Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur la réorganisation territoriale et les services déconcentrés du ministère des sports et l'intégration des directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports dans les directions territoriales de la cohésion sociale, Paris le 1er juillet 2009.

Prononcé le 1er juillet 2009

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion devant les directeurs régionaux et départementaux des services déconcentrés de la jeunesse et des sports à Paris le 1er juillet 2009

Texte intégral


Je me suis quelque peu invitée à votre réunion. Mais en toute humilité. Car, à peine nommée, j'ai surtout la volonté de consacrer ma première intervention, en tant que Secrétaire d'Etat aux sports, à ceux et celles sans qui l'Etat ne peut avoir de politique du sport. Je voudrais vous dire mon souhait et mon engagement à vous rencontrer et dialoguer chaque fois que l'occasion m'en est donnée. Je voudrais aussi vous dire mon profond respect et mon immense considération pour le travail quotidien, ardu, passionné que chacun d'entre vous fait vaillamment au service des sports, de son organisation et de son développement, bref au service de tous ces Français qui ont le sport en partage ; au service de la grande sportive que nous sommes.
Car, je ne conçois pas ma nouvelle fonction autrement que sous les auspices d'une approche humaine, d'une démarche de proximité, d'un souci permanent de dialogue. En particulier avec vous, représentants des services déconcentrés, autrement dit des prolongements concrets de l'Etat dans nos territoires. Et je le fais avec la pleine conscience des fortes responsabilités qui m'ont été confiées. Votre professionnalisme et vos compétences m'intéressent aussi.
Car, je revendique de ne pas être une sportive, j'entends au sens professionnel, mais une responsable politique. Ma neutralité est une opportunité car je n'appartiens à aucun clan, à aucun groupe. Je ne suis au service d'aucun intérêt particulier, mais de l'intérêt général. Je suis une responsable politique qui aura une vision politique de notre Ministère et une vision ambitieuse de ses actions. Avec un seul objectif en ligne de mire, je le répète : l'intérêt général des Français. Avec une méthode comme cible : l'humanisme dans les relations, et d'abord avec vous. Et le service de l'intérêt général tout comme l'approche humaniste du sport supposent donc le développement du sport, comme pratique, comme état d'esprit, mais aussi comme culture citoyenne, sur nos territoires régionaux et départementaux comme dans les catégories de notre population les plus défavorisées. N'attendez donc pas de moi que je sois un commentateur sportif. Ce n'est pas mon métier, et d'autres le font mieux que moi. Je suis un responsable politique, une femme de convictions et de combats. Une femme au service du public, du service public, puisque, comme vous, j'en viens.
En fait, ce que je suis venue vous dire, c'est que j'ai besoin de vous, de votre sens de l'Etat, de votre goût du service public, de votre courage et de votre ambition. Vous travaillez pour la cause du sport, au service de la France et des Français. Vous n'êtes pas des fonctionnaires comme les autres. Quand on aime le sport, on aime relever des défis. Ne soyons pas pessimistes ! Le pessimisme, c'est de l'humeur. Ce n'est pas une vertu sportive. L'optimisme, c'est de la volonté. Je suis sûre que vous en avez tous.
Et il vous en faut, il nous en faut. Les services déconcentrés du Ministère des Sports sont à l'heure de la réforme. Celle de la réorganisation territoriale. Pas la réforme pour la réforme, mais la réforme pour davantage d'efficacité et de services rendus. A cet égard, il ne suffit pas de vouloir la réforme pour la réforme. Pour paraphraser le Général de Gaulle, il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri, en criant : « réforme, réforme ! ». La réforme doit avoir un objectif, un sens et des moyens. Je voudrais à cet égard rendre hommage à mon prédécesseur, qui a engagé, conformément aux engagements du Président de la République et sous la bienveillante tutelle de Roselyne Bachelot, de profondes réformes de notre ministère.
J'ai pris immédiatement conscience, dès ma prise de fonctions, du caractère crucial de la période que vit actuellement notre administration. Je suis totalement consciente des attentes et des inquiétudes particulièrement fortes que vous-mêmes et l'ensemble de vos collaborateurs pouvez exprimer.
Je compte apporter dans les semaines à venir des réponses précises aux préoccupations légitimes qui se sont exprimées et qui s'expriment aujourd'hui, et contribuer ainsi à clarifier le rôle et les perspectives de chacun au sein de la nouvelle organisation territoriale de l'Etat.
1. Nous sommes dans une phase importante de la réforme, pour chacun de vous. Je veux que vous sachiez que vous pouvez compter sur moi pour que le caractère spécifique de vos missions soit sauvegardé.
Les personnels « jeunesse et sports » représentent près de 6 800 agents et la grande majorité d'entre eux exercent leurs missions au plus près des usagers. C'est un atout, une chance, un privilège.
Car c'est sur le terrain, dans la proximité, au contact des réalités locales, des attentes des élus locaux, des acteurs associatifs et des citoyens que l'administration de la jeunesse, de l'éducation populaire et des sports a construit une grande part de sa légitimité.
Plus que pour toute autre administration, « jeunesse et sports » et ses personnels incarnent une fonction publique de métiers. La spécificité des compétences professionnelles développées dans les services déconcentrés, mais aussi dans les établissements publics du ministère (que ce soient l'INSEP, les écoles nationales de ski et d'alpinisme, de voile et des sports nautiques, d'équitation ou les centres d'éducation populaire et de sport....) est un atout majeur.
La proximité du terrain dans leur mise en oeuvre constitue un deuxième atout majeur. Il est hors de question d'y renoncer dans cette réforme.
Comme toutes les réformes, mais peut-être à un degré supérieur aujourd'hui compte tenu de son ampleur, la réorganisation territoriale suscite des inquiétudes. Les agents peuvent redouter qu'on les oblige à des mutations forcées ou bien à changer de métier. C'est aussi vrai pour les personnels techniques et pédagogiques, les personnels d'encadrement qui craignent une dilution des spécificités de leur métier dans des structures nouvelles où ils vont coexister avec d'autres agents, d'autres missions, d'autres métiers.
C'est aussi une réforme d'ampleur qui fait reposer sur vous toute la préparation et le travail lié à l'organisation des nouveaux services.
Je me rends parfaitement compte de la difficulté du contexte dans lequel vous vous trouvez, mais, m'a-t-on dit, je peux compter sur votre professionnalisme, et, pourquoi ne pas le dire, sur votre ambition à rénover notre administration. Et vous pouvez compter sur ma compréhension, mon écoute et ma volonté de servir votre épanouissement personnel.
La réorganisation des services de l'Etat sur le terrain ne peut se réaliser sans vous, sans votre investissement personnel. Je voudrais l'assurer ici. Car, si je n'ai qu'un seul message à délivrer aujourd'hui, c'est que la réforme ne laissera personne au bord du chemin. Une attention particulière sera apportée à la situation individuelle de chacun des directeurs et des personnels d'encadrement des services déconcentrés, dans le respect des engagements pris antérieurement par la ministre de la Santé et des Sports. Ces engagements seront rapidement traduits par des actes concrets.
Je défendrai les métiers que vous exercez, et qui doivent, au sein des nouvelles structures, trouver un regain d'attractivité ; cette réforme doit être l'occasion de promouvoir et de valoriser les parcours professionnels.
La création des deux nouvelles directions d'administration : la direction des ressources humaines, dirigée par Michèle KIRRY et la direction des affaires financières, juridiques et des services confiée à François CARAYON, témoigne d'une volonté de poursuite de la professionnalisation des fonctions d'administration générale.
Les personnels techniques et pédagogiques, les inspecteurs et directeurs, les personnels administratifs ne peuvent que tirer avantage de cette professionnalisation dans une gestion qualitative des compétences de leurs carrières.
La réunion de réseaux différents dans des structures uniques, départementales ou régionales, permet à cet égard de construire des parcours et d'élargir ainsi les débouchés de carrière.
L'ouverture de perspectives nouvelles de carrières pour chacun ne sera pas synonyme de renoncement aux statuts. Mon intention est également de garantir que les statuts des personnels ne soient pas dénaturés quant à leurs missions : le sport est au coeur des dynamiques de cohésion sociale et il n'y aura pas de dilution des missions. Soyez-en assurés !
Je compte également m'appuyer sur la nouvelle organisation territoriale de l'Etat pour confirmer le rôle de l'Etat dans le sport. Il convient pour cela de poursuivre le travail d'information et d'explication de la réforme à l'égard des personnels. Car, une bonne réforme est, d'abord, une réforme expliquée.
L'intégration des directions régionales et départementales de la « jeunesse et sports » au sein des nouvelles directions territoriales de la cohésion sociale est une opportunité. En constituant un réseau plus vaste, les moyens des services seront préservés dans un contexte de réduction des coûts de fonctionnement de l'Etat, les politiques mises en oeuvre seront préservées et les possibilités d'évolution de carrière seront plus intéressantes.
Au plan régional, le choix de la dénomination de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, témoigne de l'importance des missions des secteurs « jeunesse, sports, vie associative ». L'organisation interne adoptée dans ces futures directions permettra de bien identifier les fonctions spécifiques exercées en matière de sport, avec un service dédié regroupant les personnels relevant de ce secteur, tout en confortant une approche plus large, plus interministérielle du rôle du sport. Car le sport n'a pas vocation à être un ghetto, mais à être au centre de la vie sociale, au coeur de la Cité.
Dans la nouvelle organisation territoriale, la politique sportive de l'Etat sera coordonnée et animée depuis le niveau régional, par le directeur régional de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale, assisté par les agents du « bloc sport », qui sera identifié dans chacune de ces directions régionales.
S'il s'agit bien de prendre en compte les politiques sportives dans leur spécificité et reconnaître les compétences des personnels « jeunesse et sports » dans ce domaine, il s'agit aussi faire du sport un des moyens de contribuer à la cohésion sociale, par le développement d'actions transversales coordonnées.
Pour autant, l'échelon départemental ne sera pas délaissé, car il s'agit du lieu privilégié de mise en oeuvre des politiques de l'Etat, notamment en matière sportive. Les problématiques d'organisation du sport au plan local demeurent une question centrale et il appartiendra aux directions départementales chargées de la cohésion sociale et aux agents relevant du secteur sport de poursuivre les actions entreprises.
C'est justement cette action qui donnera tout son sens à la fonction d'ingénierie sociale, dont les personnels du réseau jeunesse et sports ont été les éclaireurs et les artisans.
Le ministère chargé des sports et ses services déconcentrés ont connu depuis 2007 un ensemble de réformes sans précédent, qui sont aujourd'hui abouties ou aboutiront d'ici la fin de l'année. Décidées dans le cadre de ce mot particulier de RGPP, ils ont pour but de renforcer l'efficience de la politique publique en matière de sport, en recentrant l'action de l'Etat sur les grands enjeux auxquels nous devons faire face.
Grâce à ces réformes, nous disposons d'outils cohérents pour développer, au niveau national comme au plan territorial, les quatre domaines d'intervention prioritaires de la politique sportive :
- le développement du sport pour le plus grand nombre, en particulier en direction des publics les plus éloignés de la pratique sportive ;
- l'organisation du sport de haut niveau, afin de maintenir le rang de la France parmi les grandes nations sportives ;
- la prévention par le sport, la protection des sportifs et la lutte contre les dérives intolérables que constituent le dopage, la violence, le racisme et toutes les formes de discrimination ;
- la promotion des métiers du sport et le développement de l'emploi sportif.
Je sais que tous ces sujets sont les vôtres et constituent le fondement de votre action au quotidien. Vous ne m'avez pas attendue pour les mettre en pratique. Sachez que je fais miennes l'ensemble de ces priorités. Je me battrai pour que nous puissions, ensemble, faire progresser le sport dans toutes ses dimensions et au profit de tous de nos concitoyens, sans distinction d'âge, de genre, d'origine, de culture ou de condition sociale.
Je suis convaincue que les valeurs éducatives et sociales dont le sport est porteur ont toute leur place dans le développement d'une politique de cohésion sociale étendue à tous les groupes sociaux et à tous les territoires de la République, en métropole comme en outre-mer, dans les quartiers populaires comme dans les zones rurales en danger de désertification.
J'en veux pour preuve l'action exemplaire entreprise depuis 2006 avec le « Parcours animation sport », qui a permis de proposer à 5.400 jeunes en difficulté d'insertion une formation qualifiante et un parcours vers l'emploi, grâce au savoir faire et à la mobilisation des personnels des services déconcentrés et des établissements de la jeunesse et des sports.
Je salue également la contribution du secteur des sports à la relance de la politique des emplois aidés, décidée à l'automne dernier face à l'arrivée de la crise économique. Pour les sports, l'objectif a été atteint à hauteur de 97% et je ne suis pas sûre que beaucoup de secteurs ministériels puissent afficher un score comparable. Le sport est un vivier d'emplois.
Mais beaucoup reste à faire pour que tous les citoyens de notre pays puissent accéder à la pratique sportive.
Il est impératif de soutenir la construction et la rénovation d'équipements sportifs, en particulier dans les zones prioritaires que sont les quartiers populaires, le monde rural et l'outre-mer ; j'ai proposé dimanche dernier au Premier ministre de considérer comme prioritaire ce thème porteur d'avenir.
Il nous faut également aider le mouvement sportif à se structurer et à se professionnaliser, par la formation des responsables et des éducateurs bénévoles ou salariés, ainsi que par le développement de l'emploi sportif qualifié. Afin d'aller chercher de nouveaux pratiquants parmi nos concitoyens qui ne se tournent pas spontanément vers la pratique sportive.
Je n'oublie pas l'accompagnement du sport de haut niveau, afin de permettre aux plus talentueux de nos jeunes de vivre leur passion dans un environnement qui préserve leur santé et leur intégrité morale, et leur permette de développer un double projet de performance sportive et de réussite scolaire, universitaire ou professionnelle. Pour parvenir à un tel résultat, nous avons besoin du savoir-faire de nos établissements, de la vigilance des services déconcentrés et du professionnalisme des cadres techniques placés auprès des fédérations sportives ; je souhaite que nous poursuivions nos efforts pour progresser encore dans l'ensemble de ces domaines.
Consciente de tous ces enjeux, je veillerai à ce que le dialogue avec vous soit permanent ; je serai à l'écoute des préoccupations et des propositions des uns et des autres. J'ai déjà eu le plaisir de rencontrer et de dialoguer avec une bonne partie des services centraux du Ministère. Mon souhait est de me rendre rapidement en région pour visiter vos services. Ce serait pour moi un grand plaisir que de poursuivre ce dialogue, voire une ardente obligation. J'y vois la première condition du changement que nous allons conduire ensemble et des défis que nous allons relever ensemble.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 7 juillet 2009