Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur l'aide française à la relance de l'économie libanaise et le soutien au projet d'un centre de recherche méditerranéen au Liban, Beyrouth le 21 novembre 2008.

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Circonstance : Voyage au Liban les 20 et 21 novembre 2008-intervention le 21 à Beyrouth devant les acteurs économiques français et libanais

Texte intégral

Monsieur le Président du Conseil,
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Il y a des lieux que l'on ne retrouve jamais sans une profonde émotion. C'est le cas du Liban. La tolérance des esprits, le sens de l'audace, le goût de tous les échanges, l'esprit d'indépendance et de résistance ont composé une culture millénaire du Liban. Le Liban, pays trempé dans l'épreuve, acharné à vivre et à reconstruire, obstinément loyal aux liens de son passé.
L'histoire du Liban, c'est celle d'une culture qui refuse d'abdiquer sa richesse, sa pluralité, son ouverture au monde ! C'est l'histoire d'une volonté et d'une identité complexes, érigées contre les simplifications de la guerre.
C'est l'histoire d'une fidélité. Au lendemain de trente ans de violences, le Liban a mis toute sa fierté sans rien renier : ni les privilèges de la tolérance religieuse et de la démocratie, ni l'ambition d'incarner la prospérité régionale, ni l'amitié passionnée de la France.
La France met aujourd'hui tout son honneur à lui répondre. Et je voudrais remercier chaleureusement monsieur le président du Conseil, monsieur Fouad Siniora pour la chaleur de son accueil, pour l'esprit si constructif de nos relations. Par delà la signature de nombreux textes et de conventions bilatérales hier, notre rencontre a permis de vérifier une fois de plus, puisque c'était la troisième fois que nous nous rencontrions en moins de dix-huit mois, notre proximité de vues, notre volonté commune, j'ai envie de dire même notre impatience, de travailler ensemble pour renforcer la coopération entre nos deux pays.
Je l'ai redit au Premier ministre : la France se tient aux côtés du Liban.
Elle croit à tout ce que l'évolution récente du pays offre de promesses et d'espoir.
Les promesses du Liban sont en effet nombreuses.
Une inscription stratégique au coeur de l'espace méditerranéen.
Des secteurs en très forte croissance.
Une excellente résistance à la crise.
Une volonté affirmée de réforme.
Et enfin, au premier rang de ces promesses, monsieur le Premier ministre, il y a la sécurité retrouvée du pays !
L'autorité et la stabilité de l'État, c'est évidemment la clé du renouveau libanais.
Brisant l'espoir soulevé par le retrait des troupes étrangères, les combats de l'été 2006 et la crise politique avaient paralysé les institutions libanaises. En mai dernier, la guerre civile menaçait encore le pays, décourageant la croissance et grevant la situation sociale....
Dans ce contexte difficile, les accords de Doha ont ouvert la voie à des progrès réels.
La réconciliation nationale, si elle éloigne la menace des tensions armées, donne également le signal du retour au dynamisme et à l'initiative !
Le président Sleimane sait qu'il bénéficie dans cette entreprise du soutien entier de la France. Le président de la République le lui a dit en juin ; j'ai eu l'occasion de le lui répéter hier.
Les prochaines étapes, décisives pour la stabilisation du pays, seront suivies de près par toute la communauté internationale.
Au printemps prochain, les élections législatives libres, transparentes, démocratiques, permettront aux Libanais de choisir sereinement la voie qu'empruntera le pays, durant les quatre prochaines années.
Je veux dire une nouvelle fois que la France se tient prête, si le Gouvernement libanais le désire, à apporter son concours technique à ce scrutin.
De la légitimité d'un gouvernement démocratique, il dépend que les atouts du Liban retournent sous le boisseau, ou au contraire en sortent !
L'intérêt de tous plaide ainsi pour la normalisation rapide des rapports entre le Liban et la Syrie.
L'ouverture d'une ambassade syrienne à Beyrouth a été annoncée ; elle doit signer une reconnaissance claire et nette de l'indépendance et de l'intégrité du pays ; nous attendons que son projet soit suivi d'effet avant la fin de l'année, conformément aux engagements qui ont été pris !
D'autres mesures indispensables doivent l'accompagner au plus tôt : la délimitation de la frontière, le renforcement de son contrôle et le traitement du dossier si douloureux des disparus...
La renaissance libanaise passe par celle d'un État libanais souverain !
Elle passe aussi par le refus de l'impunité, nécessaire à la réconciliation, et c'est la raison pour laquelle je veux redire à nouveau que la France apporte son plein soutien, politique et financier, à la création du Tribunal spécial sur le Liban.
Mais la seconde promesse du Liban, celle qui nous rassemble ce matin, c'est l'évolution de sa situation économique.
Nous traversons, dans le monde entier, aujourd'hui, une crise extrêmement grave, une crise financière qui est née de l'inconséquence d'un système bancaire déréglé, mais aussi crise réelle qui résulte de la contraction du crédit et des échanges.
Cette crise est spectaculaire dans les grands pays développés, elle n'est pas moins sévère pour le reste de la planète, dont elle rogne les exportations.
Il faut dire que dans cette crise mondiale, le Liban constitue une sorte d'exception remarquable, puisqu'une croissance supérieure à 6 % devrait consacrer l'année 2008.
Stabilité de la livre, performances des banques nationales, excédent dégagé par la balance des paiements, les ressorts de ce succès sont connus : le défi, c'est maintenant d'éviter qu'ils ne cèdent, mois après mois, face au reflux de l'investissement étranger et au ralentissement de l'économie mondiale. Vous savez que nous essayons d'organiser la réponse internationale à la crise. Le sommet du G20 à Washington samedi dernier, sommet que la France a voulu et pour laquelle elle a, avec ses partenaires européens, beaucoup oeuvré, envoie un triple message au monde.
D'abord, les pays du G20 se sont mis d'accord sur une action concertée et coordonnée de relance de la croissance pour soutenir l'économie mondiale, et on va voir dans les prochaines semaines dans tous les pays, en particulier européens, se mettre en place les instruments de cette relance. Ensuite, les pays faisant face à des graves difficultés de financement devront être soutenus, notamment par le Fonds monétaire international et par la Banque mondiale, au-delà des soutiens d'urgence traditionnels. Il est indispensable que les flux d'aide au développement se maintiennent. Ensuite, les bases d'une meilleure régulation des marchés financiers vont être posées, parce qu'il faut éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets et que ceux qui sont à l'origine de cette crise puissent impunément recommencer demain à mettre en danger les économies du monde entier. Les agences de notation devront respecter des disciplines strictes ; les systèmes de rémunération devront être revus pour ne pas encourager les prises de risque excessives ; tous les acteurs financiers, sans aucune exception, et en particulier les hedge funds, devront être régulés ou surveillés. La lutte contre les trous noirs du système financier international, dont les centre off shore, sera renforcée.
Mais les réponses ne peuvent pas seulement être des réponses internationales ; elles doivent être aussi des réponses internes. Nous-mêmes, dans notre pays, nous avons fait le choix de l'offensive. Nous sommes résolus, face à cette crise, à accentuer notre effort de réforme pour moderniser notre pays. Nous réformons notre marché du travail, nous réformons l'Etat, nous mettons le paquet sur l'innovation et sur la recherche, et je sais que c'est aussi la volonté du gouvernement libanais. Et je voudrais rendre hommage au plan très ambitieux voulu par le gouvernement de Fouad Siniora pour maîtriser l'évolution du déficit public et de la dette et pour impulser de nouvelles réformes structurelles. La privatisation de la téléphonie mobile, la transformation du secteur de l'électricité, le développement de la fiscalité, ces réformes vont renforcer, au fur et à mesure qu'elles se mettront en place, l'attrait de l'économie libanaise. Elles garantiront la qualité de son insertion dans l'économie mondiale, et d'ailleurs les mesures que le Liban a lui-même décidées et qu'il a engagées dans le cadre de la conférence de Paris III, la France, la communauté internationale, les institutions financières internationales les appuient pleinement parce qu'elles sont la troisième promesse du pays.
Elles tracent les principaux axes de notre soutien futur au Liban, parce que la France sait que votre pays est investi d'un rôle original dans la région ; elle veut soutenir le développement de ses secteurs d'avenir. Je veux parler des secteurs d'infrastructures, l'eau, l'électricité, les transports, ceux qui sont traditionnellement porteurs au Liban, la banque, les assurances, la construction, le tourisme, et enfin les secteurs de forte valeur ajoutée où votre créativité reconnue décidera de la croissance future, le luxe, la communication, les technologies de l'information. Je parle aussi des chantiers de la croissance verte et du potentiel formidable que représenterait le développement d'un tourisme vert au Liban.
Parce qu'elle croit à l'orientation privilégiée de votre pays vers les échanges, la France soutiendra son redéploiement commercial. Je veux d'ailleurs à cet égard féliciter les sociétés CMA-CGM, troisième groupe mondial de transport maritime, qui a remporté aujourd'hui même, d'importants succès en Asie - et ADPI - qui développe les plateformes aéroportuaires - qui ont décidé d'implanter prochainement leurs sièges régionaux à Beyrouth !
Parce qu'elle croit au poids décisif des formations supérieures et de la recherche, dans une économie de l'intelligence, la France appuiera les efforts libanais pour renouer avec une tradition intellectuelle forte et féconde, où convergent, comme en peu d'endroits au monde, les sources latines, grecque, arabes et anglo-saxonnes...
Je visiterai tout à l'heure le chantier d'un projet qui est cofinancé par la France ; il s'agit du "pôle technologie santé" de l'université Saint-Joseph, pôle consacré à la recherche en santé publique. Je veux qu'il témoigne de l'engagement de la France dans une dimension très spécifique du développement libanais, autant que dans sa dimension sociale et économique !
La France, Mesdames et Messieurs, va prêter tous ses efforts à la renaissance libanaise.
Nous l'avons d'abord fait hier en signant les accords qui permettront, en particulier d'accélérer la mise en place des décisions qui ont été prises dans le cadre de la conférence de Paris. Nous avons signé toute une série d'accords et de conventions qui vont structurer notre coopération et qui vont assurer sa pérennité.
Parmi les textes signés hier soir, il y a le Document-cadre de partenariat qui établit les priorités stratégiques de la coopération franco-libanaise pour la période 2008-2012 ; il couvre l'appui au secteur productif, le développement des infrastructures, l'enseignement supérieur et la protection de l'environnement...
Il couvre aussi, bien entendu, la promotion de la francophonie.
Langue internationale, le français est un atout pour l'insertion du Liban et pour l'épanouissement de sa communauté internationale. La France va y consacrer 14 millions d'euros pour la période 2008-2012.
Un champ d'application aussi vaste de notre coopération, c'est un message en soi ! C'est le message de la confiance, c'est le message de la volonté d'aller de l'avant.
D'autres accords importants complètent ce document-cadre, dans le domaine de l'économie, du contrôle des assurances, de la défense ou de la coopération judiciaire.
Le Liban, Mesdames et Messieurs, a toujours été un pays de contrastes, un pays de convergences géographique, économique et culturelle.
Son identité est dans le plurilinguisme ; son identité est dans la cohabitation des cultes et des origines ; dans un rôle d'interface revendiqué entre l'Occident et l'Orient.
Son avenir ne se conçoit donc pas, sans une insertion réussie dans les instances économiques internationales.
Je pense d'abord à l'Union Européenne, qui ouvre au Liban des perspectives dont il doit absolument profiter ! La libéralisation progressive des échanges qui est prévue par l'Accord d'association et par la Politique Européenne de Voisinage en fait partie. L'Union européenne est le premier donateur au Liban. La France, présidente de l'Union européenne jusqu'au 1er janvier, veille à ce que cet engagement ne faiblisse pas.
Je pense aussi bien sûr à l'Union pour la Méditerranée ! L'Union pour la Méditerranée, c'est le cadre idéal pour dépasser - et vous pouvez, au Liban, en être les premiers acteurs ! - l'apparente scission qui oppose trop souvent les logiques du Nord et du Sud.
(2e partie)
L'Union pour la Méditerranée, qui a été saluée par tous les participants du sommet de Paris et confortée par le succès de la réunion ministérielle de Marseille, c'est le rapprochement dont nous avons besoin pour amplifier les relations entre nos deux rives, pour inventer ensemble les ressources technologiques et scientifiques de demain ; et c'est la raison pour laquelle l'idée d'un centre de recherche méditerranéen au Liban, défendue par le président Sleimane, nous a immédiatement séduit. Je veux vous dire que nous l'appuyons sans réserve, parce que nous connaissons bien la qualité du réseau des universités libanaises.
C'est aussi la traduction moderne de notre communauté de destin, face aux défis de l'environnement et à leurs immenses enjeux !
Dès aujourd'hui, j'invite le Liban à prendre ses marques dans cet espace de développement où sa tradition d'ouverture, sa réputation intellectuelle et marchande lui donnent une avance extrêmement précieuse.
Et enfin je pense au processus d'accession du Liban à l'Organisation mondiale du commerce. Je salue le souhait du Liban de relancer sa candidature à l'OMC. Nous applaudissons cette démarche et nous voulons dire que la France et l'Union européenne sont prêtes à fournir au Liban toute l'aide technique nécessaire.
Mesdames et messieurs,
La délégation très importante de chefs d'entreprises qui m'accompagne - plus de cinquante entreprises de toutes tailles et représentant tous les secteurs de l'économie française - témoigne, s'il en était besoin, de la diversité de ceux qui sont engagés dans le renouveau de la relation franco-libanaise.
J'ai voulu, en venant ici, partager avec tous les acteurs de nos échanges, la même foi en l'avenir.
La France est aujourd'hui le deuxième fournisseur du Liban. Notre pays compte sur votre sol plus de 80 implantations d'entreprises, employant plus de 5.000 personnes.
Témoins de leur confiance, les investissements des entreprises françaises n'ont pas faibli dans les moments les plus difficiles ces dernières années. Depuis 2007, notre pays est redevenu l'un des investisseurs les plus dynamiques au Liban.
Je souhaite que nous allions plus loin, que nous oeuvrions ensemble pour que cette présence française prenne encore plus d'extension et de vigueur.
Il faut que toutes les formes de l'implication économique française - l'implantation d'opérations régionales, les projets de concession, les projets de gestion déléguée ou de privatisation des services publics libanais - viennent cimenter encore, et de manière durable, les liens de nos deux pays.
Aujourd'hui, nos principaux secteurs de position progressent : l'immobilier, les télécommunications, le secteur financier, les industries agroalimentaires... Je veux encourager les opérateurs économiques français à constater cette tendance, et à faire le choix du Liban !
Pour faciliter le développement du commerce courant, la COFACE, qui est l'assureur des entreprises françaises à l'international, va rouvrir dès le début de l'année prochaine, sa couverture en moyen terme pour des contrats importants. Cette extension de la garantie de l'Etat français vient s'ajouter à l'encours actuel de 200 millions d'euros pour les opérations commerciales régulières de court terme. Nous mettrons l'accent sur l'accompagnement des entreprises françaises et sur leurs contacts d'affaires avec les entreprises et les opérateurs libanais. La mission économique de notre ambassade, en partenariat avec les chambres de commerce, présentera des pavillons français dans les principaux salons.
Je veux enfin accueillir avec satisfaction la création récente du Mouvement des entreprises et représentations économiques françaises au Liban, le MEREF. Cet organisme a pour vocation de réunir les filiales, les bureaux des représentations, les agents et les franchises des entreprises françaises présentes ici au Liban. Ses objectifs sont d'établir un dialogue nourri au sein de la communauté d'affaires et de développer les intérêts économiques franco-libanais. Ils répondent parfaitement à nos ambitions. Le MEREF ne doit pas être une coquille vide, ce doit être une force de propositions pour nos deux gouvernements et je lui souhaite bonne chance et pleine réussite
Monsieur le Président du Conseil,
La confiance que le Gouvernement français, et derrière lui, le peuple français, place dans l'avenir du Liban, épouse votre confiance et votre volonté de construire.
Je veux vous dire que la France maintient et maintiendra au Liban une présence active, une présence digne des liens multiséculaires qui unissent la France et le Liban.
Notre attachement au Liban, libre, souverain, démocratique, est indéfectible. Je crois en la nation libanaise, me faisant, en cela, le porte-parole de la France qui, vous le savez, a une tendresse et une espérance singulières pour le pays du Cèdre.
Je veux que cette amitié ancienne scelle notre avenir commun. Et je me réjouis de l'occasion qui m'est donnée d'avoir maintenant un échange avec les forces vives du Liban, et les entreprises françaises.
Question du président de l'Union méditerranéenne des Confédérations d'entreprises : Comme la plupart des pays du Sud de la Méditerranée, les hommes d'affaires libanais souffrent aussi du système de visas de Schengen. Nous espérons qu'après votre visite, les hommes d'affaires libanais pourront avoir une faveur spéciale. En deuxième lieu, vous avez bien énuméré la liste des secteurs dans l'industrie française qui sont bien positionnés. Permettez-moi de mentionner l'industrie pharmaceutique. _ Au Liban, peut-être utilisée une plate-forme régionale. Vous savez bien que le Liban importe jusqu'à 600 millions de dollars de l'industrie pharmaceutique et nous pensons que le secteur pharmaceutique français qui exporte seulement pour le Liban, et qui n'est pas vraiment présent dans les autres pays. J'espère qu'après votre passage, que nous aurons aussi cette faveur-là.
François Fillon : Sur les visas de Schengen, il faut voir les bons côtés des choses en même temps que les mauvais. Le bon côté des choses, c'est que vous n'avez plus à demander qu'un seul visa pour l'ensemble des pays de la zone de Schengen, ce qui, quand même, est d'une certaine façon, un vrai progrès par rapport au passé. C'est vrai que cette procédure est un peu plus lourde que celle qui existait. Je constate qu'elle aboutit normalement dans 90 % des cas. C'est vrai qu'il peut y avoir des moments difficiles à des périodes qui sont des périodes de pointe. On travaille avec monsieur l'ambassadeur pour faire en sorte que les hommes d'affaires libanais puissent être traités de manière rapide et efficace. Et on va tout faire pour améliorer le fonctionnement du système. Mais je crois que, dans l'ensemble, c'est plutôt un avantage d'avoir le système Schengen, puisqu'il vous donne la possibilité de ne faire qu'une seule demande de visas pour de multiples voyages en Europe. Sur la pharmacie, peut-être que A.-M. Idrac veut dire un mot ?
Anne-Marie Idrac : Sur la pharmacie, le fait que le Premier ministre ait choisi comme visite technique tout à l'heure, précisément le pôle technologique santé, c'est un signe important de ce que, comme il l'a dit, nous avons bien l'intention d'avoir un axe privilégié de travail sur ce plan-là. Et il me semble que tout ce qui pourra être fait, ensemble, en matière d'innovation et en particulier de relations entre nos pôles de compétitivité pharmacie et santé, ira évidemment dans le bon sens. Vous avez bien raison de pointer que c'est sans doute là-dessus qu'on pourrait faire les progrès les plus significatifs dans les prochains mois.
Question du Syndicat libanais des produits agroalimentaires : L'accord d'association signé en 2002, entre l'Union européenne et le Liban a été bien accueilli par tous les secteurs productifs au Liban. Cependant, nous constatons aujourd'hui que les exportations libanaises de produits agricoles et agroalimentaires vers le marché européen et français en particulier, ne sont pas au niveau de ce que nous avions espéré réaliser il y a six ans. En effet, la multitude et la complexité des conditions d'accès au marché européen, notamment, les mesures sanitaires et phytosanitaires rigoureuses, constituent une barrière à l'entrée de nos produits agricoles vers le marché européen. De même, et malgré l'aide et l'assistance de l'Union européenne, durant les six dernières années, le secteur agricole libanais ne cesse d'affronter des défis tant au niveau social, économique et politique. Ma question est : jusqu'à quel point la France peut contribuer à aider le Liban à surmonter ces défis, à travers la mise en place de programmes visant à moderniser son secteur agricole, et l'instauration de mesures préférentielles afin de permettre aux marchandises agricoles libanaises d'accéder au marché européen et rendre cet accord d'association mutuellement bénéfique à nos deux parties. Merci.
François Fillon : Il est vrai qu'il y a des règles sanitaires en particulier qui régissent l'accès au marché agricole, enfin au marché européen. Ces règles sont les mêmes pour tous les pays, et j'ai envie de commencer par vous dire qu'elles sont plutôt moins dures que celles qui sévissent sur le territoire nord-américain. En tout cas, c'est ce que me disent les fermiers de mon département, dans la Sarthe. Il n'est pas question, évidemment, de réduire ces exigences sanitaires. Ce que la France et l'Europe doivent faire, c'est d'aider le Liban à se mettre au niveau des standards de qualité et de sécurité qui sont requis en Europe et qui, d'une manière générale, ouvrent la voie aux exportations dans toutes les régions du monde. C'est un des objectifs de l'accord d'association Union européenne-Liban qui est entré en vigueur en 2006. L'Union européenne y consacre plusieurs dizaines de millions d'euros, c'est une priorité de la coopération technique agricole avec le Liban. Nous avons signé hier un accord sur ce sujet qui est un accord de coopération vétérinaire, qui permettra notamment d'aider à améliorer la qualité des produits animaux exportés. Enfin, je souhaite que la mise à niveau sanitaire des produits soit à l'ordre du jour des travaux de l'Union pour la Méditerranée, voilà un bel exemple supplémentaire de la nécessité de cet espace de coopération Europe-Méditerranée. Voilà une raison supplémentaire de mettre en place rapidement les instances de l'Union pour la Méditerranée, pour qu'elle puisse commencer à travailler et qu'elle puisse commencer à donner des résultats concrets. Ce qu'on a reproché dans le passé au processus de Barcelone, c'est de ne pas déboucher sur des résultats suffisamment concrets, c'est de ne pas répondre aux demandes émanant des pays de la Méditerranée, mais plutôt à des priorités qui étaient décidées par les pays européens. L'Union pour la Méditerrané veut inverser le fonctionnement de cette coopération, s'adapter à la demande des pays méditerranéens, faire de l'espace méditerranéen un véritable espace de coopération. J'ai cité tout à l'heure l'exemple du centre de recherche que nous voulons vous aider à mettre en place au Liban ; voilà un deuxième exemple d'un sujet de coopération qui peut aboutir très vite dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée.
Question du vice-pdt de la chambre de l'industrie et du travail : Monsieur le Premier ministre, nous tenons, au nom de la Chambre de commerce et de l'industrie et de l'agriculture de Beyrouth à vous remercier pour votre visite et votre soutien, ainsi qu'aux ministres et aux hommes d'affaires français. La Chambre de commerce avait demandé plusieurs entretiens à Paris avec le président Simon, pour que la France puisse nous soutenir, pour qu'on puisse faire monter une librairie économique à la CCI directement reliée à la France. Ceci pourrait servir aussi la francophonie en même temps. Et un centre de médiation, qui doit être monté à la Chambre de commerce et nous espérons que la France nous soutiendra dans ces deux demandes. Merci bien monsieur le Premier ministre.
François Fillon : Monsieur le président, c'est moi qui vous remercie de votre accueil et je le fais au nom de ma délégation et au nom de tous les chefs d'entreprise qui m'accompagnent. Bien entendu, la France soutiendra votre projet. D'abord, la Chambre de commerce de Paris la soutiendra, compte tenu des moyens financiers considérables qui sont les siens. Elle n'est aussi endettée que l'Etat français. Mais nous y apporterons notre concours. Je veux d'ailleurs vous dire d'une façon générale que, quelle que soit la situation économique internationale, quels que soient les effets de la crise financière, nous avons, j'ai décidé avec le président de la République, de sanctuariser totalement les lignes budgétaires qui correspondent au soutien au Liban. Il n'y aura pas d'effet de la crise financière sur la mise en oeuvre des engagements qui ont été pris, notamment lors de la conférence de Paris. Je veux simplement que chacun, ici, comprenne que c'est un geste très fort à l'égard du Liban parce que pour le reste, le Premier ministre que je suis, a pour mission de réduire les dépenses publiques. Et je m'y suis attelé depuis deux ans. Et c'est pour nous une nécessité absolue. Elle m'a conduit à geler les dépenses de l'Etat au niveau de l'inflation, c'est la première fois que cela se produit en France. Et on va maintenir ce gel pendant les cinq ans qui viennent, de manière à ce que, progressivement, la France puisse retrouver une situation budgétaire satisfaisante. C'est donc dans ce contexte-là que je veux vous indiquer qu'il y a quelques secteurs sanctuarisés, il y a notamment pour nous tout ce qui est l'enseignement supérieur, la recherche, l'innovation, et puis il y a le secteur de l'aide au Liban. Les engagements qui nous avons pris, seront tenus et je veux que ce soit le témoignage de la force de notre amitié et de notre confiance.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 novembre 2008