Texte intégral
C. Barbier.- C. Lagarde, bonjour.
Bonjour.
Un mot d'abord de Michaël Jackson et de sa disparition, vous avez vécu aux Etats-Unis, êtes-vous particulièrement touchée ?
Non. C'est un grand artiste médiatisé, mondialisé, qui s'est produit pendant presque 40 ans finalement. Je suis triste pour ses fans, bien sûr, et pour la musique. Mais ça ne m'a pas touché personnellement.
Alors revenons au coeur de votre activité : 54 000 chômeurs de plus en mai, la hausse continue mais se ralentit. Quel signe y voyez-vous ? La sortie de crise est pour bientôt ?
C'est 36 400 chômeurs de plus en mai, c'est-à-dire 3 fois moins qu'en janvier, 2 fois moins qu'en février et mars. Donc l'augmentation continue, mais elle décélère, ce qui est un signe encourageant, parce que ça veut dire peut-être qu'on est en train d'atténuer les effets de la crise, grâce aux mesures qu'on a prises : indemnisation du chômage, mise à disposition d'un certain nombre d'outils, comme la convention de reclassement personnalisé, comme le CTP, pour accompagner les demandeurs d'emploi.
Sortie de crise début 2010 ?
Je me garde bien du calendrier, vous savez, parce que pour l'instant ce sur quoi on se concentre, c'est les mesures de soutien. L'urgence, c'est la relance, ce n'est pas de faire de la prévision. Et on est actuellement en train de stabiliser. Ca continue à baisser ; on a été à moins 1,4 au 4ème trimestre 2008, moins 1,2 au 1er trimestre 2009, on n'a pas encore le chiffre du 2ème trimestre, ça continue à baisser. Ça se stabilise, parce que ça ralentit, à la fois au niveau économique et au niveau chômage. Mais pour l'instant, l'essentiel de l'énergie, c'est sur la relance.
Est-il vrai que des plans sociaux importants sont attendus pour l'été et pour la sortie de l'été ?
Ca serait totalement logique, pourquoi ? Parce que quand l'économie ralentit, comme elle a brutalement ralenti en France et ailleurs, on a des effets immédiats sur les stocks, on a des effets immédiats sur l'investissement, sur le financement. On a des effets légèrement décalés sur l'emploi. C'est-à-dire que les chefs d'entreprise prennent des décisions d'emploi, le plus tard possible. Ils mettent fin aux CDD, ils allègent l'intérim, ils mettent fin aux heures supplémentaires et ensuite, ils passent à des licenciements plus durs. Si la situation économique ne se stabilise pas de manière plus durable, on aura effectivement des plans sociaux, on aura des restructurations importantes. C'est pour ça qu'on se prépare actuellement, avec en particulier, la généralisation du contrat de transition professionnelle, pour associer de la formation professionnelle, et de l'indemnisation à tous ceux qui seraient licenciés pour motif économique.
Tout licencié économique serait payé pendant un an, et formé pendant ce temps-là. Alors à partir de quand, cette règle va-t-elle s'appliquer et combien va-t-elle nous coûter ?
C'est le président de la République qui a suggéré cette mesure. Maintenant, il faut évidemment la mettre en place, la discuter avec les partenaires sociaux, au sein de l'UNEDIC en particulier, pour que ce soit en oeuvre le plus rapidement possible. C'est une mesure forte, c'est une mesure qui aura un coût. Ce à quoi il faut faire très attention, c'est qu'il ne faut pas non plus s'éloigner des publics les plus atteints par le chômage, c'est-à-dire...
Les ouvriers ?
Non, ce sont les jeunes qui sont les plus atteints, quand on regarde les statistiques, on a beaucoup, beaucoup de jeunes qui sont atteints et puis les seniors. Donc aux deux bouts de la chaîne, il faut continuer à porter notre effort, et il faut surtout pour les salariés qui sont licenciés pour motif économique, les soutenir, dans l'effort de formation, parce qu'il ne faut pas laisser se perdre le savoir-faire et l'excellence des salariés français qui doivent conserver leurs compétences, pour le moment où la crise (sic) revient...
Vous évoquez le coût mais vous n'avez pas chiffré encore ?
On n'a pas encore chiffré, parce qu'il faut faire des prévisions, en terme à la fois de destruction d'emploi et puis de montant moyen d'indemnisation. On est en train d'y travailler.
Si la loi sur le travail du dimanche est adoptée avant la fin de la session de juillet, les décrets seront-ils publiés avant la rentrée, et attendez-vous beaucoup de créations d'emplois grâce à ce travail du dimanche ?
Je vous l'ai dit, moi, je ne fais pas de spéculation sur la mise en oeuvre, le calendrier. Je crois que l'histoire du travail le dimanche, c'est un débat qui doit s'ouvrir de manière sereine et paisible, laissons du temps au temps. Et moi, ce qui m'encourage, c'est de savoir qu'un certain nombre d'entreprises vont pouvoir créer des emplois si la mesure est mise en oeuvre.
"Laisser du temps au temps". Trois mois de réflexion pour un grand emprunt national. Quel montant en tant que ministre de l'Economie, recommanderez-vous au Premier ministre et au Président ? 20 milliards ? 100 milliards ?
Je refuse de répondre à votre question, C. Barbier.
Vous avez besoin de combien d'argent pour remettre dans l'économie ?
Je vais vous dire pourquoi ? C'est comme si vous envisagiez d'acheter un domicile, vous ne savez pas encore si c'est à la campagne, si ça sera un immeuble, si ça sera un pavillon...
Mais je sais ce que je peux me permettre comme endettement ! ?
Mais avant, vous allez discuter du montant de votre emprunt, vous allez discuter avec les banques, et vous négociez le taux d'intérêt. Ce n'est pas comme ça, qu'on pratique. Nous, on veut d'abord identifier les priorités, c'est ce qu'on va faire dimanche autour du Premier ministre à l'occasion du séminaire. Mais les priorités de quoi ? Les priorités de ce que sera la croissance de demain pour la France. De ce que sera notre pays demain, de ce qu'on veut réserver à nos enfants. Ca, c'est fondamental comme débat.
Alors vous, quel secteur...
Attendez ! Une fois qu'on aura fait ça, alors on discutera du mode de financement, du montant de l'emprunt, de la nature, du recours qu'on fait soit au public, soit au marché. Mais il faut faire les choses dans l'ordre, vous voyez. Il faut d'abord les priorités : qu'est-ce qu'on veut comme France, qu'est-ce qu'on veut comme avenir pour nos enfants ? Et après, on verra le financement. C'est pour ça qu'il ne faut pas s'énerver sur l'emprunt.
Vos priorités, C. Lagarde. Ce week-end, au séminaire, vous mettez quel secteur économique et en tête de liste ?
Je ne vais vous révéler tout ce que je vais mettre sur la table. Parce qu'on est en train d'y travailler. Mais il est clair qu'on doit s'habituer à deux choses. Un, que notre pays va vieillir- on doit partir de la démographie et donc ça va dicter un certain nombre de dépenses ; comment est-ce qu'on va accompagner le 3ème, le 4ème âge ? Comment est-ce qu'on va se concentrer sur des secteurs de santé, qui seront indispensables ? Premier sujet, donc le vieillissement de la population. Deuxième sujet, très clairement : c'est la nécessité d'une croissance durable, donc d'une croissance qui sera une nouvelle croissance, nécessairement. On a des phénomènes de rareté qui vont augmenter : rareté en matière d'énergie, rareté en matière de produits agricoles et d'alimentation. Donc il faut qu'on concentre nos efforts sur les secteurs qui répondront aux grandes évolutions naturelles, démographie, rareté de la ressource.
Même si vous n'avez pas encore fait cette liste, en terme de taux qui sera proposé aux Français, on voit qu'EDF avec 4,5 % a réalisé un beau succès pour lever de l'argent. Quel est le taux minimum en dessous duquel on ne peut pas tomber ?
Je ne vous répondrai pas sur le financement, parce qu'on met la charrue avant les boeufs. Il faut d'abord qu'on ait nos priorités, qu'on décide de ce que sera la croissance de demain, de la manière dont elle va tirer l'économie vers une nouvelle croissance, vers des nouveaux modes de consommation, vers un effort différent de la ressource publique et après, on discutera de l'emprunt.
Quelle sera la perte de recettes fiscales enregistrées en 2009, pour l'Etat ? On parle d'entre 36 et 44 milliards, ça sera plutôt le haut de la fourchette ?
Je ne suis pas aujourd'hui en mesure de vous dire exactement la perte de recettes fiscales. Ce que je sais en revanche, c'est qu'on a d'une part une part de recettes fiscales et d'autre part, une relance très importante. Donc on sera en présence d'un déficit important en 2009 et en 2010, qu'on devra là aussi, financer par l'emprunt. Et le combat que nous menons, il est double : c'est d'une part, de lutter contre les déficits, vous savez les trois déficits, c'est d'autre part de continuer à relancer la machine, parce qu'on a trois moteurs qui sont pour l'un grippé, c'est celui de l'investissement privé, pour l'autre assez peu efficace, ce lui de l'exportation, pour le troisième - consommation -, qui tient encore. Et on a des moteurs auxiliaires qui sont les moteurs de la relance. Deuxième grand objectif. Troisième : il faut qu'on arrive à trouver les chemins d'une nouvelle croissance, parce que ça ne sera plus comme avant ! On ne va pas consommer de la même manière, on ne va pas orienter la dépense publique comme on l'a fait jusqu'à présent.
E. Woerth, ministre du Budget, est sceptique sur la bascule taxe professionnelle vers une taxe carbone, contribution énergie climat. Et vous, vous pensez que ça peut se faire vite ?
D'abord je voudrais vous dire que E. Woerth et moi à Bercy, on forme, vous l'avez dit, ici ou là, dans la presse, un couple bien consolidé à Bercy. Donc quiconque souhaiterait mettre un coin entre nous se tromperait. On est sur un thème, qui est un thème très technique, très compliqué : la taxe professionnelle. Puisque comme le président de la République l'a demandé, il faut qu'on élimine la taxe professionnelle sur les investissements productifs. Quand une entreprise investit dans une machine, pour la faire tourner, ce n'est pas pour la faire taxer, pour faire simple ! Mais il faut qu'on trouve des produits de substitution. Parce qu'on ne peut pas juste retirer des taxes et puis continuer à dépenser. Donc on réfléchit à une palette de solutions : rééquilibrer la charge de la taxe professionnelle, peut-être entre secteurs ; il y a certains secteurs qui vont beaucoup profiter. Ceux qui avaient beaucoup, beaucoup d'investissements, ceux-là, il va peut-être falloir trouver aussi une substitution. Et je crois que la taxe, c'est-à-dire la contribution climat énergie, qui est une contribution d'avenir, peut constituer un substitut.
C. Estrosi, à vos côtés, comme ministre de l'Industrie, est là pour vous surveiller au nom de N. Sarkozy ?
Non, non, je ne pense pas qu'il soit dans une fonction de surveillance, il y a tant à faire, en matière de politique industrielle. Nous allons tous ensemble en équipe, lui en sa qualité de ministre auprès de moi, et les trois secrétaires d'Etat aussi, continuer à travailler sur tous les moteurs, je vous l'ai dit tout à l'heure : l'investissement, la consommation, l'exportation, c'est indispensable.
C. Lagarde, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 juin 2009
Bonjour.
Un mot d'abord de Michaël Jackson et de sa disparition, vous avez vécu aux Etats-Unis, êtes-vous particulièrement touchée ?
Non. C'est un grand artiste médiatisé, mondialisé, qui s'est produit pendant presque 40 ans finalement. Je suis triste pour ses fans, bien sûr, et pour la musique. Mais ça ne m'a pas touché personnellement.
Alors revenons au coeur de votre activité : 54 000 chômeurs de plus en mai, la hausse continue mais se ralentit. Quel signe y voyez-vous ? La sortie de crise est pour bientôt ?
C'est 36 400 chômeurs de plus en mai, c'est-à-dire 3 fois moins qu'en janvier, 2 fois moins qu'en février et mars. Donc l'augmentation continue, mais elle décélère, ce qui est un signe encourageant, parce que ça veut dire peut-être qu'on est en train d'atténuer les effets de la crise, grâce aux mesures qu'on a prises : indemnisation du chômage, mise à disposition d'un certain nombre d'outils, comme la convention de reclassement personnalisé, comme le CTP, pour accompagner les demandeurs d'emploi.
Sortie de crise début 2010 ?
Je me garde bien du calendrier, vous savez, parce que pour l'instant ce sur quoi on se concentre, c'est les mesures de soutien. L'urgence, c'est la relance, ce n'est pas de faire de la prévision. Et on est actuellement en train de stabiliser. Ca continue à baisser ; on a été à moins 1,4 au 4ème trimestre 2008, moins 1,2 au 1er trimestre 2009, on n'a pas encore le chiffre du 2ème trimestre, ça continue à baisser. Ça se stabilise, parce que ça ralentit, à la fois au niveau économique et au niveau chômage. Mais pour l'instant, l'essentiel de l'énergie, c'est sur la relance.
Est-il vrai que des plans sociaux importants sont attendus pour l'été et pour la sortie de l'été ?
Ca serait totalement logique, pourquoi ? Parce que quand l'économie ralentit, comme elle a brutalement ralenti en France et ailleurs, on a des effets immédiats sur les stocks, on a des effets immédiats sur l'investissement, sur le financement. On a des effets légèrement décalés sur l'emploi. C'est-à-dire que les chefs d'entreprise prennent des décisions d'emploi, le plus tard possible. Ils mettent fin aux CDD, ils allègent l'intérim, ils mettent fin aux heures supplémentaires et ensuite, ils passent à des licenciements plus durs. Si la situation économique ne se stabilise pas de manière plus durable, on aura effectivement des plans sociaux, on aura des restructurations importantes. C'est pour ça qu'on se prépare actuellement, avec en particulier, la généralisation du contrat de transition professionnelle, pour associer de la formation professionnelle, et de l'indemnisation à tous ceux qui seraient licenciés pour motif économique.
Tout licencié économique serait payé pendant un an, et formé pendant ce temps-là. Alors à partir de quand, cette règle va-t-elle s'appliquer et combien va-t-elle nous coûter ?
C'est le président de la République qui a suggéré cette mesure. Maintenant, il faut évidemment la mettre en place, la discuter avec les partenaires sociaux, au sein de l'UNEDIC en particulier, pour que ce soit en oeuvre le plus rapidement possible. C'est une mesure forte, c'est une mesure qui aura un coût. Ce à quoi il faut faire très attention, c'est qu'il ne faut pas non plus s'éloigner des publics les plus atteints par le chômage, c'est-à-dire...
Les ouvriers ?
Non, ce sont les jeunes qui sont les plus atteints, quand on regarde les statistiques, on a beaucoup, beaucoup de jeunes qui sont atteints et puis les seniors. Donc aux deux bouts de la chaîne, il faut continuer à porter notre effort, et il faut surtout pour les salariés qui sont licenciés pour motif économique, les soutenir, dans l'effort de formation, parce qu'il ne faut pas laisser se perdre le savoir-faire et l'excellence des salariés français qui doivent conserver leurs compétences, pour le moment où la crise (sic) revient...
Vous évoquez le coût mais vous n'avez pas chiffré encore ?
On n'a pas encore chiffré, parce qu'il faut faire des prévisions, en terme à la fois de destruction d'emploi et puis de montant moyen d'indemnisation. On est en train d'y travailler.
Si la loi sur le travail du dimanche est adoptée avant la fin de la session de juillet, les décrets seront-ils publiés avant la rentrée, et attendez-vous beaucoup de créations d'emplois grâce à ce travail du dimanche ?
Je vous l'ai dit, moi, je ne fais pas de spéculation sur la mise en oeuvre, le calendrier. Je crois que l'histoire du travail le dimanche, c'est un débat qui doit s'ouvrir de manière sereine et paisible, laissons du temps au temps. Et moi, ce qui m'encourage, c'est de savoir qu'un certain nombre d'entreprises vont pouvoir créer des emplois si la mesure est mise en oeuvre.
"Laisser du temps au temps". Trois mois de réflexion pour un grand emprunt national. Quel montant en tant que ministre de l'Economie, recommanderez-vous au Premier ministre et au Président ? 20 milliards ? 100 milliards ?
Je refuse de répondre à votre question, C. Barbier.
Vous avez besoin de combien d'argent pour remettre dans l'économie ?
Je vais vous dire pourquoi ? C'est comme si vous envisagiez d'acheter un domicile, vous ne savez pas encore si c'est à la campagne, si ça sera un immeuble, si ça sera un pavillon...
Mais je sais ce que je peux me permettre comme endettement ! ?
Mais avant, vous allez discuter du montant de votre emprunt, vous allez discuter avec les banques, et vous négociez le taux d'intérêt. Ce n'est pas comme ça, qu'on pratique. Nous, on veut d'abord identifier les priorités, c'est ce qu'on va faire dimanche autour du Premier ministre à l'occasion du séminaire. Mais les priorités de quoi ? Les priorités de ce que sera la croissance de demain pour la France. De ce que sera notre pays demain, de ce qu'on veut réserver à nos enfants. Ca, c'est fondamental comme débat.
Alors vous, quel secteur...
Attendez ! Une fois qu'on aura fait ça, alors on discutera du mode de financement, du montant de l'emprunt, de la nature, du recours qu'on fait soit au public, soit au marché. Mais il faut faire les choses dans l'ordre, vous voyez. Il faut d'abord les priorités : qu'est-ce qu'on veut comme France, qu'est-ce qu'on veut comme avenir pour nos enfants ? Et après, on verra le financement. C'est pour ça qu'il ne faut pas s'énerver sur l'emprunt.
Vos priorités, C. Lagarde. Ce week-end, au séminaire, vous mettez quel secteur économique et en tête de liste ?
Je ne vais vous révéler tout ce que je vais mettre sur la table. Parce qu'on est en train d'y travailler. Mais il est clair qu'on doit s'habituer à deux choses. Un, que notre pays va vieillir- on doit partir de la démographie et donc ça va dicter un certain nombre de dépenses ; comment est-ce qu'on va accompagner le 3ème, le 4ème âge ? Comment est-ce qu'on va se concentrer sur des secteurs de santé, qui seront indispensables ? Premier sujet, donc le vieillissement de la population. Deuxième sujet, très clairement : c'est la nécessité d'une croissance durable, donc d'une croissance qui sera une nouvelle croissance, nécessairement. On a des phénomènes de rareté qui vont augmenter : rareté en matière d'énergie, rareté en matière de produits agricoles et d'alimentation. Donc il faut qu'on concentre nos efforts sur les secteurs qui répondront aux grandes évolutions naturelles, démographie, rareté de la ressource.
Même si vous n'avez pas encore fait cette liste, en terme de taux qui sera proposé aux Français, on voit qu'EDF avec 4,5 % a réalisé un beau succès pour lever de l'argent. Quel est le taux minimum en dessous duquel on ne peut pas tomber ?
Je ne vous répondrai pas sur le financement, parce qu'on met la charrue avant les boeufs. Il faut d'abord qu'on ait nos priorités, qu'on décide de ce que sera la croissance de demain, de la manière dont elle va tirer l'économie vers une nouvelle croissance, vers des nouveaux modes de consommation, vers un effort différent de la ressource publique et après, on discutera de l'emprunt.
Quelle sera la perte de recettes fiscales enregistrées en 2009, pour l'Etat ? On parle d'entre 36 et 44 milliards, ça sera plutôt le haut de la fourchette ?
Je ne suis pas aujourd'hui en mesure de vous dire exactement la perte de recettes fiscales. Ce que je sais en revanche, c'est qu'on a d'une part une part de recettes fiscales et d'autre part, une relance très importante. Donc on sera en présence d'un déficit important en 2009 et en 2010, qu'on devra là aussi, financer par l'emprunt. Et le combat que nous menons, il est double : c'est d'une part, de lutter contre les déficits, vous savez les trois déficits, c'est d'autre part de continuer à relancer la machine, parce qu'on a trois moteurs qui sont pour l'un grippé, c'est celui de l'investissement privé, pour l'autre assez peu efficace, ce lui de l'exportation, pour le troisième - consommation -, qui tient encore. Et on a des moteurs auxiliaires qui sont les moteurs de la relance. Deuxième grand objectif. Troisième : il faut qu'on arrive à trouver les chemins d'une nouvelle croissance, parce que ça ne sera plus comme avant ! On ne va pas consommer de la même manière, on ne va pas orienter la dépense publique comme on l'a fait jusqu'à présent.
E. Woerth, ministre du Budget, est sceptique sur la bascule taxe professionnelle vers une taxe carbone, contribution énergie climat. Et vous, vous pensez que ça peut se faire vite ?
D'abord je voudrais vous dire que E. Woerth et moi à Bercy, on forme, vous l'avez dit, ici ou là, dans la presse, un couple bien consolidé à Bercy. Donc quiconque souhaiterait mettre un coin entre nous se tromperait. On est sur un thème, qui est un thème très technique, très compliqué : la taxe professionnelle. Puisque comme le président de la République l'a demandé, il faut qu'on élimine la taxe professionnelle sur les investissements productifs. Quand une entreprise investit dans une machine, pour la faire tourner, ce n'est pas pour la faire taxer, pour faire simple ! Mais il faut qu'on trouve des produits de substitution. Parce qu'on ne peut pas juste retirer des taxes et puis continuer à dépenser. Donc on réfléchit à une palette de solutions : rééquilibrer la charge de la taxe professionnelle, peut-être entre secteurs ; il y a certains secteurs qui vont beaucoup profiter. Ceux qui avaient beaucoup, beaucoup d'investissements, ceux-là, il va peut-être falloir trouver aussi une substitution. Et je crois que la taxe, c'est-à-dire la contribution climat énergie, qui est une contribution d'avenir, peut constituer un substitut.
C. Estrosi, à vos côtés, comme ministre de l'Industrie, est là pour vous surveiller au nom de N. Sarkozy ?
Non, non, je ne pense pas qu'il soit dans une fonction de surveillance, il y a tant à faire, en matière de politique industrielle. Nous allons tous ensemble en équipe, lui en sa qualité de ministre auprès de moi, et les trois secrétaires d'Etat aussi, continuer à travailler sur tous les moteurs, je vous l'ai dit tout à l'heure : l'investissement, la consommation, l'exportation, c'est indispensable.
C. Lagarde, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 juin 2009