Texte intégral
G. Morin Vous avez regardé le Président de la République à la télévision. Vous avez vu l'homme ou le Président, la victime ou l'attaquant ?
- "J'ai vu le Président, j'ai vu l'homme naturellement, je ne fais pas la dichotomie. Les propos du Président, hier en particulier, sur ce sur quoi il était attendu - les affaires - n'ont pas permis, selon moi, de lever le doute sur ce qui ce que font peser les affaires sur la représentation politique avec un certain danger pour le fonctionnement de la démocratie. Il a réaffirmé des principes fondamentaux : ceux de l'indépendance de la justice. Il a même évoqué avec raison qu'il fallait se garder d'une justice-spectacle. Mais là où à mon avis les choses ne vont pas, c'est dans le fait que le Président de la République n'accepte pas l'idée d'une crise de la politique. Or, il y a une crise de la politique. D'ailleurs il consacre une demi-heure de son intervention télévisée sur ces questions. C'est donc qu'il y a bien un problème. Je crois que, quand la suspicion pèse sur la représentation politique comme elle le fait aujourd'hui, incontestablement, quand il y a un fossé qui grandit entre les citoyens et la représentation politique, il est nécessaire de faire des propositions, ce que n'a pas fait le Président."
Pourquoi dites-vous "crise de la politique" alors qu'il y a croissance économique, le moral des entreprise plutôt bon, le moral des Français qui soutiennent le Président de la République. Cette crise est perceptible
comment ? Par le fait qu'on parle beaucoup d'affaires et que ça fait beaucoup d'articles dans la a presse ? Est-ce suffisant ?
- "Pas seulement parce qu'on parle beaucoup d'affaires, parce qu'il y a pour les Françaises et les Français, même si effectivement ils voient bien qu'il y a croissance, ils voudraient qu'elle soit mieux redistribuée, mais au-delà ils voient bien qu'il y a bien un problème entre eux les citoyens, et la représentation politique."
Pourquoi sa cote est-elle bonne, à lui, alors ?
- "La cote, c'est une chose, ensuite les intentions de vote .... En même temps que cette cote est bonne, il y a 70 % des Françaises et des Français qui se sont abstenus au dernier référendum. Je crois qu'il faut faire attention. Il y a bien là, les symptômes d'une crise. Je crois qu'hier, le Président de la République, confronté à cette fracture politique, dit : bon, la justice doit passer - ce qui est très très bien - encore faut-il lui donner davantage de moyens pour qu'elle passe de façon impartiale. Mais là, où il y a faiblesse dans son propos, si je puis dire, c'est dans l'absence de propositions, de perspective."
Quels types de propositions auriez-vous aimé entendre de sa part ?
- "J'ai dit sur la justice qu'on ne peut pas se contenter de dire "il faut que la justice passe." En ce moment, il y a une grave crise au plan de la justice, celle de ses moyens."
Donner des moyens ...
- "La justice pour la représentation politique ... S'il y a des affaires, si le soupçon pèse sur des responsables politiques liés à des affaires ou à des financements présumés de partis politiques, il faut donner les moyens à la justice d'aller vite, de trancher vite, de vite porter son appréciation. Mais au plan politique, je crois que là où le Président pouvait faire des avancées, c'est puisqu'on note qu'il y a encore nécessité d'aller plus loin dans la transparence du financement des partis politiques, eh bien faisons des propositions sur le contrôle des comptes de ces partis. Ne faut-il pas en même temps qu'il y a fracture sociale faire des propositions également au plan institutionnel pour rapprocher les citoyens des centres de décisions ?"
Ca ne vous gêne pas, vous, Parti communiste français, qu'on mette le nez à fond dans vos comptes ?
- "Mais bien sûr que non !"
Je sais bien que dans le procès qui n'a pas abouti, vous aviez commencé à déballer et à ouvrir les ...
- "Vous avez raison de le noter, moi-même j'ai fait devant la justice la démonstration qu'il fallait ouvrir, être transparent. D'ailleurs, à propos du procès que vous évoquez concernant le Parti communiste, je ne suis pas du tout dans la situation de dire qu'il ne faut absolument pas que la justice passe. Moi je pense que le procès devrait se faire maintenant beaucoup plus vite, parce qu'on ne peut pas fonctionner avec la suspicion."
S'il apparaît que des financements ont été faits par des entreprises, de manière organisée, que le RPR en a profité, le PS, voire le PC - comme disent certains - est-ce que c'est vrai ou pas vrai ... ?
- "Merci de me poser la question ! A propos des affaires en cours ..."
Sur les marchés publics d'Ile-de-France ...
- "Oui, et puis même d'ailleurs sur les autres affaires, la justice a été saisie, vous l'avez noté, vous, tout à l'heure. Mais concernant cette situation à propos des financements des lycées, le Parti communiste n'a absolument rien à voir, ni de près ni de loin, avec ces affaires. Je suis absolument révolté de voir que l'on assimile, alors que les procès-verbaux de l'instruction ont été publiés par votre confrère Le Monde, que nulle part, le Parti communiste n'est cité dans ces affaires. On le raccroche à cela. C'est absolument inacceptable ! Là-dessus, c'est sans ambiguïté."
Une dernière chose : le Parti communiste français fête ses 80 ans en ce moment. S'il n'y avait pas eu le financement public de la vie politique française, est-ce que le Parti communiste français existerait encore aujourd'hui ?
- "Oui, parce que le Parti communiste français récupère une partie très importante des indemnités de ses élus. C'est une source aussi importante que le financement public."
Il a quand même des gros problèmes financiers et de moins en moins de lecteurs et d'adhérents ....
- "On n'a pas plus de problèmes financiers que les autres partis politiques. La vie politique française est confrontée actuellement à des difficultés qui sont celles qu'on a évoquées sur la représentation, sur la crise. Mais il y a des problèmes financiers. Le Parti communiste avance dans la transparence un certain nombre de financements qui sont les siens : ses souscriptions, le reversement des indemnités de ses élus. Pour être clair, il est hors de question que le siège de la Place du Colonel Fabien qui aujourd'hui est effectivement très largement ouvert, fasse l'objet d'une quelconque vente, comme on l'annonce tous les matins. Il n'y a pas d'inquiétude de ce côté-là."
En revanche, on ouvre le capital de L'Humanité à des investisseurs ? C'est quand même un changement capitalistique important ?
- "Oui, mais je crois que d'ailleurs ça va être ouvert avec succès."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 décembre 2000)
- "J'ai vu le Président, j'ai vu l'homme naturellement, je ne fais pas la dichotomie. Les propos du Président, hier en particulier, sur ce sur quoi il était attendu - les affaires - n'ont pas permis, selon moi, de lever le doute sur ce qui ce que font peser les affaires sur la représentation politique avec un certain danger pour le fonctionnement de la démocratie. Il a réaffirmé des principes fondamentaux : ceux de l'indépendance de la justice. Il a même évoqué avec raison qu'il fallait se garder d'une justice-spectacle. Mais là où à mon avis les choses ne vont pas, c'est dans le fait que le Président de la République n'accepte pas l'idée d'une crise de la politique. Or, il y a une crise de la politique. D'ailleurs il consacre une demi-heure de son intervention télévisée sur ces questions. C'est donc qu'il y a bien un problème. Je crois que, quand la suspicion pèse sur la représentation politique comme elle le fait aujourd'hui, incontestablement, quand il y a un fossé qui grandit entre les citoyens et la représentation politique, il est nécessaire de faire des propositions, ce que n'a pas fait le Président."
Pourquoi dites-vous "crise de la politique" alors qu'il y a croissance économique, le moral des entreprise plutôt bon, le moral des Français qui soutiennent le Président de la République. Cette crise est perceptible
comment ? Par le fait qu'on parle beaucoup d'affaires et que ça fait beaucoup d'articles dans la a presse ? Est-ce suffisant ?
- "Pas seulement parce qu'on parle beaucoup d'affaires, parce qu'il y a pour les Françaises et les Français, même si effectivement ils voient bien qu'il y a croissance, ils voudraient qu'elle soit mieux redistribuée, mais au-delà ils voient bien qu'il y a bien un problème entre eux les citoyens, et la représentation politique."
Pourquoi sa cote est-elle bonne, à lui, alors ?
- "La cote, c'est une chose, ensuite les intentions de vote .... En même temps que cette cote est bonne, il y a 70 % des Françaises et des Français qui se sont abstenus au dernier référendum. Je crois qu'il faut faire attention. Il y a bien là, les symptômes d'une crise. Je crois qu'hier, le Président de la République, confronté à cette fracture politique, dit : bon, la justice doit passer - ce qui est très très bien - encore faut-il lui donner davantage de moyens pour qu'elle passe de façon impartiale. Mais là, où il y a faiblesse dans son propos, si je puis dire, c'est dans l'absence de propositions, de perspective."
Quels types de propositions auriez-vous aimé entendre de sa part ?
- "J'ai dit sur la justice qu'on ne peut pas se contenter de dire "il faut que la justice passe." En ce moment, il y a une grave crise au plan de la justice, celle de ses moyens."
Donner des moyens ...
- "La justice pour la représentation politique ... S'il y a des affaires, si le soupçon pèse sur des responsables politiques liés à des affaires ou à des financements présumés de partis politiques, il faut donner les moyens à la justice d'aller vite, de trancher vite, de vite porter son appréciation. Mais au plan politique, je crois que là où le Président pouvait faire des avancées, c'est puisqu'on note qu'il y a encore nécessité d'aller plus loin dans la transparence du financement des partis politiques, eh bien faisons des propositions sur le contrôle des comptes de ces partis. Ne faut-il pas en même temps qu'il y a fracture sociale faire des propositions également au plan institutionnel pour rapprocher les citoyens des centres de décisions ?"
Ca ne vous gêne pas, vous, Parti communiste français, qu'on mette le nez à fond dans vos comptes ?
- "Mais bien sûr que non !"
Je sais bien que dans le procès qui n'a pas abouti, vous aviez commencé à déballer et à ouvrir les ...
- "Vous avez raison de le noter, moi-même j'ai fait devant la justice la démonstration qu'il fallait ouvrir, être transparent. D'ailleurs, à propos du procès que vous évoquez concernant le Parti communiste, je ne suis pas du tout dans la situation de dire qu'il ne faut absolument pas que la justice passe. Moi je pense que le procès devrait se faire maintenant beaucoup plus vite, parce qu'on ne peut pas fonctionner avec la suspicion."
S'il apparaît que des financements ont été faits par des entreprises, de manière organisée, que le RPR en a profité, le PS, voire le PC - comme disent certains - est-ce que c'est vrai ou pas vrai ... ?
- "Merci de me poser la question ! A propos des affaires en cours ..."
Sur les marchés publics d'Ile-de-France ...
- "Oui, et puis même d'ailleurs sur les autres affaires, la justice a été saisie, vous l'avez noté, vous, tout à l'heure. Mais concernant cette situation à propos des financements des lycées, le Parti communiste n'a absolument rien à voir, ni de près ni de loin, avec ces affaires. Je suis absolument révolté de voir que l'on assimile, alors que les procès-verbaux de l'instruction ont été publiés par votre confrère Le Monde, que nulle part, le Parti communiste n'est cité dans ces affaires. On le raccroche à cela. C'est absolument inacceptable ! Là-dessus, c'est sans ambiguïté."
Une dernière chose : le Parti communiste français fête ses 80 ans en ce moment. S'il n'y avait pas eu le financement public de la vie politique française, est-ce que le Parti communiste français existerait encore aujourd'hui ?
- "Oui, parce que le Parti communiste français récupère une partie très importante des indemnités de ses élus. C'est une source aussi importante que le financement public."
Il a quand même des gros problèmes financiers et de moins en moins de lecteurs et d'adhérents ....
- "On n'a pas plus de problèmes financiers que les autres partis politiques. La vie politique française est confrontée actuellement à des difficultés qui sont celles qu'on a évoquées sur la représentation, sur la crise. Mais il y a des problèmes financiers. Le Parti communiste avance dans la transparence un certain nombre de financements qui sont les siens : ses souscriptions, le reversement des indemnités de ses élus. Pour être clair, il est hors de question que le siège de la Place du Colonel Fabien qui aujourd'hui est effectivement très largement ouvert, fasse l'objet d'une quelconque vente, comme on l'annonce tous les matins. Il n'y a pas d'inquiétude de ce côté-là."
En revanche, on ouvre le capital de L'Humanité à des investisseurs ? C'est quand même un changement capitalistique important ?
- "Oui, mais je crois que d'ailleurs ça va être ouvert avec succès."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 décembre 2000)