Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur le dispositif en faveur de l'archéologie préventive, Marseille le 22 janvier 2009.

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Circonstance : Inauguration du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSME/Estaque) à Marseille le 22 janvier 2009

Texte intégral

Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer les nouveaux bâtiments du DRASSM qui, à bien des égards, constituent un lieu hors du commun.
Cette inauguration est un rendez-vous important pour moi :
* Parce qu'à l'heure où le Ministère de la culture et de la communication fête ses 50 ans, le DRASSM porte, avec talent et audace, une part du projet visionnaire d'André Malraux pour notre culture.
C'est à lui en effet que l'on doit, en 1966, la création de la Direction des Recherches Archéologiques sous-marines (ancêtre du DRASSM), au sein de son ministère des Affaires Culturelles.
Comme une réponse à ses mots prononcés en 1960 : « Il n'est qu'un acte sur lequel ne prévale ni l'indifférence des constellations, ni le murmure éternel des fleuves : c'est l'acte par lequel l'homme arrache quelque chose à la mort ».
* [Rendez-vous important également] Parce que le DRASSM incarne, d'une certaine façon, le grand enjeu de nos cultures aujourd'hui : la rencontre entre nos héritages et une modernité accélérée :
- Ce lieu en lui-même en est le symbole : un impressionnant espace moderne, harmonieusement intégré dans un paysage inscrit dans nos mémoires.
- Votre activité surtout, qui exhume les temps le plus lointains grâce aux technologies les plus avancées, qui interprète et décrypte grâce à elles les traces du passé.
- Et votre histoire également : depuis le temps des pionniers audacieux, depuis les premières fouilles, réalisées ici même par les équipes du commandant Cousteau, depuis le rêve de Malraux, vous vous êtes sans cesse réinventés, écrivant l'histoire exceptionnelle d'un département unique.
Aujourd'hui, les archéologues sous-marins français, réputés et sollicités, jouent un rôle leader dans le monde entier et leurs recherches sont toujours pionnières. Ainsi des recherches archéologiques par très grande profondeur que le DRASSM est l'un des premiers services au monde à développer.
* Ce rendez-vous, enfin, est important parce qu'il est pour moi l'occasion de saluer le travail remarquables des archéologues, de souligner l'importance essentielle de leur mission.
C'est pourquoi je me bats résolument pour défendre et conforter le dispositif de l'archéologie préventive, dont le coeur est l'INRAP.
Je tiens à améliorer les moyens dont il dispose pour que ses capacités d'action s'en trouvent renforcées.
Nous avons besoin de la recherche et nous avons besoin de l'archéologie. A la fois le monde de la culture, bien sûr, mais, plus largement, nos sociétés.
Parce qu'elles fondent la possibilité de penser et d'écrire l'histoire, parce qu'elles nourrissent nos savoirs et nos mémoires.
Depuis 40 ans, l'archéologie sous-marine nous a ainsi ouvert les portes du plus « grand musée du monde » : la mer (Salomon Reinach).
- En 1966, à la création du DRASSM, on dénombrait seulement 49 Biens Culturels Maritimes, on en dénombre aujourd'hui près de 5200, dont plus de 1000 épaves.
Et l'on estime entre 15 et 20 000 le nombre de BCM restant à localiser sur le seul littoral métropolitain et entre 100 000 et 150 000 le nombre de ceux qui reposent dans les limites territoriales de la ZEE française.
- En 40 ans, les archéologues ont appris à fouiller des épaves sous-marines, des sites en lac ou en rivière, des sites autrefois terrestres aujourd'hui submergés (ainsi de la nécropole gallo-romaine submergée du Golfe de Fos)...
- Ils nous ont révélé tout un monde inconnu et secret, en rendant à la lumière matières premières, oeuvres d'art, mobiliers en terre cuite, objets du quotidien ou restes d'armes et de navires.
Autant de témoins palpables du passé, qui nous permettent de mieux le comprendre, mais lui rendent également ses couleurs et sa vie.
Selon le joli mot de Lévi Strauss (à propos des archives), toutes ces traces donnent une « existence physique à l'histoire ».
Ainsi, très récemment, de l'exceptionnelle découverte du buste grande nature de César.
Bien évidemment, je tenais à le rappeler, ces vestiges appartiennent à l'Etat.
Et ils seront dévolus, comme je l'ai promis en juillet dernier, au musée d'Arles.
- Je vois donc aujourd'hui avec joie l'ouverture de ces magnifiques locaux : ils donnent au DRASSM un cadre à sa mesure en même temps qu'ils ouvrent une voie nouvelle pour notre patrimoine.
Ils sont en effet le 1er acte du projet du MUCEM, cette belle et ambitieuse opération portée avec force par le Président de la République comme il l'a rappelé lors de ses voeux à Nîmes.
Elle entre aujourd'hui véritablement dans la voie de sa concrétisation et c'est pourquoi je tenais à venir à Marseille pour en préciser le projet et le calendrier.
Ce grand projet, inscrit dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, va contribuer, et je m'en réjouis, à montrer combien les cultures et l'histoire du bassin méditerranéen sont marquées par les échanges, les dialogues, la circulation.
- Je tiens à saluer le travail remarquable du cabinet d'architecture lyonnais, Tectoniques, qui a conçu ce nouveau lieu.
Et je vous remercie, M. le Sénateur Maire, pour votre engagement qui a tant soutenu et facilité ce projet, dès l'origine.
- L'ensemble est impressionnant, tant par son ampleur, son caractère fonctionnel que par son élégance : 2400 m2 de surface hors-oeuvre ; deux bâtiments, l'un voué au bureaux et aux activités tournées vers le public, l'autre, technique, bénéficiant d'un double accès, depuis la mer et depuis la terre, et regroupant ateliers, stockages, logistique générale.
- Ce lieu permettra une véritable refondation du DRASSM au service des chercheurs et des publics.
La bibliothèque du DRASSM, en particulier, se trouve dotée de nouveaux espaces (une pièce de 9m de large pour 17m de longueur et 525 m de linéaires de stockage). Elle pourra ainsi accueillir au mieux tous les acteurs de l'archéologie sous-marine, qu'ils soient chercheurs ou étudiants.
Je tiens d'ailleurs à souligner ici la richesse exceptionnelle du fond de la bibliothèque du DRASSM, en particulier en matière de fonds documentaires photographiques. Actuellement en cours de numérisation en haute définition, ils seront bientôt en consultation libre.
C'est alors la plus grande base de données au monde en la matière qui sera disponible.
Conclusion
Ces lieux permettront, j'en suis sûr, de répondre au mieux aux attentes de chacun.
Ils contribueront également, je le souhaite, à l'exploration de nouvelles pages de notre « histoire immergée ».
C'est pourquoi j'ai particulièrement à coeur que l'Archéonaute, cette fierté de notre ministère et de la France, puisse être remplacé.
Je souhaite qu'une opération de mécénat puisse être montée afin de rassembler les moyens nécessaires.
Le ministère de la culture et de la communication, je tenais à l'annoncer, s'y associerait alors et apporterait 30% des moyens nécessaires.
Pour finir, je tiens à remercier de nouveau très chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce magnifique projet.
Je suis très heureuse de rendre hommage aujourd'hui à votre oeuvre d'écrivain, de biographe et de traductrice, qui est avant tout l'oeuvre d'une femme profondément et authentiquement libre.
Votre premier roman avait pour titre : Le détail révélateur. Et vous avez, en effet, dès ce moment, accordé une attention.Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 janvier 2009