Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, notamment sur l'avenir européen de la Serbie et la reconnaissance diplomatique du Kosovo, Paris le 22 janvier 2009.

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Circonstance : Visite en France de Vuk Jeremic et entretien avec Bernard Kouchner le 22 janvier 2009 à Paris

Texte intégral

Je vous salue.
J'ai reçu avec beaucoup de plaisir mon ami Vuk Jeremic, ministre des Affaires étrangères de Serbie. Je regrette évidemment d'avoir dû reporter cette réunion prévue bien avant. Mais nous étions très impliqués dans les événements du Moyen-Orient et je m'en suis excusé auprès de vous. J'ai remercié nos amis serbes pour la façon dont ils ont accepté la mission Eulex qui se déploie à la satisfaction de tous.
Nous ne sommes pas revenus sur l'arrestation de Karadzic et nous avons bien sûr parlé de l'arrestation future de Mladic. Mais surtout, et cela je voudrais le dire avec force, nous avons parlé de l'avenir et non pas du passé. Nous avons parlé de l'avenir européen de la Serbie. Pour nous, il n'y a pas de doute, la Serbie a toute sa place dans l'Union européenne.
Par ailleurs, nous avons abordé les sujets d'intérêts communs de l'Union européenne, bien sûr, mais nous avons parlé aussi des événements du Moyen-Orient. Nous avons fait un tour général de la situation.
Pour terminer, je voudrais préciser que nous avons également discuté de la coopération nécessaire avec le Tribunal pénal international. Nous attendons de la Serbie qu'elle fasse tous ses efforts pour l'arrestation de Mladic. Nous sommes bien entendu tout à fait d'accord sur ce point. Seulement voilà, il n'a pas encore été arrêté.
A propos de l'Europe, nous avons voulu parler de l'avenir. Nous sommes persuadés que nos amis serbes feront tous leurs efforts pour s'entendre au mieux avec leurs voisins, ce qui n'est pas concevable autrement au sein de l'Union européenne.
Merci beaucoup et merci à tous les membres de la délégation serbe que nous sommes toujours heureux de rencontrer.
Q - Le président serbe a envoyé des lettres au Secrétaire général des Nations unies ainsi qu'à l'OTAN afin de protester contre la création de forces de sécurité au Kosovo. Cela signifie-t-il que le niveau de coopération avec l'OTAN va être revu à la baisse ? Monsieur Kouchner, quelle est votre réaction à cette lettre ?
R - Ma seule réponse : "Oublions le passé et tournons-nous vers le futur. La Serbie demande à prendre part à ce vaste mouvement d'intégration du continent européen qui est l'Union européenne. Or, vingt-deux des vingt-sept pays membres de l'Union européenne reconnaissent le Kosovo. C'est une réalité. Oublions toutes ces crises et tournons nous vers l'avenir des Balkans. J'ai été chargé - heureusement ou malheureusement - de mettre en application la résolution 1244. Je l'ai fait pendant deux ans au Kosovo. Aujourd'hui allons de l'avant. La seule voie est l'Union européenne. Ceci est ma réponse sincère et précise à votre question.
Q - En marge de cette conférence de presse, j'ai une question concernant Guantanamo dont le président américain a annoncé la fermeture du Centre. La France est-elle disposée à accueillir certains de ces anciens détenus ?
R - J'ai déjà répondu à cette question qui n'a rien à voir avec mon ami Vuk et sa visite. Les demandes éventuelles seraient adressées d'abord au cas par cas, nous devrions les examiner et je me suis montré tout à fait favorable à cet examen. Mais nous n'en sommes pas là.
En tout cas, nous saluons la décision du président Barack Obama : la décision de fermeture du camp de Guantanamo est une excellente nouvelle. C'est également une très bonne chose que le président américain ait d'abord songé à téléphoner aux protagonistes des difficultés, des meurtrissures et de la guerre récente au Moyen-Orient ; nous en sommes très satisfaits. Je peux aussi vous annoncer que Mme Hillary Clinton m'a parlé cet après-midi. Ce fut un premier contact tout à fait positif et je dirai même très enthousiasmant.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 janvier 2009