Texte intégral
Q - La France a, selon vous, fait "tout son possible" pour que l'Afrique participe pleinement au G20. Elle n'a apparemment pas été très convaincante. La faute à qui ?
R - Pas la nôtre puisque nous avons insisté très fortement pour cela ! C'est la faute de la puissance invitante : les Américains ont préféré ce format du G20. Il faudra le revoir. La France souhaite aussi un rééquilibrage des droits de vote au FMI et à la Banque mondiale en faveur de l'Afrique. On ne peut pas se contenter d'un FMI qui impose à ces pays de dépenser tant dans la santé ou l'éducation sans donner les moyens de le faire.
Q - Pourquoi accorderait-on plus de droits de vote à une Afrique qui n'est même pas invitée à la même table que les pays riches ?
R - J'espère qu'elle le sera au prochain sommet et vous pouvez compter sur l'Union européenne pour cela. Il faut que l'Egypte, le Nigeria, l'Ethiopie, par exemple, soient présents. On ne peut pas faire une régulation des riches en laissant de côté les pauvres !
Q - Concernant l'aide à l'Afrique, vous assurez qu'elle sera augmentée. Les ONG prétendent le contraire. Qui croire ?
R - Les ONG protestent et elles ont en partie raison, c'est leur métier. Mais nous ne baissons pas notre aide, nous l'augmentons même un peu. En 2009, notre taux d'aide publique va passer de 0,37 % à 0,47 % du PIB. Nous venons même d'obtenir 89 millions d'euros d'autorisations d'engagements supplémentaires pour 2009. On s'engage à doubler l'aide à l'Agence française de développement (AFD) pour l'Afrique. De plus, avec 300 millions d'euros par an, la France est le deuxième contributeur mondial du Fonds sida et le premier de l'Union européenne en matière d'aide au développement. Et nous allons augmenter notre contribution au Fonds européen de développement de 800 à 852 millions d'euros en 2009. Mais il faut aussi tenir compte de la situation sociale des pays qui sont censés donner de l'argent. Comment expliquer à des gens qui sont au chômage qu'il faut augmenter l'aide au développement ? En fait, il faut le faire car les conséquences d'un ralentissement de l'aide africaine seraient très néfastes, y compris pour notre propre croissance.
Q - Pourtant, selon le commissaire européen Louis Michel, les pays riches "mégotent quelque peu leur générosité"...
R - Qu'il ne s'empêche pas de donner plus, il a beaucoup d'argent ! Et la France lui donne 852 millions d'euros ! Evidemment, je serais heureux d'en donner le double. Mais, ces temps-ci, ça me paraît difficile...
Q - Quel sera l'impact de la crise sur l'investissement en Afrique ?
R - Il faut continuer d'investir ! Nous avons beaucoup plus de chances en investissant en Afrique que dans des pays en difficulté comme les nôtres. Une place immense doit être faite aux pays en développement. Il ne faut pas oublier les pays pauvres sous prétexte que nous allons plus mal dans les pays riches.
Q - Comment maintenir la présence de la France en Afrique face à la Chine ?
R - Il faut un travail commun avec la Chine, à laquelle il ne faut surtout pas s'opposer. Comment s'opposer à un pays qui offre des prix de 30 à 40 % inférieurs aux vôtres ? Mais la France doit aussi aimer l'Afrique. Et donner aux investisseurs le goût de s'y installer, il ne faut pas être pataud, il faut les aider. Malheureusement, les investissements français en Afrique ne se renforcent pas. Même s'il y a des choses qui marchent tant du côté des grandes entreprises - comme Bolloré, Bouygues, Areva ou Vinci - que des PME.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2008
R - Pas la nôtre puisque nous avons insisté très fortement pour cela ! C'est la faute de la puissance invitante : les Américains ont préféré ce format du G20. Il faudra le revoir. La France souhaite aussi un rééquilibrage des droits de vote au FMI et à la Banque mondiale en faveur de l'Afrique. On ne peut pas se contenter d'un FMI qui impose à ces pays de dépenser tant dans la santé ou l'éducation sans donner les moyens de le faire.
Q - Pourquoi accorderait-on plus de droits de vote à une Afrique qui n'est même pas invitée à la même table que les pays riches ?
R - J'espère qu'elle le sera au prochain sommet et vous pouvez compter sur l'Union européenne pour cela. Il faut que l'Egypte, le Nigeria, l'Ethiopie, par exemple, soient présents. On ne peut pas faire une régulation des riches en laissant de côté les pauvres !
Q - Concernant l'aide à l'Afrique, vous assurez qu'elle sera augmentée. Les ONG prétendent le contraire. Qui croire ?
R - Les ONG protestent et elles ont en partie raison, c'est leur métier. Mais nous ne baissons pas notre aide, nous l'augmentons même un peu. En 2009, notre taux d'aide publique va passer de 0,37 % à 0,47 % du PIB. Nous venons même d'obtenir 89 millions d'euros d'autorisations d'engagements supplémentaires pour 2009. On s'engage à doubler l'aide à l'Agence française de développement (AFD) pour l'Afrique. De plus, avec 300 millions d'euros par an, la France est le deuxième contributeur mondial du Fonds sida et le premier de l'Union européenne en matière d'aide au développement. Et nous allons augmenter notre contribution au Fonds européen de développement de 800 à 852 millions d'euros en 2009. Mais il faut aussi tenir compte de la situation sociale des pays qui sont censés donner de l'argent. Comment expliquer à des gens qui sont au chômage qu'il faut augmenter l'aide au développement ? En fait, il faut le faire car les conséquences d'un ralentissement de l'aide africaine seraient très néfastes, y compris pour notre propre croissance.
Q - Pourtant, selon le commissaire européen Louis Michel, les pays riches "mégotent quelque peu leur générosité"...
R - Qu'il ne s'empêche pas de donner plus, il a beaucoup d'argent ! Et la France lui donne 852 millions d'euros ! Evidemment, je serais heureux d'en donner le double. Mais, ces temps-ci, ça me paraît difficile...
Q - Quel sera l'impact de la crise sur l'investissement en Afrique ?
R - Il faut continuer d'investir ! Nous avons beaucoup plus de chances en investissant en Afrique que dans des pays en difficulté comme les nôtres. Une place immense doit être faite aux pays en développement. Il ne faut pas oublier les pays pauvres sous prétexte que nous allons plus mal dans les pays riches.
Q - Comment maintenir la présence de la France en Afrique face à la Chine ?
R - Il faut un travail commun avec la Chine, à laquelle il ne faut surtout pas s'opposer. Comment s'opposer à un pays qui offre des prix de 30 à 40 % inférieurs aux vôtres ? Mais la France doit aussi aimer l'Afrique. Et donner aux investisseurs le goût de s'y installer, il ne faut pas être pataud, il faut les aider. Malheureusement, les investissements français en Afrique ne se renforcent pas. Même s'il y a des choses qui marchent tant du côté des grandes entreprises - comme Bolloré, Bouygues, Areva ou Vinci - que des PME.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2008