Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est un plaisir d'être présente ce soir à Marseille, dans ce splendide Palais de la Bourse au sein duquel j'ai eu l'honneur de présider la conférence Euromed Commerce, il y a un an déjà.
J'ai eu l'occasion de croiser certains d'entre vous la semaine dernière à Planète PME et à l'Assemblée générale des Conseillers du commerce extérieur de la France.
Le contexte international est difficile en ce moment, en particulier pour les PME.
Vous êtes les meilleurs témoins de ce que le monde peut offrir comme opportunités. D'abord, parce que vous êtes en première ligne de l'activité sur tous les marchés dont certains, notamment dans les pays émergents, demeurent dynamiques.
Ensuite, parce que pour pouvoir profiter de la reprise partout mais sans doute d'abord hors du marché européen, il faut dès à présent accentuer l'effort de prospection.
Et au-delà même de la crise, parce que l'internationalisation de la France par ses entreprises structure l'avenir. Internationalisation, c'est-à-dire exportations bien sûr mais aussi implantations à l'étranger dont vous êtes des acteurs imminents.
Je souhaiterais dans un premier temps vous faire partager mes réflexions sur les grands enjeux.
* Protectionnisme
Les prévisions pour 2009 font malheureusement état de la plus forte baisse du commerce mondial depuis 1945, entre -9% et -10%. Au G20, les grandes puissances économiques se sont engagées à s'abstenir de toute mesure protectionniste. Le G20 a réaffirmé sa volonté de voir aboutir le cycle de Doha en parvenant rapidement à un accord ambitieux, global et équilibré. Lutter contre le protectionnisme, c'est notre intérêt, nous Français, et c'est votre intérêt, vous entreprises.
On ne rappellera jamais assez que nous sommes l'un des premiers exportateurs mondiaux, et que l'exportation représente entre 20 et 25% de nos emplois.
Nous sommes pour une concurrence loyale, saine et fondée sur la réciprocité afin de lutter contre le dumping monétaire, social ou environnemental.
* Innovation et propriété intellectuelle
L'un des principaux outils de notre commerce international en ce moment, c'est son crédit impôt recherche et les pôles de compétitivité. L'innovation va de pair avec la protection intellectuelle. Vous êtes bien placés pour le savoir.
* Développement durable
Parmi les secteurs qui peuvent porter la croissance française de demain, il y a les technologies et les services verts. On voit leur importance dans les différents plans de relance et dans les investissements de pays comme l'Inde ou la Chine. La France peut s'appuyer sur la force de son engagement politique en la matière et sur les entreprises très innovantes que j'essaye de grouper en filière.
* IDE entrants et sortants
En matière d'IDE entrants, la compétition pour attirer les investissements va être encore plus rude en ces temps de crise. Vous connaissez les partenaires locaux qui peuvent être intéressés par investir en France et vous connaissez les arguments à donner pour parler de la France.
Quant aux IDE sortants, vous en êtes en quelque sorte des représentants puisque la plupart des entreprises rassemblées par les Chambres de commerce à l'étranger sont précisément implantées, ont investi, et montent des partenariats locaux. C'est ce qui fait leur force et leur spécificité.
* Financement du commerce
Depuis que le G20 a identifié le sujet du financement du commerce, nous avons eu, avec Christine Lagarde, le souci d'être très actives sur cette question : politique de couverture de la Coface très volontariste, convention avec les banques pour le financement des exportations, multiplication par 2 au budget 2009 des crédits pour la Réserve Pays Emergents pour accompagner un certain nombre de grands projets.
Je pense aussi à la création de liens plus étroits entre le commerce extérieur et le développement, par l'intermédiaire de relations entre l'AFD et Ubifrance et la mise en valeur du travail fait par Proparco.
La semaine dernière, j'ai aussi annoncé une réforme de l'assurance prospection, avec trois objectifs : que les entreprises de taille intermédiaire puissent en bénéficier, que ça coûte moins cher et que ça aille plus vite.
Je rappelle que l'assurance prospection est depuis l'an dernier ouverte aux Français de l'Etranger. J'ai remis la première assurance prospection de ce type à l'occasion d'un déplacement en Chine.
* La jeunesse
Chacun d'entre nous doit contribuer à l'internationalisation de nos jeunes.
A court terme, il s'agit lutter contre le chômage des jeunes, et en particulier de nos jeunes diplômés. A plus long terme, il est crucial de remédier à notre handicap culturel et d'inoculer plus profondément dans la société française ce virus de l'international, que vous portez tous et qui est si important pour notre avenir.
J'ai proposé au Premier ministre un plan pour l'emploi des jeunes à l'international. Je souhaite que les Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE) entrent dans le décompte des formations en alternance pour le calcul de la taxe d'apprentissage. Ceci devrait être inscrit dans la loi de financement de la formation professionnelle. J'y vois un intérêt très fort : bien sûr, faciliter le financement des VIE ; mais au-delà, faire en sorte que les VIE ne soient pas simplement un dispositif spécifique, particulier, en quelque sorte marginal, mais qu'ils entrent bien dans la profondeur des dispositifs français, actés par les partenaires sociaux et par la loi, qui assurent les objectifs de la formation professionnelle de notre jeunesse.
J'ai également discuté cet après-midi avec Christophe Lecourtier des mesures à mettre en place pour réduire l'effort de trésorerie des entreprises embauchant un VIE.
Je souhaiterais vous redire mes espoirs en l'Equipe de France.
Faire vivre une Equipe de France était devenu un impératif incontournable.
Depuis des années, vous en parliez avec mes prédécesseurs, notamment Christine Lagarde.
Cette structuration était impérative, ne serait-ce que parce que nos concurrents sont en ordre de marche, eux, chacun avec leurs dispositifs pour accompagner les PME. Je pense notamment aux Allemands et aux Italiens.
A la suite de mes prédécesseurs, j'ai souhaité jeter les bases d'un dispositif associant les Chambres de Commerce et d'Industrie, en France et à l'étranger, à l'effort consenti par l'Etat à travers Ubifrance. L'expression de cette volonté, c'est l'accord national signé en avril 2008, associant BERCY, l'ACFCI, UBIFRANCE, et l'UCCIFE, et ses déclinaisons dans la totalité des régions métropolitaines, menées tambour battant au cours de l'année 2008.
Sur le terrain, nous constatons que depuis le début de l'année, les PME françaises n'ont jamais été aussi dynamiques à l'international. Ubifrance a enregistré une croissance de près de 30% des entreprises qui ont recouru à ses services au cours des 5 premiers mois de 2009.
Et ce sont près de 1 000 nouvelles entreprises qui ont été identifiées par les Chambres de commerce depuis le début de l'année.
Plus de 1 500 nouveaux primo exportateurs potentiels ont également été identifiés par les régions et communiqués à UBIFRANCE dans le cadre du partenariat d'avril 2008.
Je me félicite de l'entrée "officielle" des Conseillers du commerce extérieur dans cette Equipe de France, entrée que nous avons consacrée vendredi dernier à l'occasion de leur Assemblée générale.
Depuis notre dernière rencontre, peu de temps après mon arrivée au Ministère, la réforme d'Ubifrance est bien engagée, sur des bases claires.
L'Etat a souhaité balayer devant sa porte en se fixant la mission de gagner la bataille de la prospection commerciale en ouvrant largement la porte des marchés extérieurs à nos PME.
Pour ce faire, j'ai demandé aux équipes d'Ubifrance de :
- définir les segments de marché porteurs.
- d'organiser des événements collectifs (salons, missions et rencontres d'acheteurs), ou des programmes de missions individuelles.
- mobiliser l'énergie des hommes et femmes de terrain pour accompagner les entreprises dans cette "première approche", pour prendre pied sur le marché.
Dans cette étape cruciale pour l'entreprise, la subvention trouve tout son sens : elle n'a qu'un seul objectif, abaisser les dépenses liées à la prospection (voyager, exposer, rencontrer des partenaires potentiels). C'est le modèle en vigueur chez tous nos partenaires.
Faisant cela, l'Etat investit dans l'avenir en aidant nos PME à sortir de leurs territoires habituels et à poser des jalons sur des marchés souvent complexes. Nous sommes aidés en cela par la professionnalisation des Chambres de Commerce.
Le dispositif public dispose désormais :
- de moyens humains renforcés. D'ici le 1er septembre 2010, plus de 900 agents de l'Etat à l'étranger seront transférés à Ubifrance où, sous un régime de droit privé, ils auront pour unique mission d'organiser des événements commerciaux, accompagnant un nombre croissant de PME.
- des moyens financiers sans précédent ont été mis en place dans la Loi de Finances de 2009 et seront renforcés en 2010, conformément à la Convention d'objectifs et de moyens signée l'an dernier entre l'Etat et Ubifrance. Ces moyens sont destinés à prendre en charge une part plus importante, sous forme de subvention, des dépenses opérationnelles engagées par les PME dans leur effort de prospection collectif (salons, missions) ou individuel. Les CCI en France et à l'étranger, vous le savez bien, peuvent par ailleurs bénéficier de ces moyens financiers de l'Etat via la labellisation pour organiser des opérations collectives.
En échange de ces moyens nouveaux, j'ai assigné à Christophe Lecourtier des objectifs très clairs mais aussi très ambitieux :
- doubler le nombre d'entreprises emmenées chaque année sur les marchés étrangers, de 10 000 en 2008 à 20 000 en 2012.
- poursuivre le développement des VIE, pour atteindre 10 000 en 2012.
Je voudrais rendre un hommage particulier aux Chambres de commerce françaises à l'étranger.
Partout, j'ai pu constater leur action au cours de mes nombreux voyages.
Implantées en profondeur dans le tissu local, disposant de l'encadrement des communautés d'affaires, vos Chambres jouent un rôle majeur pour prendre localement le relais de l'action d'Ubifrance, au-delà de l'étape de première approche d'un marché, pour favoriser l'implantation.
Je pense par exemple :
- au suivi des missions, sans lequel l'effort de l'Agence se révèle finalement sans suite.
- à l'aide à l'implantation, la domiciliation, le portage, le conseil juridique, fiscal ou en gestion des ressources humaines.
- aux relations privilégiées qu'entretiennent les Chambres de Commerce et d'Industrie à l'étranger avec les autorités locales.
Tout ceci constitue un des maillons essentiels, qui ne sont pas dans la mission d'UBIFRANCE, et qui, au passage, pourraient être rémunérateurs en raison de leur haute valeur ajoutée.
Dans les pays où sera établi un bureau d'Ubifrance, il me paraît nécessaire de mieux coordonner l'action des Missions Economiques et celles des Chambres dans une logique de complémentarité.
J'ai en tête aussi des schémas coopératifs qui marchent au service des PME. Au Brésil, Chambres et Missions Economiques sont associées pour porter le volet économique de l'Année de la France. En Chine, elles ont récemment défini et conduit ensemble une opération exemplaire ("Travailler Ensemble") pour mettre en relation une vingtaine de grandes entreprises et cinquante PME, qui souvent s'ignorent. C'est la problématique du portage, sous la bannière "Equipe de France".
C'est également vrai en Afrique du Sud, à Singapour, à Mexico, au Caire dont je reviens : le Forum MedAllia de décembre 2009 sera organisé par Ubifrance avec le soutien de la Mission économique et la CCI française en Egypte.
Il n'y a pas une seule recette, une "vision du monde" unique qui consacrerait une répartition des tâches décidées par les Etats majors parisiens. En tant que "marraine" de l'accord du 23 avril 2008, ce que je voudrais voir, c'est qu'un coup d'accélérateur soit mis sur ces discussions au niveau local. Je ne crois pas que ce soit là un objectif inaccessible !
Les maîtres mots qui doivent guider ces discussions entre bureaux Ubifrance et les Chambre de commerce à l'étranger sont pragmatisme et cohérence, mais surtout la logique du meilleur service, le plus lisible, le plus efficace aux PME.
Dans nombre de pays, Ubifrance n'aura pas de bureaux en propre et donc de capacité à assumer directement l'accompagnement des entreprises françaises.
A l'instar de ce qui a permis sur le territoire national de vrais progrès dans l'articulation entre les CCI et les autres acteurs, il y a là matière à un accord entre les deux réseaux, sur le modèle de ce qui est actuellement en oeuvre au Maroc.
Il me paraît assez naturel que les Chambres de commerce deviennent dans ce cas les correspondants du dispositif public à l'étranger, en coopération avec les équipes parisiennes et marseillaises.
Je vous propose également d'élargir vos frontières, de gagner en influence, au sein des Chambres européennes.
Ces dernières jouent un grand rôle dans certains pays (ex : Chine) et sur certains sujets (ex : accord de libre échange entre l'Union européenne et des pays tiers). Je suis certaine qu'il y a un réel intérêt à jouer également en équipe européenne.
Voilà donc beaucoup d'attentes. Les maîtres mots qui doivent guider ces discussions entre bureaux Ubifrance et les Chambre de commerce à l'étranger sont pragmatisme et cohérence, mais surtout la logique du meilleur service, le plus lisible, le plus efficace aux PME.
Plus que jamais, l'international est un enjeu majeur pour notre reprise économique.
Je sais pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie.
http://www.exporter.gouv.fr, le 6 juillet 2009
C'est un plaisir d'être présente ce soir à Marseille, dans ce splendide Palais de la Bourse au sein duquel j'ai eu l'honneur de présider la conférence Euromed Commerce, il y a un an déjà.
J'ai eu l'occasion de croiser certains d'entre vous la semaine dernière à Planète PME et à l'Assemblée générale des Conseillers du commerce extérieur de la France.
Le contexte international est difficile en ce moment, en particulier pour les PME.
Vous êtes les meilleurs témoins de ce que le monde peut offrir comme opportunités. D'abord, parce que vous êtes en première ligne de l'activité sur tous les marchés dont certains, notamment dans les pays émergents, demeurent dynamiques.
Ensuite, parce que pour pouvoir profiter de la reprise partout mais sans doute d'abord hors du marché européen, il faut dès à présent accentuer l'effort de prospection.
Et au-delà même de la crise, parce que l'internationalisation de la France par ses entreprises structure l'avenir. Internationalisation, c'est-à-dire exportations bien sûr mais aussi implantations à l'étranger dont vous êtes des acteurs imminents.
Je souhaiterais dans un premier temps vous faire partager mes réflexions sur les grands enjeux.
* Protectionnisme
Les prévisions pour 2009 font malheureusement état de la plus forte baisse du commerce mondial depuis 1945, entre -9% et -10%. Au G20, les grandes puissances économiques se sont engagées à s'abstenir de toute mesure protectionniste. Le G20 a réaffirmé sa volonté de voir aboutir le cycle de Doha en parvenant rapidement à un accord ambitieux, global et équilibré. Lutter contre le protectionnisme, c'est notre intérêt, nous Français, et c'est votre intérêt, vous entreprises.
On ne rappellera jamais assez que nous sommes l'un des premiers exportateurs mondiaux, et que l'exportation représente entre 20 et 25% de nos emplois.
Nous sommes pour une concurrence loyale, saine et fondée sur la réciprocité afin de lutter contre le dumping monétaire, social ou environnemental.
* Innovation et propriété intellectuelle
L'un des principaux outils de notre commerce international en ce moment, c'est son crédit impôt recherche et les pôles de compétitivité. L'innovation va de pair avec la protection intellectuelle. Vous êtes bien placés pour le savoir.
* Développement durable
Parmi les secteurs qui peuvent porter la croissance française de demain, il y a les technologies et les services verts. On voit leur importance dans les différents plans de relance et dans les investissements de pays comme l'Inde ou la Chine. La France peut s'appuyer sur la force de son engagement politique en la matière et sur les entreprises très innovantes que j'essaye de grouper en filière.
* IDE entrants et sortants
En matière d'IDE entrants, la compétition pour attirer les investissements va être encore plus rude en ces temps de crise. Vous connaissez les partenaires locaux qui peuvent être intéressés par investir en France et vous connaissez les arguments à donner pour parler de la France.
Quant aux IDE sortants, vous en êtes en quelque sorte des représentants puisque la plupart des entreprises rassemblées par les Chambres de commerce à l'étranger sont précisément implantées, ont investi, et montent des partenariats locaux. C'est ce qui fait leur force et leur spécificité.
* Financement du commerce
Depuis que le G20 a identifié le sujet du financement du commerce, nous avons eu, avec Christine Lagarde, le souci d'être très actives sur cette question : politique de couverture de la Coface très volontariste, convention avec les banques pour le financement des exportations, multiplication par 2 au budget 2009 des crédits pour la Réserve Pays Emergents pour accompagner un certain nombre de grands projets.
Je pense aussi à la création de liens plus étroits entre le commerce extérieur et le développement, par l'intermédiaire de relations entre l'AFD et Ubifrance et la mise en valeur du travail fait par Proparco.
La semaine dernière, j'ai aussi annoncé une réforme de l'assurance prospection, avec trois objectifs : que les entreprises de taille intermédiaire puissent en bénéficier, que ça coûte moins cher et que ça aille plus vite.
Je rappelle que l'assurance prospection est depuis l'an dernier ouverte aux Français de l'Etranger. J'ai remis la première assurance prospection de ce type à l'occasion d'un déplacement en Chine.
* La jeunesse
Chacun d'entre nous doit contribuer à l'internationalisation de nos jeunes.
A court terme, il s'agit lutter contre le chômage des jeunes, et en particulier de nos jeunes diplômés. A plus long terme, il est crucial de remédier à notre handicap culturel et d'inoculer plus profondément dans la société française ce virus de l'international, que vous portez tous et qui est si important pour notre avenir.
J'ai proposé au Premier ministre un plan pour l'emploi des jeunes à l'international. Je souhaite que les Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE) entrent dans le décompte des formations en alternance pour le calcul de la taxe d'apprentissage. Ceci devrait être inscrit dans la loi de financement de la formation professionnelle. J'y vois un intérêt très fort : bien sûr, faciliter le financement des VIE ; mais au-delà, faire en sorte que les VIE ne soient pas simplement un dispositif spécifique, particulier, en quelque sorte marginal, mais qu'ils entrent bien dans la profondeur des dispositifs français, actés par les partenaires sociaux et par la loi, qui assurent les objectifs de la formation professionnelle de notre jeunesse.
J'ai également discuté cet après-midi avec Christophe Lecourtier des mesures à mettre en place pour réduire l'effort de trésorerie des entreprises embauchant un VIE.
Je souhaiterais vous redire mes espoirs en l'Equipe de France.
Faire vivre une Equipe de France était devenu un impératif incontournable.
Depuis des années, vous en parliez avec mes prédécesseurs, notamment Christine Lagarde.
Cette structuration était impérative, ne serait-ce que parce que nos concurrents sont en ordre de marche, eux, chacun avec leurs dispositifs pour accompagner les PME. Je pense notamment aux Allemands et aux Italiens.
A la suite de mes prédécesseurs, j'ai souhaité jeter les bases d'un dispositif associant les Chambres de Commerce et d'Industrie, en France et à l'étranger, à l'effort consenti par l'Etat à travers Ubifrance. L'expression de cette volonté, c'est l'accord national signé en avril 2008, associant BERCY, l'ACFCI, UBIFRANCE, et l'UCCIFE, et ses déclinaisons dans la totalité des régions métropolitaines, menées tambour battant au cours de l'année 2008.
Sur le terrain, nous constatons que depuis le début de l'année, les PME françaises n'ont jamais été aussi dynamiques à l'international. Ubifrance a enregistré une croissance de près de 30% des entreprises qui ont recouru à ses services au cours des 5 premiers mois de 2009.
Et ce sont près de 1 000 nouvelles entreprises qui ont été identifiées par les Chambres de commerce depuis le début de l'année.
Plus de 1 500 nouveaux primo exportateurs potentiels ont également été identifiés par les régions et communiqués à UBIFRANCE dans le cadre du partenariat d'avril 2008.
Je me félicite de l'entrée "officielle" des Conseillers du commerce extérieur dans cette Equipe de France, entrée que nous avons consacrée vendredi dernier à l'occasion de leur Assemblée générale.
Depuis notre dernière rencontre, peu de temps après mon arrivée au Ministère, la réforme d'Ubifrance est bien engagée, sur des bases claires.
L'Etat a souhaité balayer devant sa porte en se fixant la mission de gagner la bataille de la prospection commerciale en ouvrant largement la porte des marchés extérieurs à nos PME.
Pour ce faire, j'ai demandé aux équipes d'Ubifrance de :
- définir les segments de marché porteurs.
- d'organiser des événements collectifs (salons, missions et rencontres d'acheteurs), ou des programmes de missions individuelles.
- mobiliser l'énergie des hommes et femmes de terrain pour accompagner les entreprises dans cette "première approche", pour prendre pied sur le marché.
Dans cette étape cruciale pour l'entreprise, la subvention trouve tout son sens : elle n'a qu'un seul objectif, abaisser les dépenses liées à la prospection (voyager, exposer, rencontrer des partenaires potentiels). C'est le modèle en vigueur chez tous nos partenaires.
Faisant cela, l'Etat investit dans l'avenir en aidant nos PME à sortir de leurs territoires habituels et à poser des jalons sur des marchés souvent complexes. Nous sommes aidés en cela par la professionnalisation des Chambres de Commerce.
Le dispositif public dispose désormais :
- de moyens humains renforcés. D'ici le 1er septembre 2010, plus de 900 agents de l'Etat à l'étranger seront transférés à Ubifrance où, sous un régime de droit privé, ils auront pour unique mission d'organiser des événements commerciaux, accompagnant un nombre croissant de PME.
- des moyens financiers sans précédent ont été mis en place dans la Loi de Finances de 2009 et seront renforcés en 2010, conformément à la Convention d'objectifs et de moyens signée l'an dernier entre l'Etat et Ubifrance. Ces moyens sont destinés à prendre en charge une part plus importante, sous forme de subvention, des dépenses opérationnelles engagées par les PME dans leur effort de prospection collectif (salons, missions) ou individuel. Les CCI en France et à l'étranger, vous le savez bien, peuvent par ailleurs bénéficier de ces moyens financiers de l'Etat via la labellisation pour organiser des opérations collectives.
En échange de ces moyens nouveaux, j'ai assigné à Christophe Lecourtier des objectifs très clairs mais aussi très ambitieux :
- doubler le nombre d'entreprises emmenées chaque année sur les marchés étrangers, de 10 000 en 2008 à 20 000 en 2012.
- poursuivre le développement des VIE, pour atteindre 10 000 en 2012.
Je voudrais rendre un hommage particulier aux Chambres de commerce françaises à l'étranger.
Partout, j'ai pu constater leur action au cours de mes nombreux voyages.
Implantées en profondeur dans le tissu local, disposant de l'encadrement des communautés d'affaires, vos Chambres jouent un rôle majeur pour prendre localement le relais de l'action d'Ubifrance, au-delà de l'étape de première approche d'un marché, pour favoriser l'implantation.
Je pense par exemple :
- au suivi des missions, sans lequel l'effort de l'Agence se révèle finalement sans suite.
- à l'aide à l'implantation, la domiciliation, le portage, le conseil juridique, fiscal ou en gestion des ressources humaines.
- aux relations privilégiées qu'entretiennent les Chambres de Commerce et d'Industrie à l'étranger avec les autorités locales.
Tout ceci constitue un des maillons essentiels, qui ne sont pas dans la mission d'UBIFRANCE, et qui, au passage, pourraient être rémunérateurs en raison de leur haute valeur ajoutée.
Dans les pays où sera établi un bureau d'Ubifrance, il me paraît nécessaire de mieux coordonner l'action des Missions Economiques et celles des Chambres dans une logique de complémentarité.
J'ai en tête aussi des schémas coopératifs qui marchent au service des PME. Au Brésil, Chambres et Missions Economiques sont associées pour porter le volet économique de l'Année de la France. En Chine, elles ont récemment défini et conduit ensemble une opération exemplaire ("Travailler Ensemble") pour mettre en relation une vingtaine de grandes entreprises et cinquante PME, qui souvent s'ignorent. C'est la problématique du portage, sous la bannière "Equipe de France".
C'est également vrai en Afrique du Sud, à Singapour, à Mexico, au Caire dont je reviens : le Forum MedAllia de décembre 2009 sera organisé par Ubifrance avec le soutien de la Mission économique et la CCI française en Egypte.
Il n'y a pas une seule recette, une "vision du monde" unique qui consacrerait une répartition des tâches décidées par les Etats majors parisiens. En tant que "marraine" de l'accord du 23 avril 2008, ce que je voudrais voir, c'est qu'un coup d'accélérateur soit mis sur ces discussions au niveau local. Je ne crois pas que ce soit là un objectif inaccessible !
Les maîtres mots qui doivent guider ces discussions entre bureaux Ubifrance et les Chambre de commerce à l'étranger sont pragmatisme et cohérence, mais surtout la logique du meilleur service, le plus lisible, le plus efficace aux PME.
Dans nombre de pays, Ubifrance n'aura pas de bureaux en propre et donc de capacité à assumer directement l'accompagnement des entreprises françaises.
A l'instar de ce qui a permis sur le territoire national de vrais progrès dans l'articulation entre les CCI et les autres acteurs, il y a là matière à un accord entre les deux réseaux, sur le modèle de ce qui est actuellement en oeuvre au Maroc.
Il me paraît assez naturel que les Chambres de commerce deviennent dans ce cas les correspondants du dispositif public à l'étranger, en coopération avec les équipes parisiennes et marseillaises.
Je vous propose également d'élargir vos frontières, de gagner en influence, au sein des Chambres européennes.
Ces dernières jouent un grand rôle dans certains pays (ex : Chine) et sur certains sujets (ex : accord de libre échange entre l'Union européenne et des pays tiers). Je suis certaine qu'il y a un réel intérêt à jouer également en équipe européenne.
Voilà donc beaucoup d'attentes. Les maîtres mots qui doivent guider ces discussions entre bureaux Ubifrance et les Chambre de commerce à l'étranger sont pragmatisme et cohérence, mais surtout la logique du meilleur service, le plus lisible, le plus efficace aux PME.
Plus que jamais, l'international est un enjeu majeur pour notre reprise économique.
Je sais pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie.
http://www.exporter.gouv.fr, le 6 juillet 2009