Texte intégral
Direct Soir : Que prévoit votre projet de loi pour le développement économique de l'Outre-Mer présenté aujourd'hui au Sénat ?
Yves Jégo : Ce projet de loi est surtout un projet pragmatique. Le but est clair : réformer sans tabou ce qui ne fonctionne pas aujourd'hui. Il s'agit de mettre l'économie au service du social, pour créer de l'emploi et du pouvoir d'achat, et relancer la construction de logements sociaux. Pour cela, il est indispensable, comme l'a rappelé le Président de la République de favoriser la production locale, entre autre grâce à la création de zones franches d'activité dans les DOM. Ces zones franches doivent contribuer à alléger les coûts de fonctionnement des entreprises pour les rendre plus compétitives, avec des aides ciblées sur des secteurs prioritaires (environnement, nouvelles technologies ou agro-nutrition). Cela bénéficiera directement aux salariés, notamment par le biais des avantages fiscaux, puisque 15% de l'avantage en impôt sur les sociétés devra être réinvesti par les entreprises en formation professionnelle.
Direct Soir : Nicolas Sarkozy a lancé une réflexion sur une "autonomie économique" de ces DOM, est-ce une piste tangible ?
Yves Jégo : Bien sûr. Ces termes renvoient tout d'abord à cet objectif d'économie endogène, mais aussi à celui d'une autosuffisance alimentaire, qui est loin d'exister en Outre-Mer. Beaucoup de biens qui pourraient être produits sur place sont importés, ce qui entraîne souvent un coût supérieur pour les consommateurs. Il n'est, par exemple, pas acceptable, pour des raisons de sécurité alimentaire et tout simplement de qualité, que 95% des volailles consommées soient importées dans plusieurs de nos départements d'Outre-Mer.
Direct Soir : Que doit-on attendre des Etats Généraux de l'Outre-Mer ?
Yves Jégo : En annonçant les Etats Généraux de l'Outre-Mer, le Président de la République a appelé à « un débat sans tabou. Un débat où chacun pourra apporter sa contribution". Il s'agit donc d'un vaste chantier de refondation où chacun pourra s'exprimer afin de dessiner le nouveau modèle économique et social, et pourquoi pas politique, de l'Outre-Mer.
Direct Soir : Pourquoi avez-vous préféré rester à distance de ce conflit social ?
Yves Jégo : J'ai pleinement pris mes responsabilités dans ce conflit, en laissant le préfet et les médiateurs tenir leurs rôles respectifs. La fonction d'un ministre n'est pas de régler les menus détails d'une négociation. Je suis intervenu à un moment où les partenaires sociaux ne se parlaient pas, et où ma présence s'est révélée non seulement nécessaire mais surtout utile.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 11 mars 2009