Déclaration de M. William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs, sur la politique agricole commune et l'installation des jeunes agriculteurs, Saint-Flour le 9 juin 2009.

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Circonstance : Congrès de Jeunes Agriculteurs à Saint-Flour du 9 au 11 juin 2009

Texte intégral


On y est ! Comme l'a dit un ancien Président de la République, « c'est beau, mais c'est loin ! », c'est loin, même pour moi le gersois ! Mais, quelle belle ville trouvons-nous à l'arrivée ! Saint-Flour, capitale historique de la Haute-Auvergne.
Je voudrais d'ailleurs saluer la présence de monsieur Pierre Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour qui nous fait l'honneur de nous accueillir dans sa jolie ville.
Je voudrais également saluer la présence de monsieur René Souchon, président du conseil régional d'Auvergne, et de monsieur Vincent Descoeur, député et président du conseil général du Cantal.
Merci à vos collectivités d'être partenaires de ce congrès ! Mais je sais bien que c'était un devoir pour tous que de soutenir les jeunes, en toutes circonstances !
Je voudrais enfin saluer ceux sans qui ce congrès n'aurait pu avoir lieu, je veux bien sûr parler de l'équipe des Jeunes Agriculteurs du Cantal. Vous avez mis une grande partie de vos forces dans ce beau projet.
Julien Fau, président des Jeunes Agriculteurs, Virginie Chalvet, présidente du comité d'organisation, l'équipe administrative, Gilles Amat, le local de l'étape du Bureau national, tous les bénévoles qui vous ont entouré pendant ces longs mois de travail, je vous adresse un grand merci au nom du conseil d'administration de Jeunes Agriculteurs.
Vous méritez largement nos sincères applaudissements !
Je voudrais souhaiter la bienvenue à vous tous, jeunes agriculteurs, délégués et accompagnateurs, de métropole et des DOM, qui formez ce congrès.
Je voudrais saluer la formidable solidarité déployée pour nos amis aquitains après le passage de la tempête Klaus l'hiver dernier. Merci pour votre véritable élan de générosité en faveur de ceux qui ont beaucoup perdu dans cette catastrophe naturelle.
La priorité pour la prochaine année est la sensibilisation des eurodéputés, français ou non, leur faire passer nos valeurs et convictions. N'oublions pas non plus nos parlementaires nationaux, notre prochain ministre de l'Agriculture et le futur commissaire européen.
Il s'agit d'un travail de longue haleine, un travail quotidien pour nous tous : sur le plan local, comme au national ou à l'international.
Le nouveau Parlement européen élu la semaine dernière devrait prendre une place considérable pour nous agriculteurs français et européens.
Si le traité de Lisbonne entre en vigueur, les eurodéputés pourront agir en vrai contrepouvoir face à la Commission, en pouvant modifier tous ses projets lors des discussions parlementaires.
Nous devons utiliser notre position au sein du CEJA, grâce à la vice-présidence de Julien Valentin, également administrateur national de JA. Nous comptons sur toi pour défendre au CEJA nos valeurs, convictions et programme.
La négociation du budget européen 2013-2020 sera une vraie bataille avec certains Etats-membres de l'Union Européenne. Nombreux sont ceux qui veulent voir la fin de la PAC ou la création d'une aide unique. Et l'actif dans tout ça ?
L'homme doit rester au centre de l'exploitation ? Devons-nous voir la disparition de la diversité de nos campagnes françaises ?
Soyons volontaristes, déterminés et préparons l'avenir ! Le projet de Jeunes Agriculteurs pour la PAC post-2013 doit être ambitieux et réaliste.
Mes chers amis, vous l'avez bien compris, le chemin de la nouvelle PAC est long et sinueux. Il pourrait être parsemé de nouvelles crises.
Nous en avons traversé plusieurs depuis le début de notre mandat il y a un an. La fièvre catarrhale ovine, la crise du lait, celle des fruits et légumes, des filières porcine ou viticole. Nos actions en GMS, dans les centrales d'achat, auprès des laiteries, coopératives et industriels, en région, comme à Paris, ont été utiles pour que les consommateurs comprennent qu'eux aussi sont floués par certains de ces intermédiaires.
Ceux « qui se gavent le plus » sont mis en exergue par nos actions. Il ne faut pas relâcher la pression sur les GMS. Nous demandons que la grande distribution baisse ses marges au double profit des producteurs et des consommateurs.
Le prix a diminué de 30% en un an, alors que le prix en grande surface a augmenté dans le même temps de 15% ! Où est passée la différence ?
Les actions que nous avons pu mener, du type conférence de presse dans ou devant les grandes surfaces, ont un impact positif sur l'opinion publique. Celle vis-à-vis des industriels ou de la grande distribution sont vitales pour l'avenir de nos prix.
L'observatoire des prix et des marges doit être un vrai outil de suivi et non pas uniquement une machine à rapport annuel. Les consommateurs et les agriculteurs veulent une transparence totale sur la formation des prix ! Nous ne pouvons rester passifs : nous voulons vivre de notre métier et pouvoir nous organiser. C'est notre volonté et notre ambition.
Les deux journées qui nous restent pour ce congrès vont être chargées.
Demain matin, nous examinerons le rapport moral, que vous avez déjà pu lire. Cette année, nous avons souhaité une orientation forte. La réforme générale des politiques publiques, connue aussi sous le nom de RGPP, est le prétexte pour se demander si nos instances et notre « pyramide JA » n'a pas besoin d'être dépoussiérée un petit peu.
Ce débat à huis clos nous permettra de parler de notre légitimité et donc de ces réformes possibles de notre structuration locale.
Il faudra messieurs que nous n'hésitions pas à échanger avec vos associations d'élus ou de collectivités pour que nous puissions réfléchir tous ensemble à cette réforme des collectivités locales.
Notre combat principal est bien sûr l'installation en agriculture. Vous devez être à nos côtés pour organiser l'installation, à tous les échelons territoriaux. Nous avons besoin de vous et la réciproque est vraie, surtout avec les centres de décision qui s'éloignent souvent de nos campagnes.
Nous enchaînerons avec la signature d'une charte avec Accompagnement Stratégie - Centres de Liaison des Centres Partenaires (AS CLCP) sur l'installation et la transmission en lien avec les centres de gestion, qui sont nos partenaires.
Le reste de la journée sera consacré au rapport d'orientation. Cette année, il s'intitule « Il transmet, je m'installe : investissons tous dans l'agriculture », et porte sur les enjeux de la politique d'accompagnement de l'installation des agriculteurs. C'est notre dossier phare chez Jeunes Agriculteurs.
Grâce au nouveau dispositif d'accompagnement de l'installation lancé en 2009 par Jeunes Agriculteurs, l'objectif est d'atteindre 10 000 installations en agriculture accompagnées et aidées par an. Le renouvellement des générations de paysans demande que l'on s'intéresse également à celles et ceux qui permettront aux candidats de concrétiser leur projet.
Des perspectives d'emploi, une qualité de vie, une mission dans la société. L'agriculture n'a jamais autant eu de potentiel de développement. En France l'agriculture et l'industrie agroalimentaire sont des sources d'emploi importantes et représentent 14 % de la population active.
L'entrepreneur agricole manque de visibilité dans le temps : règlementation changeante, volatilité des prix, auxquels s'ajoute la difficulté d'accès aux terres agricoles (prix et surconsommation du foncier, morcellement de la propriété agricole).
Redonner de la rentabilité et de la lisibilité aux exploitations agricoles, éviter leur démantèlement lors de la cessation d'activité, accompagner les futurs cédants et les candidats à l'installation.
Dans ce rapport 2009, nous avons proposé des pistes de travail, des instruments, des mesures pour que les futurs cédants fassent le choix de la transmission de leur outil de travail à des jeunes plutôt qu'à l'agrandissement. Voilà les thèmes développés par notre rapport d'orientation.
Jeudi matin, nous accueillerons Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, tôt dans la matinée, avis aux « couche tard ».
Dans la ligne droite du rapport d'orientation, notre table ronde, qui suivra son intervention, offrira un débat sur l'entreprise agricole autour de regards extérieurs et croisés.
Enfin, une signature de charte sera effectuée entre JA, la FNSEA, l'APCA et l'ANEFA sur la découverte professionnelle agricole dans les collèges qui permettra de communiquer unanimement sur la promotion du métier auprès de ce jeune public et assurer ainsi le renouvellement des générations en agriculture, dossier qui nous est cher et légitime.
Nous clôturerons ce congrès par une intervention d'Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités territoriales qui abordera notamment la réforme des collectivités territoriales et la place de la ruralité.
Un congrès chargé, un congrès de travail, un congrès festif, comme chaque année. Le congrès ouvre des débats qui permettront sûrement de repenser notre métier, notre organisation syndicale et notre place dans la société.
Bon congrès à vous tous.
Source http://www.cnja.com, le 10 juin 2009