Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense, dans "La République du Centre" du 23 mars 2009, sur le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires et sur le Nouveau Centre au sein du gouvernement.

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Média : La République du Centre

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Monsieur le ministre, on a beaucoup parlé du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'Alliance Atlantique (OTAN). Pouvez-vous expliquer brièvement pourquoi cette étape constitue un évènement de premier ordre ?

Le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN est un signe fort de notre volonté d'avancer dans la construction d'une défense européenne. La position jusqu'alors particulière de la France au sein de l'alliance atlantique donnait le sentiment à nos partenaires que nous souhaitions avancer sur l'Europe de la défense, avec des arrières pensées, notamment celle d'affaiblir l'OTAN. Le retour dans le commandement intégré lève toute ambiguïté et clarifie notre position : nous voulons construire une défense européenne complémentaire de l'OTAN.
J'ajoute que la France était déjà un acteur majeur de l'alliance, participant à toutes ses opérations depuis 1995, quatrième contributeur financier et en homme, mais sans être dans le commandement intégré, nous étions un acteur qui ne participait pas à l'écriture du scénario. Désormais la France va pouvoir peser pleinement sur les décisions stratégiques de l'OTAN et participer à la définition des opérations dans lesquelles nos hommes sont engagés.
Le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français du Sahara et de Polynésie est finalisé selon vos propres termes. Qu'est-ce que cela va changer ?
Sur cette grande question il faut que la France soit en paix avec elle-même. Elle avait pris des mesures rigoureuses pour tous ces essais. Mais des hommes et des femmes s'estimant malades à la suite des essais nucléaires, étaient victimes de procédures judiciaires longues et aléatoires, dans lesquelles le ministère de la Défense faisait appel systématiquement. Je présenterai demain le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires qui repose sur deux piliers : être juste mais rigoureux.

Vous aviez rassuré les personnels de la base aérienne de Châteaudun sur l'avenir du site lors de votre visite en terre dunoise en juillet dernier. Aujourd'hui pourtant, les disparitions de plusieurs services sont annoncés. Affirmez-vous toujours que la base dunoise ne fermera pas ses portes dans quelques années ?

La mission de la base aérienne de Châteaudun est fondamentale pour le stockage, l'entretien et les réparations des avions militaires. Son avenir est donc assuré. Mais nous sommes en train de réformer en profondeur le ministère de la Défense. Cette modernisation nécessaire nous conduit à mettre en commun des moyens (avec la base d'Orléans-Bricy), et à confier à l'avenir à des entreprises certaines tâches telles que la sécurité de l'accueil de la base, l'entretien des espaces verts... Cette externalisation constitue aussi une chance pour les entreprises de la région. La base reste. Ce sont des emplois garantis même si toutes les tâches ne seront plus assurées par les militaires.
En tant que président du Nouveau Centre, comment appréhendez-vous votre positionnement au sein d'un Gouvernement dont 62% des français désapprouve la politique en cette période de crise ?
La France n'est en effet pas épargnée par cette crise économique et financière profonde qui touche le monde entier. Le Nouveau Centre est aux côtés du Président de la République pour réformer le pays. Notre rôle est de faire comprendre à nos concitoyens que la crise rend ces réformes nécessaires pour permettre à la France de bénéficier au maximum de la croissance mondiale lorsqu'elle repartira. Notre rôle est aussi de faire entendre dans la majorité le souci de justice et d'équité qui doit guider l'action réformatrice. Nous devons moderniser le pays en pensant aussi à ceux qui sont les plus fragilisés par la crise. Par exemple, pour protéger les familles du surendettement qui peut ruiner la vie des familles pour de nombreuses années nous proposons la création d'un répertoire national des crédits géré par la Banque de France. Avant chaque crédit, il appartiendra à l'agence de crédit de consulter ce fichier et donc de vérifier sérieusement la capacité de remboursement, car il faut éviter la spirale infernale de l'endettement croissant pour régler une difficulté. A défaut de consulter avant, l'agence de crédit n'aurait pas le droit de mener une procédure de recouvrement.
Pourquoi avoir choisi les comme thème du troisième carrefour des Centres qui se tient aujourd'hui (23 mars) à Cloyes ?
Je veux que le Nouveau Centre soit le parti des libertés. Nous militons pour une liberté déployée dans toutes ses dimensions : politique, économique et culturelle, individuelle et collective. Ce troisième carrefour des centres est consacré aux conséquences d'Internet et des nouvelles technologies qui renouvelle profondément la question des libertés. L'été dernier, j'avais formulé des interrogations sur le fichier Edvige pour demander par exemple s'il était utile, pour assurer la sécurité de nos compatriotes, de centraliser les informations relatives aux personnes physiques ayant seulement « sollicité » un mandat politique, syndical ou associatif ? Or le web, tout en étant un formidable espace de libre expression, est aussi un immense fichier qui ne dit pas son nom et qui permet de vous suivre à la trace jusque dans votre intimité. Nous avons tous notre casier numérique ! Pour éviter la multiplication des atteintes à notre vie privée, nous devons imaginer les nouveaux droits de l'homme numérique.
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 23 mars 2009