme, nous devons poursuivre le dialogue avec la Russie.
Il y a, enfin, un cinquième point essentiel c'est l'attitude vis-à-vis des pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil. Comme je vous l'ai indiqué précédemment, en constatant que 60 % de la population de la planète était représentée autour de la table de Pékin, si on ne parle pas avec la Chine, si on ne parle avec l'Inde alors on ne comprend rien.
N'attendez pas de moi trop de précisions, je vais donner la parole à nos amis. Nous avons encore à travailler sur ce document qui est très court, seulement six pages, même si encore aujourd'hui, des idées très intéressantes ont vu le jour autour de la table.
Nous avions décidé en Avignon de consacrer une autre réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à la rédaction - qui avait été entamée à Avignon- et à la critique d'un document transatlantique, ce que nous avons fait aujourd'hui avec mes amis de la Commission et le Haut représentant.
De quoi s'agit-il ? Comme vous le savez, le monde bascule, le monde change, le monde évolue, la globalisation impose un certain nombre de révisions ; la crise financière bouscule les économies, la crise économique bouscule très fortement les certitudes, et puis il y a l'élection américaine demain qui vient proposer à nos amis américains une autre administration. Pour toutes ces raisons - même si certaines n'étaient pas prévisibles - il nous semblait nécessaire de renforcer notre volonté d'entamer un travail commun avec nos amis américains. Nous avons donc rédigé ce document que nous avons à nouveau discuté et enrichi aujourd'hui. Ce n'est pas une série de certitudes ou de leçons données à nos amis américains, mais au contraire il se présente comme un socle de valeurs et d'objectifs communs, comme une boîte à outils à la disposition des Vingt-sept pays de l'Union européenne. Ces derniers l'utiliseront comme ils le veulent, comme ils le voudront en fonction de leur histoire nationale, de leur rapport toujours un peu particulier avec les Etats-Unis d'Amérique. Ce document ne sera pas rendu public aujourd'hui, il le sera peut-être après, d'abord, l'élection américaine, et après le changement d'administration - il ne faut pas oublier nous travaillerons avec le président Bush jusqu'au 21 janvier. N'essayons pas de comprimer le temps et de nous conduire impoliment.
Cette réflexion, cette nécessité d'ouvrir un nouveau chapitre de l'harmonie du monde, de son équilibre, de son changement porte sur cinq chapitres principaux.
Le premier, c'est le multilatéralisme. Qu'est-ce que le multilatéralisme par rapport à la place d'un très grand pays, qui demeurera un très grand pays et une très grande administration, un pays qui dans bien des domaines demeure en tête de tous les pays du monde : les Etats-Unis ? Est-ce que le multilatéralisme est seulement le travail commun entre les Américains et les Européens ? Pas seulement, mais en partie, il s'agit d'un travail commun sur des objectifs communs entre l'Union européenne et les Etats-Unis d'où le qualificatif "transatlantique" de ce document. Il eut été inimaginable il y a 10 ans ou même 5 ans de nous adresser non seulement comme des amis - parce que nous sommes des amis des Américains- mais surtout comme des partenaires qui leur disent : voilà ce que nous pourrions, si vous en êtes d'accord, faire ensemble.
Le multilatéralisme ce n'est pas un seul pays qui décide. Les pays se concertent et travaillent autant que possible ensemble avec des organisations que nous souhaitons renforcer - notamment l'organisation des Nations unies qui doit être certainement modifiée. Je vous rappelle par ailleurs ce qui se passera le 15 novembre avec non pas le G8, ni le G14 mais le G20. Il y a de nombreux sujets à aborder ensemble, nous devons et pouvons le faire sur des exemples précis ensemble, l'Europe et les Etats-Unis.
Bien sûr, il y a d'autres personnes concernées, et nous l'avons constaté lors du sommet de Pékin où nous étions réunis avec l'Asie, cet ensemble Asie Europe représente 60 % de la population mondiale, et 60 % des revenus mondiaux. Au cours de ces deux jours, nous étions absolument d'accord sur la nécessité par exemple de changements dans les domaines financier et économique, c'est notamment le besoin d'un changement de l'organisation de Bretton Woods ce qui se passera le 15 novembre. Il y a une volonté de rééquilibrer le monde mais sans jamais oublier les plus pauvres. Ce serait une grande erreur et cela a été dit aujourd'hui par au moins trois ou quatre des membres de l'Union européenne. Il faut saisir cette mauvaise occasion de la crise financière pour continuer à s'adresser, pour aider à construire, à être les partenaires des pays en développement. Ce serait une grande erreur que de changer la régulation du monde sans réserver un chapitre essentiel aux pays les plus pauvres : d'où le premier chapitre sur le multilatéralisme.
Ensuite, évidemment il y a un chapitre très important sur le Moyen-Orient et ses crises. Ce chapitre n'est pas réservé seulement au processus d'Annapolis qu'il faut poursuivre, ce chapitre n'est pas réservé seulement aux pays de la région. Il faut prendre en considération la modification de l'attitude de la Syrie, des rapports entre les Palestiniens et les Israéliens mais aussi bien sûr évoquer l'Irak et l'Iran. Quelle doit être notre attitude vis-à-vis de l'Iran ? Comment peut-on avancer sur toutes ces questions quand bien même les Etats-Unis se trouvaient au premier rang et que nous, finalement, nous essayons de trouver une place même si nous étions des contributeurs - par la Commission en particulier - d'aides précises et importantes ? Il y a un équilibre à trouver, comme en ce qui concerne le multilatéralisme, sur l'attitude à avoir afin de trouver une paix juste, équilibrée et de créer un Etat palestinien démocratique. Comment agir dans le Proche-Orient avec nos amis américains et avec d'autres ?
Il y a, également, une réflexion à mener en commun en tant que partenaires concernant notamment l'Afghanistan et le Pakistan. Vingt-cinq pays européens font partie de la coalition qui essaie d'assurer une sécurisation la plus solide possible pour que les Afghans prennent leurs affaires en main. A ce propos, il y a des idées précises à avancer et nous les avancerons, comme nous pensons qu'il n'y a pas uniquement de solution militaire.
Qui dit Afghanistan, dit Pakistan. Il y a une nouvelle attitude - Javier Solana vous en parlera - avec l'élection d'un nouveau président, M. Zardari, qui a déjà apporté des changements au Pakistan. Il y a donc un intérêt très grand et nous allons essayer de construire cette nouvelle attitude, nous écouterons les pays qui sont les voisins de l'Afghanistan et qui ont leurs mots à dire, leurs analyses à nous faire partager du moins à nous exposer.
Il y a un quatrième point : ce sont les rapports entre l'Europe et la Russie. Cela nous intéresse beaucoup et nous y avons particulièrement réfléchi à la lumière de la crise en Géorgie. Il y a donc intérêt à ce que nous ayons aussi une attitude commune avec nos amis américains sur ce dossier. La Russie est notre voisin, c'est un grand pays qui a beaucoup changé, et tout en parlant des Droits de l'Homme, nous devons poursuivre le dialogue avec la Russie.
Il y a, enfin, un cinquième point essentiel c'est l'attitude vis-à-vis des pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil. Comme je vous l'ai indiqué précédemment, en constatant que 60 % de la population de la planète était représentée autour de la table de Pékin, si on ne parle pas avec la Chine, si on ne parle avec l'Inde alors on ne comprend rien.
N'attendez pas de moi trop de précisions, je vais donner la parole à nos amis. Nous avons encore à travailler sur ce document qui est très court, seulement six pages, même si encore aujourd'hui, des idées très intéressantes ont vu le jour autour de la table.