Texte intégral
Les Lumières. Cet esprit des Lumières qui illumine le XVIIIème siècle français, anglais et américain. Qui prépare, nourrit, annonce la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen proclamée en France en 1789. Cette vocation de la République à prendre en compte la Nation et l'Universel. Cette exigence de justice. Pas seulement pour un citoyen particulier. Mais pour tout Homme.
L'Universel. Une autre déclaration cette fois. Dont nous fêtons aujourd'hui le 60ème anniversaire. Dans ce Palais même où elle fut signée. Qui énonce les droits universels de l'Homme. Pour tous les Hommes. Des droits inaliénables, indivisibles. Et universels donc. Des droits comme un horizon moral pour l'action, politique ou diplomatique. Une loi morale, pour l'humanité.
Les Lumières. L'Universel. Les Ténèbres aussi. Les ténèbres des camps de concentration. Les ténèbres comme un linceul de l'espérance. De l'espérance en l'Homme. De la foi dans l'Homme. L'extraordinaire ensauvagement de l'esprit, qui conduit à l'extermination de six millions de juifs européens. La Shoah donc.
Et un nouveau mot aussi pour décrire l'inouï. Cette extermination planifiée de l'Homme par l'Homme. L'extermination systématique d'une catégorie d'hommes. Le génocide donc. Un autre texte. Une convention, qui précède la Déclaration universelle d'une journée, le 9 décembre 1948. Portée par un homme, Raphaël Lemkin.
L'espérance est toujours portée par des hommes. De la nuit concentrationnaire émergent des individus. Qui témoignent, pour l'Humanité. Primo Levi. Robert Antelme. Stéphane Hessel. Ils sont les rédacteurs de l'Universel.
Raphaël Lemkin, juif et polonais, et bientôt universitaire américain. Qui est saisi d'horreur par les massacres de masse, arménien, assyrien. Et juif. Une convention pour la répression et la prévention du crime de génocide est élaborée. C'est le premier instrument de lutte contre les atrocités de masse, et contre la première de celle-ci, la plus grave : le génocide.
Ratifiée aujourd'hui par 140 pays, elle n'est pas encore universelle. J'appelle ce soir, solennellement, tous les Etats à ratifier cette convention. Convention novatrice aussi, car elle portait en germe l'idée d'une juridiction pénale internationale. Et de lutte contre l'impunité. Justice pénale internationale enfin consacrée en 1998 par le statut de Rome et la naissance de la Cour pénale internationale.
Je tiens ce soir aussi à réaffirmer solennellement l'engagement de la France à lutter contre l'impunité. Je tiens à réaffirmer son soutien à l'action des juridictions pénales internationales, et en particulier la CPI.
Le XXème siècle fut celui de l'évidence du fait génocidaire. Et pourtant les leçons de ténèbres de la Seconde guerre mondiale n'ont pas été entendues, comme au Cambodge et au Rwanda. Faisons en sorte qu'à l'aube de ce siècle nouveau, le combat contre l'impunité, dont la France est convaincue qu'il dissuade la commission des crimes de masse, soit celui du triomphe de la justice et de la paix sur l'oubli. La justice pénale internationale est l'ultime garante que de nouveaux massacres de masse ne seront pas de nouveau perpétrés.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2008