Interview de Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'industrie et à la consommation, porte-parole du gouvernement, dans "Le Parisien" le 26 avril 2009, sur l'intervention de l'Etat dans le devenir d'entreprises en difficulté (Heuliez, Caterpillar).

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Que comptez-vous faire sur le dossier Heuliez ?
Luc Chatel. Je recevrai les représentants du personnel au plus vite pour les tenir informés. Si l'administrateur judiciaire confirme le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), l'Etat mettra en oeuvre un contrat de transition professionnelle (CTP) qui consiste à prendre en charge pendant un an 100 % de la rémunération des personnes concernées par ces licenciements. Période pendant laquelle nous mettrons en place des mesures d'accompagnement ou de formation. Parallèlement, nous continuons le tour de table pour trouver des repreneurs sur les parties électrique et traditionnelle d'Heuliez.
Qui sont-ils ?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais nous avons des contacts avancés avec des partenaires industriels et financiers.
Les salariés de Molex, Caterpillar ou Continental, concernés par des plans sociaux, pourront-ils profiter de ce CTP ?
Ces groupes ont plus de 1 000 salariés, ils ne peuvent donc être concernés. Les entreprises de cette taille qui mènent des restructurations ont des obligations en termes d'accompagnement social et de revitalisation auxquelles elles ne peuvent se soustraire que si elles sont en procédure collective. Par ailleurs, nous poursuivons la médiation. Sur le dossier Continental, nous rencontrerons mercredi à Bercy les représentants de la direction et des salariés.
L'Etat s'investit, mais parfois sans résultat. A Caterpillar la situation s'enlise...
L'usine n'est plus bloquée et le travail a repris. Nous avons proposé une solution de sortie de crise validée par les délégués du personnel et la direction. Je regrette qu'une minorité refuse encore un vote démocratique de tous les salariés.
La direction de Caterpillar a assigné en justice le comité d'entreprise pour faire passer son plan de sauvegarde. Est-ce la voie à suivre ?
Rien ne remplace le dialogue social. Mais il arrive parfois que certains groupes internationaux connaissent mal notre droit social et que, de l'autre côté, il y ait des dérapages de quelques ultras qui choisissent de déborder leurs représentants du personnel.
Francois Fillon a promis « des poursuites judiciaires » à l'encontre des salariés de Continental qui ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne. Le risque n'est-il pas de mettre de l'huile sur le feu ?
Le rôle du gouvernement est de condamner et de sanctionner avec la plus grande fermeté ces violences. Le saccage d'une sous-préfecture est un acte antirépublicain. En même temps nous faisons tout pour renouer le dialogue social et trouver une sortie de conflit.
Qu'en est-il de MAG, l'énigmatique repreneur basé à Dubaï ?
Nous explorons cette hypothèse, mais tant que rien n'est conclu nous ne devons pas donner de faux espoirs aux salariés. Il sera reçu début mai. C'est une piste parmi d'autres.
Face à la radicalisation des conflits, ne craignez-vous pas que les entreprises étrangères hésitent à venir s'installer en France ?
J'ai de réelles inquiétudes, même si la France reste un pays attractif qui offre de réelles compétences.
Source http://www.porte-parole.gouv.fr, le 10 juin 2009