Déclaration franco-britannique sur les négociations internationales relatives au climat, à Evian le 6 juillet 2009.

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Auteur(s) moral(aux) : Présidence de la République

Circonstance : Sommet franco-britannique, à Evian le 6 juillet 2009

Texte intégral


La France et le Royaume-Uni appellent à une action internationale à la hauteur des enjeux exprimés par les scientifiques du GIEC. Limiter l'élévation des températures à moins de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle est un impératif absolu. L'avenir de la planète est en jeu.
Nous appelons à un accord global ambitieux, non seulement pour ce qui est de la réduction des émissions de CO2 à Copenhague en décembre 2009 mais également en ce qui concerne la solidarité avec les pays les plus vulnérables pour faire face au changement climatique en cours. La réunion du G8 et celle du « Forum des économies majeures » les 8 et 9 juillet à L'Aquila seront des étapes cruciales : elles marqueront un test de notre volonté de prendre la mesure des changements nécessaires pour faire face au défi du réchauffement planétaire.
La France et le Royaume-Uni demandent à tous les pays industrialisés d'approuver un objectif de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre de 80 % d'ici à 2050 par rapport à 1990. Nos deux pays demandent également l'adoption d'un objectif intermédiaire pour 2020, ambitieux et crédible, conforme à ce que préconise la science, soit une réduction comprise entre 25 et 40 % par rapport à 1990. Les efforts des pays développés doivent être comparables à ceux de l'Union européenne et compatibles avec une convergence des émissions par tête de chaque pays vers un objectif de 2 tonnes par habitant en 2050. Outre les efforts de réduction des émissions domestiques, la lutte contre la déforestation, priorité commune à nos deux pays, est un moyen majeur d'atteindre nos objectifs. Nous appelons les pays industrialisés à investir davantage pour la forêt.
C'est en assumant ce rôle moteur conformément au principe de « responsabilité commune mais différenciée » énoncé par la Convention des Nations Unies que les pays développés pourront demander aux grands pays émergents membres du « Forum des économies majeures » d'apporter leur propre contribution à l'effort sans précédent qui est exigé aujourd'hui. La France et le Royaume-Uni les appellent à approuver un objectif global de réduction des émissions de carbone de 50 % d'ici à 2050 par rapport à 1990. Les pays les plus industrialisés devront être prêts à accentuer leur coopération technologique avec ces pays afin de leur permettre d'accélérer la mise en oeuvre de stratégies nationales de développement sobre en carbone déjà très ambitieuses dans certains cas.
La France et le Royaume-Uni reconnaissent l'ampleur des besoins financiers pour lutter contre les changements climatiques et nous adapter à leurs effets. L'essentiel de ces besoins devra être couvert par les investissements du secteur privé, correctement orientés par la mise en place d'instruments économiques incitatifs dans tous les pays de la planète. Le marché du carbone est donc appelé à jouer un rôle central dans la réduction des émissions au moindre coût. Il faudra qu'en définitive une valeur soit fixée pour les émissions dans l'ensemble des pays de la planète, valeur qui devra être acquittée par les émetteurs dans les pays considérés. Dans l'intervalle, nous sommes prêts à consacrer une part équitable de financement public à l'atténuation, aux technologies, aux forêts et à l'adaptation.
L'architecture financière de l'après-2012 devra être en mesure de fournir une source prévisible de financement pour répondre à ces besoins et apporter aux pays en développement les assurances dont ils ont besoin. Nous soulignons qu'il est nécessaire que chaque pays du monde participe à ce financement, à l'exception des pays les plus pauvres. Nous soutenons à cet égard la proposition, émise par le Mexique, d'une échelle dynamique permettant de définir ces contributions en fonction des émissions et de la capacité à payer de chaque pays, méthode qui permettra de collecter des fonds pour les changements climatiques dans le cadre d'un accord ambitieux à Copenhague. Nous envisagerons la mise en oeuvre d'autres approches compatibles avec la proposition du Mexique, comme celle qui est proposée par la Norvège, en qualité de méthodes permettant de collecter des fonds pour lutter contre les changements climatiques.
Nous reconnaissons la nécessité d'une nouvelle architecture internationale de financement qui soit équitable, efficace, suivie d'effet et en mesure d'apporter un financement suffisant là où les besoins sont les plus grands et conformément aux priorités nationales. Nous sommes résolus à réformer l'architecture du financement à cette fin et nous soulignons qu'un mécanisme unique ne pourra pas répondre à l'ensemble des besoins et que, de ce fait, il est nécessaire de renforcer la coordination et la cohérence, tant pour ce qui est des actions qu'en matière de financement. Les mécanismes de financement de l'après-2012 devront reposer sur les institutions existantes et réformées et devront permettre la fourniture des moyens financiers voulus aux pays en développement sur la base des stratégies nationales de développement définies par chaque pays. Nous souhaitons associer plus étroitement les acteurs bilatéraux à ce processus.
La déforestation et de la gestion durable des forêts constituent des problèmes majeurs et la gestion des forêts devra être intégrée au marché du carbone si l'on veut pouvoir empêcher la déforestation et la dégradation des forêts. À brève échéance, des fonds seront nécessaires pour financer le renforcement des capacités, des modes de vie alternatifs et l'action à entreprendre au plus tôt afin d'éviter la déforestation.
La France et le Royaume-Uni appellent à une coopération accrue avec les pays les plus pauvres pour les aider à s'adapter aux changements climatiques. Nos deux pays agiront avec d'autres pour soutenir les programmes des ministres africains dans les secteurs de l'eau, de l'énergie et de l'agriculture.