Texte intégral
L'accès de tous à tout constitue, avec la compensation des conséquences du handicap, l'un des deux piliers fondamentaux de la loi du 11 février 2005. Avec cette loi, la France s'est fixé un objectif extrêmement ambitieux : rendre l'ensemble de ses bâtiments et transports publics accessible d'ici 2015. Or, 2015, c'est loin pour les personnes handicapées mais c'est demain pour les propriétaires.
Tenir ces délais est pour moi - et pour tout le Gouvernement - une priorité et c'est la raison pour laquelle je suis particulièrement heureuse d'avoir pu répondre à l'invitation de M. Guillaume Pépy, Président de la SNCF, et de Mme Mireille Faugère, Directrice déléguée et présidente du conseil consultatif des personnes handicapées de la SNCF, de venir inaugurer aujourd'hui ce « train laboratoire de l'accessibilité ».
La démarche engagée par la SNCF à travers cette opération est pour moi tout à fait exemplaire. Car au-delà de ce que la SNCF en attend pour elle-même, je crois fermement que cette opération peut être un puissant vecteur de changement de regard sur le handicap et sur l'accessibilité.
Pour la plupart des gens, l'accessibilité est un sujet technique et complexe, une contrainte imposée à tous pour le bénéfice d'une minorité. Or, avec le train laboratoire, vous faites sortir la question de l'accessibilité du domaine des techniciens pour entrer dans celui du quotidien.
Quotidien des personnes handicapées, d'abord, en considérant que les spécialistes, les architectes, les designers ne sauraient concevoir seuls les équipements qui faciliteront demain la vie des personnes handicapées : ainsi, les équipements testés sont le résultat d'un premier et long travail de concertation, à travers notamment le conseil consultatif des usagers handicapés de la SNCF.
Quotidien de tous les voyageurs, ensuite, qu'ils soient handicapés ou non : tous peuvent donner leur avis sur les équipements de ce train du futur et, ce faisant, l'accessibilité devient une des facettes du développement durable, une façon d'améliorer le confort d'usage pour tous.
La SNCF n'en est pas à son coup d'essai en la matière, puisque ce train laboratoire fait suite à l'opération « Gare laboratoire » qui avait été inaugurée en son temps, en 2006, par Jacques Chirac, alors Président de la République.
Cette opération est importante pour la SNCF : quand on sait qu'une rame de TGV peut circuler pendant 40 ans, il ne s'agit pas de se tromper dans les équipements développés !
Elle va également permettre de changer de braquet en matière d'accessibilité des rames, en augmentant le nombre de personnes handicapées pouvant être transportées dans chaque rame et en prenant en compte d'autres formes de handicap que le handicap moteur.
Elle va enfin permettre des changements rapides : c'est en effet dès fin 2009 que les nouvelles rames et les rames rénovées seront équipées en fonction des résultats des équipements testés à partir d'aujourd'hui.
La possibilité de se déplacer comme tout le monde, c'est ce que les personnes handicapées attendent des pouvoirs publics et de l'ensemble des opérateurs du transport public. C'est un chantier de longue haleine : pour le seul transport ferroviaire, ce sont plus de 3000 gares et des centaines de rames qu'il faut rendre accessibles. Pour être au rendez-vous de nos engagements en 2015, il est indispensable de programmer l'effort.
C'est ce à quoi la SNCF s'est attachée, en adoptant dès février 2008 son schéma directeur d'accessibilité. Pour cela, elle a anticipé sur les délais prévus par la loi : elle a ainsi réalisé avant 2008 les diagnostics d'accessibilité des gares, là où la loi posait un butoir en janvier 2011.
L'adoption de ce schéma directeur s'est accompagné de la définition de moyens importants pour la réalisation des travaux : 500 Meuros seront mobilisés d'ici 2015 sur les fonds propres de la SNCF pour mettre en accessibilité les 418 gares du réseau national, auxquels s'ajouteront les cofinancements d'autres autorités organisatrices de transport, au premier rang desquelles les régions. Et cette politique porte d'ores et déjà ses fruits : en 2009, ce sont 48 gares qui seront mises en accessibilité.
Vous l'aurez compris, l'accessibilité est pour moi à la fois une priorité et un véritable projet de société. C'est pourquoi, depuis mon arrivée au Gouvernement, j'ai veillé à ce que les engagements pris en matière d'accessibilité soient tenus :
- Nous avions annoncé un resserrement du calendrier des diagnostics d'accessibilité : c'est chose faite. Les établissements recevant du public les plus importants devront avoir été diagnostiqué d'ici la fin de cette année, au lieu d'attendre 2011.
- Nous avons voulu renforcer la formation à l'accessibilité : c'est également chose faite. Le référentiel applicable à toutes les formations, initiales et continues, concernées a été publié en janvier 2009 ;
- Nous avons voulu rendre le téléphone accessible pour les personnes sourdes : c'est en bonne voie. Le comité de pilotage du premier centre relais téléphonique a été installé en janvier et il produira un cahier des charges d'ici l'été.
Par ailleurs, le chantier de l'accessibilité doit être accompagné pour que l'objectif soit tenu. C'est la raison pour laquelle le Plan de relance annoncé par le Président de la République comporte un important volet « accessibilité » : en matière de transport ferroviaire, il va permettre de doubler en 2009 le nombre de gares rendues accessible par rapport à la programmation initiale.
Enfin, le chantier de l'accessibilité doit enfin être piloté : et c'est la raison pour laquelle, comme Brice Hortefeux l'avait annoncé en janvier, des travaux préparatoires ont été lancés pour l'installation d'un « Observatoire de l'accessibilité », chargé de suivre les progrès de ce chantier, dans tous les domaines, et en lien avec les représentants associatifs et ceux des collectivités locales.
Mesdames, Messieurs, L'accessibilité totale, c'est dans 5 ans et demi !
Avec l'ensemble du Gouvernement, nous serons vigilants par rapport au respect de ce rendez-vous.
C'est la raison pour laquelle j'étais allée en janvier me rendre compte à la RATP des progrès réalisés. C'est également la raison de ma présence à la SNCF aujourd'hui. Et j'ai l'intention de continuer à aller rencontrer l'ensemble des grands services publics pour continuer à mobiliser tous les responsables de ce grand chantier.
Car la date de 2015 n'est pas importante uniquement parce que la loi l'a fixée ; elle l'est parce que les personnes handicapées attendent depuis trop longtemps qu'on leur donne les moyens de participer pleinement à la vie de la cité.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 25 mai 2009