Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec M. Adel Abdel-Mehdi, vice-président irakien, sur la situation en Irak, notamment la sécurité et la réconciliation intercommunautaire, et la levée des sanctions par l'ONU, Paris le 15 avril 2009.

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Circonstance : Visite en France du vice-président irakien Adel Abdel-Mehdi, à Paris le 15 avril 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je ne vous présente pas celui qui a été l'hôte de la France pendant tant d'années et qui est maintenant notre hôte officiel comme vice-président de l'Irak, Adel Abdel-Mehdi.
Le vice-président irakien et moi-même avons été reçus par le président de la République cet après-midi dans une atmosphère cordiale. L'échange a été direct, comme souvent, et prometteur.
Ce soir avec le vice-président, nous avons évoqué la politique régionale, mais nous avons surtout écouté le vice-président Adel Abdel-Mehdi qui nous a parlé de l'Iran, des rapports entre l'Iran et l'Irak, de la nécessité de trouver un équilibre régional, ce dont la France est très partisane et ce que nous avons tenté de faire et que nous nous obstinerons à faire. Nous avons parlé de la Syrie, des relations régionales, des Palestiniens, mais aussi de l'Arabie Saoudite.
Nous avons abordé la question de la situation sécuritaire, de l'immense progrès qui a été accompli par l'Irak. Les choses s'arrangent même si elles ne sont pas définitives - Adel Abdel-Mehdi vous en parlera. Nous avons également parlé de la situation au Kurdistan, des villes d'Erbil, Mossoul, Kirkouk... Nous avons parlé de beaucoup de choses entre amis.
Je donne la parole au vice-président irakien, mais je voudrais ajouter que je suis particulièrement heureux de le recevoir ici. Ce qui, il y a quelques années nous aurait beaucoup étonné l'un et l'autre car, je le dis du fond du coeur, ce président est un militant, un militant pour les droits de l'Homme et la transformation sociale.
(...)
Q - (Concernant le gel des avoirs irakiens et la situation financière de l'Irak)
Q - (A propos du processus de réconciliation en Irak entre les communautés)
R - Je ne suis pas ministre des Finances, mais vous pouvez interroger Mme Lagarde qui vous dira qu'il n'y a absolument aucun interdit au commerce, à la réconciliation, qu'ils soient politiques mais aussi économiques, aux contacts politiques et au développement comme l'a dit le vice-président entre nos deux pays. Aucun, sauf des empêchements légaux que nous devons suivre.
Quant à votre seconde question, je suis très heureux des immenses progrès qui ont été faits pour la réconciliation, pour l'entente entre les communautés, certes entre les trois communautés majeures mais plus encore, entre toutes les communautés en Irak. Je les ai vues physiquement, j'ai reçu les blessés. J'y suis allé depuis 1975 et j'ai vu tous les conflits. Je pense que maintenant, comme l'a dit le président de la République, une sorte de miracle est en train de s'accomplir. Songez à ce que l'on pensait, à ce que l'on aurait pu continuer à penser il y a cinq ans, il y a dix ans, il y a deux ans. Ce n'est pas fini, c'est très long : les difficultés, les confrontations, les batailles, la haine c'est très long mais cela va beaucoup mieux.
Q - (Au sujet de la politique de sanctions à l'égard de l'Irak)
R - La France est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. L'Irak est encore sous le régime des sanctions. Il faudra donc certainement participer à la levée de ces sanctions ce qui est la fin de tout un processus, de tout un cheminement que le peuple irakien, que les dirigeants irakiens sont en train d'accomplir. Ce n'est pas terminé. Il faut pouvoir compter sur la France pour que tout cela reprenne un cours normal. Je ne peux pas vous donner de date, je ne peux pas vous donner les rendez-vous précis avec la communauté internationale mais nous en avons parlé, le président de la République en a parlé avec le vice-président irakien. Les Irakiens savent pouvoir compter sur nous. Ce n'est pas simple mais c'est en cours. Il y a un effort irakien, à travers notamment la réconciliation des trois communautés - les Chiites, les Sunnites, les Kurdes - mais pas seulement, aussi au niveau régional, c'est la raison pour laquelle nous en avons parlé.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 avril 2009