Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Tempête de 99, naufrage de l'Erika, naufrage du Ievoli Sun, inondations dans plusieurs régions de France, ESB, fièvre aphteuse : à chaque fois que ces crises se sont produites, nos compatriotes ont effectivement trouvé avec eux l'Etat - l'Etat, le Gouvernement, les services publics, les fonctionnaires d'autorité, mais aussi tous les personnels civils et militaires sur le terrain, y compris ceux qui à Vimy, encore aujourd'hui, risquent leur vie. Je pense donc que l'Etat en France remplit son rôle, et notamment ce gouvernement. C'est aussi le cas à Vimy.
J'ai été informé, le lundi 9 avril au soir, de risques très graves qui pouvaient se produire sur le site de Vimy, en raison de dégradations toutes récentes - monsieur, vous ne devriez pas m'interpeller parce que je pourrais montrer les photos de ce qu'était le centre de Vimy avant 1997, c'est-à-dire avant que nous procédions aux premiers aménagements, et donc, je pense qu'il ne faut pas sur ce sujet, surtout quand nous sommes encore en train de faire face au problème, se lancer dans des polémiques hâtives.
Le lundi soir donc, j'ai été informé des risques que pouvait encourir la population en raison de dégradations toutes récentes de certaines caisses qui contenaient des obus à Vimy : obus chimiques ou obus mélangés, qui n'avaient pas été triés au cours des années précédentes. Immédiatement, nous avons lancé les premiers travaux d'expertise pour savoir comment apprécier ces risques, comment agir.
Dans le même moment, nous avons commencé à mobiliser, en contact avec le préfet de région, avec le général commandant de la zone, avec le préfet du département du Pas-de-Calais, avec tous les services de l'Etat, de Sécurité civile comme de l'armée, avec les pompiers, en vue de la mise en place d'un plan pour faire face et notamment pour permettre l'évacuation d'une partie de la population.
Moi ce qui m'intéresse, ce n'est pas de savoir si c'est Pâques, c'est de savoir s'il y a un danger pour mes compatriotes et j'agis quand je suis au courant de ce danger, immédiatement, et sans tarder.
Dès le lendemain, j'ai réuni le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Défense, le ministre de la Santé, le secrétariat général du Gouvernement, et nous avons effectivement préparé l'action.
Le Gouvernement a décidé, dès le 12 avril, c'est-à-dire le jeudi, l'évacuation immédiate de la population. Autant je comprends la gêne éprouvée par, non pas 12 000 personnes à Vimy, monsieur L. Deprez, mais 4 500 à Vimy et 12 000 et quelques dans les différentes communes, autant je comprends les préoccupations de la population, autant d'ailleurs je félicite cette population du Nord et du Pas-de-Calais, déjà éprouvée par la guerre et qui en subit encore les séquelles, 80 ans après au fur et à mesure que remontent des obus de toute nature à la surface du sol, autant je les félicite de leur maîtrise et de leur discipline, autant je préférais, plutôt que de faire une annonce deux jours à l'avance, au risque de créer un sentiment de panique, que toutes les forces de sécurité, pour sécuriser les habitations, pour accompagner l'évacuation, pour recueillir les personnes dans des établissements publics, soient mises en place et c'est ce que nous avons fait. Je pense que nous avons bien fait et que vous avez tort de polémiquer sur ce sujet.
Dans le même temps, une opération extrêmement difficile et complexe a été conduite par le service des démineurs et les corps qui y ont contribué, notamment le Génie militaire, afin de transporter les 57 caisses de munitions chimiques, entreposées sur ce site et identifiées, vers le site de Suippes mais après les avoir préalablement réfrigérées, c'est-à-dire inerté les gaz, ce qui veut dire que ni pendant le transport, ni maintenant, à Suippes, ces munitions ne représentent un danger.
Depuis, le travail a commencé sur l'autre site de façon à desserrer ce site, de façon à descendre les caisses qui étaient empilées, de façon à assurer la sécurité. Sur ce site de Vimy, ce travail a commencé dans des conditions de maîtrise et nous espérons bien tenir vis-à-vis de la population l'engagement que nous avons pris, à savoir qu'elle puisse retourner chez elle à la fin de cette semaine. Voilà le travail accompli en urgence par le Gouvernement.
En ce qui concerne le projet d'usine Séquoia, rappelons d'abord, messieurs, que si ce problème se pose à Vimy, c'est qu'en 1993, a été décidée la fin du pétardage en baie de Somme. En baie de Somme, on faisait exploser et les obus classiques, et les obus chimiques. Depuis que ce pétardage a été interdit - décision prise à votre époque -, effectivement, le centre de Vimy a tendu à se transformer en un centre de stockage et non plus en un centre d'accueil et de transit. Dès ce moment, cette usine Séquoia a été un projet et si elle n'a pas avancé à votre époque, pendant quatre ans, si elle n'est pas encore réalisée aujourd'hui, c'est qu'en réalité c'est un projet extraordinairement complexe du point de vue industriel et du point de vue de la sécurité. Mais il est clair que les événements de ces derniers jours doivent nous conduire à accélérer les décisions pour aller dans ce sens, ce qui néanmoins ne sera pas aisé.
Voilà, mesdames et messieurs les députés, ce que je pouvais apporter comme réponse à vos préoccupations. Nous continuons à traiter ce dossier avec maîtrise, dans le souci premier de la sécurité de la population, et des salariés qui travaillent sur ces sites. Je pense que nous avons travaillé en urgence, efficacement, pendant le week-end de Pâques, parce que c'était là que le problème se posait. Je pense que vous devriez plutôt nous en féliciter.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 avril 2001)