Texte intégral
Monsieur le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire Général de l'Union Internationale des télécommunications, Hamadoun Touré,
Monsieur le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux mécanismes de financement innovants pour le développement, Philippe Douste-Blazy,
Monsieur le Président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne,
Monsieur le Sénateur Maire de Lyon, Président du Grand Lyon, Gérard Collomb,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous souhaiter la bienvenue en France en ma qualité de Secrétaire d'Etat auprès du Premier Ministre en charge du développement de l'économie numérique.
Je souhaiterais remercier ceux dont la vision et l'engagement de longue date ont permis qu'existent aujourd'hui le Fonds et l'Agence mondiale de solidarité numérique. Si la France peut organiser cette première Conférence Mondiale sur la solidarité numérique, c'est en particulier grâce à Monsieur le Président Abdoulaye Wade et à Monsieur le Sénateur-Maire Gérard Collomb. Je suis heureux de participer à cette étape cruciale d'un projet qui a mobilisé avec succès de nombreux experts et chercheurs du monde entier, ainsi que de nombreux responsables politiques, en particulier dans une logique de coopération décentralisée.
L'idée de solidarité numérique a été portée avec talent par le Président Wade tout au long du Sommet Mondial des Nations Unies sur la Société de l'Information (SMSI). Qu'il me soit permis de saluer à cette occasion le rôle central et fécond de l'Union Internationale des Télécommunications dans ce processus, et plus particulièrement son Secrétaire général Hamadoun Touré. Je tiens également à saluer tout particulièrement M. Alain Madelin et M. Jean Pouly pour leurs actions respectives à la tête de l'Agence et du Fonds, qui développent de nouvelles formes de la solidarité à l'échelle planétaire grâce au numérique.
Je me réjouis que la France ait été le premier pays de l'OCDE à avoir soutenu le projet de solidarité numérique en sa qualité de membre fondateur du Fonds de Solidarité Numérique. C'est aussi à l'issue du Sommet de Tunis qu'a été créée l'Agence Mondiale de Solidarité Numérique. La France a, de plus, mis en place le programme d'Appui au Désenclavement Numérique ADEN, qui a permis la création de centres d'accès communautaires à Internet en Afrique.
Cette manifestation s'inscrit également dans un agenda particulièrement riche dans ces domaines pour la Présidence Française de l'Union Européenne. Elle intervient à quelques jours du Conseil des Ministres de l'Union européenne, le 27 novembre prochain, à l'occasion duquel je présiderai un débat sur l'opportunité d'inclure l'Internet haut débit dans le service universel. Elle intervient également à quelques jours de la conférence des Nations Unies du 29 novembre, à Doha, sur le financement du développement. Elle sera suivie de la Conférence ministérielle sur l'inclusion numérique le 30 novembre, à Vienne. Cette conférence de Vienne sera l'occasion de plaider la cause de la solidarité numérique auprès de nos partenaires européens, pour les inciter à se joindre plus activement au processus qui se met en place à Lyon.
Les technologies de l'information et de la communication seront au XXIe siècle ce que furent l'électricité ou les chemins de fer auparavant : elles irrigueront l'ensemble des secteurs de la société, seront garantes de sa cohésion, vitales pour son industrie, ses services et son administration.
Plus que jamais, face aux crises financières et environnementales qui affectent l'ensemble des continents, il importe de permettre à chacun, au Nord comme au Sud, d'utiliser les moyens d'action qu'offrent les technologies de l'information. En effet, elles constituent l'un des volets essentiels de l'effort pour la collaboration et le développement de solidarités nouvelles.
Je tiens à saluer le chemin parcouru depuis le Sommet mondial des villes et des pouvoirs locaux sur la société de l'information, fondé il y a 5 ans par la ville de Genève. Cette initiative a en effet permis des échanges de bonnes pratiques. Il convient aussi de souligner toute l'importance d'une action qui se construit de manière concertée et qui doit réunir l'ensemble des acteurs concernés (État, collectivités, industriels, milieux associatifs et sociétés civiles) dans un objectif de solidarité.
La fracture numérique a très tôt été identifiée comme un frein au développement. Ces technologies occupent en effet une place centrale dans la croissance des pays développés. Le fait qu'elles ne soient pas encore assez présentes pour les pays en voie de développement, contribue à créer un différentiel de croissance entre Nord et Sud. C'est ce que nous rappellent l'ensemble des études sur les différences sociales dans l'utilisation des TIC au Nord, comme au Sud. Cet écart ne se réduit pas spontanément et pourrait même s'amplifier sous l'effet de la crise financière mondiale.
Le développement économique, social et « durable » de nos sociétés exige donc une réponse coordonnée à l'échelle mondiale, grâce à ces nouveaux outils technologiques, mobilisant toutes les énergies et tous les investissements nécessaires, réunissant les acteurs de la vie publique (États, Régions, Universités, instances européennes et internationales), les acteurs du secteur privé, les industriels, le monde associatif et plus largement l'ensemble des citoyens.
Dans ce contexte et à la demande du Président Nicolas Sarkozy, j'ai proposé un plan d'action pour le développement du Numérique : France Numérique 2012. Ce plan a été développé à l'issue d'une concertation sans précédent entre l'ensemble des acteurs des technologies, industriels, associations et acteurs institutionnels.
Ainsi, le plan France Numérique 2012 a pour objectif de permettre de réduire les phénomènes d'exclusion numérique sous toutes ses formes ; qu'elles soient sociologiques, démographiques ou éducatives, et dans toutes ses dimensions économiques et industrielles. Ce plan est la première étape d'une action que nous souhaitons développer au niveau européen mais aussi au niveau international. Ce sera en particulier le cas en matière d'accès universel à l'Internet haut débit. Dès 2010, nous nous y sommes engagés, chaque Français, où qu'il habite, bénéficiera d'un droit d'accès à Internet haut débit à un tarif abordable, opposable à des opérateurs clairement identifiés.
Certaines des mesures du Plan sont d'ores et déjà transposables, en particulier celles qui valorisent les coopérations public-privé. C'est en particulier le cas avec l'initiative Ordi 2.0 qui a permis la mise en place d'une filière nationale de reconditionnement des ordinateurs. Cette filière, dont le premier objectif est de permettre à des foyers défavorisés d'acquérir des ordinateurs à moindre coût, offre aussi les moyens de former des personnes qui pourront à leur tour reconditionner ces matériels auprès de nos partenaires au Sud.
Les initiatives du Fonds Mondial de Solidarité Numérique permettront de réaliser un réel bond en avant dans les domaines de l'éducation, la santé, le réemploi et le recyclage des déchets numériques et la connectivité des zones enclavées. Je ne citerai que deux exemples. Grâce au projet « Education numérique pour tous », la diffusion de tableaux blancs interactifs permettra aux enseignants africains de mettre en oeuvre les contenus numériques les plus innovants produits aujourd'hui dans le monde. Dans le domaine de la santé, l'initiative « 1000 unités de télémédecine pour l'Afrique » permettra de mettre en place des jumelages de télémédecine entre les collectivités locales du nord et du sud, afin d'assurer la formation du personnel soignant et d'apporter une aide très concrète, comme par exemple interpréter une échographie ou analyser le sang.
Tous ces efforts doivent être poursuivis et amplifiés.
Les débats qui seront menés aujourd'hui devront aussi favoriser le partage d'expériences et de bonnes pratiques pour la mise en réseau des actions et des idées, la mobilisation des ressources et des financements pour les projets capables de résoudre le fossé numérique mondial.
Il est d'ailleurs à noter qu'à mesure que se développent de nouveaux usages dans les pays émergents, ces échanges ne se font plus à sens unique mais ils permettent aussi aux pays développés de réintégrer des innovations qui ont été créées ou mises en place dans les pays émergents. Le projet de micro- crédit sur téléphone mobile mené par le Prix Nobel Muhammad Yunus est dans ce domaine particulièrement représentatif des innovations qui sont d'abord mises en place au « Sud ».
La Conférence de Lyon nous offre la possibilité d'élargir le socle des partenaires engagés dans cette démarche de solidarité numérique et ainsi de nous permettre de bénéficier de nombreuses synergies d'action, notamment en s'appuyant sur les programmes prioritaires Européens dans les domaines de la Santé, de l'Insertion sociétale et de l'éducation, tels La Déclaration de Paris du 14 juillet 2008 et les engagements de l'Union pour la Méditerranée. Cette Union place au centre du Processus de Barcelone, outre la lutte pour la préservation de l'environnement, la thématique de l'éducation et de la formation aux technologies ainsi que les mesures qui permettront un développement grâce à ces technologies. Un autre volet de l'action menée en matière de diffusion des technologies a été abordé dans la déclaration commune franco-britannique et fait de l'éducation primaire universelle un objectif clé du développement humain d'ici 2015. Les technologies de l'information auront là encore, un rôle clé à jouer pour atteindre ces objectifs.
Je souhaite donc que cette manifestation soit une étape décisive pour les acteurs de la solidarité numérique, en permettant de redéfinir et de mieux préciser les enjeux et les modes de collaboration innovants qui devront être mis en place à l'avenir.
Je vous remercie et je souhaite plein succès à la conférence.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 2008