Texte intégral
R. Sicard.- Avant de parler du plan de relance, je voudrais qu'on revienne sur ces informations qui sont sorties sur la banque Dexia. C'est une banque qui a été sauvée de la faillite par l'Etat.
C'est exact.
Et on apprend que ses dirigeants, ses cadres, se sont versé 8 millions de bonus, que son ancien patron est parti avec 800.000 euros d'indemnités. Est-ce que tout ça ce n'est pas un petit peu choquant, sachant que c'est l'Etat qui l'a sauvée, c'est donc le contribuable qui l'a sauvée.
Oui a priori c'est choquant. On ne l'apprend pas parce que c'était déjà dans les journaux depuis plusieurs jours, Les Echos en ont parlé il y a déjà deux ou trois jours, je vous le fais observer. Mais c'est choquant sauf si ce sont des indemnités de licenciement légales et donc il faut regarder de plus près.
Mais 8 millions de bonus pour des cadres qui n'ont pas vraiment très bien réussis, c'est quand même étonnant.
En bonus, c'est inacceptable. En bonus, c'est inacceptable parce que la banque était au bord de la faillite. Mais je voudrais savoir, il faut regarder de plus près, si ce sont des indemnités de licenciement ou si ce sont des bonus. Si ce sont des bonus, ce n'est pas acceptable.
Il y a des bonus, il y a 8 millions de bonus pour les cadres, ça c'est clair !
Eh bien ce n'est pas acceptable.
Est-ce que l'Etat doit intervenir dans ce genre de situation ? L'Etat est actionnaire chez Dexia.
Oui, bien sûr, je crois que l'Etat peut intervenir dans ce genre de situation.
Est-ce qu'il devrait le faire ?
Il faut vérifier les informations, dans quelles conditions. Parfois, on est tenu par des obligations légales aussi. Il y a eu des engagements qui ont été signés, parfois on n'a pas d'autres choix. Mais je pense que les dirigeants qui viennent réclamer leur bonus alors qu'ils ont conduit leur entreprise pratiquement au bord de dépôt de bilan devraient avoir la décence, comme certains patrons d'ailleurs l'ont fait, de ne pas le demander.
Est-ce que ce genre d'affaire ne contribue pas à radicaliser le climat social.
Mais bien sûr !
...Comme on le voit depuis un certain temps ?
Moi je pense, si vous voulez, que le système capitaliste est le meilleur système pour produire de la richesse. Mais si on veut que ce système dure, il doit être moral. Et donc, le comportement des dirigeants d'entreprise ne doit pas être obsédé par la rémunération, il doit être moral aussi.
A propos de radicalisation du climat social, il y a l'affaire Continental. Vous avez dit l'autre jour qu'il y avait un repreneur sérieux, une possibilité sérieuse de reprise. L. Chatel, le porte-parole du Gouvernement, lui, a dit que c'était une simple hypothèse. Ça fait un petit peu cafouillage...
Non, c'est une hypothèse sérieuse.
Mais est-ce qu'il y a une reprise ?
C'est une hypothèse sérieuse. Mon ministère a fait l'objet d'une offre que nous sommes en train d'étudier et qui est une offre sérieuse, oui, d'un partenaire économique sérieux.
On peut connaître son nom ce matin ?
Non.
Est-ce que l'ensemble des emplois serait sauvegardé ?
Mais c'est à lui de se déclarer, c'est à lui de se déclarer parce que moi je veux préserver toutes les chances que ça marche. Je crois que le problème c'est Continental. En réalité, Continental c'est une vraie difficulté, ne souhaite pas qu'il y ait un repreneur. Ils veulent, je crois, vraiment réduire la capacité de production alors que ça marche bien. C'est très discutable leur attitude.
Et dans la reprise que vous évoquez, l'ensemble des emplois serait sauvegardé ?
C'est ce dont il faut parler justement.
Ici même, hier, P. Moscovici disait que les salariés se sentaient abandonnés par l'Etat. Est-ce que l'Etat intervient suffisamment dans ce genre de crise ?
L'Etat fait évidemment le maximum. Mais la crise économique est très forte et l'Etat ne peut pas à lui seul, évidemment, en supprimer les effets. Mais en même temps, toutes mesures qui ont été prises, toutes les mesures de soutien à l'emploi, toutes les mesures de soutien social sont vraiment très importantes.
On parlait de Continental, ce matin on apprend qu'une entreprise américaine à Toulouse, qui s'appelle Freescal, va licencier 1.000 personnes. On a l'impression que les salariés français qui travaillent pour des entreprises étrangères sont plus en danger que les autres. Est-ce que c'est vrai ça ?
Je crois que le fait d'avoir le quartier général d'une entreprise sur le territoire national est un vrai avantage pour la sauvegarde de l'emploi. Et donc, quand on explique qu'il faut, notamment aussi sur le plan fiscal, se battre pour que les quartiers généraux soient en France, il faut aussi mesurer la conséquence sociale de ça, elle est importante.
Hier, F. Fillon annonçait une très mauvaise nouvelle, il disait que le croissance serait en baisse de 2,5 % cette année. Le FMI va même plus loin, il dit - 3%. Est-ce que la relance que vous pilotez, il ne faut pas la voir maintenant à très long terme ?
Non, pas du tout. La relance, c'est un amortisseur. C'est un amortisseur de la crise. La France ne va pas à elle seule surmonter la crise mondiale. Mais en même temps, ça a des effets. Moi j'en vois d'importants, par exemple dans les très petites entreprises, le dispositif du Gouvernement, de zéro charge : si on embauche cette année, eh bien on ne paye aucune charge. 150.000 personnes en ont bénéficié. La prime à la casse, nous sommes à 100.000 et ça marche au galop ! Regardez Peugeot Sochaux, par exemple, je pense que vous l'avez vu, ils ont augmenté leur plan de travail, donc plus de travail. L'automobile connaît une petite reprise. Dans l'immobilier aussi, on a été en baisse jusqu'au mois de février, maintenant on commence, petit, mais c'est dans le bon sens, à remonter la pente. Si vous regardez la Bourse, la Bourse ce n'est que la Bourse, mais en même temps, c'est indicateur du comportement des agents économiques, ils sont optimistes. Elle ne faisait que baisser, maintenant elle remonte, en dents de scie, mais elle remonte.
Moins 2,5 de croissance, moins 3 % de croissance selon le FMI...
Vous savez, les prévisions du FMI, franchement, ça me laisse très sceptique, parce que je me souviens...
Et celles de F. Fillon ?
Parce que je me souviens... Mais je vous parle du FMI ! Celles de D. Strauss-Kahn par exemple, en mai 2008, qui nous expliquait que la crise était derrière nous, maintenant il nous explique qu'elle est devant nous. Ce n'est pas très crédible. Ils n'ont pas vu arriver la crise, je crois qu'ils ne verront pas arriver la reprise.
Alors je prends le chiffre de F. Fillon, qui dit moins 2,5 % de croissance.
Ça, parce que s'est inscrit à peu près aujourd'hui dans les statistiques.
Mais en termes d'emplois, en termes de chômage et d'emplois, ça veut dire quoi ? Cela veut dire 500.000 chômeurs de plus d'ici la fin de l'année ? Cela veut dire que le chômage va continuer à augmenter longtemps ?
Cela veut dire que le chômage, qui a démarré plus tard que la crise, va continuer après la reprise pendant un certain temps. Il y a un effet de décalage du chômage par rapport à la croissance.
Et face à cette aggravation de la récession...
Non, ce n'est pas une aggravation. Je crois que nous sommes à peu près au fond de la piscine là, et qu'on commence à remonter.
En mars, on disait moins 1,5, on dit maintenant moins 2,5. Il y a quand même une aggravation.
Mais parce que ça c'était, attendez, ça c'était des calculs de pharmaciens. Mais en fait, on voit bien que ce qui compte, en réalité, c'est la croissance. La mesure est assez difficile à prendre mais ce qui est important c'est qu'on descendait et maintenant on commence à remonter.
Mais est-ce que tout cela, ça ne justifie pas un plan de relance plus musclé, un deuxième plan de relance ?
Moi, je vais vous dire : mettons déjà en oeuvre complètement celui que nous avons lancé. Nous sommes en train d'ouvrir les chantiers ; aujourd'hui, nous en ouvrons à peu près 50 à 100 par semaine. Nous en aurons 7 à 8.000, entre les 1.000 de l'Etat, les 3 ou 4.000 des entreprises publiques - La Poste, par exemple, en fait 1.000 mais chaque entreprise publique en fait -, ceux des collectivités locales - il y en a 3 ou 4.000 -, on va avoir 7 à 8.000 chantiers qui vont tourner au quatrième trimestre de cette année. Donc laisser ça se déployer avant déjà d'imaginer la suite.
S'il n'y avait pas le plan de relance, il y aurait plus de chômage selon vous ?
Il n'y a aucun doute. Le plan de relance crée des emplois en permanence. Cela ne suffit pas, naturellement, par rapport à la crise mais c'est toujours ça de gagné. Et moi je pense qu'à la fin de l'année, le plan de relance aura créé ou sauvegardé, c'est un peu la même chose, éviter le chômage, environ 200 à 250.000 emplois. Ce n'est pas assez de mon point de vue mais c'est déjà ça.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 avril 2009
C'est exact.
Et on apprend que ses dirigeants, ses cadres, se sont versé 8 millions de bonus, que son ancien patron est parti avec 800.000 euros d'indemnités. Est-ce que tout ça ce n'est pas un petit peu choquant, sachant que c'est l'Etat qui l'a sauvée, c'est donc le contribuable qui l'a sauvée.
Oui a priori c'est choquant. On ne l'apprend pas parce que c'était déjà dans les journaux depuis plusieurs jours, Les Echos en ont parlé il y a déjà deux ou trois jours, je vous le fais observer. Mais c'est choquant sauf si ce sont des indemnités de licenciement légales et donc il faut regarder de plus près.
Mais 8 millions de bonus pour des cadres qui n'ont pas vraiment très bien réussis, c'est quand même étonnant.
En bonus, c'est inacceptable. En bonus, c'est inacceptable parce que la banque était au bord de la faillite. Mais je voudrais savoir, il faut regarder de plus près, si ce sont des indemnités de licenciement ou si ce sont des bonus. Si ce sont des bonus, ce n'est pas acceptable.
Il y a des bonus, il y a 8 millions de bonus pour les cadres, ça c'est clair !
Eh bien ce n'est pas acceptable.
Est-ce que l'Etat doit intervenir dans ce genre de situation ? L'Etat est actionnaire chez Dexia.
Oui, bien sûr, je crois que l'Etat peut intervenir dans ce genre de situation.
Est-ce qu'il devrait le faire ?
Il faut vérifier les informations, dans quelles conditions. Parfois, on est tenu par des obligations légales aussi. Il y a eu des engagements qui ont été signés, parfois on n'a pas d'autres choix. Mais je pense que les dirigeants qui viennent réclamer leur bonus alors qu'ils ont conduit leur entreprise pratiquement au bord de dépôt de bilan devraient avoir la décence, comme certains patrons d'ailleurs l'ont fait, de ne pas le demander.
Est-ce que ce genre d'affaire ne contribue pas à radicaliser le climat social.
Mais bien sûr !
...Comme on le voit depuis un certain temps ?
Moi je pense, si vous voulez, que le système capitaliste est le meilleur système pour produire de la richesse. Mais si on veut que ce système dure, il doit être moral. Et donc, le comportement des dirigeants d'entreprise ne doit pas être obsédé par la rémunération, il doit être moral aussi.
A propos de radicalisation du climat social, il y a l'affaire Continental. Vous avez dit l'autre jour qu'il y avait un repreneur sérieux, une possibilité sérieuse de reprise. L. Chatel, le porte-parole du Gouvernement, lui, a dit que c'était une simple hypothèse. Ça fait un petit peu cafouillage...
Non, c'est une hypothèse sérieuse.
Mais est-ce qu'il y a une reprise ?
C'est une hypothèse sérieuse. Mon ministère a fait l'objet d'une offre que nous sommes en train d'étudier et qui est une offre sérieuse, oui, d'un partenaire économique sérieux.
On peut connaître son nom ce matin ?
Non.
Est-ce que l'ensemble des emplois serait sauvegardé ?
Mais c'est à lui de se déclarer, c'est à lui de se déclarer parce que moi je veux préserver toutes les chances que ça marche. Je crois que le problème c'est Continental. En réalité, Continental c'est une vraie difficulté, ne souhaite pas qu'il y ait un repreneur. Ils veulent, je crois, vraiment réduire la capacité de production alors que ça marche bien. C'est très discutable leur attitude.
Et dans la reprise que vous évoquez, l'ensemble des emplois serait sauvegardé ?
C'est ce dont il faut parler justement.
Ici même, hier, P. Moscovici disait que les salariés se sentaient abandonnés par l'Etat. Est-ce que l'Etat intervient suffisamment dans ce genre de crise ?
L'Etat fait évidemment le maximum. Mais la crise économique est très forte et l'Etat ne peut pas à lui seul, évidemment, en supprimer les effets. Mais en même temps, toutes mesures qui ont été prises, toutes les mesures de soutien à l'emploi, toutes les mesures de soutien social sont vraiment très importantes.
On parlait de Continental, ce matin on apprend qu'une entreprise américaine à Toulouse, qui s'appelle Freescal, va licencier 1.000 personnes. On a l'impression que les salariés français qui travaillent pour des entreprises étrangères sont plus en danger que les autres. Est-ce que c'est vrai ça ?
Je crois que le fait d'avoir le quartier général d'une entreprise sur le territoire national est un vrai avantage pour la sauvegarde de l'emploi. Et donc, quand on explique qu'il faut, notamment aussi sur le plan fiscal, se battre pour que les quartiers généraux soient en France, il faut aussi mesurer la conséquence sociale de ça, elle est importante.
Hier, F. Fillon annonçait une très mauvaise nouvelle, il disait que le croissance serait en baisse de 2,5 % cette année. Le FMI va même plus loin, il dit - 3%. Est-ce que la relance que vous pilotez, il ne faut pas la voir maintenant à très long terme ?
Non, pas du tout. La relance, c'est un amortisseur. C'est un amortisseur de la crise. La France ne va pas à elle seule surmonter la crise mondiale. Mais en même temps, ça a des effets. Moi j'en vois d'importants, par exemple dans les très petites entreprises, le dispositif du Gouvernement, de zéro charge : si on embauche cette année, eh bien on ne paye aucune charge. 150.000 personnes en ont bénéficié. La prime à la casse, nous sommes à 100.000 et ça marche au galop ! Regardez Peugeot Sochaux, par exemple, je pense que vous l'avez vu, ils ont augmenté leur plan de travail, donc plus de travail. L'automobile connaît une petite reprise. Dans l'immobilier aussi, on a été en baisse jusqu'au mois de février, maintenant on commence, petit, mais c'est dans le bon sens, à remonter la pente. Si vous regardez la Bourse, la Bourse ce n'est que la Bourse, mais en même temps, c'est indicateur du comportement des agents économiques, ils sont optimistes. Elle ne faisait que baisser, maintenant elle remonte, en dents de scie, mais elle remonte.
Moins 2,5 de croissance, moins 3 % de croissance selon le FMI...
Vous savez, les prévisions du FMI, franchement, ça me laisse très sceptique, parce que je me souviens...
Et celles de F. Fillon ?
Parce que je me souviens... Mais je vous parle du FMI ! Celles de D. Strauss-Kahn par exemple, en mai 2008, qui nous expliquait que la crise était derrière nous, maintenant il nous explique qu'elle est devant nous. Ce n'est pas très crédible. Ils n'ont pas vu arriver la crise, je crois qu'ils ne verront pas arriver la reprise.
Alors je prends le chiffre de F. Fillon, qui dit moins 2,5 % de croissance.
Ça, parce que s'est inscrit à peu près aujourd'hui dans les statistiques.
Mais en termes d'emplois, en termes de chômage et d'emplois, ça veut dire quoi ? Cela veut dire 500.000 chômeurs de plus d'ici la fin de l'année ? Cela veut dire que le chômage va continuer à augmenter longtemps ?
Cela veut dire que le chômage, qui a démarré plus tard que la crise, va continuer après la reprise pendant un certain temps. Il y a un effet de décalage du chômage par rapport à la croissance.
Et face à cette aggravation de la récession...
Non, ce n'est pas une aggravation. Je crois que nous sommes à peu près au fond de la piscine là, et qu'on commence à remonter.
En mars, on disait moins 1,5, on dit maintenant moins 2,5. Il y a quand même une aggravation.
Mais parce que ça c'était, attendez, ça c'était des calculs de pharmaciens. Mais en fait, on voit bien que ce qui compte, en réalité, c'est la croissance. La mesure est assez difficile à prendre mais ce qui est important c'est qu'on descendait et maintenant on commence à remonter.
Mais est-ce que tout cela, ça ne justifie pas un plan de relance plus musclé, un deuxième plan de relance ?
Moi, je vais vous dire : mettons déjà en oeuvre complètement celui que nous avons lancé. Nous sommes en train d'ouvrir les chantiers ; aujourd'hui, nous en ouvrons à peu près 50 à 100 par semaine. Nous en aurons 7 à 8.000, entre les 1.000 de l'Etat, les 3 ou 4.000 des entreprises publiques - La Poste, par exemple, en fait 1.000 mais chaque entreprise publique en fait -, ceux des collectivités locales - il y en a 3 ou 4.000 -, on va avoir 7 à 8.000 chantiers qui vont tourner au quatrième trimestre de cette année. Donc laisser ça se déployer avant déjà d'imaginer la suite.
S'il n'y avait pas le plan de relance, il y aurait plus de chômage selon vous ?
Il n'y a aucun doute. Le plan de relance crée des emplois en permanence. Cela ne suffit pas, naturellement, par rapport à la crise mais c'est toujours ça de gagné. Et moi je pense qu'à la fin de l'année, le plan de relance aura créé ou sauvegardé, c'est un peu la même chose, éviter le chômage, environ 200 à 250.000 emplois. Ce n'est pas assez de mon point de vue mais c'est déjà ça.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 avril 2009