Texte intégral
C. Barbier.- M. Hirsch, bonjour.
Bonjour.
Fin de crise à la Guadeloupe, après 45 jours de blocage. Victoire totale pour le LKP qui a tout obtenu du Gouvernement ?
Je ne sais pas, si ils ont tout obtenu, mais...
Gel des loyers, création de postes d'enseignants, baisse des tarifs bancaires et même - même - le fléchage, créole et français, de certains bâtiments publics ?
Non, mais je crois que si ça a duré 45 jours, et s'il y avait l'accumulation de demandes qui étaient des demandes des années précédentes... Quand les autorités publiques disaient qu'elles y répondraient, ce n'est pas que le Gouvernement qui a répondu d'ailleurs ! C'est le Gouvernement, c'est le Conseil régional, c'est le Conseil départemental, c'est l'ensemble des acteurs se sont mobilisés pour essayer d'aller jusqu'au bout de la liste.
Mais au bout du compte, on a l'impression que celui qui va payer la facture, c'est le contribuable français, c'est-à-dire, métropolitains et Antillais : 250 millions d'euros en 2009, un peu plus, par la suite, vient de déclarer E. Woerth.
Oui, mais je ne crois pas que ça soit le contribuable qui va payer quelque chose à fonds perdus. Je pense qu'il y avait un besoin de rattrapage, dans ces départements qui était extrêmement fort. Et qu'on paie aujourd'hui ce qui ne s'est pas passé au cours de ces dernières années. Et que tout l'enjeu est de savoir si ces sommes-là vont être au service de développement d'îles qui ont un potentiel extrêmement fort. Moi, je l'ai vu à La Réunion, sur laquelle, on a travaillé sur les questions d'insertion qui est un département d'Outre Mer, qui a des projets de développement durable tout à fait considérables, et de développement du tourisme tout à fait considérables. Donc cet argent-là, peut être investi, pour que les îles s'en sortent.
Alors le RSTA, Revenu Supplémentaire Temporaire d'Activité, donc ce qui porte les 200 euros mensuels accordés en supplément de salaire pour les plus bas...
Notamment !
...notamment ! C'est une passerelle vers votre RSA, Revenu de Solidarité Active ?
Oui, oui, tout à fait. En fait, le choix a été laissé aux Domiens et notamment en Guadeloupe, de savoir ce qu'ils voulaient d'emblée. Ce qui se passait, c'est qu'avant la crise même, il y avait déjà des dispositifs spécifiques Outre Mer. Il n'y avait pas uniquement le RMI, il y avait des dispositifs spécifiques. Donc quand on a transformé le RMI en Revenu de Solidarité Active, on s'est dit que la transition directe n'était pas forcément possible. Donc on s'est donné du temps, et on a confié à un parlementaire en mission, le fait de regarder comment se faisait l'adaptation. Les Guadeloupéens ont dit : plutôt que d'avoir le RSA tout de suite, nous préférons un dispositif adapté, qui soit plus forfaitaire et qui montre plus haut, vers des salariés qui ont 1,4 SMIC. Donc c'est ce qui s'appliquera maintenant, avant de passer au RSA.
Avez-vous trouvé, dans cette négociation, le patronat, local, aux Antilles était mu par une dureté de comportement de L. Parisot, la patronne nationale du Medef ?
Je ne sais pas, je n'ai pas d'élément d'appréciation. Moi, je n'étais pas sur place, je ne sais pas.
Faut-il payer les jours de grève ? Dernier élément ?
Je ne sais pas non plus. Je n'ai pas de... enfin, je...
Votre sentiment ? Vous seriez plutôt pour, vous, pour donner encore un coup de pouce et ne pas appauvrir aussi, ceux qui pendant 45 jours, n'ont pas travaillé ?
Non ! Ce n'est pas une question de coup de pouce. C'est, je suis pour que ceux qui ont passé 45 jours autour de la table se mettent d'accord, aussi, sur les conditions de sortie de grève.
Alors la grève s'étend, elle dure toujours en Martinique, elle commence à La Réunion, que vous connaissez mieux. Est-ce que ce dispositif guadeloupéen, vous considérez qu'on peut l'étendre, qu'on doit l'étendre à tout l'Outre Mer ?
C'est ce qu'on va proposer, directement, notamment... je pense qu'à la Martinique, c'est acté. Et je pense, que pour La Réunion et la Guyane, c'est ce qu'on va leur proposer, en demandant, si c'est ça ce qui leur convient.
Les états généraux de l'Outre Mer vont porter cette généralisation du RSTA ?
Oh ! Non, elle va être... la généralisation du RSTA, elle sera beaucoup plus rapide....
Donc avant les états généraux, on aura payé ?
Bien sûr ! Non, ce n'est pas « on aura payé », c'est qu'on aura complété les revenus des personnes.... Quoi ! Je pense qu'il faut revenir à l'essentiel. Pourquoi est-ce qu'il y a le RSTA ? Pourquoi il y a le RSA, dans les Dom comme en métropole ? Pour une raison que vous connaissez probablement, c'est qu'il y a des gens dont le « reste à vivre » a été divisé par deux, au cours de ces dernières années, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui bien que travaillant n'ont que quelques centaines d'euros par mois, et que c'est pour ça qu'on le fait. Donc ce n'est pas pour satisfaire telle ou telle revendication, c'est parce que.... Et le RSA, il n'est pas né de grèves, il n'est pas né... etc. il est né du fait que certains, dans ce pays, on prit conscience, c'est-à-dire qu'il y a une partie de la population qui ne pouvait pas vivre, même en travaillant, voilà. Donc ça c'est l'essentiel. Ensuite, que ça passe, par des périodes de conflits, d'adaptation, etc. c'est autre chose.
Etes-vous favorable que ces états généraux de l'Outre Mer, eh bien, élargissent leurs débats, à tout ce qui est statut politique, jusqu'à poser le problème de l'indépendance, ou de l'autonomie de tous ces territoires ?
Je pense qu'à partir du moment, où il y a des états généraux de l'Outre Mer, il n'y a aucune question qui est taboue.
Alors dans toute la France et notamment dans la métropole, à cause de la crise et du chômage, combien de Français seront concernés, dans les mois et les années qui viennent, par le RSA ? On parle de plus de 4 millions de Français.
Oui. 4 millions de ménages même ! Oui, 4 millions de ménages ! Pourquoi ? Parce que vous savez que l'originalité de ce système, ce n'est pas simplement de concerner ceux qui sont aujourd'hui, en inactivité ou au RMI, mais de concerner, beaucoup de salariés modestes. Donc en France, par exemple, il y a beaucoup de personnes qui sont au Smic avec des charges de famille. Et eux, bénéficieront du RSA, comme un complément de revenu. Encore une fois, l'idée, c'est d'arrêter de pouvoir travailler et de rester dans la pauvreté.
Alors, on n'avait pas vu venir la crise, bien entendu. Il faudra augmenter la ponction prévue, sur les dividendes pour financer ce RSA « grande taille » ?
Pas forcément, pas forcément.
Où allez-vous trouver l'argent ?
Non, l'argent, le financement du RSA est très solide. Le financement du RSA est très solide, parce qu'il est assis sur des revenus financiers qui sont des revenus de long terme. Donc on suit ça, de près et on voit que les fluctuations liées au cours de la Bourse ont une influence assez marginale sur les rentrées du RSA. Par ailleurs, on avait vu, proprement en 2009, donc on n'a pas de problème, déjà en 2009. On verra en 2010, s'il faut ajuster un peu. Il n'y a pas de souci de ce côté-là. Et puis il n'y aura pas une explosion du RSA, il n'y aura une explosion du RSA, parce qu'effectivement, il y a... le RSA joue un peu de soupape, avec d'autres dispositifs. Donc il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Il y a un droit nouveau qui a été créé, il y a un droit nouveau qui va être honoré, qui commence au mois d'avril avec 200 euros par mois, 200 euros au mois d'avril, pour 4 millions de ménages qui sont les plus modestes. Et puis en juillet, ça prend le relais, tous les mois, tous les mois, tous les mois...
Alors vous faites le tour des 34 départements tests qui appliquent...
t maintenant, des 100 départements pas tests, voilà !
... Alors est-ce que cette application se déroule, comme il faut, c'est-à-dire est-ce que les départements de gauche jouent le jeu ?
Ah ! Oui ! Je ne m'attendais pas, quand vous disiez : est-ce que ça se prépare comme il faut, je ne pensais pas que vous alliez le situer sur le terrain gauche/droite.
Parce qu'on a entendu l'UMP dire : la relance, il faut que les régions socialistes fassent un peu plus d'efforts. Alors peut-être que sur le RSA, les nouveaux...
Oui, mais moi, je n'ai pas de problème de ce côté-là. Vous savez, on parle souvent, vous qui êtes un politologue avisé, on parle souvent de la cohabitation entre président de la République et Premier ministre. Moi, j'ai conçu cette réforme comme un peu la cohabitation entre des collectivités locales qui sont souvent à gauche, une majorité et un gouvernement qui est plutôt à droite, et de dire : ensemble, il faut que les uns et les autres soient satisfaits par une réforme, parce que sinon les personnes en difficulté ne seront pas satisfaites. Donc dans les départements expérimentateurs, il y avait plus de départements de gauche que de départements de droite. Et je ne vois aucune différence, les uns et les autres s'impliquent dedans et s'impliqueront très fort.
Si le département était appelé à disparaître, dans la réforme des territoires, ça vous embêterait pour le RSA ?
Il faudrait repenser les choses autrement. Moi, j'ai des relations assez privilégiées avec les différents départements, parce qu'ils ont été choisis, il y a quelques années par consensus, comme le porteur décentralisé des politiques sociales. Voilà ! Donc...
Les communes font beaucoup, aussi, pour l'action sociale. Si la taxe professionnelle disparaît, elles n'auront plus d'argent ?
Non, quand la taxe professionnelle disparaîtra, l'année prochaine, elle sera remplacée par autre chose. Donc elles auront le même argent.
Etes-vous favorable à un moratoire, sur les expulsions des logements dont les locataires ne peuvent plus payer le loyer ? Normalement, à partir du 15 mars, on peut les mettre dehors. Il faut un moratoire pour prolonger la trêve ?
Moi, je pense surtout au logement des jeunes et des étudiants, qu'il faut qu'on réussisse, au moment où on va mettre en place quelque chose qui s'appelle « la garantie du risque locatif », à empêcher aussi les sautes de loyer quoi ! Je pense que l'un des sujets importants, c'est, alors qu'on a réussi que l'inflation va être plus faible, sur beaucoup de secteurs, de faire en sorte, que ceux pour lequel la rotation de logements est assez élevée, ne se prennent pas 7 %, 8 % ou 9 %, d'augmentation à ce moment-là. Donc je pense que c'est quelque chose qu'on va travailler avec les jeunes et les étudiants.
Alors vous êtes en charge de la jeunesse et des étudiants. La mobilisation continue dans les facultés, contre non plus le statut d'enseignant chercheur, mais contre, globalement, toute la loi sur l'autonomie des universités. Faut-il la retirer, cette loi, pour calmer les esprits ?
Non, je pense que les esprits peuvent se calmer. Mais pas en retirant la loi, pas en supprimant des marges de manoeuvre, si vous voulez. La loi, moi, je vois, quand on discute avec les étudiants, avec les jeunes, avec les universitaires, sur comment est-ce qu'ils veulent améliorer les choses ? Qu'est-ce qu'ils nous demandent souvent ? Ils nous disent : il faut pouvoir expérimenter des choses sur les différents sites. Pour expérimenter les choses, il faut avoir la capacité d'autonomie, pour pouvoir expérimenter. Donc je ne pense pas qu'il y ait une demande, mais je peux me tromper, mais ce n'est pas comme ça que je le perçois. Je pense que, enfin, il y a un petit bras de fer, mais je ne pense pas que le contraire de l'autonomie, c'est la dépendance, et je ne pense pas qu'il y ait une demande de dépendance.
Alors dépendance, pour les jeunes qui travaillent. Est-ce que L. Parisot n'a pas raison ? Les 500 euros donnés en prime au chômage, pour ceux qui n'ont travaillé que quelques mois, est-ce que ça ne va pas transformer les jeunes en chasseurs de primes ?
Non, je me suis déjà exprimé là-dessus. J'étais, hier, d'ailleurs avec L. Parisot, dans une entreprise d'insertion, pour...
Vous vous êtes réconciliés ?
Oui, mais on n'est pas brouille... Quoi ! Je considère qu'on a le droit de ne pas être d'accord, et quelquefois de s'engueuler sans être forcément brouillés. Sur le sujet, il faut remettre aussi les choses, reprendre les fondamentaux. Est-ce que vous trouvez normal, vous, C. Barbier, vous L. Parisot et vous, tout le monde, est-ce que vous trouvez normal qu'un jeune qui a travaillé trois mois, en payant des cotisations chômage, pendant trois mois, une fois qu'il est au chômage, il a droit à zéro de chômage ? Voilà ! Donc on lui dit : si vous avez cotisé, vous avez le droit à quelque chose, qui est forfaitaire, qui est 500 euros. Ce n'est pas les transformer en chasseurs !
En un mot, êtes-vous favorable à l'extension au couple homosexuel du statut des beaux-parents, qui est en construction ?
Moi, je suis favorable à ce qu'effectivement, le texte permette cette ouverture, ce qui est prévu, je crois, dans l'avant-projet de loi, oui.
M. Hirsch, merci, bonne journée.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 mars 2009
Bonjour.
Fin de crise à la Guadeloupe, après 45 jours de blocage. Victoire totale pour le LKP qui a tout obtenu du Gouvernement ?
Je ne sais pas, si ils ont tout obtenu, mais...
Gel des loyers, création de postes d'enseignants, baisse des tarifs bancaires et même - même - le fléchage, créole et français, de certains bâtiments publics ?
Non, mais je crois que si ça a duré 45 jours, et s'il y avait l'accumulation de demandes qui étaient des demandes des années précédentes... Quand les autorités publiques disaient qu'elles y répondraient, ce n'est pas que le Gouvernement qui a répondu d'ailleurs ! C'est le Gouvernement, c'est le Conseil régional, c'est le Conseil départemental, c'est l'ensemble des acteurs se sont mobilisés pour essayer d'aller jusqu'au bout de la liste.
Mais au bout du compte, on a l'impression que celui qui va payer la facture, c'est le contribuable français, c'est-à-dire, métropolitains et Antillais : 250 millions d'euros en 2009, un peu plus, par la suite, vient de déclarer E. Woerth.
Oui, mais je ne crois pas que ça soit le contribuable qui va payer quelque chose à fonds perdus. Je pense qu'il y avait un besoin de rattrapage, dans ces départements qui était extrêmement fort. Et qu'on paie aujourd'hui ce qui ne s'est pas passé au cours de ces dernières années. Et que tout l'enjeu est de savoir si ces sommes-là vont être au service de développement d'îles qui ont un potentiel extrêmement fort. Moi, je l'ai vu à La Réunion, sur laquelle, on a travaillé sur les questions d'insertion qui est un département d'Outre Mer, qui a des projets de développement durable tout à fait considérables, et de développement du tourisme tout à fait considérables. Donc cet argent-là, peut être investi, pour que les îles s'en sortent.
Alors le RSTA, Revenu Supplémentaire Temporaire d'Activité, donc ce qui porte les 200 euros mensuels accordés en supplément de salaire pour les plus bas...
Notamment !
...notamment ! C'est une passerelle vers votre RSA, Revenu de Solidarité Active ?
Oui, oui, tout à fait. En fait, le choix a été laissé aux Domiens et notamment en Guadeloupe, de savoir ce qu'ils voulaient d'emblée. Ce qui se passait, c'est qu'avant la crise même, il y avait déjà des dispositifs spécifiques Outre Mer. Il n'y avait pas uniquement le RMI, il y avait des dispositifs spécifiques. Donc quand on a transformé le RMI en Revenu de Solidarité Active, on s'est dit que la transition directe n'était pas forcément possible. Donc on s'est donné du temps, et on a confié à un parlementaire en mission, le fait de regarder comment se faisait l'adaptation. Les Guadeloupéens ont dit : plutôt que d'avoir le RSA tout de suite, nous préférons un dispositif adapté, qui soit plus forfaitaire et qui montre plus haut, vers des salariés qui ont 1,4 SMIC. Donc c'est ce qui s'appliquera maintenant, avant de passer au RSA.
Avez-vous trouvé, dans cette négociation, le patronat, local, aux Antilles était mu par une dureté de comportement de L. Parisot, la patronne nationale du Medef ?
Je ne sais pas, je n'ai pas d'élément d'appréciation. Moi, je n'étais pas sur place, je ne sais pas.
Faut-il payer les jours de grève ? Dernier élément ?
Je ne sais pas non plus. Je n'ai pas de... enfin, je...
Votre sentiment ? Vous seriez plutôt pour, vous, pour donner encore un coup de pouce et ne pas appauvrir aussi, ceux qui pendant 45 jours, n'ont pas travaillé ?
Non ! Ce n'est pas une question de coup de pouce. C'est, je suis pour que ceux qui ont passé 45 jours autour de la table se mettent d'accord, aussi, sur les conditions de sortie de grève.
Alors la grève s'étend, elle dure toujours en Martinique, elle commence à La Réunion, que vous connaissez mieux. Est-ce que ce dispositif guadeloupéen, vous considérez qu'on peut l'étendre, qu'on doit l'étendre à tout l'Outre Mer ?
C'est ce qu'on va proposer, directement, notamment... je pense qu'à la Martinique, c'est acté. Et je pense, que pour La Réunion et la Guyane, c'est ce qu'on va leur proposer, en demandant, si c'est ça ce qui leur convient.
Les états généraux de l'Outre Mer vont porter cette généralisation du RSTA ?
Oh ! Non, elle va être... la généralisation du RSTA, elle sera beaucoup plus rapide....
Donc avant les états généraux, on aura payé ?
Bien sûr ! Non, ce n'est pas « on aura payé », c'est qu'on aura complété les revenus des personnes.... Quoi ! Je pense qu'il faut revenir à l'essentiel. Pourquoi est-ce qu'il y a le RSTA ? Pourquoi il y a le RSA, dans les Dom comme en métropole ? Pour une raison que vous connaissez probablement, c'est qu'il y a des gens dont le « reste à vivre » a été divisé par deux, au cours de ces dernières années, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui bien que travaillant n'ont que quelques centaines d'euros par mois, et que c'est pour ça qu'on le fait. Donc ce n'est pas pour satisfaire telle ou telle revendication, c'est parce que.... Et le RSA, il n'est pas né de grèves, il n'est pas né... etc. il est né du fait que certains, dans ce pays, on prit conscience, c'est-à-dire qu'il y a une partie de la population qui ne pouvait pas vivre, même en travaillant, voilà. Donc ça c'est l'essentiel. Ensuite, que ça passe, par des périodes de conflits, d'adaptation, etc. c'est autre chose.
Etes-vous favorable que ces états généraux de l'Outre Mer, eh bien, élargissent leurs débats, à tout ce qui est statut politique, jusqu'à poser le problème de l'indépendance, ou de l'autonomie de tous ces territoires ?
Je pense qu'à partir du moment, où il y a des états généraux de l'Outre Mer, il n'y a aucune question qui est taboue.
Alors dans toute la France et notamment dans la métropole, à cause de la crise et du chômage, combien de Français seront concernés, dans les mois et les années qui viennent, par le RSA ? On parle de plus de 4 millions de Français.
Oui. 4 millions de ménages même ! Oui, 4 millions de ménages ! Pourquoi ? Parce que vous savez que l'originalité de ce système, ce n'est pas simplement de concerner ceux qui sont aujourd'hui, en inactivité ou au RMI, mais de concerner, beaucoup de salariés modestes. Donc en France, par exemple, il y a beaucoup de personnes qui sont au Smic avec des charges de famille. Et eux, bénéficieront du RSA, comme un complément de revenu. Encore une fois, l'idée, c'est d'arrêter de pouvoir travailler et de rester dans la pauvreté.
Alors, on n'avait pas vu venir la crise, bien entendu. Il faudra augmenter la ponction prévue, sur les dividendes pour financer ce RSA « grande taille » ?
Pas forcément, pas forcément.
Où allez-vous trouver l'argent ?
Non, l'argent, le financement du RSA est très solide. Le financement du RSA est très solide, parce qu'il est assis sur des revenus financiers qui sont des revenus de long terme. Donc on suit ça, de près et on voit que les fluctuations liées au cours de la Bourse ont une influence assez marginale sur les rentrées du RSA. Par ailleurs, on avait vu, proprement en 2009, donc on n'a pas de problème, déjà en 2009. On verra en 2010, s'il faut ajuster un peu. Il n'y a pas de souci de ce côté-là. Et puis il n'y aura pas une explosion du RSA, il n'y aura une explosion du RSA, parce qu'effectivement, il y a... le RSA joue un peu de soupape, avec d'autres dispositifs. Donc il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Il y a un droit nouveau qui a été créé, il y a un droit nouveau qui va être honoré, qui commence au mois d'avril avec 200 euros par mois, 200 euros au mois d'avril, pour 4 millions de ménages qui sont les plus modestes. Et puis en juillet, ça prend le relais, tous les mois, tous les mois, tous les mois...
Alors vous faites le tour des 34 départements tests qui appliquent...
t maintenant, des 100 départements pas tests, voilà !
... Alors est-ce que cette application se déroule, comme il faut, c'est-à-dire est-ce que les départements de gauche jouent le jeu ?
Ah ! Oui ! Je ne m'attendais pas, quand vous disiez : est-ce que ça se prépare comme il faut, je ne pensais pas que vous alliez le situer sur le terrain gauche/droite.
Parce qu'on a entendu l'UMP dire : la relance, il faut que les régions socialistes fassent un peu plus d'efforts. Alors peut-être que sur le RSA, les nouveaux...
Oui, mais moi, je n'ai pas de problème de ce côté-là. Vous savez, on parle souvent, vous qui êtes un politologue avisé, on parle souvent de la cohabitation entre président de la République et Premier ministre. Moi, j'ai conçu cette réforme comme un peu la cohabitation entre des collectivités locales qui sont souvent à gauche, une majorité et un gouvernement qui est plutôt à droite, et de dire : ensemble, il faut que les uns et les autres soient satisfaits par une réforme, parce que sinon les personnes en difficulté ne seront pas satisfaites. Donc dans les départements expérimentateurs, il y avait plus de départements de gauche que de départements de droite. Et je ne vois aucune différence, les uns et les autres s'impliquent dedans et s'impliqueront très fort.
Si le département était appelé à disparaître, dans la réforme des territoires, ça vous embêterait pour le RSA ?
Il faudrait repenser les choses autrement. Moi, j'ai des relations assez privilégiées avec les différents départements, parce qu'ils ont été choisis, il y a quelques années par consensus, comme le porteur décentralisé des politiques sociales. Voilà ! Donc...
Les communes font beaucoup, aussi, pour l'action sociale. Si la taxe professionnelle disparaît, elles n'auront plus d'argent ?
Non, quand la taxe professionnelle disparaîtra, l'année prochaine, elle sera remplacée par autre chose. Donc elles auront le même argent.
Etes-vous favorable à un moratoire, sur les expulsions des logements dont les locataires ne peuvent plus payer le loyer ? Normalement, à partir du 15 mars, on peut les mettre dehors. Il faut un moratoire pour prolonger la trêve ?
Moi, je pense surtout au logement des jeunes et des étudiants, qu'il faut qu'on réussisse, au moment où on va mettre en place quelque chose qui s'appelle « la garantie du risque locatif », à empêcher aussi les sautes de loyer quoi ! Je pense que l'un des sujets importants, c'est, alors qu'on a réussi que l'inflation va être plus faible, sur beaucoup de secteurs, de faire en sorte, que ceux pour lequel la rotation de logements est assez élevée, ne se prennent pas 7 %, 8 % ou 9 %, d'augmentation à ce moment-là. Donc je pense que c'est quelque chose qu'on va travailler avec les jeunes et les étudiants.
Alors vous êtes en charge de la jeunesse et des étudiants. La mobilisation continue dans les facultés, contre non plus le statut d'enseignant chercheur, mais contre, globalement, toute la loi sur l'autonomie des universités. Faut-il la retirer, cette loi, pour calmer les esprits ?
Non, je pense que les esprits peuvent se calmer. Mais pas en retirant la loi, pas en supprimant des marges de manoeuvre, si vous voulez. La loi, moi, je vois, quand on discute avec les étudiants, avec les jeunes, avec les universitaires, sur comment est-ce qu'ils veulent améliorer les choses ? Qu'est-ce qu'ils nous demandent souvent ? Ils nous disent : il faut pouvoir expérimenter des choses sur les différents sites. Pour expérimenter les choses, il faut avoir la capacité d'autonomie, pour pouvoir expérimenter. Donc je ne pense pas qu'il y ait une demande, mais je peux me tromper, mais ce n'est pas comme ça que je le perçois. Je pense que, enfin, il y a un petit bras de fer, mais je ne pense pas que le contraire de l'autonomie, c'est la dépendance, et je ne pense pas qu'il y ait une demande de dépendance.
Alors dépendance, pour les jeunes qui travaillent. Est-ce que L. Parisot n'a pas raison ? Les 500 euros donnés en prime au chômage, pour ceux qui n'ont travaillé que quelques mois, est-ce que ça ne va pas transformer les jeunes en chasseurs de primes ?
Non, je me suis déjà exprimé là-dessus. J'étais, hier, d'ailleurs avec L. Parisot, dans une entreprise d'insertion, pour...
Vous vous êtes réconciliés ?
Oui, mais on n'est pas brouille... Quoi ! Je considère qu'on a le droit de ne pas être d'accord, et quelquefois de s'engueuler sans être forcément brouillés. Sur le sujet, il faut remettre aussi les choses, reprendre les fondamentaux. Est-ce que vous trouvez normal, vous, C. Barbier, vous L. Parisot et vous, tout le monde, est-ce que vous trouvez normal qu'un jeune qui a travaillé trois mois, en payant des cotisations chômage, pendant trois mois, une fois qu'il est au chômage, il a droit à zéro de chômage ? Voilà ! Donc on lui dit : si vous avez cotisé, vous avez le droit à quelque chose, qui est forfaitaire, qui est 500 euros. Ce n'est pas les transformer en chasseurs !
En un mot, êtes-vous favorable à l'extension au couple homosexuel du statut des beaux-parents, qui est en construction ?
Moi, je suis favorable à ce qu'effectivement, le texte permette cette ouverture, ce qui est prévu, je crois, dans l'avant-projet de loi, oui.
M. Hirsch, merci, bonne journée.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 mars 2009