Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec TF1 le 5 novembre 2008, sur l'élection de Barack Obama au poste de président des États-Unis d'Amérique et son incidence sur la politique étrangère américaine.

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Q - Ce matin vous avez dit : "la victoire d'Obama, c'est le retour de l'Amérique que nous aimons". Pensez-vous vraiment que cette victoire puisse être une nouvelle impulsion dans les relations franco-américaines ?
R - Je l'espère, j'en suis même sûr. Je pense que Barack Obama, lors de sa visite à Paris, a exprimé très clairement qu'il souhaitait dialoguer et travailler avec l'Europe.
Nous sommes donc tout à fait prêts. Nous avons préparé un document transatlantique qui reprend différents points. Tout d'abord, dans le domaine du multilatéralisme, il ne s'agit pas de travailler tout seul et de prendre une décision sans avoir dialogué dans le cadre des instances internationales. Il y a également la question du Moyen-Orient où nous devons nous poser la question : est-ce que le Processus de paix, le dialogue entre les Israéliens et les Palestiniens va se poursuivre ? Il y a aussi, bien sûr, l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan, ou encore les relations avec la Russie. Pour tous ces dossiers, je souhaite que l'Europe soit présente. Cette Europe est disposée à travailler au plus vite, à partir du 20 janvier, avec Barack Obama et avec ses équipes dont nous connaissons la majorité des membres.
N'oublions pas que ce visage des Etats-Unis que l'on aime a été composé par Barack Obama lui-même, avec son charme et son talent, mais aussi par ses équipes qui ont fait un travail formidable pendant la campagne.
Q - En dehors, évidemment, du dossier économique et la réunion du G20, le 15 novembre prochain, sur quels dossiers, en priorité, demandez-vous un engagement américain dans le domaine international ?
R - Il s'occupera certainement dans l'immédiat, des Etats-Unis.
Quant à la priorité de l'engagement international, ce devrait être la politique au Proche-Orient. Le processus est engagé, notamment en ce qui concerne le dialogue qui devrait se poursuivre et la paix qui doit se faire avec la construction d'un Etat palestinien.
Mais il y a également l'Afghanistan. A ce sujet, il a fait part, lors de sa tournée européenne, de sa décision de transférer quelques troupes d'Irak en Afghanistan. Je pense que ce n'est pas la seule solution; il n'y aura pas de solution uniquement militaire en Afghanistan. Je pense que Barack Obama le sait et qu'il va falloir très vite en parler.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2008