Texte intégral
Après cinquante ans de bouleversements démographiques, sociologiques, économiques, les territoires ruraux méritent une attention renouvelée, doublée d'une politique volontariste efficace de soutien et de restructuration. À l'heure où une gouvernance mondiale est enfin en train de se dessiner, il serait en effet criminel d'oublier la puissance du local, la proximité étant, bien plus qu'on ne le croit, l'un des grands défis qu'il nous appartient de relever collectivement.
Les réponses apportées sont aujourd'hui clairement insuffisantes. Certes, l'image du monde rural s'est largement améliorée ces dernières années : l'apparition des néoruraux comme le développement des produits bio et du tourisme vert en fournissent une excellente illustration. Cependant, quand on s'intéresse véritablement à ces zones fondamentales, qui ne constituent pas moins de 80 % de notre espace national, on perçoit un profond sentiment d'injustice et d'abandon chez « ceux qui sont restés au pays ». À Paris, on ne mesure pas combien est implantée l'idée que les réformes des cartes militaire, judiciaire, scolaire, hospitalière et des services publics en général se font à leurs dépens et au profit des « chouchous de la République » que seraient les centres urbains moyens et grands.
Et ils ont, hélas, parfois raison. Ici, l'impossibilité d'avoir accès au haut débit ou à la téléphonie mobile, et, demain, à la télévision numérique ; là, des difficultés considérables pour trouver un médecin généraliste, une école pour son enfant, un hôpital proche de chez soi ou un simple bureau de poste.
Nous ne pouvons accepter plus longtemps la montée en puissance d'un véritable sentiment d'abandon, auquel s'ajoute une réelle fracture territoriale. Notre pays ne peut opposer, d'un côté, les villes avec leurs difficultés sociales, qui focalisent l'attention et monopolisent les mesures et les aides financières, et, de l'autre, les campagnes qui s'endorment dans l'indifférence et la frustration ! Un rééquilibrage est aujourd'hui plus que nécessaire !
Les Français doivent redevenir fiers de leur campagne et comprendre que les ruraux sont tout simplement irremplaçables. Plus que cela, cet espace est une véritable opportunité pour notre pays, de par ses apports - ressources en eau, énergie, paysages, attrait touristique - ainsi que de par les complémentarités ville-campagne. Il doit être, encore aujourd'hui, notre poumon vert et non le vestige déclinant d'une puissance rurale révolue. Riche de ses valeurs et de son savoir-faire, il apporte ce supplément d'âme qui nous manque tant aujourd'hui dans nos grandes agglomérations.
Sur le plan économique, la ruralité ouvre des horizons très porteurs pour la relance du pays. L'ampleur de la crise actuelle et son caractère inédit nous obligent à faire preuve de réactivité et d'inventivité, à réveiller toutes les opportunités de croissance. Or, elles sont nombreuses dans ces territoires, qui abritent, déjà, l'immense majorité de nos PME, qui sont la force vive de notre nation. C'est là où sont créés des emplois fortement ancrés dans les territoires et peu délocalisables. La France ne peut, ainsi, pas se permettre de manquer le virage technologique qui permettra à notre agriculture - encore l'une des premières au monde - de maintenir son rang et de contribuer à améliorer notre balance commerciale. Les enjeux sont d'ailleurs considérables : la lutte contre la faim dans le monde, la conquête de nouveaux marchés, l'indépendance et la qualité alimentaire, les emplois verts, la biodiversité... La crise est finalement une occasion unique d'accélérer la politique d'infrastructure et d'équipement (notamment numérique), de moderniser les services publics, et de révolutionner la formation et les services à la personne. Quittons le tropisme urbain et saisissons rapidement cette chance.
Une politique rurale audacieuse doit organiser le développement cohérent des bourgs centres, dernier rempart de la désertification sur beaucoup de territoires. Il faut pour cela privilégier une logique de projets parfaitement structurés et orchestrés. Il faut cesser de saupoudrer les initiatives et les aides sans cohérence d'ensemble. Nos campagnes ont du talent, à nous de les valoriser !
Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 8 septembre 2009 |N|N|N|N|Texte intégral58911|R. Duchemin.- Bonjour F. Lefebvre.
Bonjour R. Duchemin.
Merci d'être avec nous. Vous êtes donc rétabli aujourd'hui ? Première question. Est-ce que ça va mieux, ce claquage ?
Pas encore, ça prend du temps, vous savez, un claquage. Les Français qui en ont eu le savent.
C'est la raison pour laquelle vous êtes ailleurs que dans le studio de France Info ce matin. Alors dites-moi, on dirait en ce moment que les problèmes d'arbitrage empoisonnent un petit peu la majorité : le forfait hospitalier ce week-end, la taxe carbone. D'où vient ce besoin de toujours lancer, finalement, des ballons d'essai ?
Vous savez, ce ne sont pas des ballons d'essai. C'est assez classique. Au mois de septembre - vous reprenez les Unes des radios, et de France Info et vous verrez qu'- il y a toujours des problèmes d'arbitrages, puisque c'est le moment où un Gouvernement arbitre avant la présentation au Parlement de la loi de Finance et la loi de Financement de la Sécurité sociale.
Mais on arbitre justement en « prenant la température de l'opinion », en lançant comme ça des choses pour voir si ça marche ou si ça rebondit ?
Regardez, prenons par exemple la contribution climat-énergie, ce n'est pas un ballon d'essai. D'abord c'est une contribution qui est décidée, qui a été décidée au Grenelle de l'environnement, c'était même un engagement du président de la République devant les Français. J'ajoute que ce n'était pas qu'un engagement de N. Sarkozy puisque madame Royal, qui est contre aujourd'hui, s'y était elle aussi engagée en signant la charte de monsieur Hulot. Donc s'il y a bien un sujet qui a été débattu dans le pays, c'est celui-là. Alors il s'agit maintenant d'en définir les modalités, parce que le Gouvernement a décidé que cette contribution climat-énergie elle se ferait à prélèvement constant, ça veut dire qu'il n'y aurait pas un centime dans les caisses de l'Etat, mais qu'il y aurait redistribution aux Français. Il faut donc définir les modalités.
Précisément, c'est là qu'on attend les arbitrages, notamment de N. Sarkozy, ça va se passer jeudi...
Exactement.
Il y a une réunion qui est prévue demain. Est-ce que le Gouvernement est prêt aujourd'hui, et la majorité aussi, à faire en sorte que cette taxe ne soit pas vécue comme un impôt de plus par les Français ?
Ce ne sera pas un impôt de plus. Ce n'est absolument pas une augmentation d'impôt, c'est une réorganisation de l'impôt. Et vous dites que l'arbitrage...
Mais vous avez beau le dire, visiblement les Français ne l'entendent pas de cette oreille-là puisque plus de 66 % disent aujourd'hui attention, la taxe carbone c'est une taxe en plus".
Ça ne m'étonne pas.
Ça ne vous étonne pas ?
R. Duchemin, ça ne m'étonne pas, puisque tout le monde passe son temps à leur répéter que c'est une taxe en plus. Vous savez, les Français ils écoutent la radio, ils écoutent quand M. Aubry, madame Royal ou d'autres, expliquent que c'est un impôt de plus, eh bien ils écoutent. Et donc ça va être la preuve par les faits. Et N. Sarkozy a l'habitude de faire ce qu'il dit, les Français le savent, et sur cette contribution, il y a un engagement qui est pris, c'est que ce serait à prélèvement constant, vous verrez, ce sera à prélèvement constant. Le vrai sujet, vous savez, j'irai moi, à la fin du mois de septembre, en Suède et au Danemark, pour voir comment ces deux pays, qui ont appliqué la contribution climat-énergie, l'ont fait pour qu'il n'y ait pas de conséquence, ni sur le pouvoir d'achat, ni sur la consommation, et pour qu'il y ait une redistribution. Voilà. Je crois que, à notre pays de montrer la voie, au côté de ces autres pays, parce que ce qu'on joue c'est l'avenir de la planète, c'est l'avenir de nos enfants. Il faut que dans ce pays, où on a l'habitude que la fiscalité pèse sur le travail, il faut qu'on s'habitue à ce qu'il y ait une fiscalité qui pèse sur la pollution.
F. Lefebvre, tout le monde a l'air de vouloir, en ce moment, jouer la partition de l'ouverture, quand la gauche regarde au centre et vice et versa, vous, vous avez l'air de vouloir maintenant, à l'UMP, faire les yeux doux aux écolos. Est-ce qu'on va finir par s'y retrouver ?
Vous savez, il ne s'agit pas de faire les yeux doux. Je disais tout à l'heure, quand N. Sarkozy, avant la présidentielle, a signé la charte de N. Hulot, qu'il a déclenché...
Il n'est pas le seul à l'avoir signée !
Il n'est pas le seul, je le rappelais tout à l'heure, malheureusement il est le seul à respecter ses engagements, c'est une grande différence avec les autres.
Il est Président.
Oui, il est Président, mais ça n'empêche pas, quand on est dans l'opposition, que quand on s'est engagé à quelque chose, au moins dans la parole, on le respecte. Il a enclenché ensuite le Grenelle de l'environnement, il a mis autour de la table tous les acteurs de l'environnement, les associations, les hommes et les femmes politiques, et il est bien décidé - il a porté d'ailleurs ce message au niveau international - il est bien décidé à ce que la France soit moteur sur cette question. Ça fait évidemment des points communs avec les écologistes. Et on a vu d'ailleurs aux dernières élections européennes que beaucoup de nos électeurs avaient voté écologiste. Les sondages le montraient. Ça veut dire simplement qu'il y a une préoccupation forte des Français sur l'avenir de la planète, sur l'avenir et le bien-être de leurs enfants, et cette préoccupation c'est une des préoccupations majeures du Gouvernement. On a un grand emprunt qui est lancé, il va falloir notamment qu'on définisse un certain nombre d'investissements pour l'avenir, et je pense qu'un investissement très lourd dans la voiture électrique, par exemple, pour qu'enfin notre pays soit moteur sur cette question, serait une bonne chose. C'est un exemple.
F. Lefebvre, la grippe A est en train de gagner du terrain en France, il y a un appel qui est lancé ce matin dans Libération, les syndicats, notamment, aimeraient bien être associés à une réflexion plus générale. Alors c'est vrai que ça va poser pas mal de problèmes au niveau de l'organisation du travail, est-ce qu'on va télé-travailler davantage ?
Eh bien, voilà. Vous vous souvenez de ma proposition qui avait fait tant de bruit ?
Oui, vous la mettez en pratique en ce moment d'ailleurs.
Je la mets en pratique moi-même ; tout le monde l'était tombé dessus à bras raccourcis, et vous allez voir que le télétravail va être une des solutions pour que notre économie fonctionne, si par malheur la pandémie que nous redoutons a lieu.
Mais comment on va faire, par exemple, pour payer les heures supplémentaires aux salariés ? Est-ce que tout ça c'est tranché, est-ce que tout ça c'est géré ?
De toute façon les heures supplémentaires seront payées, mais il va falloir que dans les entreprises, il va falloir que dans les associations, il va falloir que dans les écoles, il va falloir que - et je voyais que ça faisait polémique - qu'à la justice, dans la police, tout le monde s'organise. S'il y a une pandémie, il va bien falloir que la vie continue. Et donc c'est tout, aujourd'hui, la mobilisation du gouvernement, pour mettre en place, secteur par secteur, un fonctionnement normal de la société. Parce que si on ajoute une crise sanitaire, non maîtrisée, à une crise économique, vous voyez ce que cela peut donner.
D'un mot, F. Lefebvre, votre avenir proche. On vous donnait entrant au Gouvernement, il y a eu le couac sur Internet à Matignon, est-ce que vous voyez l'espoir d'un portefeuille ministériel s'envoler ou juste différé ?
Vous savez, rentrer au Gouvernement, ni ça ne se demande, ni ça ne se refuse. Et pour le moment, j'ai décidé d'utiliser ma liberté que vous connaissez, mon authenticité et le temps qui m'est offert, pour essayer d'apporter ma contribution à ce monde moderne que je souhaite. Alors je vais... je prépare un livre, avec un certain nombre de propositions, il y a beaucoup de tabous dans notre pays, et je pense qu'il faut qu'on réfléchisse et qu'on propose des choses fortes. J'irai, d'ailleurs, à plusieurs reprises durant les prochains mois, à l'étranger pour confronter mes idées à la réalité, à la réalité qui s'applique parfois dans des pays qui sont voisins, et qu'on ne sait pas regarder. Vous avez compris, en réalité je souhaite contribuer et apporter, à ma famille politique et à mon pays, pendant toutes ces semaines.
Merci F. Lefebvre d'avoir été en direct ce matin sur France Info.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gourvernement, le 8 septembre 2009
Les réponses apportées sont aujourd'hui clairement insuffisantes. Certes, l'image du monde rural s'est largement améliorée ces dernières années : l'apparition des néoruraux comme le développement des produits bio et du tourisme vert en fournissent une excellente illustration. Cependant, quand on s'intéresse véritablement à ces zones fondamentales, qui ne constituent pas moins de 80 % de notre espace national, on perçoit un profond sentiment d'injustice et d'abandon chez « ceux qui sont restés au pays ». À Paris, on ne mesure pas combien est implantée l'idée que les réformes des cartes militaire, judiciaire, scolaire, hospitalière et des services publics en général se font à leurs dépens et au profit des « chouchous de la République » que seraient les centres urbains moyens et grands.
Et ils ont, hélas, parfois raison. Ici, l'impossibilité d'avoir accès au haut débit ou à la téléphonie mobile, et, demain, à la télévision numérique ; là, des difficultés considérables pour trouver un médecin généraliste, une école pour son enfant, un hôpital proche de chez soi ou un simple bureau de poste.
Nous ne pouvons accepter plus longtemps la montée en puissance d'un véritable sentiment d'abandon, auquel s'ajoute une réelle fracture territoriale. Notre pays ne peut opposer, d'un côté, les villes avec leurs difficultés sociales, qui focalisent l'attention et monopolisent les mesures et les aides financières, et, de l'autre, les campagnes qui s'endorment dans l'indifférence et la frustration ! Un rééquilibrage est aujourd'hui plus que nécessaire !
Les Français doivent redevenir fiers de leur campagne et comprendre que les ruraux sont tout simplement irremplaçables. Plus que cela, cet espace est une véritable opportunité pour notre pays, de par ses apports - ressources en eau, énergie, paysages, attrait touristique - ainsi que de par les complémentarités ville-campagne. Il doit être, encore aujourd'hui, notre poumon vert et non le vestige déclinant d'une puissance rurale révolue. Riche de ses valeurs et de son savoir-faire, il apporte ce supplément d'âme qui nous manque tant aujourd'hui dans nos grandes agglomérations.
Sur le plan économique, la ruralité ouvre des horizons très porteurs pour la relance du pays. L'ampleur de la crise actuelle et son caractère inédit nous obligent à faire preuve de réactivité et d'inventivité, à réveiller toutes les opportunités de croissance. Or, elles sont nombreuses dans ces territoires, qui abritent, déjà, l'immense majorité de nos PME, qui sont la force vive de notre nation. C'est là où sont créés des emplois fortement ancrés dans les territoires et peu délocalisables. La France ne peut, ainsi, pas se permettre de manquer le virage technologique qui permettra à notre agriculture - encore l'une des premières au monde - de maintenir son rang et de contribuer à améliorer notre balance commerciale. Les enjeux sont d'ailleurs considérables : la lutte contre la faim dans le monde, la conquête de nouveaux marchés, l'indépendance et la qualité alimentaire, les emplois verts, la biodiversité... La crise est finalement une occasion unique d'accélérer la politique d'infrastructure et d'équipement (notamment numérique), de moderniser les services publics, et de révolutionner la formation et les services à la personne. Quittons le tropisme urbain et saisissons rapidement cette chance.
Une politique rurale audacieuse doit organiser le développement cohérent des bourgs centres, dernier rempart de la désertification sur beaucoup de territoires. Il faut pour cela privilégier une logique de projets parfaitement structurés et orchestrés. Il faut cesser de saupoudrer les initiatives et les aides sans cohérence d'ensemble. Nos campagnes ont du talent, à nous de les valoriser !
Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 8 septembre 2009 |N|N|N|N|Texte intégral58911|R. Duchemin.- Bonjour F. Lefebvre.
Bonjour R. Duchemin.
Merci d'être avec nous. Vous êtes donc rétabli aujourd'hui ? Première question. Est-ce que ça va mieux, ce claquage ?
Pas encore, ça prend du temps, vous savez, un claquage. Les Français qui en ont eu le savent.
C'est la raison pour laquelle vous êtes ailleurs que dans le studio de France Info ce matin. Alors dites-moi, on dirait en ce moment que les problèmes d'arbitrage empoisonnent un petit peu la majorité : le forfait hospitalier ce week-end, la taxe carbone. D'où vient ce besoin de toujours lancer, finalement, des ballons d'essai ?
Vous savez, ce ne sont pas des ballons d'essai. C'est assez classique. Au mois de septembre - vous reprenez les Unes des radios, et de France Info et vous verrez qu'- il y a toujours des problèmes d'arbitrages, puisque c'est le moment où un Gouvernement arbitre avant la présentation au Parlement de la loi de Finance et la loi de Financement de la Sécurité sociale.
Mais on arbitre justement en « prenant la température de l'opinion », en lançant comme ça des choses pour voir si ça marche ou si ça rebondit ?
Regardez, prenons par exemple la contribution climat-énergie, ce n'est pas un ballon d'essai. D'abord c'est une contribution qui est décidée, qui a été décidée au Grenelle de l'environnement, c'était même un engagement du président de la République devant les Français. J'ajoute que ce n'était pas qu'un engagement de N. Sarkozy puisque madame Royal, qui est contre aujourd'hui, s'y était elle aussi engagée en signant la charte de monsieur Hulot. Donc s'il y a bien un sujet qui a été débattu dans le pays, c'est celui-là. Alors il s'agit maintenant d'en définir les modalités, parce que le Gouvernement a décidé que cette contribution climat-énergie elle se ferait à prélèvement constant, ça veut dire qu'il n'y aurait pas un centime dans les caisses de l'Etat, mais qu'il y aurait redistribution aux Français. Il faut donc définir les modalités.
Précisément, c'est là qu'on attend les arbitrages, notamment de N. Sarkozy, ça va se passer jeudi...
Exactement.
Il y a une réunion qui est prévue demain. Est-ce que le Gouvernement est prêt aujourd'hui, et la majorité aussi, à faire en sorte que cette taxe ne soit pas vécue comme un impôt de plus par les Français ?
Ce ne sera pas un impôt de plus. Ce n'est absolument pas une augmentation d'impôt, c'est une réorganisation de l'impôt. Et vous dites que l'arbitrage...
Mais vous avez beau le dire, visiblement les Français ne l'entendent pas de cette oreille-là puisque plus de 66 % disent aujourd'hui attention, la taxe carbone c'est une taxe en plus".
Ça ne m'étonne pas.
Ça ne vous étonne pas ?
R. Duchemin, ça ne m'étonne pas, puisque tout le monde passe son temps à leur répéter que c'est une taxe en plus. Vous savez, les Français ils écoutent la radio, ils écoutent quand M. Aubry, madame Royal ou d'autres, expliquent que c'est un impôt de plus, eh bien ils écoutent. Et donc ça va être la preuve par les faits. Et N. Sarkozy a l'habitude de faire ce qu'il dit, les Français le savent, et sur cette contribution, il y a un engagement qui est pris, c'est que ce serait à prélèvement constant, vous verrez, ce sera à prélèvement constant. Le vrai sujet, vous savez, j'irai moi, à la fin du mois de septembre, en Suède et au Danemark, pour voir comment ces deux pays, qui ont appliqué la contribution climat-énergie, l'ont fait pour qu'il n'y ait pas de conséquence, ni sur le pouvoir d'achat, ni sur la consommation, et pour qu'il y ait une redistribution. Voilà. Je crois que, à notre pays de montrer la voie, au côté de ces autres pays, parce que ce qu'on joue c'est l'avenir de la planète, c'est l'avenir de nos enfants. Il faut que dans ce pays, où on a l'habitude que la fiscalité pèse sur le travail, il faut qu'on s'habitue à ce qu'il y ait une fiscalité qui pèse sur la pollution.
F. Lefebvre, tout le monde a l'air de vouloir, en ce moment, jouer la partition de l'ouverture, quand la gauche regarde au centre et vice et versa, vous, vous avez l'air de vouloir maintenant, à l'UMP, faire les yeux doux aux écolos. Est-ce qu'on va finir par s'y retrouver ?
Vous savez, il ne s'agit pas de faire les yeux doux. Je disais tout à l'heure, quand N. Sarkozy, avant la présidentielle, a signé la charte de N. Hulot, qu'il a déclenché...
Il n'est pas le seul à l'avoir signée !
Il n'est pas le seul, je le rappelais tout à l'heure, malheureusement il est le seul à respecter ses engagements, c'est une grande différence avec les autres.
Il est Président.
Oui, il est Président, mais ça n'empêche pas, quand on est dans l'opposition, que quand on s'est engagé à quelque chose, au moins dans la parole, on le respecte. Il a enclenché ensuite le Grenelle de l'environnement, il a mis autour de la table tous les acteurs de l'environnement, les associations, les hommes et les femmes politiques, et il est bien décidé - il a porté d'ailleurs ce message au niveau international - il est bien décidé à ce que la France soit moteur sur cette question. Ça fait évidemment des points communs avec les écologistes. Et on a vu d'ailleurs aux dernières élections européennes que beaucoup de nos électeurs avaient voté écologiste. Les sondages le montraient. Ça veut dire simplement qu'il y a une préoccupation forte des Français sur l'avenir de la planète, sur l'avenir et le bien-être de leurs enfants, et cette préoccupation c'est une des préoccupations majeures du Gouvernement. On a un grand emprunt qui est lancé, il va falloir notamment qu'on définisse un certain nombre d'investissements pour l'avenir, et je pense qu'un investissement très lourd dans la voiture électrique, par exemple, pour qu'enfin notre pays soit moteur sur cette question, serait une bonne chose. C'est un exemple.
F. Lefebvre, la grippe A est en train de gagner du terrain en France, il y a un appel qui est lancé ce matin dans Libération, les syndicats, notamment, aimeraient bien être associés à une réflexion plus générale. Alors c'est vrai que ça va poser pas mal de problèmes au niveau de l'organisation du travail, est-ce qu'on va télé-travailler davantage ?
Eh bien, voilà. Vous vous souvenez de ma proposition qui avait fait tant de bruit ?
Oui, vous la mettez en pratique en ce moment d'ailleurs.
Je la mets en pratique moi-même ; tout le monde l'était tombé dessus à bras raccourcis, et vous allez voir que le télétravail va être une des solutions pour que notre économie fonctionne, si par malheur la pandémie que nous redoutons a lieu.
Mais comment on va faire, par exemple, pour payer les heures supplémentaires aux salariés ? Est-ce que tout ça c'est tranché, est-ce que tout ça c'est géré ?
De toute façon les heures supplémentaires seront payées, mais il va falloir que dans les entreprises, il va falloir que dans les associations, il va falloir que dans les écoles, il va falloir que - et je voyais que ça faisait polémique - qu'à la justice, dans la police, tout le monde s'organise. S'il y a une pandémie, il va bien falloir que la vie continue. Et donc c'est tout, aujourd'hui, la mobilisation du gouvernement, pour mettre en place, secteur par secteur, un fonctionnement normal de la société. Parce que si on ajoute une crise sanitaire, non maîtrisée, à une crise économique, vous voyez ce que cela peut donner.
D'un mot, F. Lefebvre, votre avenir proche. On vous donnait entrant au Gouvernement, il y a eu le couac sur Internet à Matignon, est-ce que vous voyez l'espoir d'un portefeuille ministériel s'envoler ou juste différé ?
Vous savez, rentrer au Gouvernement, ni ça ne se demande, ni ça ne se refuse. Et pour le moment, j'ai décidé d'utiliser ma liberté que vous connaissez, mon authenticité et le temps qui m'est offert, pour essayer d'apporter ma contribution à ce monde moderne que je souhaite. Alors je vais... je prépare un livre, avec un certain nombre de propositions, il y a beaucoup de tabous dans notre pays, et je pense qu'il faut qu'on réfléchisse et qu'on propose des choses fortes. J'irai, d'ailleurs, à plusieurs reprises durant les prochains mois, à l'étranger pour confronter mes idées à la réalité, à la réalité qui s'applique parfois dans des pays qui sont voisins, et qu'on ne sait pas regarder. Vous avez compris, en réalité je souhaite contribuer et apporter, à ma famille politique et à mon pays, pendant toutes ces semaines.
Merci F. Lefebvre d'avoir été en direct ce matin sur France Info.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gourvernement, le 8 septembre 2009