Interview de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, à Europe 1 le 9 février 2009, sur la crise économique et sociale en Guadeloupe, les négociations en cours sur place et son rappel à Paris pour une consultation avec le Gouvernement.

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Média : Europe 1

Texte intégral

V. Parizot.- Il est 8 heures 16 sur RTL, bonjour Y. Jégo.

Bonjour.

Secrétaire d'Etat à l'Outre Mer. Vous êtes donc à Paris ce matin, vous avez quitté la Guadeloupe hier soir assez brusquement d'ailleurs. Vous aviez pourtant assuré en arrivant sur place que vous ne partiriez qu'après un accord. Alors pourquoi ce départ vécu d'ailleurs là-bas comme une provocation ?

Ecoutez je crois qu'il ne faut pas exagérer les choses. J'ai dit que je voulais aller vite, je suis installé là-bas avec une partie de mon équipe depuis une semaine. On a réussi en une semaine à régler 132 points sur 133. Il reste un point qui n'arrive pas à se régler entre le patronat et les syndicats. L'économie, le monde économique s'est retourné vers l'Etat en disant : il faut que vous nous aidiez, il faut aider l'économie de la Guadeloupe à passer cette période difficile. J'ai eu le Premier ministre au téléphone, on a convenu qu'il fallait que nous nous voyions, que nous essayions de bâtir très vite une solution pour apporter cette réponse. Je suis parti très vite parce que les Guadeloupéens attendent qu'on aille très vite. Je n'allais pas rester les bras ballants pour trouver la solution qu'attendaient l'économie et le monde de l'entreprise. Et c'est maintenant la dernière étape de l'accord global.

D'accord monsieur Jégo mais on est en 2009. Il y a des moyens modernes de communication : l'Internet, la visioconférence, vous pouvez être en relation directe avec le Premier ministre. Pourquoi ce retour à Paris ?

Parce qu'il faut que je rencontre le Premier ministre (...) les modalités exactes...

Mais il y a vraiment besoin d'une rencontre physique ?

... toute une série de techniciens pour monter ce qu'attendent les entreprises. C'est-à-dire un plan de soutien aux entreprises de la Guadeloupe pour les aider à passer cette période difficile. Elles en font une condition pour signer un accord salarial avec le monde syndical. Moi j'essaie d'apporter des réponses très pragmatiques. On va travailler, vous voyez je suis déjà au travail à peine arrivé et sorti de l'avion. On va leur formater la réponse. Je profiterai évidemment pour rencontrer physiquement le Premier ministre, pour lui rendre compte de ce que j'ai vécu, pour être l'ambassadeur des difficultés, des souffrances d'une Guadeloupe qui est dans une situation qui ne peut pas durer. 20 jours de conflit. Et puis je retournerai très vite là-bas pour apporter cette réponse complète.

C'est pour ça qu'effectivement votre départ a été mal vécu. J'ai envie de dire qu'il laisse une impression assez désastreuse sur le terrain. On a entendu les acteurs qui en gros ont parlé de provocation.

Vous avez entendu quelques élus de gauche qui profitent de cette occasion pour faire de la politique politicienne. Ce sont les mêmes d'ailleurs qui m'ont demandé de venir à Paris pour aller trouver des solutions et démarcher le Gouvernement. Les Guadeloupéens ils ont bien compris que le Gouvernement mettait toutes ses forces dans la bataille, que la réponse n'appartenait d'ailleurs pas seulement au Gouvernement, elle appartenait aussi au monde économique, elle appartenait aussi aux acteurs sociaux. On a passé une semaine assez exceptionnelle. On a réussi à régler 132 problèmes sur 133. Il reste encore (...)

Et le 133ème ?

... Je vais apporter ma pierre à ce 133ème problème.

Ca porte sur un petit peu plus de 100 millions d'euros c'est ça d'exonération de charges pour les entreprises ?

Enfin ça porte sur une négociation salariale qui a eu lieu pendant 23 heures et j'ai participé sans discontinuer à ces 23 heures de discussion entre les syndicats et le patronat qui ne s'étaient jamais parlé. C'est la première fois qu'il y a une négociation salariale globale en Guadeloupe. C'est un évènement considérable et les demandes des syndicats portent sur des augmentations de salaire fortes et l'économie de la Guadeloupe est fragile. Le monde économique a dit : nous avant de nous engager dans cette discussion, avant de signer sur un certain nombre de revendications, le Gouvernement peut-il nous aider à consolider nos entreprises ?

Y. Jégo, vous y retournez quand ?

Je connais les montants, je vais maintenant formater l'outil et j'y retourne le plus vite possible pour apporter la réponse...

C'est-à-dire ? Est-ce que vous pouvez leur donner une date à vos interlocuteurs là-bas en Guadeloupe ?

Si je m'enferme dans un calendrier et que je le dépasse de 20 minutes, vous direz que je créerais de l'émotion. J'y retourne le plus vite possible. On va annoncer un calendrier très rapidement pour qu'on puisse arriver à boucler cet accord. Et vous savez, six jours pour boucler un accord après 21 jours de non parole, de tissu économique et social déchiré, de crise, une des plus lourdes que j'ai connue depuis que je suis à ces responsabilités. Je n'ai pas l'impression que personne n'ait perdu du temps. Et si j'ai décidé de venir à Paris, c'est justement pour pouvoir faire comprendre à tous mes interlocuteurs ici quelle était la gravité de la situation.

C'est une question de jours votre retour là-bas ? Pas une question de semaines, une question de jours ?

Je pense même que c'est une question d'heures.

Merci beaucoup Y. Jégo d'avoir été sur RTL ce matin. Une question d'heures dit t-il son retour en Guadeloupe.

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 9 février 2009