Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre chargé des affaires européennes, sur le refus des Etats-Unis de ratifier le protocole de Kyoto sur les changements climatiques et l'action de la France et de l'Allemagne sur ce point, Paris le 13 juin 2001.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Ce n'est pas à vous que je vais apprendre que le changement climatique est un des défis majeurs pour les années à venir. Par rapport à cette prise de conscience, l'attitude américaine est effectivement, pour nous, extrêmement préoccupante. Vous avez souligné ce que pensent les experts, notamment le Groupe intergouvernemental d'experts, qui nous incitent à agir, et à agir vite. C'est d'ailleurs ce que les Etats européens, et notamment la France, et la Commission ont fait pour leur part.
Le gouvernement français, la France, les Européens, ont une conviction : il faut achever les négociations sur la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto pour qu'il puisse être appliqué très rapidement et si possible en 2002.
Soyons très clairs, la question n'est donc plus de renégocier ce qui existe déjà, mais d'agir vite, de manière concrète et complète. La participation des Etats-Unis à ce processus est indispensable. En effet, ils sont responsables d'un quart des émissions de gaz à effet de serre. Et lorsqu'on compare l'efficacité énergétique de l'Europe et des Etats-Unis sur ce point depuis 1990, on constate qu'ils ont progressé deux fois moins que nous.
Dans ce contexte-là, la dénonciation du Protocole de Kyoto par les Etats-Unis est une mauvaise, une très mauvaise nouvelle.
Le Président Bush, vous l'avez dit, rencontre demain soir, les membres du Conseil européen, pour la France, le président de la République et le Premier ministre. Nous avons un double message à lui adresser. D'abord, un message qui lui demande instamment de s'attacher à une réduction des gaz à effet de serre : c'est un message de fermeté absolue. Les Allemands et les Français, hier lors du sommet franco-allemand de Fribourg, l'ont réaffirmé avec beaucoup de force. Deuxième message, qui est un message parallèle : il s'agit d'engager un dialogue pour réorienter, pour relancer le processus de Kyoto. C'est donc un double message d'ouverture et de fermeté. Vous vous demandiez quel était notre espoir. Notre espoir est que cela permettra d'engager avec les Américains un dialogue plus coopératif et d'avoir de leur part une politique moins unilatéraliste au nom d'une politique énergétique uniquement centrée sur eux-mêmes. Donc, fermeté et ouverture.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2001)