Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invitée ce matin, N. Morano, secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Solidarité, c'est nouveau. N. Morano, bonjour. Merci d'être avec nous. Vous êtes heureuse que N. Sarkozy se représente en 2012 ?
Evidemment ! Continuer une action qu'il a engagée, c'est toujours important. D'ailleurs, je vous rappelle que c'est le seul président de la République qui a fait inscrire dans la Constitution qu'on ne pouvait avoir que deux mandats successifs en tant que président de la République. Donc, cela veut dire qu'on a un délai court, mais un délai fort pour agir.
Donc, en dix ans, on peut faire beaucoup de choses ?
En deux mandats, on peut faire beaucoup de choses et surtout, on ne pense pas qu'à une seule chose, qui est la réélection, puisqu'on sait qu'à un moment arrive le terme.
Et le terme c'est 2017. N. Morano, vous êtes sarkozyste "jusqu'au bout des globules", c'est ce que vous avez dit, vous avez d'ailleurs été remarquée.
C'est une boutade.
C'est une boutade, mais...
Non mais, parce que j'apprécie son tempérament, j'apprécie ses convictions, sa manière de travailler, son humour et ses qualités personnelles qui ne se voient pas à travers la télé, mais c'est quelqu'un de profondément gentil, N. Sarkozy.
Alors, aux députés UMP, il a dit hier :"j'ai toujours une idée d'avance" ; et il a ajouté : "on a géré notre formation politique comme une marque".
Oui.
C'est vrai ça, l'UMP, c'est une marque ?
Oui, c'est vrai ! Je dirais que c'est d'abord une marque, mais à travers son fonctionnement, son management et surtout la façon de faire participer les militants aux débats. Ils ne sont pas là que pour distribuer des tracts ou aller coller des affiches, mais on les fait participer très activement à nos idées et ministre je suis, mais militante je reste, et je vais toujours à la rencontre des militants lors de mes déplacements dans les fédérations.
Alors, N. Morano, il a ajouté - je lis encore ce qu'a dit le Président de la République, hier, devant les députés UMP -, il a dit : "il faut mobiliser les électeurs tout en démobilisant les adversaires, toute la stratégie de l'ouverture est là. Je sais que ça vous gêne, l'ouverture, mais je dois vous mener à la victoire". L'ouverture vous gêne, vous, N. Morano ?
Non, moi, je l'ai pratiquée dès mon premier mandat au Parlement avec la loi sur le droit des malades et la fin de vie avec G. Gorce qui était député socialiste de la Nièvre. Donc, il y a des sujets qui vont au-delà des clivages politiques.
Au-delà des clivages politiques. "Kouchner, Besson, F. Mitterrand, M. Rocard, l'ouverture ne fait pas gagner une voix mais ça démobilise l'adversaire. On a bouffé la crédibilité de la gauche sur l'écologie, idem sur la culture, idem sur l'ouverture", a-t-il dit.
Oui, je pense que ce n'est pas...il ne dit pas seulement que ça. Vous avez bouffé la crédibilité de la gauche ?
Mais, moi, je n'y étais pas, donc je ne peux pas confirmer ces propos.
Non, non, mais moi je vous le confirme, N. Morano.
Oui, mais vous n'y étiez pas non plus.
Non, mais moi j'ai eu des témoignages de ceux qui y étaient.
Très bien !
Et des députés UMP, N. Morano.
Ok, non, non, mais c'est bien, mais je dirais...
... on peut leur faire confiance, quand même ! Ce n'est pas grave.
Au-delà de ça, ce qui l'intéresse, au-delà de ce qui vient d'être dit et qui est intéressant par ailleurs, c'est qu'il sait utiliser aussi les capacités des personnes même lorsqu'elles ont des idées divergentes. C'est ça, sa grande force aussi, c'est d'arriver à mettre autour de la table quelqu'un comme M. Rocard et quelqu'un comme A. Juppé ; ça, c'est une grande force. C'est avoir une ouverture d'esprit que de respecter les personnes qui ne pensent pas forcément comme vous mais qui peuvent apporter, par leur analyse, une vision différente mais quelques fois complémentaires et surtout qui va dans la même direction : servir les Français.
Alors, on va parler des handicapés, on va parler des droits de la femme, la parité homme/femme, N. Morano, mais je voudrais vous parler du travail le dimanche. Pourquoi ? Parce qu'il a aussi dit hier : "on doit avancer sur le travail du dimanche, car c'est notre marque ". Alors, sur le travail du dimanche je voudrais vous lire deux ou trois témoignages. Celui de Laurence qui habite Pessac, en Gironde : "Et nos familles, on les voit quand ? Etant ouvert de 09 h 30 à 20 h 30, comment fait-on pour voir nos enfants ? Il nous reste le dimanche, je gagne 1.100 euros par mois net au bout de vingt ans d'ancienneté. Nous n'avons plus de jours fériés, le mois de décembre est travaillé tous les jours. Je suis vendeuse, je parle au nom de toutes les vendeuses. On en marre de se faire exploiter. 4,85 euros de plus les dimanches et jours fériés, je préfère rester avec ma famille".
J'entends ce témoignage.
Et des femmes, j'en ai d'autres : Emilie dans le Béarn, « Je travaille dans un commerce de prêt-à-porter pour enfants, enseigne nationale. Si on en vient à ouvrir le dimanche, il ne faut pas se leurrer, on n'embauchera personne de plus. Avec mon mari, nous n'avons que ce jour de repos en commun. Et si lui aussi travaillait le dimanche, nous n'aurions aucune solution de garde. Car, à ma connaissance, les crèches sont fermées et les assistantes maternelles, s'il y en a, doivent coûter cher".
J'entends ces témoignages qui sont des témoignages individuels et intéressants. Je voudrais d'abord faire remarquer qu'il n'est pas question à travers la loi qui est étudiée en ce moment au Parlement de remettre en cause le principe du repos dominical. C'est bien évidemment de permettre dans certaines zones géographiques touristiques d'ouvrir le dimanche. Donc, c'est une exception le travail du dimanche dans ces zones. Voilà, on est d'accord ?
On est d'accord.
Ensuite, après, est prévu dans la loi à ce qu'il y ait des conventions, qui sont passées en accords de branche, je pense par exemple aux fleuristes, aux boulangers, à d'autres, qui vont prévoir par des accords salariaux avec les salariés la compensation salariale ou le repos compensateur et surtout, seulement et seulement si, si le salarié est d'accord de pouvoir travailler le dimanche. En revanche, ce que vous soulevez, je voudrais dire j'entends ces témoignages, il y a près de trois millions de personnes qui travaillent déjà le dimanche.
Beaucoup de femmes !
Qui travaillent déjà le dimanche... Beaucoup de jeunes aussi.
Beaucoup de jeunes ?
Quand vous allez, Monsieur Bourdin, au cinéma, au restaurant, que vous prenez le train, que vous allez à l'hôpital, quand vous prenez le bus, quand vous utilisez les services publics, je pense aux policiers, aux gendarmes, et à bien d'autres qui travaillent le dimanche...
Nécessairement !
Est-ce que pour autant leur famille est moins en harmonie ? Moi, je pourrais vous donner mon exemple personnel. Ma mère était standardiste aux taxis, à Nancy ; elle travaillait donc les dimanches, les jours fériés, bon. Cela n'a pas empêché qu'on a privilégié la qualité du temps partagé plutôt que la quantité du temps. Mais, j'entends bien, encore une fois, ces témoignages, et s'agissant des femmes avec, ce qui est soulevé et qui est soulevé à juste raison, c'est de se dire, parce que ne serait-ce que même le samedi, on parle du dimanche mais il y a le samedi.
Oui !
Quand on voit que certaines femmes ont besoin de travailler parce qu'il faut aussi parler de celles qui ont besoin de travailler et qui sont contentes de travailler le samedi et le dimanche...
Mais quand elles ont besoin de travailler, comment font-elles garder leurs enfants ?
Parce que ce qui est important, c'est d'avoir aussi un revenu. Mais, en même temps, c'est vrai que ce que vous soulevez sur les modes de garde, il n'y a pas ou quasi pas de modes de garde adaptés. C'est pourquoi dans le plan que j'ai lancé, du développement des modes de garde diversifiés, j'ai permis aussi un accord national sur l'ouverture des crèches hospitalières pour que les crèches hospitalières qui sont ouvertes du lundi au dimanche et de 06 h 30 le matin à 21 h 30 le soir puissent ouvrir aux familles qui habitent à proximité de l'hôpital.
Ces crèches hospitalières peuvent accueillir beaucoup d'enfants, N. Morano ?
Elles accueillent déjà des enfants du personnel hospitalier.
Oui, ça, je suis d'accord.
Mais comme elles étaient occupées en moyenne qu'à 70 %, nous avons signé un accord national avec C. Evin qui est président des hôpitaux de France pour l'ouvrir aux autres personnes. Mais il faudra aller beaucoup plus loin, évidemment, pour répondre à cette attente.
Ah, bon ! Alors, comment allez-vous faire ?
Eh bien, vous savez que nous avons également lancé un plan "métiers de la petite enfance et du médico-social". Nous avons besoin de créer dans les modes de garde 60.000 emplois supplémentaires. Alors, il nous faudra, vous parliez des assistantes maternelles, nous avons mis en place un plan pour les assistantes maternelles qui pourront évidemment travailler de manière regroupée, le regroupement d'assistantes maternelles, et donc permettre aux familles d'avoir des amplitudes...
Elles toucheront plus ?
Bien sûr, parce que quand elles travaillent plus, elles touchent plus. Elles pourront même garder, alors qu'avant, en France, elles ne pouvaient garder que trois enfants, dans les pays du Nord, les assistantes maternelles peuvent en garder six.
Non mais, il va falloir faire... si vous ouvrez le dimanche dans des zones effectivement touristiques, il va falloir faire un gros effort en parallèle, N. Morano.
Il va falloir accompagner, évidemment, mais ça, nous en sommes conscients.
Et puis, vous savez, il y a aussi un autre danger, c'est Danièle, par exemple, de Paris, qui nous écrit, qui nous dit : "Mais attendez, le volontariat, mais si je refuse de travailler le dimanche, eh bien, on est puni. Dans mon supermarché c'est le cas".
Mais Monsieur Bourdin...
"Si je refuse, je suis punie", et vous le savez.
Bon, moi, je vois les trois feuilles que vous lisez devant moi avec vos témoignages.
Vous voulez que je vous en montre ? J'en ai 100, 150, 200, N. Morano.
Oui, mais vous devriez aussi aller sur internet voir la pétition qui existe en ligne de ceux qui souhaitent travailler le dimanche et qui disent, "Laissez-nous travailler le dimanche".
Mais, je ne suis pas contre, N. Morano.
Voilà !
Mais je vous demande qu'est-ce que vous avez prévu pour aider ceux qui... aider les familles qui vont être dans l'obligation de travailler le dimanche ?
Eh bien, vous l'avez dit vous-même, premièrement, je le redis pour que ce soit très clair pour vos auditeurs, nous ne remettons pas en cause le principe du repos dominical. Nous organisons dans des zones touristiques très concrètes sur notre territoire la possibilité de déroger à ce principe parce que on voit bien que, en même temps, c'est créateur d'emplois, c'est créateur de richesse économique, et que les problèmes qui sont soulevés sont aussi réglés par la loi. Il y aura des accords avec les partenaires sociaux en termes de salaires, en termes de repos compensateur. Et en même temps, s'agissant de l'aide aux femmes que nous devons apporter, je vous rappelle que nous avons signé la convention d'objectifs et de gestion avec la CNAF pour développer sur l'ensemble du territoire 200.000 offres de garde supplémentaires, c'est 1,3...
200.000 le dimanche ?
C'est 1,3 milliards d'euros que nous mettons sur la table en termes de moyens financiers.
200.000 le dimanche ?
Je ne vais pas vous dire 200.000 le dimanche. Vous voyez bien que ce n'est pas que pour le dimanche, sinon je vous raconterais n'importe quoi. Mais nous devons, vous avez raison, et c'est une de mes préoccupations, permettre aux personnes qui travaillent non seulement le dimanche mais en horaires atypiques, soit tôt le matin, soit tard le soir, et le samedi parce qu'il faut penser aussi au samedi.
Mais bien sûr, bien sûr !
Et c'est ma préoccupation, c'est aussi le samedi, et le dimanche, regarder comment nous allons pouvoir accroître avec les collectivités locales ces modes de garde à disposition. (...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009
Evidemment ! Continuer une action qu'il a engagée, c'est toujours important. D'ailleurs, je vous rappelle que c'est le seul président de la République qui a fait inscrire dans la Constitution qu'on ne pouvait avoir que deux mandats successifs en tant que président de la République. Donc, cela veut dire qu'on a un délai court, mais un délai fort pour agir.
Donc, en dix ans, on peut faire beaucoup de choses ?
En deux mandats, on peut faire beaucoup de choses et surtout, on ne pense pas qu'à une seule chose, qui est la réélection, puisqu'on sait qu'à un moment arrive le terme.
Et le terme c'est 2017. N. Morano, vous êtes sarkozyste "jusqu'au bout des globules", c'est ce que vous avez dit, vous avez d'ailleurs été remarquée.
C'est une boutade.
C'est une boutade, mais...
Non mais, parce que j'apprécie son tempérament, j'apprécie ses convictions, sa manière de travailler, son humour et ses qualités personnelles qui ne se voient pas à travers la télé, mais c'est quelqu'un de profondément gentil, N. Sarkozy.
Alors, aux députés UMP, il a dit hier :"j'ai toujours une idée d'avance" ; et il a ajouté : "on a géré notre formation politique comme une marque".
Oui.
C'est vrai ça, l'UMP, c'est une marque ?
Oui, c'est vrai ! Je dirais que c'est d'abord une marque, mais à travers son fonctionnement, son management et surtout la façon de faire participer les militants aux débats. Ils ne sont pas là que pour distribuer des tracts ou aller coller des affiches, mais on les fait participer très activement à nos idées et ministre je suis, mais militante je reste, et je vais toujours à la rencontre des militants lors de mes déplacements dans les fédérations.
Alors, N. Morano, il a ajouté - je lis encore ce qu'a dit le Président de la République, hier, devant les députés UMP -, il a dit : "il faut mobiliser les électeurs tout en démobilisant les adversaires, toute la stratégie de l'ouverture est là. Je sais que ça vous gêne, l'ouverture, mais je dois vous mener à la victoire". L'ouverture vous gêne, vous, N. Morano ?
Non, moi, je l'ai pratiquée dès mon premier mandat au Parlement avec la loi sur le droit des malades et la fin de vie avec G. Gorce qui était député socialiste de la Nièvre. Donc, il y a des sujets qui vont au-delà des clivages politiques.
Au-delà des clivages politiques. "Kouchner, Besson, F. Mitterrand, M. Rocard, l'ouverture ne fait pas gagner une voix mais ça démobilise l'adversaire. On a bouffé la crédibilité de la gauche sur l'écologie, idem sur la culture, idem sur l'ouverture", a-t-il dit.
Oui, je pense que ce n'est pas...il ne dit pas seulement que ça. Vous avez bouffé la crédibilité de la gauche ?
Mais, moi, je n'y étais pas, donc je ne peux pas confirmer ces propos.
Non, non, mais moi je vous le confirme, N. Morano.
Oui, mais vous n'y étiez pas non plus.
Non, mais moi j'ai eu des témoignages de ceux qui y étaient.
Très bien !
Et des députés UMP, N. Morano.
Ok, non, non, mais c'est bien, mais je dirais...
... on peut leur faire confiance, quand même ! Ce n'est pas grave.
Au-delà de ça, ce qui l'intéresse, au-delà de ce qui vient d'être dit et qui est intéressant par ailleurs, c'est qu'il sait utiliser aussi les capacités des personnes même lorsqu'elles ont des idées divergentes. C'est ça, sa grande force aussi, c'est d'arriver à mettre autour de la table quelqu'un comme M. Rocard et quelqu'un comme A. Juppé ; ça, c'est une grande force. C'est avoir une ouverture d'esprit que de respecter les personnes qui ne pensent pas forcément comme vous mais qui peuvent apporter, par leur analyse, une vision différente mais quelques fois complémentaires et surtout qui va dans la même direction : servir les Français.
Alors, on va parler des handicapés, on va parler des droits de la femme, la parité homme/femme, N. Morano, mais je voudrais vous parler du travail le dimanche. Pourquoi ? Parce qu'il a aussi dit hier : "on doit avancer sur le travail du dimanche, car c'est notre marque ". Alors, sur le travail du dimanche je voudrais vous lire deux ou trois témoignages. Celui de Laurence qui habite Pessac, en Gironde : "Et nos familles, on les voit quand ? Etant ouvert de 09 h 30 à 20 h 30, comment fait-on pour voir nos enfants ? Il nous reste le dimanche, je gagne 1.100 euros par mois net au bout de vingt ans d'ancienneté. Nous n'avons plus de jours fériés, le mois de décembre est travaillé tous les jours. Je suis vendeuse, je parle au nom de toutes les vendeuses. On en marre de se faire exploiter. 4,85 euros de plus les dimanches et jours fériés, je préfère rester avec ma famille".
J'entends ce témoignage.
Et des femmes, j'en ai d'autres : Emilie dans le Béarn, « Je travaille dans un commerce de prêt-à-porter pour enfants, enseigne nationale. Si on en vient à ouvrir le dimanche, il ne faut pas se leurrer, on n'embauchera personne de plus. Avec mon mari, nous n'avons que ce jour de repos en commun. Et si lui aussi travaillait le dimanche, nous n'aurions aucune solution de garde. Car, à ma connaissance, les crèches sont fermées et les assistantes maternelles, s'il y en a, doivent coûter cher".
J'entends ces témoignages qui sont des témoignages individuels et intéressants. Je voudrais d'abord faire remarquer qu'il n'est pas question à travers la loi qui est étudiée en ce moment au Parlement de remettre en cause le principe du repos dominical. C'est bien évidemment de permettre dans certaines zones géographiques touristiques d'ouvrir le dimanche. Donc, c'est une exception le travail du dimanche dans ces zones. Voilà, on est d'accord ?
On est d'accord.
Ensuite, après, est prévu dans la loi à ce qu'il y ait des conventions, qui sont passées en accords de branche, je pense par exemple aux fleuristes, aux boulangers, à d'autres, qui vont prévoir par des accords salariaux avec les salariés la compensation salariale ou le repos compensateur et surtout, seulement et seulement si, si le salarié est d'accord de pouvoir travailler le dimanche. En revanche, ce que vous soulevez, je voudrais dire j'entends ces témoignages, il y a près de trois millions de personnes qui travaillent déjà le dimanche.
Beaucoup de femmes !
Qui travaillent déjà le dimanche... Beaucoup de jeunes aussi.
Beaucoup de jeunes ?
Quand vous allez, Monsieur Bourdin, au cinéma, au restaurant, que vous prenez le train, que vous allez à l'hôpital, quand vous prenez le bus, quand vous utilisez les services publics, je pense aux policiers, aux gendarmes, et à bien d'autres qui travaillent le dimanche...
Nécessairement !
Est-ce que pour autant leur famille est moins en harmonie ? Moi, je pourrais vous donner mon exemple personnel. Ma mère était standardiste aux taxis, à Nancy ; elle travaillait donc les dimanches, les jours fériés, bon. Cela n'a pas empêché qu'on a privilégié la qualité du temps partagé plutôt que la quantité du temps. Mais, j'entends bien, encore une fois, ces témoignages, et s'agissant des femmes avec, ce qui est soulevé et qui est soulevé à juste raison, c'est de se dire, parce que ne serait-ce que même le samedi, on parle du dimanche mais il y a le samedi.
Oui !
Quand on voit que certaines femmes ont besoin de travailler parce qu'il faut aussi parler de celles qui ont besoin de travailler et qui sont contentes de travailler le samedi et le dimanche...
Mais quand elles ont besoin de travailler, comment font-elles garder leurs enfants ?
Parce que ce qui est important, c'est d'avoir aussi un revenu. Mais, en même temps, c'est vrai que ce que vous soulevez sur les modes de garde, il n'y a pas ou quasi pas de modes de garde adaptés. C'est pourquoi dans le plan que j'ai lancé, du développement des modes de garde diversifiés, j'ai permis aussi un accord national sur l'ouverture des crèches hospitalières pour que les crèches hospitalières qui sont ouvertes du lundi au dimanche et de 06 h 30 le matin à 21 h 30 le soir puissent ouvrir aux familles qui habitent à proximité de l'hôpital.
Ces crèches hospitalières peuvent accueillir beaucoup d'enfants, N. Morano ?
Elles accueillent déjà des enfants du personnel hospitalier.
Oui, ça, je suis d'accord.
Mais comme elles étaient occupées en moyenne qu'à 70 %, nous avons signé un accord national avec C. Evin qui est président des hôpitaux de France pour l'ouvrir aux autres personnes. Mais il faudra aller beaucoup plus loin, évidemment, pour répondre à cette attente.
Ah, bon ! Alors, comment allez-vous faire ?
Eh bien, vous savez que nous avons également lancé un plan "métiers de la petite enfance et du médico-social". Nous avons besoin de créer dans les modes de garde 60.000 emplois supplémentaires. Alors, il nous faudra, vous parliez des assistantes maternelles, nous avons mis en place un plan pour les assistantes maternelles qui pourront évidemment travailler de manière regroupée, le regroupement d'assistantes maternelles, et donc permettre aux familles d'avoir des amplitudes...
Elles toucheront plus ?
Bien sûr, parce que quand elles travaillent plus, elles touchent plus. Elles pourront même garder, alors qu'avant, en France, elles ne pouvaient garder que trois enfants, dans les pays du Nord, les assistantes maternelles peuvent en garder six.
Non mais, il va falloir faire... si vous ouvrez le dimanche dans des zones effectivement touristiques, il va falloir faire un gros effort en parallèle, N. Morano.
Il va falloir accompagner, évidemment, mais ça, nous en sommes conscients.
Et puis, vous savez, il y a aussi un autre danger, c'est Danièle, par exemple, de Paris, qui nous écrit, qui nous dit : "Mais attendez, le volontariat, mais si je refuse de travailler le dimanche, eh bien, on est puni. Dans mon supermarché c'est le cas".
Mais Monsieur Bourdin...
"Si je refuse, je suis punie", et vous le savez.
Bon, moi, je vois les trois feuilles que vous lisez devant moi avec vos témoignages.
Vous voulez que je vous en montre ? J'en ai 100, 150, 200, N. Morano.
Oui, mais vous devriez aussi aller sur internet voir la pétition qui existe en ligne de ceux qui souhaitent travailler le dimanche et qui disent, "Laissez-nous travailler le dimanche".
Mais, je ne suis pas contre, N. Morano.
Voilà !
Mais je vous demande qu'est-ce que vous avez prévu pour aider ceux qui... aider les familles qui vont être dans l'obligation de travailler le dimanche ?
Eh bien, vous l'avez dit vous-même, premièrement, je le redis pour que ce soit très clair pour vos auditeurs, nous ne remettons pas en cause le principe du repos dominical. Nous organisons dans des zones touristiques très concrètes sur notre territoire la possibilité de déroger à ce principe parce que on voit bien que, en même temps, c'est créateur d'emplois, c'est créateur de richesse économique, et que les problèmes qui sont soulevés sont aussi réglés par la loi. Il y aura des accords avec les partenaires sociaux en termes de salaires, en termes de repos compensateur. Et en même temps, s'agissant de l'aide aux femmes que nous devons apporter, je vous rappelle que nous avons signé la convention d'objectifs et de gestion avec la CNAF pour développer sur l'ensemble du territoire 200.000 offres de garde supplémentaires, c'est 1,3...
200.000 le dimanche ?
C'est 1,3 milliards d'euros que nous mettons sur la table en termes de moyens financiers.
200.000 le dimanche ?
Je ne vais pas vous dire 200.000 le dimanche. Vous voyez bien que ce n'est pas que pour le dimanche, sinon je vous raconterais n'importe quoi. Mais nous devons, vous avez raison, et c'est une de mes préoccupations, permettre aux personnes qui travaillent non seulement le dimanche mais en horaires atypiques, soit tôt le matin, soit tard le soir, et le samedi parce qu'il faut penser aussi au samedi.
Mais bien sûr, bien sûr !
Et c'est ma préoccupation, c'est aussi le samedi, et le dimanche, regarder comment nous allons pouvoir accroître avec les collectivités locales ces modes de garde à disposition. (...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009