Texte intégral
C. Barbier.- Les salariés de Nortel ont enlevé les bonbonnes de gaz de leur usine ; ceux de JLG dans le Lot-et-Garonne rejoignent ceux de New Fabris dans la menace de faire sauter des machines, de faire sauter des locaux. Faut-il utiliser désormais la manière forte contre ces occupations, ces prises d'otages matériels ?
D'abord, évidemment, on comprend le désarroi. On comprend le désarroi quand on perd son emploi, quand il y a le site dans lequel on a travaillé qui ferme. Mais les menaces et le chantage à la bonbonne de gaz, après l'enfermement des dirigeants, ne peuvent pas être un élément du dialogue social.
On envoie la police ?
Le sujet n'est pas d'envoyer la police, le sujet c'est d'arriver à faire comprendre aux salariés que ça n'est pas comme ça qu'on sort par le haut d'un conflit. Et que faire un chantage à la bonbonne de gaz ce n'est pas ça qui va arracher une prime, ce n'est pas ça qui va permettre une reconversion. Le dialogue social en France il existe, c'est par là qu'on arrive à en sortir par le haut, on l'a montré sur des dossiers comme Heuliez, on peut arriver par le biais du dialogue social à sortir des dossiers, y compris très difficiles. La bonbonne de gaz c'est juste se mettre dos au mur et prendre le risque d'une explosion totale, ça n'est pas un élément du dialogue social qui est acceptable, il faut revenir, y compris quand on est sur des dossiers très difficiles, à ce qui est les habitudes en France dans le dialogue social, qui peut être musclé, qui peut être difficile, et qui ne sombre pas dans ce genre d'extrémité.
Demandez-vous à Renault et Peugeot de payer tout ou partie des 30.000 euros réclamés par salarié, comme indemnités ?
Ce n'est pas mon rôle de m'immiscer dans ce genre de chose.
L'Etat est actionnaire de Renault, l'Etat pourrait payer, ou inciter Renault à payer ?
C'est précisément, et je le redis, en tant que ministre de l'Emploi, mon rôle n'est pas de m'amuser à faire la pression pour que telle ou telle prime soit versée. Par contre mon rôle, c'est de m'assurer que les salariés qui perdent leur emploi puissent bénéficier des meilleurs outils pour rebondir et avoir une reconversion. Et ce qui m'inquiète dans ce dispositif de primes, que je comprends encore une fois, surtout que ce sont des cas qui sont très douloureux où l'entreprise peut être purement et simplement arrêtée et fermer comme à New Fabris, mais ma crainte c'est le mirage de la prime. Et après, quand la prime s'arrête ? Et après, quand on a fini de tirer mois après mois sur la prime, et qu'on a été éloigné de l'emploi pendant plus de deux ans, que se passe-t-il ? En tant que ministre de l'Emploi, ma charge ce n'est pas la prime, c'est d'essayer de faire en sorte d'accompagner ces salariés pour qu'ils rebondissent. Encore un exemple précis : on avait des salariés qui avaient perdu leur emploi dans la sous-traitance automobile, on s'est battus pour faire en sorte que la SNCF les réembauche, et que 1500 salariés soient réembauchés, ceux notamment qui étaient autour du Havre, pour retrouver un emploi dans ce secteur-là. Ca, c'est mon travail, et je me méfie dans cette période du mirage de la prime, qui derrière peut conduire à des situations individuelles dans la durée très douloureuses. Une prime, ça ne fait pas un emploi.
Est-il vrai, comme le disent certains experts, que des entreprises payent des primes parce que pendant ce temps-là elles se lavent les mains de leur devoir de reconversion et de ré-industrialisation ?
Tout ça, par contre, oui c'est mon gros sujet de vigilance. Et dans le cas de Fabris, on est sur un territoire où ils pourront bénéficier du contrat de transition professionnelle pour leur permettre de rebondir et d'avoir le maximum de formation pour retrouver un emploi, ça c'est notre travail.
On va parler de la formation, mais hier il y a eu le vote de la loi sur le travail du dimanche, vote sans enthousiasme ; 52 députés de la majorité ont voté contre ou se sont abstenus, ou ont boudé le texte. Pourquoi cet avertissement de la majorité au Gouvernement ?
Je ne le perçois pas du tout comme un avertissement. Je ne sais pas si c'était un vote sans enthousiasme. Ce dont je suis sûr, c'est que ça a été un vote sans drame. On nous prévoyait à nouveau une explosion, une dramaturgie comme l'Assemblée nationale en est parfois capable, le vote s'est passé sereinement, il y a eu un débat qui s'est étalé sur une semaine, que X. Darcos a très bien piloté, que B. Hortefeux sur ses tâches précédentes avait préparé. Là encore, et c'est mon rôle, ce que je regarde c'est l'emploi.
Alors, vous attendez combien d'emplois avec cette loi, zéro ? On dit que c'est simplement pour sécuriser la situation existante ?
Non, pas du tout, on a essayé de l'étudier, notamment avec B. Hortefeux, on avait fait ce travail, on considère que le travail le dimanche peut nous permettre de sauver ou de créer dans cette période autour de 10.000 emplois, ce n'est pas négligeable. Notamment, sur des zones touristiques qui sont importantes. J'ai été quand même très frappé d'écouter Lula, président du Brésil, qui en plus est syndicaliste, et qui disait : "chez moi, c'est incompréhensible qu'à Paris, ce ne soit pas ouvert le dimanche !". Là, on sait qu'on a des emplois, soit à protéger, soit à gagner. Donc, en termes d'emplois c'est une bonne mesure, elle ne déroge pas au principe du repos dominical, elle permet juste de clarifier les choses et d'aller chercher ces emplois.
Mais elle crée des statuts différents entre les diverses sortes de travailleurs du dimanche. Le Parti socialiste compte sur cette diversité pour faire casser le texte en Conseil Constitutionnel. Redoutez-vous cette conclusion juridique ?
C'est juste que je trouve attristant, mais je le constate vraiment sur beaucoup de mes sujets en matière d'emploi, c'est que la seule logique du Parti socialiste, c'est de faire casser, c'est de s'opposer, c'est d'arrêter les choses. Ce que j'aimerais, c'est qu'ils proposent, c'est qu'ils mettent des idées sur la table, c'est qu'on puisse débattre de façon constructive, voilà. Si le seul avenir du Parti socialiste c'est de dire notre rêve c'est de faire casser telle chose par le Conseil Constitutionnel, c'est une vision du débat politique un peu courte.
Pôle Emploi va-t-il exploser, imploser à la rentrée devant l'afflux de nouveaux chômeurs ?
Bien sûr la situation est difficile pour faire en sorte de répondre et d'accompagner au mieux ces nouveaux demandeurs d'emploi qu'on a. Et je vais y consacrer une partie de mon été. Pendant l'été, le ministre de l'Emploi ne peut pas être aux abonnés absents, en tout cas, c'est ce que m'ont demandé le Premier ministre et le président de la République.
Qu'allez-vous faire ? Embaucher pour qu'il y aux guichets de Pôle Emploi plus de monde à la rentrée ?
D'abord, on l'a déjà fait, donc on a 1800 agents qui sont en cours de formation et qui viendront en renfort. La deuxième chose, c'est qu'on travaille avec les agences d'intérim et également avec les partenaires, comme les missions locales, pour faire en sorte que tout le monde soit le plus possible en ordre de bataille pour la rentrée. Et surtout ma priorité, c'est l'indemnisation, et qu'on profite de la période un peu plus calme de l'été pour se remettre de zéro sur tous les dossiers d'indemnisation. Et qu'à la rentrée, on soit sans aucun retard dans ce domaine-là. On aura une rentrée où il faudra être tous sur le pont, donc que Pôle Emploi soit à zéro retard en termes de dossiers d'indemnisation à la fin du mois d'août, c'est là-dessus qu'on a travaillé avec C. Charpy.
On travaillera le dimanche à Pôle Emploi pour aider à cela à la rentrée ?
Les agents de Pôle Emploi ont déjà fait - trop souvent ils sont critiqués, il faut aussi leur rendre hommage - beaucoup d'heures supplémentaires sur la période qui s'est écoulée pour faire face à cette augmentation d'activité.
Vous réformez la formation professionnelle également par un texte de loi qui est en débat. D'abord, parce que le financement est très opaque et même suspect ?
Oui, c'est le moins qu'on en puisse dire. Le système lui-même est opaque ; il y a trop de recoins obscurs dans la formation professionnelle. Donc ce texte a trois buts qui sont très simples : d'abord, avoir un système plus juste, qui bénéficie aux salariés qui en ont besoin, aux demandeurs d'emploi qui en ont besoin, qui travaillent dans les PME, c'est le premier objectif. Le deuxième objectif, c'est de faire en sorte que la formation professionnelle ait trois priorités : l'emploi, l'emploi, l'emploi. La formation professionnelle doit servir à ça et à rien d'autre.
Il y a beaucoup de charlatans dans les secteurs ?
Il y a beaucoup d'enfilages de perles. Et on n'a pas assez cette culture de l'évaluation des formations professionnalisantes. Et puis la dernière, c'est contrôler ce qui s'y passe, et éviter que l'on ait trop de frais de gestion qui s'évaporent, trop d'usines à gaz, trop de recoins obscurs dans lesquels depuis trop longtemps personne n'est allé. Je veux un système de formation professionnelle où l'argent va à ceux qui en ont besoin.
Vous avez un autre objectif, dénonce le PS, c'est de nationaliser tout ce système et d'empêcher les collectivités locales, tenues par la gauche, de jouer leur rôle dans la formation.
Non, au contraire...enfin, la demande du Parti socialiste est de dire : on veut les seuls chefs de file de la formation professionnelle, non !
Au plus près des salariés, sur le terrain ?
Oui, sauf qu'il y a les partenaires sociaux qui financent pour 11 milliards ; il y a l'Etat qui finance pour 5 milliards ; il y a les régions qui financent pour 4 milliards. Donc, le projet de loi vise à faire un travail en équipe. Et surtout, le message que je trouve important, ce projet de loi repose sur un accord qui a été signé par tous les partenaires sociaux, depuis le Medef jusqu'à la CGT, et tous ont été capables dire qu'en cette période de crise il faut qu'on avance. On ne va pas être dans les postures, on ne va pas être dans les affrontements, il faut qu'on avance. J'attends la même chose de la part de l'opposition. Dans cette période, je trouverais l'image catastrophique que l'opposition soit dans l'opposition... enfin, soit précisément juste dans un refus du vote, sur un texte qui est quand même consensuel, sur lequel, c'est vrai, il y a un débat - eux voudraient récupérer toutes les compétences des régions - mais pour l'essentiel, il y a des avancées majeures pour les demandeurs d'emploi. Et je ne suis pas sûr que la principale préoccupation du demandeur d'emploi ce soit de savoir si c'est la région ou l'Etat, ou les partenaires sociaux qui "me" financent. Eux, ce qui les intéresse, c'est : est-ce que j'ai ma formation, est-ce qu'on m'aide pour faire ma mobilité, est-ce qu'on m'aide pour rebondir. Et ces questions-là, ce sont elles qui sont au coeur du texte.
Ce n'est pas une manière de maquiller le chômage que de mettre beaucoup de gens en formation, en attente, en antichambre du chômage ?
La formation, c'est la meilleure arme anti-crise. Dans cette crise, on voit très bien des secteurs entiers qui s'effondrent mais d'autres qui continuent à prendre leur essor et à créer de l'emploi. Je vais prendre un exemple précis : la vente à distance, comme la Redoute, perd énormément d'emplois ; les centres d'appels continuent à embaucher. Si jamais vous ne faites pas un sas entre les deux, si on reste les deux pieds dans le même sabot, il y a des emplois qu'on perdra dans la vente à distance, et on ne favorisera pas les transferts dans les centres d'appels. Si on utilise la formation, on peut organiser les rebonds et la reconversion. C'est parce que la France a trop souvent sous-estimé l'importance de la formation professionnelle qu'elle a aussi subi depuis trop d'années ce chômage de longue durée.
La baisse de la TVA dans la restauration ne se voit pas beaucoup sur les additions de la baisse des prix pour l'instant. Est-ce qu'elle se voit plus dans l'emploi ou est-ce que les restaurateurs nous ont vraiment roulés, vous et nous, dans la farine ?
Là encore, ce sera un de mes devoirs d'été, et avec H. Novelli on ira voir directement sur le terrain, et avec des indicateurs qui ont été faits...
Vous êtes inquiet ?
Non, je ne suis pas inquiet, je suis juste vigilant, mais c'est une profession qui crée beaucoup d'emplois, qui mise beaucoup sur l'apprentissage, donc sur des chances qui sont données aux jeunes, et je suis sûr qu'ils vont relever ce défi. Mais c'est normal, on a passé un engagement mutuel, c'est logique de contrôler.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009
D'abord, évidemment, on comprend le désarroi. On comprend le désarroi quand on perd son emploi, quand il y a le site dans lequel on a travaillé qui ferme. Mais les menaces et le chantage à la bonbonne de gaz, après l'enfermement des dirigeants, ne peuvent pas être un élément du dialogue social.
On envoie la police ?
Le sujet n'est pas d'envoyer la police, le sujet c'est d'arriver à faire comprendre aux salariés que ça n'est pas comme ça qu'on sort par le haut d'un conflit. Et que faire un chantage à la bonbonne de gaz ce n'est pas ça qui va arracher une prime, ce n'est pas ça qui va permettre une reconversion. Le dialogue social en France il existe, c'est par là qu'on arrive à en sortir par le haut, on l'a montré sur des dossiers comme Heuliez, on peut arriver par le biais du dialogue social à sortir des dossiers, y compris très difficiles. La bonbonne de gaz c'est juste se mettre dos au mur et prendre le risque d'une explosion totale, ça n'est pas un élément du dialogue social qui est acceptable, il faut revenir, y compris quand on est sur des dossiers très difficiles, à ce qui est les habitudes en France dans le dialogue social, qui peut être musclé, qui peut être difficile, et qui ne sombre pas dans ce genre d'extrémité.
Demandez-vous à Renault et Peugeot de payer tout ou partie des 30.000 euros réclamés par salarié, comme indemnités ?
Ce n'est pas mon rôle de m'immiscer dans ce genre de chose.
L'Etat est actionnaire de Renault, l'Etat pourrait payer, ou inciter Renault à payer ?
C'est précisément, et je le redis, en tant que ministre de l'Emploi, mon rôle n'est pas de m'amuser à faire la pression pour que telle ou telle prime soit versée. Par contre mon rôle, c'est de m'assurer que les salariés qui perdent leur emploi puissent bénéficier des meilleurs outils pour rebondir et avoir une reconversion. Et ce qui m'inquiète dans ce dispositif de primes, que je comprends encore une fois, surtout que ce sont des cas qui sont très douloureux où l'entreprise peut être purement et simplement arrêtée et fermer comme à New Fabris, mais ma crainte c'est le mirage de la prime. Et après, quand la prime s'arrête ? Et après, quand on a fini de tirer mois après mois sur la prime, et qu'on a été éloigné de l'emploi pendant plus de deux ans, que se passe-t-il ? En tant que ministre de l'Emploi, ma charge ce n'est pas la prime, c'est d'essayer de faire en sorte d'accompagner ces salariés pour qu'ils rebondissent. Encore un exemple précis : on avait des salariés qui avaient perdu leur emploi dans la sous-traitance automobile, on s'est battus pour faire en sorte que la SNCF les réembauche, et que 1500 salariés soient réembauchés, ceux notamment qui étaient autour du Havre, pour retrouver un emploi dans ce secteur-là. Ca, c'est mon travail, et je me méfie dans cette période du mirage de la prime, qui derrière peut conduire à des situations individuelles dans la durée très douloureuses. Une prime, ça ne fait pas un emploi.
Est-il vrai, comme le disent certains experts, que des entreprises payent des primes parce que pendant ce temps-là elles se lavent les mains de leur devoir de reconversion et de ré-industrialisation ?
Tout ça, par contre, oui c'est mon gros sujet de vigilance. Et dans le cas de Fabris, on est sur un territoire où ils pourront bénéficier du contrat de transition professionnelle pour leur permettre de rebondir et d'avoir le maximum de formation pour retrouver un emploi, ça c'est notre travail.
On va parler de la formation, mais hier il y a eu le vote de la loi sur le travail du dimanche, vote sans enthousiasme ; 52 députés de la majorité ont voté contre ou se sont abstenus, ou ont boudé le texte. Pourquoi cet avertissement de la majorité au Gouvernement ?
Je ne le perçois pas du tout comme un avertissement. Je ne sais pas si c'était un vote sans enthousiasme. Ce dont je suis sûr, c'est que ça a été un vote sans drame. On nous prévoyait à nouveau une explosion, une dramaturgie comme l'Assemblée nationale en est parfois capable, le vote s'est passé sereinement, il y a eu un débat qui s'est étalé sur une semaine, que X. Darcos a très bien piloté, que B. Hortefeux sur ses tâches précédentes avait préparé. Là encore, et c'est mon rôle, ce que je regarde c'est l'emploi.
Alors, vous attendez combien d'emplois avec cette loi, zéro ? On dit que c'est simplement pour sécuriser la situation existante ?
Non, pas du tout, on a essayé de l'étudier, notamment avec B. Hortefeux, on avait fait ce travail, on considère que le travail le dimanche peut nous permettre de sauver ou de créer dans cette période autour de 10.000 emplois, ce n'est pas négligeable. Notamment, sur des zones touristiques qui sont importantes. J'ai été quand même très frappé d'écouter Lula, président du Brésil, qui en plus est syndicaliste, et qui disait : "chez moi, c'est incompréhensible qu'à Paris, ce ne soit pas ouvert le dimanche !". Là, on sait qu'on a des emplois, soit à protéger, soit à gagner. Donc, en termes d'emplois c'est une bonne mesure, elle ne déroge pas au principe du repos dominical, elle permet juste de clarifier les choses et d'aller chercher ces emplois.
Mais elle crée des statuts différents entre les diverses sortes de travailleurs du dimanche. Le Parti socialiste compte sur cette diversité pour faire casser le texte en Conseil Constitutionnel. Redoutez-vous cette conclusion juridique ?
C'est juste que je trouve attristant, mais je le constate vraiment sur beaucoup de mes sujets en matière d'emploi, c'est que la seule logique du Parti socialiste, c'est de faire casser, c'est de s'opposer, c'est d'arrêter les choses. Ce que j'aimerais, c'est qu'ils proposent, c'est qu'ils mettent des idées sur la table, c'est qu'on puisse débattre de façon constructive, voilà. Si le seul avenir du Parti socialiste c'est de dire notre rêve c'est de faire casser telle chose par le Conseil Constitutionnel, c'est une vision du débat politique un peu courte.
Pôle Emploi va-t-il exploser, imploser à la rentrée devant l'afflux de nouveaux chômeurs ?
Bien sûr la situation est difficile pour faire en sorte de répondre et d'accompagner au mieux ces nouveaux demandeurs d'emploi qu'on a. Et je vais y consacrer une partie de mon été. Pendant l'été, le ministre de l'Emploi ne peut pas être aux abonnés absents, en tout cas, c'est ce que m'ont demandé le Premier ministre et le président de la République.
Qu'allez-vous faire ? Embaucher pour qu'il y aux guichets de Pôle Emploi plus de monde à la rentrée ?
D'abord, on l'a déjà fait, donc on a 1800 agents qui sont en cours de formation et qui viendront en renfort. La deuxième chose, c'est qu'on travaille avec les agences d'intérim et également avec les partenaires, comme les missions locales, pour faire en sorte que tout le monde soit le plus possible en ordre de bataille pour la rentrée. Et surtout ma priorité, c'est l'indemnisation, et qu'on profite de la période un peu plus calme de l'été pour se remettre de zéro sur tous les dossiers d'indemnisation. Et qu'à la rentrée, on soit sans aucun retard dans ce domaine-là. On aura une rentrée où il faudra être tous sur le pont, donc que Pôle Emploi soit à zéro retard en termes de dossiers d'indemnisation à la fin du mois d'août, c'est là-dessus qu'on a travaillé avec C. Charpy.
On travaillera le dimanche à Pôle Emploi pour aider à cela à la rentrée ?
Les agents de Pôle Emploi ont déjà fait - trop souvent ils sont critiqués, il faut aussi leur rendre hommage - beaucoup d'heures supplémentaires sur la période qui s'est écoulée pour faire face à cette augmentation d'activité.
Vous réformez la formation professionnelle également par un texte de loi qui est en débat. D'abord, parce que le financement est très opaque et même suspect ?
Oui, c'est le moins qu'on en puisse dire. Le système lui-même est opaque ; il y a trop de recoins obscurs dans la formation professionnelle. Donc ce texte a trois buts qui sont très simples : d'abord, avoir un système plus juste, qui bénéficie aux salariés qui en ont besoin, aux demandeurs d'emploi qui en ont besoin, qui travaillent dans les PME, c'est le premier objectif. Le deuxième objectif, c'est de faire en sorte que la formation professionnelle ait trois priorités : l'emploi, l'emploi, l'emploi. La formation professionnelle doit servir à ça et à rien d'autre.
Il y a beaucoup de charlatans dans les secteurs ?
Il y a beaucoup d'enfilages de perles. Et on n'a pas assez cette culture de l'évaluation des formations professionnalisantes. Et puis la dernière, c'est contrôler ce qui s'y passe, et éviter que l'on ait trop de frais de gestion qui s'évaporent, trop d'usines à gaz, trop de recoins obscurs dans lesquels depuis trop longtemps personne n'est allé. Je veux un système de formation professionnelle où l'argent va à ceux qui en ont besoin.
Vous avez un autre objectif, dénonce le PS, c'est de nationaliser tout ce système et d'empêcher les collectivités locales, tenues par la gauche, de jouer leur rôle dans la formation.
Non, au contraire...enfin, la demande du Parti socialiste est de dire : on veut les seuls chefs de file de la formation professionnelle, non !
Au plus près des salariés, sur le terrain ?
Oui, sauf qu'il y a les partenaires sociaux qui financent pour 11 milliards ; il y a l'Etat qui finance pour 5 milliards ; il y a les régions qui financent pour 4 milliards. Donc, le projet de loi vise à faire un travail en équipe. Et surtout, le message que je trouve important, ce projet de loi repose sur un accord qui a été signé par tous les partenaires sociaux, depuis le Medef jusqu'à la CGT, et tous ont été capables dire qu'en cette période de crise il faut qu'on avance. On ne va pas être dans les postures, on ne va pas être dans les affrontements, il faut qu'on avance. J'attends la même chose de la part de l'opposition. Dans cette période, je trouverais l'image catastrophique que l'opposition soit dans l'opposition... enfin, soit précisément juste dans un refus du vote, sur un texte qui est quand même consensuel, sur lequel, c'est vrai, il y a un débat - eux voudraient récupérer toutes les compétences des régions - mais pour l'essentiel, il y a des avancées majeures pour les demandeurs d'emploi. Et je ne suis pas sûr que la principale préoccupation du demandeur d'emploi ce soit de savoir si c'est la région ou l'Etat, ou les partenaires sociaux qui "me" financent. Eux, ce qui les intéresse, c'est : est-ce que j'ai ma formation, est-ce qu'on m'aide pour faire ma mobilité, est-ce qu'on m'aide pour rebondir. Et ces questions-là, ce sont elles qui sont au coeur du texte.
Ce n'est pas une manière de maquiller le chômage que de mettre beaucoup de gens en formation, en attente, en antichambre du chômage ?
La formation, c'est la meilleure arme anti-crise. Dans cette crise, on voit très bien des secteurs entiers qui s'effondrent mais d'autres qui continuent à prendre leur essor et à créer de l'emploi. Je vais prendre un exemple précis : la vente à distance, comme la Redoute, perd énormément d'emplois ; les centres d'appels continuent à embaucher. Si jamais vous ne faites pas un sas entre les deux, si on reste les deux pieds dans le même sabot, il y a des emplois qu'on perdra dans la vente à distance, et on ne favorisera pas les transferts dans les centres d'appels. Si on utilise la formation, on peut organiser les rebonds et la reconversion. C'est parce que la France a trop souvent sous-estimé l'importance de la formation professionnelle qu'elle a aussi subi depuis trop d'années ce chômage de longue durée.
La baisse de la TVA dans la restauration ne se voit pas beaucoup sur les additions de la baisse des prix pour l'instant. Est-ce qu'elle se voit plus dans l'emploi ou est-ce que les restaurateurs nous ont vraiment roulés, vous et nous, dans la farine ?
Là encore, ce sera un de mes devoirs d'été, et avec H. Novelli on ira voir directement sur le terrain, et avec des indicateurs qui ont été faits...
Vous êtes inquiet ?
Non, je ne suis pas inquiet, je suis juste vigilant, mais c'est une profession qui crée beaucoup d'emplois, qui mise beaucoup sur l'apprentissage, donc sur des chances qui sont données aux jeunes, et je suis sûr qu'ils vont relever ce défi. Mais c'est normal, on a passé un engagement mutuel, c'est logique de contrôler.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009