Texte intégral
Je vous remercie beaucoup de m'avoir si bien accueilli. Je devais effectuer cette visite il y a trois semaines mais nous avons du modifier la date car le Roi, étant dans le désert, n'avait pu me recevoir et je devais à la fois rencontrer le Roi et le Prince Saoud. J'ai donc volontiers accepté de changer la date de ma visite. J'ai pu voir le Roi mais pas le Prince qui se trouve aux Etats-Unis.
J'ai été reçu de façon formidable, très cordialement et tous nos entretiens ont été très clairs et très efficaces.
J'ai tout d'abord eu un entretien avec le Prince Muqrin. J'ai également eu un entretien avec le ministre du Commerce et de l'Industrie, M. Abdallah Zeinal Ali Reza et avec le vice-ministre de l'Intérieur, Prince Mohammad ben Nayef ben Abdel Aziz. Cet après-midi, j'ai eu un très long, très intéressant et très cordial entretien avec le Roi.
Grâce à l'accueil de l'ambassadeur de France, nous avons déjeuné avec des personnalités très intéressantes : Mme Yasmine Tuweidjri, qui est médecin ; Mme Noura Joumaih, membre de l'Association nationale des droits de l'Homme et journaliste ; Mme Lama Suleiman, première femme élue en Arabie Saoudite à une chambre de Commerce et de l'Industrie - félicitation Mesdames, il était temps ; M. Mohamed Zulfa, membre du Conseil consultatif ; M. Kamel Al Munajjed qui est président du Conseil d'affaires franco-saoudien ; le Docteur Bandar Bin Mohammed Al Iban, président de la Commission des droits de l'Homme. J'étais accompagné du président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement français, M. Poniatowski, qui est ici et que je remercie de m'avoir accompagné.
Je suis vraiment très heureux. Je voulais, s'il était nécessaire, prouver une fois de plus que nous sommes très proches de nos amis saoudiens et que la France et l'Arabie Saoudite sont des amis stratégiques, des amis culturels, des amis de coeur et, également, des amis en termes de relations bilatérales, commerciales et industrielles.
Q - Quelle est la position de la France concernant le mandat d'arrêt contre le président Bachir ? Par ailleurs, le président Obama s'est adressé au peuple iranien, y a-t-il eu un changement dans l'attitude américaine ?
R - La France est parmi les fondateurs de la Cour pénale internationale. Nous sommes partisans de la justice internationale. Nous sommes également partisans des Cours spéciales : la Cour spéciale contre les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie ; la Cour spéciale contre le génocide au Rwanda. Je dois également rappeler - enfin, c'est trop tard pour cela - l'enquête internationale pour retrouver les assassins du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Nous sommes donc partisans de cette justice internationale qui, il est vrai, vient toujours trop tard. Il faudrait prévenir les crimes, il ne faudrait pas simplement les punir. Mais il faut rechercher les responsables et, éventuellement, les punir au niveau de la communauté internationale. Il s'agit là d'un progrès des droits de l'Homme et de cette justice que nous appelons tous de nos voeux.
Cela fait plus de trois années que la communauté internationale s'indigne des crimes commis au Darfour. Depuis que je suis ministre des Affaires étrangères, depuis près de deux ans, nous avons commencé au Quai d'Orsay à conduire la première réunion sur le Darfour. Qu'avons-nous obtenu ? Rien.
La communauté internationale s'est occupé des réfugiés - pas assez mais tout de même beaucoup. Il y a plus de deux millions de personnes déplacées et il y a - on ne le sait pas exactement - plus de 300.000 morts.
La justice internationale est indépendante. Les juges ont prononcé un mandat d'amener contre le président Bachir, responsable, selon la justice, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
La France a tout essayé. J'ai rencontré le président Bachir, le président Sarkozy l'a rencontré deux fois. Nous lui avons demandé de faire un geste et de nous montrer sa bonne volonté pour que justice se fasse et que les crimes cessent, car les crimes continuent.
Voilà ma réponse : nous sommes des partisans de la justice internationale. Nous espérons que, très vite, les victimes cesseront d'être aussi nombreuses au Darfour et que la paix reviendra. A ce propos, en sortant de l'entretien avec le Roi, nous avons rencontré les responsables soudanais qui étaient là et que je connais très bien.
Concernant l'Iran, nous sommes partisans du dialogue. La France s'est toujours prononcée pour le dialogue, même lorsque nous avons voté pour des sanctions au Conseil de sécurité des Nations unies. Sanctions et dialogue, dialogue et sanctions : il s'agit en fait d'une même politique avec deux axes.
Nous avons dialogué avec les Iraniens. J'ai dialogué avec beaucoup de représentants iraniens importants et avec mon collègue, M. Mottaki, pas moins de 13 fois, presque chaque semaine. Pour quel résultat, aucun. Nous entretenons certes des relations, mais avec quel résultat : aucun.
Je vous rappelle qu'il y a deux axes principaux de réflexion.
Premièrement, l'éventuel danger nucléaire militaire alors que, bien sûr, nous sommes tout à fait partisans que l'Iran ait un pouvoir nucléaire civil. Nous sommes prêts à les aider dans ce sens. Je le répète, les Iraniens ont droit au nucléaire civil.
Pour le reste, c'est une question politique, ils ont le droit de participer au règlement des problèmes politiques du monde. Ils y participent largement, aussi bien d'un côté, vers l'Afghanistan, que de l'autre, vers le Moyen-Orient. Ils occupent dans la région une place très importante, aussi bien du point historique que géographique et culturel. C'est un grand peuple, un grand pays, il est donc tout à fait normal d'entretenir des relations avec eux.
Pour les deux raisons, nous approuvons la démarche du président américain, M. Obama.
Q - Quelle a été la teneur du message que vous avez transmis au Roi ? La deuxième question concerne la justice internationale, la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Bachir, mais il y a de nombreux crimes qui sont perpétrés de par le monde notamment ceux qui sont commis en Israël et ceux qui ont été commis récemment à Gaza, pourquoi la justice n'a pas pris en compte cette question-là et quelle est la position de la France à ce sujet ?
R - Vous savez, ce sont les Etats et les organisations qui peuvent saisir la Cour internationale, c'est en train d'être fait. Je crois qu'il y aura une enquête de l'ONU sur le bombardement d'un entrepôt de l'UNRWA à Gaza. Je crois que certaines organisations non gouvernementales, en particulier des organisations israéliennes de défense des droits de l'Homme sont en train de saisir la Cour.
Concernant la CPI, je vous rappelle que parmi les trois juges, qui ont décidé de ce mandat d'amener contre le président Bachir, il y a un juge africain, une femme de nationalité ghanéenne. Je vous rappelle également que trente deux pays africains ont signé ou participé à la création de la Cour pénale internationale.
A propos de la teneur du message transmis au Roi. Le président Sarkozy a délivré un message à travers une lettre que j'ai adressée au Roi il y a deux semaines. De mon côté, je peux vous dire de quoi j'ai parlé avec le Roi. Le message du Roi était un message de fraternité, de respect et de collaboration entre nos deux pays. Avec le Roi, nous avons parlé de sa déclaration de Koweït, qui est une excellente déclaration. Nous avons abordé la question de la situation au Moyen-Orient, de la réconciliation palestinienne et des problèmes qui continuent d'opposer deux fractions du monde arabe. La déclaration de Koweït est un message d'espoir pour que, peut-être après la Conférence de Doha, il y ait un mouvement commun et une possibilité d'une réconciliation palestinienne.
Nous avons évoqué la situation en Irak, les relations avec l'Iran. Nous avons, également, parlé du Soudan. Au début de notre conversation, nous avons échangé sur la crise économique et l'attitude commune à mener, de l'attitude que le Royaume d'Arabie Saoudite voulait avoir au G20, à la réunion de Londres le 2 avril prochain.
Le Roi a souligné que, même si l'Arabie Saoudite, les banques saoudiennes n'avaient pas été touchées, la crise était, évidemment, présente ici aussi, et elle l'était encore plus présente à travers le monde. Le Roi souhaite, comme nous le souhaitons, une régulation de la finance internationale.
Sur tous ces sujets, nous étions en accord, la France et l'Arabie Saoudite, à l'exception peut-être de l'Irak où nous pensons que des progrès ont été accomplis.
Q - Après vos entretiens et puisque la France et l'Arabie Saoudite vont participer au Sommet du G20, les deux pays se sont-ils mis d'accord sur un plan commun particulier pour lutter contre la crise mondiale ?
R - Nous sommes d'accord sur l'essentiel, nous sommes d'accord sur la nécessité de la régulation, c'est-à-dire que les banques aient les mêmes règles, les mêmes règles comptables. Pourra-t-on le faire au G20 ? Cela prendra un certain temps car c'est difficile.
Mais, nous sommes d'accord sur ce sujet, nous sommes d'accord sur la question des paradis fiscaux. Nous sommes également d'accord pour qu'il y ait des agences de notation qui soient un peu plus encadrées et, le Roi l'a dit, nous sommes d'accord sur la participation - nous ne nous sommes pas entendu sur le chiffre exact - mais à peu près le doublement de la participation de chacun au Fonds Monétaire international.
J'ai rappelé à Sa Majesté que la réunion des vingt-sept pays à Bruxelles il y a deux jours, durant le Conseil européen, avaient unanimement été dans ce sens. Le Roi a appelé de ses voeux une collaboration plus étroite entre des pays tels que les vingt-sept pays européens, l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis d'Amérique.
La discussion est encore ouverte et elle sera, sans doute, difficile à Londres.
Q - Au-delà de la crise économique, avez-vous parlé de la situation même en Arabie Saoudite et de la volonté du Roi de réformer la société ? Si oui, comment avez-vous senti sa volonté et cet effort d'imposer de la paix vers le bas des réformes ?
R - Sa volonté est forte et la société saoudienne s'est déjà transformée. Nous l'avons clairement constaté au déjeuner à propos des droits de l'Homme notamment, c'est une volonté du Roi que la Commission des droits de l'Homme soit efficace.
Je ne suis pas venu ici comme un donneur de leçons, mais j'ai écouté avec beaucoup d'intérêts la discussion autour de la table, discussion entre les femmes et les hommes saoudiens. Je fais la différence, bien que certains hommes courageux se soient prononcés pour les revendications des femmes. Manifestement, il y a beaucoup de changements.
Sur la société elle-même, je crois que la participation de l'Arabie Saoudite à l'ensemble de la région est plus grande. Elle est plus réaliste, elle est plus nuancée, le Roi l'a dit plusieurs fois, elle s'implique de meilleure façon, je le crois.
L'initiative arabe de paix, c'est tout de même quelque chose et nous l'avons retrouvée en toute fin de ces négociations qui ne sont pas terminées, avant la crise de Gaza.
La volonté du Roi qu'il y ait un Etat palestinien auquel nous aspirons tous, vivant en paix et en sécurité avec Israël, est très forte.
J'étais venu une fois de plus pour dire au Roi que notre volonté d'ouverture vers la Syrie, volonté que nous avions expliquée, - le président Sarkozy l'a plusieurs fois expliqué au Roi, je lui ai répété - n'entame en rien notre fraternité avec les personnes que nous avons rencontrées.
Permettez-moi une petite ingérence, très timide et très polie, je me suis retrouvée entre deux femmes : l'une était médecin, l'autre était professeur de journalisme. Elles sont tout à fait autorisées à faire de la chirurgie ainsi qu'à enseigner en Arabie Saoudite, mais, elles ne sont pas autorisées à conduire une voiture. Je trouve cela bizarre.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2009
J'ai été reçu de façon formidable, très cordialement et tous nos entretiens ont été très clairs et très efficaces.
J'ai tout d'abord eu un entretien avec le Prince Muqrin. J'ai également eu un entretien avec le ministre du Commerce et de l'Industrie, M. Abdallah Zeinal Ali Reza et avec le vice-ministre de l'Intérieur, Prince Mohammad ben Nayef ben Abdel Aziz. Cet après-midi, j'ai eu un très long, très intéressant et très cordial entretien avec le Roi.
Grâce à l'accueil de l'ambassadeur de France, nous avons déjeuné avec des personnalités très intéressantes : Mme Yasmine Tuweidjri, qui est médecin ; Mme Noura Joumaih, membre de l'Association nationale des droits de l'Homme et journaliste ; Mme Lama Suleiman, première femme élue en Arabie Saoudite à une chambre de Commerce et de l'Industrie - félicitation Mesdames, il était temps ; M. Mohamed Zulfa, membre du Conseil consultatif ; M. Kamel Al Munajjed qui est président du Conseil d'affaires franco-saoudien ; le Docteur Bandar Bin Mohammed Al Iban, président de la Commission des droits de l'Homme. J'étais accompagné du président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement français, M. Poniatowski, qui est ici et que je remercie de m'avoir accompagné.
Je suis vraiment très heureux. Je voulais, s'il était nécessaire, prouver une fois de plus que nous sommes très proches de nos amis saoudiens et que la France et l'Arabie Saoudite sont des amis stratégiques, des amis culturels, des amis de coeur et, également, des amis en termes de relations bilatérales, commerciales et industrielles.
Q - Quelle est la position de la France concernant le mandat d'arrêt contre le président Bachir ? Par ailleurs, le président Obama s'est adressé au peuple iranien, y a-t-il eu un changement dans l'attitude américaine ?
R - La France est parmi les fondateurs de la Cour pénale internationale. Nous sommes partisans de la justice internationale. Nous sommes également partisans des Cours spéciales : la Cour spéciale contre les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie ; la Cour spéciale contre le génocide au Rwanda. Je dois également rappeler - enfin, c'est trop tard pour cela - l'enquête internationale pour retrouver les assassins du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Nous sommes donc partisans de cette justice internationale qui, il est vrai, vient toujours trop tard. Il faudrait prévenir les crimes, il ne faudrait pas simplement les punir. Mais il faut rechercher les responsables et, éventuellement, les punir au niveau de la communauté internationale. Il s'agit là d'un progrès des droits de l'Homme et de cette justice que nous appelons tous de nos voeux.
Cela fait plus de trois années que la communauté internationale s'indigne des crimes commis au Darfour. Depuis que je suis ministre des Affaires étrangères, depuis près de deux ans, nous avons commencé au Quai d'Orsay à conduire la première réunion sur le Darfour. Qu'avons-nous obtenu ? Rien.
La communauté internationale s'est occupé des réfugiés - pas assez mais tout de même beaucoup. Il y a plus de deux millions de personnes déplacées et il y a - on ne le sait pas exactement - plus de 300.000 morts.
La justice internationale est indépendante. Les juges ont prononcé un mandat d'amener contre le président Bachir, responsable, selon la justice, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
La France a tout essayé. J'ai rencontré le président Bachir, le président Sarkozy l'a rencontré deux fois. Nous lui avons demandé de faire un geste et de nous montrer sa bonne volonté pour que justice se fasse et que les crimes cessent, car les crimes continuent.
Voilà ma réponse : nous sommes des partisans de la justice internationale. Nous espérons que, très vite, les victimes cesseront d'être aussi nombreuses au Darfour et que la paix reviendra. A ce propos, en sortant de l'entretien avec le Roi, nous avons rencontré les responsables soudanais qui étaient là et que je connais très bien.
Concernant l'Iran, nous sommes partisans du dialogue. La France s'est toujours prononcée pour le dialogue, même lorsque nous avons voté pour des sanctions au Conseil de sécurité des Nations unies. Sanctions et dialogue, dialogue et sanctions : il s'agit en fait d'une même politique avec deux axes.
Nous avons dialogué avec les Iraniens. J'ai dialogué avec beaucoup de représentants iraniens importants et avec mon collègue, M. Mottaki, pas moins de 13 fois, presque chaque semaine. Pour quel résultat, aucun. Nous entretenons certes des relations, mais avec quel résultat : aucun.
Je vous rappelle qu'il y a deux axes principaux de réflexion.
Premièrement, l'éventuel danger nucléaire militaire alors que, bien sûr, nous sommes tout à fait partisans que l'Iran ait un pouvoir nucléaire civil. Nous sommes prêts à les aider dans ce sens. Je le répète, les Iraniens ont droit au nucléaire civil.
Pour le reste, c'est une question politique, ils ont le droit de participer au règlement des problèmes politiques du monde. Ils y participent largement, aussi bien d'un côté, vers l'Afghanistan, que de l'autre, vers le Moyen-Orient. Ils occupent dans la région une place très importante, aussi bien du point historique que géographique et culturel. C'est un grand peuple, un grand pays, il est donc tout à fait normal d'entretenir des relations avec eux.
Pour les deux raisons, nous approuvons la démarche du président américain, M. Obama.
Q - Quelle a été la teneur du message que vous avez transmis au Roi ? La deuxième question concerne la justice internationale, la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Bachir, mais il y a de nombreux crimes qui sont perpétrés de par le monde notamment ceux qui sont commis en Israël et ceux qui ont été commis récemment à Gaza, pourquoi la justice n'a pas pris en compte cette question-là et quelle est la position de la France à ce sujet ?
R - Vous savez, ce sont les Etats et les organisations qui peuvent saisir la Cour internationale, c'est en train d'être fait. Je crois qu'il y aura une enquête de l'ONU sur le bombardement d'un entrepôt de l'UNRWA à Gaza. Je crois que certaines organisations non gouvernementales, en particulier des organisations israéliennes de défense des droits de l'Homme sont en train de saisir la Cour.
Concernant la CPI, je vous rappelle que parmi les trois juges, qui ont décidé de ce mandat d'amener contre le président Bachir, il y a un juge africain, une femme de nationalité ghanéenne. Je vous rappelle également que trente deux pays africains ont signé ou participé à la création de la Cour pénale internationale.
A propos de la teneur du message transmis au Roi. Le président Sarkozy a délivré un message à travers une lettre que j'ai adressée au Roi il y a deux semaines. De mon côté, je peux vous dire de quoi j'ai parlé avec le Roi. Le message du Roi était un message de fraternité, de respect et de collaboration entre nos deux pays. Avec le Roi, nous avons parlé de sa déclaration de Koweït, qui est une excellente déclaration. Nous avons abordé la question de la situation au Moyen-Orient, de la réconciliation palestinienne et des problèmes qui continuent d'opposer deux fractions du monde arabe. La déclaration de Koweït est un message d'espoir pour que, peut-être après la Conférence de Doha, il y ait un mouvement commun et une possibilité d'une réconciliation palestinienne.
Nous avons évoqué la situation en Irak, les relations avec l'Iran. Nous avons, également, parlé du Soudan. Au début de notre conversation, nous avons échangé sur la crise économique et l'attitude commune à mener, de l'attitude que le Royaume d'Arabie Saoudite voulait avoir au G20, à la réunion de Londres le 2 avril prochain.
Le Roi a souligné que, même si l'Arabie Saoudite, les banques saoudiennes n'avaient pas été touchées, la crise était, évidemment, présente ici aussi, et elle l'était encore plus présente à travers le monde. Le Roi souhaite, comme nous le souhaitons, une régulation de la finance internationale.
Sur tous ces sujets, nous étions en accord, la France et l'Arabie Saoudite, à l'exception peut-être de l'Irak où nous pensons que des progrès ont été accomplis.
Q - Après vos entretiens et puisque la France et l'Arabie Saoudite vont participer au Sommet du G20, les deux pays se sont-ils mis d'accord sur un plan commun particulier pour lutter contre la crise mondiale ?
R - Nous sommes d'accord sur l'essentiel, nous sommes d'accord sur la nécessité de la régulation, c'est-à-dire que les banques aient les mêmes règles, les mêmes règles comptables. Pourra-t-on le faire au G20 ? Cela prendra un certain temps car c'est difficile.
Mais, nous sommes d'accord sur ce sujet, nous sommes d'accord sur la question des paradis fiscaux. Nous sommes également d'accord pour qu'il y ait des agences de notation qui soient un peu plus encadrées et, le Roi l'a dit, nous sommes d'accord sur la participation - nous ne nous sommes pas entendu sur le chiffre exact - mais à peu près le doublement de la participation de chacun au Fonds Monétaire international.
J'ai rappelé à Sa Majesté que la réunion des vingt-sept pays à Bruxelles il y a deux jours, durant le Conseil européen, avaient unanimement été dans ce sens. Le Roi a appelé de ses voeux une collaboration plus étroite entre des pays tels que les vingt-sept pays européens, l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis d'Amérique.
La discussion est encore ouverte et elle sera, sans doute, difficile à Londres.
Q - Au-delà de la crise économique, avez-vous parlé de la situation même en Arabie Saoudite et de la volonté du Roi de réformer la société ? Si oui, comment avez-vous senti sa volonté et cet effort d'imposer de la paix vers le bas des réformes ?
R - Sa volonté est forte et la société saoudienne s'est déjà transformée. Nous l'avons clairement constaté au déjeuner à propos des droits de l'Homme notamment, c'est une volonté du Roi que la Commission des droits de l'Homme soit efficace.
Je ne suis pas venu ici comme un donneur de leçons, mais j'ai écouté avec beaucoup d'intérêts la discussion autour de la table, discussion entre les femmes et les hommes saoudiens. Je fais la différence, bien que certains hommes courageux se soient prononcés pour les revendications des femmes. Manifestement, il y a beaucoup de changements.
Sur la société elle-même, je crois que la participation de l'Arabie Saoudite à l'ensemble de la région est plus grande. Elle est plus réaliste, elle est plus nuancée, le Roi l'a dit plusieurs fois, elle s'implique de meilleure façon, je le crois.
L'initiative arabe de paix, c'est tout de même quelque chose et nous l'avons retrouvée en toute fin de ces négociations qui ne sont pas terminées, avant la crise de Gaza.
La volonté du Roi qu'il y ait un Etat palestinien auquel nous aspirons tous, vivant en paix et en sécurité avec Israël, est très forte.
J'étais venu une fois de plus pour dire au Roi que notre volonté d'ouverture vers la Syrie, volonté que nous avions expliquée, - le président Sarkozy l'a plusieurs fois expliqué au Roi, je lui ai répété - n'entame en rien notre fraternité avec les personnes que nous avons rencontrées.
Permettez-moi une petite ingérence, très timide et très polie, je me suis retrouvée entre deux femmes : l'une était médecin, l'autre était professeur de journalisme. Elles sont tout à fait autorisées à faire de la chirurgie ainsi qu'à enseigner en Arabie Saoudite, mais, elles ne sont pas autorisées à conduire une voiture. Je trouve cela bizarre.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2009