Texte intégral
C. Barbier.- Le lancement des états généraux de l'outre-mer a donc eu lieu hier, à Paris, en Métropole, et la synthèse des travaux n'aura lieu qu'en septembre avant des décisions interministérielles en octobre, c'est-à-dire trois mois plus tard que le calendrier initialement prévu. Alors, "moteur diesel", avez-vous dit, "moteur en panne" plutôt ?
Non, "moteur diesel" pour partir doucement mais pour aller loin et pour se donner un peu de temps. Qu'est-ce qu'on a voulu faire ? C'est desserrer un peu le calendrier. On s'est aperçu qu'effectivement deux mois c'était un peu juste. Nous devons faire une vraie consultation, on veut aller au fond des choses, on veut permettre que tout le monde s'exprime, partout, et pour organiser les choses bien, il fallait se donner un peu temps, donc on a desserré un peu les contraintes. On va travailler jusqu'à la fin juillet, faire la synthèse de tout ça en août, faire un compte-rendu à Paris en septembre de la synthèse des états généraux, et prendre les premières décisions en octobre.
Le LKP et d'autres collectifs constitués autour des grèves de début d'année ne participent pas à ces états généraux. Ne perdent-ils pas quand même, vos états généraux, une grande part de leur intérêt ?
Mais c'est plutôt le LKP qui perd une part de l'intérêt qu'il aurait à venir apporter ses idées. Dénoncer ce qui ne va pas c'est assez simple ; être dans la rue, être en revendication, dire "voilà le modèle que nous ne voulons plus". Mais construire le nouveau modèle ça devient plus compliqué. Je crois que tous ceux qui ne seront pas là, tous ceux qui n'apporteront pas des idées, tous ceux qui ne poseront pas sur la place publique des projets, des propositions, l'opinion publique considèrera peut-être que ce ne sont pas des constructeurs.
La porte reste ouverte ?
Bien sûr.
Et l'allongement du calendrier peut les aider à revenir ?
Un, la porte reste ouverte ; deux, si le LKP ne souhaite pas venir sous la forme des réunions officielles et par exemple apporter des contributions via Internet, on ouvre un site Internet qui s'appelle "les états généraux de l'outre-mer.fr" qui doit permettre à tout le monde, y compris à vos téléspectateurs de déposer des contributions. Si le LKP, sous forme LKP, ou si les membres du LKP disent : "j'ai une idée, j'ai un projet, j'aimerais bien me faire entendre sur tel sujet", veulent déposer des contributions, elles seront les bienvenues. Notre souci ce n'est pas de truster des états généraux officiels, c'est que remontent du terrain des centaines, des milliers de projets.
"Tout est déjà décidé par l'Etat", c'est l'argument d'E. Domota du LKP pour le boycott ?
Il faut bien qu'il justifie son absence de participation. Si tout était décidé par l'Etat, pourquoi est-ce qu'on se fatiguerait, si j'ose dire, à organiser une machine qui est celle des états généraux ? Non, justement, on veut décider avec les outre-mer, on veut poser les vrais débats, poser les vraies questions ; les vraies questions qui concerneront l'Etat et qui concerneront aussi la société, les entreprises, le monde culturel, le monde économique. Et puis à partir de là, bâtir ensemble ce nouveau modèle. Si tout était fait, on n'aurait pas besoin de mettre tant d'énergie dans les états généraux.
Pourquoi n'a-t-on pas la date du déplacement présidentiel ? Est-ce que le chef de l'Etat a peur d'être mal accueilli ?
On peut dire beaucoup de choses de N. Sarkozy. Le fait qu'il ait peur, je crois que ce n'est pas sa caractéristique. Simplement, les états généraux, il devait les ouvrir, il l'avait dit, en Guadeloupe, ça a pris un peu de temps pour démarrer, l'agenda international est celui que vous connaissez. Il a confirmé qu'il irait aux Antilles dans le cadre de ces états généraux. À quelques semaines, nous saurons à quel moment il a choisi de faire ce déplacement. Je ne suis pas sûr que ce soit la présence du Président qui soit... c'est très symbolique, c'est très important, et c'est important qu'il ait confirmé qu'il y aille, mais ce n'es pas l'absence ou la présence du Président à tel ou tel moment qui va empêcher les gens de travailler.
Est-ce qu'un tel déplacement ce ne serait pas mettre de l'huile sur le feu ?
Je ne pense pas. Je ne pense pas, parce qu'on lui dit à la fois : alors pourquoi vous ne venez pas ! Si on lui dit à la fois : il ne faut pas venir... Vous voyez que...je crois qu'il est très attendu, que les Antillais, les Martiniquais, les Guadeloupéens souhaitent que le Président vienne, que sa parole soit forte, mais qu'elle ne vienne aussi à un moment où le travail aura montré qu'il commence à porter ses fruits, et on ne nous accusera pas de vouloir tout boucler à l'avance. Je sais ce qu'on aurait dit s'il était venu au tout début. On aurait dit : voilà, le Président a fait son discours, tout est dit, il n'y a plus rien à faire, rentrez chez vous. Donc, vous voyez il n'y a pas de bonne solution.
Le Premier ministre, F. Fillon, ira-t-il, lui, quelque part, on l'annonçait à La Réunion, c'est maintenu ?
Oui, je crois que F. Fillon souhaitait se déplacer ; là aussi, l'agenda du Gouvernement, l'agenda international est très fluctuant. Mais je pense que tant F. Fillon que M. Alliot-Marie ont prévu d'aller outre-mer. Moi je retournerai d'ici quelques jours, à la mi-mai, aux Antilles, j'irai à La Réunion, il y a un travail tout à fait normal. Mais nous ne voulons pas, le Gouvernement ne souhaite pas non plus en faire les états généraux du Gouvernement, ce n'est pas une manifestation officielle, estampillée "Gouvernement", c'est les états généraux de l'outre-mer, il faut que ce soit un espace de liberté, d'intelligence collective, et que ça puisse se passer hors la présence des politiques.
Qu'allez-vous annoncer pour aider le tourisme aux Antilles, et le tourisme est-il aussi sinistré que ça ?
Je crois que le tourisme a besoin d'un coup de pouce, je crois qu'il faut faire comprendre à ceux qui nous regardent et qui nous écoutent qu'il y a des bonnes affaires à faire dans les semaines qui viennent...
Oui mais enfin, se retrouver bloqués là-bas par de nouvelles grèves !
Non, les choses vont bien, enfin je veux dire que... Vous savez, ce sont les pays des cyclones ; quand le cyclone est passé, ça souffle très fort mais dès le lendemain le soleil est revenu, et on ne s'aperçoit plus de rien.
Vous allez casser les prix, vous allez aider les gens à partir là-bas ?
Les tours operators, les agences de voyages, les compagnies aériennes se sont mobilisés ; il y aura des offres extrêmement intéressantes.
Dans trois ans, la prime de 200 euros accordée aujourd'hui retombera à 100 euros, parce que l'Etat ne paiera plus et les entreprises ne paieront pas. L'accord Bino est un marché de dupes ?
Non, parce que d'abord les entreprises, l'augmentation de salaire qui est accordée, les 100 euros d'augmentation de salaire ça c'est maintenu.
Ca, c'est une première partie. Et le complément ?
Et le complément c'est le RSA transformé en RSTA. Et le Gouvernement a dit que tant que l'économie ne permettrait pas que ça devienne du salaire nous maintiendrions ce RSTA au delà des trois ans. C'est d'ailleurs, je le dis, ce n'est pas une mesure exceptionnelle, c'est simplement le RSA qui va s'appliquer en Métropole qu'on a transformé en une mesure forfaire. Donc, c'est la même somme d'argent mais dépensée autrement.
Pour la gauche, les violences sociales des derniers jours, notamment à Continental, sont dues à l'inaction totale de N. Sarkozy, voire, dit O. Besancenot, au vocabulaire de guerre sociale utilisé par l'exécutif. Faut-il changer de communication ? Le Gouvernement n'a-t-il pas le bon logiciel ?
Je crois qu'il faut changer d'extrême gauche. Il faut avoir une extrême gauche qui ne prépare pas les élections européennes et l'entrée d'un certain nombre de ses membres au Parlement européen, et qui profite de ces conflits et du malheur de ceux qui sont frappés par la crise mondiale pour faire son nid politique, il faut dire les choses telles qu'elles sont. La crise, à écouter l'extrême gauche, on a l'impression que c'est une crise franco-française, c'est la faute du gouvernement français ! C'est une crise mondiale qui frappe toute la planète, qui met des centaines, des millions de salariés en situation difficile sur toute la planète. En France, le Gouvernement se bat, plutôt d'ailleurs mieux qu'ailleurs, aux côtés des salariés pour aider notre pays à surmonter cette crise. Est-ce que d'appeler à casser des préfectures, à détruire le matériel payé par l'impôt des Français est une solution ? Je ne le crois pas.
Quand P. Devedjian dit « il y a une piste sérieuse » et puis L. Chatel "non, non, c'est une simple hypothèse", et puis le même Devedjian, ministre de la Relance, ce matin même : "si, si, il y a une offre sérieuse sur Continental". En soufflant le chaud et le froid comme ça, l'espoir et le désespoir, on provoque les ouvriers ?
Oui, ça veut dire aussi qu'il y a beaucoup de ministres qui s'occupent de ce sujet, qui...
Dans le désordre...
C'est la vision que vous en avez... mais qui ont le souci de trouver des solutions, et que même si c'est le monde économique, même si le Gouvernement, sur l'organisation d'une entreprise internationale n'a pas un pouvoir direct, c'est bien le signe que le pouvoir à l'échelon de l'exécutif souhaite trouver partout où c'est possible les meilleures solutions pour sauver l'activité économique. Mais c'est justement en se rapprochant du Gouvernement, c'est justement en ne cassant pas les préfectures et les outils de travail du Gouvernement qu'on va y arriver, et pas en mettant en porte-à-faux ceux qui sont les premiers au combat.
Le Gouvernement nous dit : il y a des signes de reprise ; E. Woerth est presque optimiste ; F. Fillon dit "la baisse du PIB sur 2009 sera limitée". Et puis, à côté, le FMI dit : non, non, ça sera moins 3 % pour la France. Est-ce que le Gouvernement ne met pas un peu trop de rose et d'optimisme... ?
J'ai vu aussi des magazines qui disaient la même chose donc je crois qu'il faut être à la fois très prudent parce que les prévisionnistes ne nous avaient pas dit, il y a un an, qu'on aurait une crise aussi importante. Donc les prévisions sont toujours très compliquées. Il y a effectivement un certain nombre de signes qui montrent notamment que notre pays s'en sort plutôt moins mal que les autres, ce qui ne veut pas dire que ça va bien mais qu'il y a effectivement des situations bien pires ailleurs. Il faut parier sur l'idée que la confiance va revenir parce qu'une des failles de cette crise, c'est la perte de confiance. Donc si nous ne tenons pas un discours qui montre aussi ce qui va bien et si on montre toujours ce qui va mal, je crois qu'on ne retrouvera pas ce cercle vertueux de la confiance.
E. Besson se rend à Calais. C'est le grand ménage anti-clandestins qui est déclenché ?
Je crois que c'est la situation, d'abord, qui est récurrente à Calais, qui nécessite que le ministre aille sur place et qu'on trouve des solutions, où l'on mêle à la fois l'humanitaire mais aussi le respect des lois de notre pays. C'est compliqué de faire les deux à la fois.
L'humanitaire, c'est un nouveau centre d'accueil, c'est un nouveau Sangatte ?
Pourquoi ? Parce que chacun reconnaissait que c'était une catastrophe, que...
Et la "jungle", comme ils disent, dans les bois... !
Eh bien ce n'est pas non plus une solution. Moi, je fais confiance à E. Besson pour trouver une formule qui soit à la fois humaine, qui prenne en compte les situations... On ne peut pas laisser les gens, comme ça, dans "la jungle", dans des espaces non protégés. Mais on ne peut pas non plus dire que les lois de la République ne s'applique pas à Calais. Il faut trouver une formule, qui est une formule difficile. C'est pour ça que je suis très heureux qu'il aille sur place et que si modestement, en tant que membre du Gouvernement, je peux l'aider, je le ferai.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 avril 2009
Non, "moteur diesel" pour partir doucement mais pour aller loin et pour se donner un peu de temps. Qu'est-ce qu'on a voulu faire ? C'est desserrer un peu le calendrier. On s'est aperçu qu'effectivement deux mois c'était un peu juste. Nous devons faire une vraie consultation, on veut aller au fond des choses, on veut permettre que tout le monde s'exprime, partout, et pour organiser les choses bien, il fallait se donner un peu temps, donc on a desserré un peu les contraintes. On va travailler jusqu'à la fin juillet, faire la synthèse de tout ça en août, faire un compte-rendu à Paris en septembre de la synthèse des états généraux, et prendre les premières décisions en octobre.
Le LKP et d'autres collectifs constitués autour des grèves de début d'année ne participent pas à ces états généraux. Ne perdent-ils pas quand même, vos états généraux, une grande part de leur intérêt ?
Mais c'est plutôt le LKP qui perd une part de l'intérêt qu'il aurait à venir apporter ses idées. Dénoncer ce qui ne va pas c'est assez simple ; être dans la rue, être en revendication, dire "voilà le modèle que nous ne voulons plus". Mais construire le nouveau modèle ça devient plus compliqué. Je crois que tous ceux qui ne seront pas là, tous ceux qui n'apporteront pas des idées, tous ceux qui ne poseront pas sur la place publique des projets, des propositions, l'opinion publique considèrera peut-être que ce ne sont pas des constructeurs.
La porte reste ouverte ?
Bien sûr.
Et l'allongement du calendrier peut les aider à revenir ?
Un, la porte reste ouverte ; deux, si le LKP ne souhaite pas venir sous la forme des réunions officielles et par exemple apporter des contributions via Internet, on ouvre un site Internet qui s'appelle "les états généraux de l'outre-mer.fr" qui doit permettre à tout le monde, y compris à vos téléspectateurs de déposer des contributions. Si le LKP, sous forme LKP, ou si les membres du LKP disent : "j'ai une idée, j'ai un projet, j'aimerais bien me faire entendre sur tel sujet", veulent déposer des contributions, elles seront les bienvenues. Notre souci ce n'est pas de truster des états généraux officiels, c'est que remontent du terrain des centaines, des milliers de projets.
"Tout est déjà décidé par l'Etat", c'est l'argument d'E. Domota du LKP pour le boycott ?
Il faut bien qu'il justifie son absence de participation. Si tout était décidé par l'Etat, pourquoi est-ce qu'on se fatiguerait, si j'ose dire, à organiser une machine qui est celle des états généraux ? Non, justement, on veut décider avec les outre-mer, on veut poser les vrais débats, poser les vraies questions ; les vraies questions qui concerneront l'Etat et qui concerneront aussi la société, les entreprises, le monde culturel, le monde économique. Et puis à partir de là, bâtir ensemble ce nouveau modèle. Si tout était fait, on n'aurait pas besoin de mettre tant d'énergie dans les états généraux.
Pourquoi n'a-t-on pas la date du déplacement présidentiel ? Est-ce que le chef de l'Etat a peur d'être mal accueilli ?
On peut dire beaucoup de choses de N. Sarkozy. Le fait qu'il ait peur, je crois que ce n'est pas sa caractéristique. Simplement, les états généraux, il devait les ouvrir, il l'avait dit, en Guadeloupe, ça a pris un peu de temps pour démarrer, l'agenda international est celui que vous connaissez. Il a confirmé qu'il irait aux Antilles dans le cadre de ces états généraux. À quelques semaines, nous saurons à quel moment il a choisi de faire ce déplacement. Je ne suis pas sûr que ce soit la présence du Président qui soit... c'est très symbolique, c'est très important, et c'est important qu'il ait confirmé qu'il y aille, mais ce n'es pas l'absence ou la présence du Président à tel ou tel moment qui va empêcher les gens de travailler.
Est-ce qu'un tel déplacement ce ne serait pas mettre de l'huile sur le feu ?
Je ne pense pas. Je ne pense pas, parce qu'on lui dit à la fois : alors pourquoi vous ne venez pas ! Si on lui dit à la fois : il ne faut pas venir... Vous voyez que...je crois qu'il est très attendu, que les Antillais, les Martiniquais, les Guadeloupéens souhaitent que le Président vienne, que sa parole soit forte, mais qu'elle ne vienne aussi à un moment où le travail aura montré qu'il commence à porter ses fruits, et on ne nous accusera pas de vouloir tout boucler à l'avance. Je sais ce qu'on aurait dit s'il était venu au tout début. On aurait dit : voilà, le Président a fait son discours, tout est dit, il n'y a plus rien à faire, rentrez chez vous. Donc, vous voyez il n'y a pas de bonne solution.
Le Premier ministre, F. Fillon, ira-t-il, lui, quelque part, on l'annonçait à La Réunion, c'est maintenu ?
Oui, je crois que F. Fillon souhaitait se déplacer ; là aussi, l'agenda du Gouvernement, l'agenda international est très fluctuant. Mais je pense que tant F. Fillon que M. Alliot-Marie ont prévu d'aller outre-mer. Moi je retournerai d'ici quelques jours, à la mi-mai, aux Antilles, j'irai à La Réunion, il y a un travail tout à fait normal. Mais nous ne voulons pas, le Gouvernement ne souhaite pas non plus en faire les états généraux du Gouvernement, ce n'est pas une manifestation officielle, estampillée "Gouvernement", c'est les états généraux de l'outre-mer, il faut que ce soit un espace de liberté, d'intelligence collective, et que ça puisse se passer hors la présence des politiques.
Qu'allez-vous annoncer pour aider le tourisme aux Antilles, et le tourisme est-il aussi sinistré que ça ?
Je crois que le tourisme a besoin d'un coup de pouce, je crois qu'il faut faire comprendre à ceux qui nous regardent et qui nous écoutent qu'il y a des bonnes affaires à faire dans les semaines qui viennent...
Oui mais enfin, se retrouver bloqués là-bas par de nouvelles grèves !
Non, les choses vont bien, enfin je veux dire que... Vous savez, ce sont les pays des cyclones ; quand le cyclone est passé, ça souffle très fort mais dès le lendemain le soleil est revenu, et on ne s'aperçoit plus de rien.
Vous allez casser les prix, vous allez aider les gens à partir là-bas ?
Les tours operators, les agences de voyages, les compagnies aériennes se sont mobilisés ; il y aura des offres extrêmement intéressantes.
Dans trois ans, la prime de 200 euros accordée aujourd'hui retombera à 100 euros, parce que l'Etat ne paiera plus et les entreprises ne paieront pas. L'accord Bino est un marché de dupes ?
Non, parce que d'abord les entreprises, l'augmentation de salaire qui est accordée, les 100 euros d'augmentation de salaire ça c'est maintenu.
Ca, c'est une première partie. Et le complément ?
Et le complément c'est le RSA transformé en RSTA. Et le Gouvernement a dit que tant que l'économie ne permettrait pas que ça devienne du salaire nous maintiendrions ce RSTA au delà des trois ans. C'est d'ailleurs, je le dis, ce n'est pas une mesure exceptionnelle, c'est simplement le RSA qui va s'appliquer en Métropole qu'on a transformé en une mesure forfaire. Donc, c'est la même somme d'argent mais dépensée autrement.
Pour la gauche, les violences sociales des derniers jours, notamment à Continental, sont dues à l'inaction totale de N. Sarkozy, voire, dit O. Besancenot, au vocabulaire de guerre sociale utilisé par l'exécutif. Faut-il changer de communication ? Le Gouvernement n'a-t-il pas le bon logiciel ?
Je crois qu'il faut changer d'extrême gauche. Il faut avoir une extrême gauche qui ne prépare pas les élections européennes et l'entrée d'un certain nombre de ses membres au Parlement européen, et qui profite de ces conflits et du malheur de ceux qui sont frappés par la crise mondiale pour faire son nid politique, il faut dire les choses telles qu'elles sont. La crise, à écouter l'extrême gauche, on a l'impression que c'est une crise franco-française, c'est la faute du gouvernement français ! C'est une crise mondiale qui frappe toute la planète, qui met des centaines, des millions de salariés en situation difficile sur toute la planète. En France, le Gouvernement se bat, plutôt d'ailleurs mieux qu'ailleurs, aux côtés des salariés pour aider notre pays à surmonter cette crise. Est-ce que d'appeler à casser des préfectures, à détruire le matériel payé par l'impôt des Français est une solution ? Je ne le crois pas.
Quand P. Devedjian dit « il y a une piste sérieuse » et puis L. Chatel "non, non, c'est une simple hypothèse", et puis le même Devedjian, ministre de la Relance, ce matin même : "si, si, il y a une offre sérieuse sur Continental". En soufflant le chaud et le froid comme ça, l'espoir et le désespoir, on provoque les ouvriers ?
Oui, ça veut dire aussi qu'il y a beaucoup de ministres qui s'occupent de ce sujet, qui...
Dans le désordre...
C'est la vision que vous en avez... mais qui ont le souci de trouver des solutions, et que même si c'est le monde économique, même si le Gouvernement, sur l'organisation d'une entreprise internationale n'a pas un pouvoir direct, c'est bien le signe que le pouvoir à l'échelon de l'exécutif souhaite trouver partout où c'est possible les meilleures solutions pour sauver l'activité économique. Mais c'est justement en se rapprochant du Gouvernement, c'est justement en ne cassant pas les préfectures et les outils de travail du Gouvernement qu'on va y arriver, et pas en mettant en porte-à-faux ceux qui sont les premiers au combat.
Le Gouvernement nous dit : il y a des signes de reprise ; E. Woerth est presque optimiste ; F. Fillon dit "la baisse du PIB sur 2009 sera limitée". Et puis, à côté, le FMI dit : non, non, ça sera moins 3 % pour la France. Est-ce que le Gouvernement ne met pas un peu trop de rose et d'optimisme... ?
J'ai vu aussi des magazines qui disaient la même chose donc je crois qu'il faut être à la fois très prudent parce que les prévisionnistes ne nous avaient pas dit, il y a un an, qu'on aurait une crise aussi importante. Donc les prévisions sont toujours très compliquées. Il y a effectivement un certain nombre de signes qui montrent notamment que notre pays s'en sort plutôt moins mal que les autres, ce qui ne veut pas dire que ça va bien mais qu'il y a effectivement des situations bien pires ailleurs. Il faut parier sur l'idée que la confiance va revenir parce qu'une des failles de cette crise, c'est la perte de confiance. Donc si nous ne tenons pas un discours qui montre aussi ce qui va bien et si on montre toujours ce qui va mal, je crois qu'on ne retrouvera pas ce cercle vertueux de la confiance.
E. Besson se rend à Calais. C'est le grand ménage anti-clandestins qui est déclenché ?
Je crois que c'est la situation, d'abord, qui est récurrente à Calais, qui nécessite que le ministre aille sur place et qu'on trouve des solutions, où l'on mêle à la fois l'humanitaire mais aussi le respect des lois de notre pays. C'est compliqué de faire les deux à la fois.
L'humanitaire, c'est un nouveau centre d'accueil, c'est un nouveau Sangatte ?
Pourquoi ? Parce que chacun reconnaissait que c'était une catastrophe, que...
Et la "jungle", comme ils disent, dans les bois... !
Eh bien ce n'est pas non plus une solution. Moi, je fais confiance à E. Besson pour trouver une formule qui soit à la fois humaine, qui prenne en compte les situations... On ne peut pas laisser les gens, comme ça, dans "la jungle", dans des espaces non protégés. Mais on ne peut pas non plus dire que les lois de la République ne s'applique pas à Calais. Il faut trouver une formule, qui est une formule difficile. C'est pour ça que je suis très heureux qu'il aille sur place et que si modestement, en tant que membre du Gouvernement, je peux l'aider, je le ferai.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 avril 2009