Texte intégral
Q - Un rapatriement des Français au Gabon est-il à l'ordre du jour ?
R - Non. Jusqu'à présent, aucun Français n'a été molesté, et il ne s'est rien passé. Nous disposons, bien sûr, d'un plan d'évacuation, ou plus précisément d'un plan de regroupement et de protection. Nos soldats sont sur place et je regrette bien entendu ce qui s'est passé à Port Gentil. J'espère que le pire est derrière nous. Dans le processus électoral, il y a une commission de recours auprès de laquelle des appels sont possibles dans un délai de 10 jours. J'ignore si les concurrents, qui s'estiment lésés, feront appel. En tout cas, nous, nous ne nous en mêlons pas.
Q - Quel est le message que vous faites parvenir à nos compatriotes au Gabon ?
R - J'écoute ce que nous disent nos compatriotes au Gabon, et je pense qu'ils ne sont pas inquiets. Evidemment tout est prêt pour les protéger, des troupes françaises se sont déplacées vers Port Gentil. En dernier recours, il y a un plan d'évacuation, mais qui n'est pas du tout à l'ordre du jour. La protection de tous nos ressortissants, peu importe les pays où ils se trouvent, est une nécessité. Le centre de crise est en alerte depuis plusieurs jours et nous sommes informés régulièrement de l'évolution de la situation.
Q - Il y a un sentiment anti-français dans certaines factions au Gabon...
R - Je n'ignore pas le sentiment anti-français, parce qu'il existe. Il date de la colonisation bien que depuis, les choses aient évolué. Néanmoins, honnêtement, ce n'est pas au Gabon où il est le plus fort.
Q - Qu'avez-vous proposé pour améliorer la situation en Afghanistan ?
R - C'est difficile à dire, mais je crois qu'il s'agit principalement de travailler avec les Afghans - et non pas de les bombarder. Nous devons mettre en place une approche commune et leur proposer des projets qu'ils superviseront voire géreront en vue de développer leur pays. Il s'agit de l'un des pays les plus pauvres du monde. Mais aussi, nous devons développer leurs troupes. C'est notre objectif que d'augmenter le nombre des soldats afghans et de leur confier le plus rapidement possible le commandement de leur propre sécurité et de leur propre protection.
Q - S'agissant du bombardement du camion hier...
R - Il s'agit d'une grave erreur. Une enquête va être menée. Etant à Stockholm, j'ignore tout des circonstances.
Q - Une grave erreur de la part de qui ?
R - Je ne suis pas juge, j'ignore de la part de qui. Je connais la guerre pour l'avoir vécue près de quarante ans. De tels drames ont toujours lieu, c'est le cas en Afghanistan, mais malheureusement cela se produit aussi ailleurs. Cela fait partie de la cruauté de la guerre et nous devons l'éviter. C'est la raison pour laquelle nous demandons qu'une enquête soit menée en vue de définir les responsabilités.
Q - Selon vous, que peut faire l'Europe unie en Afghanistan ?
R - Tout d'abord, parler plus que nous ne le faisons. Nous appartenons certes à cette alliance mais nous n'avons pas défini un projet précis ni même une stratégie européenne commune quand bien même certains d'entre nous se connaissent depuis longtemps et connaissent ce pays. Il faut que l'on s'interroge sur les bases de notre stratégie : pourquoi, combien de temps et comment ?
Q - Sur l'Afghanistan...
R - C'est une situation difficile à laquelle nous n'attendons pas d'issue militaire. Il faut qu'il y ait une sécurisation suffisante. Il faut que l'armée, la police afghane soient formées, et que nous puissions accéder aux populations plus facilement afin de leur proposer des projets qu'ils prendraient eux-mêmes en main. C'est la seule solution ! Cependant, nous ne devons pas partir, nous ne devons pas les abandonner maintenant. Certainement pas ! Il faut prendre en considération la façon dont ils ont participé aux élections. C'est un succès pour la communauté internationale mais c'est surtout un succès pour les Afghans qui ont voté dans des conditions extrêmement difficiles.
Q - Sur l'Afghanistan, quelles sont les attentes des Européens vis-à-vis de la commission électorale. S'agit-il simplement d'un avis ?
R - Il y a deux choses : la commission électorale et la commission des recours, qui comporte une présidence canadienne, deux représentants afghans ainsi que deux représentants des autres pays de l'alliance.
Nous attendons, dans un premier temps, que la proclamation des résultats soit définitive. Après il y aura un délai de 10 à 15 jours pendant lequel des recours éventuels pourront être pris en compte - il y en a eu plus de 2000. Et ces recours doivent être étudiés, d'où une commission d'enquête. On attend les conclusions pour savoir si, après la découverte éventuelle de fraudes éventuelles, on pourrait être amené à réduire le pourcentage accordé à chaque candidat. C'est à partir des résultats définitifs que l'on pourra, oui ou non, avec cette commission réduire le pourcentage. Cela posera peut-être des problèmes quant au nombre de tours : un seul ou un deuxième.
Q - S'agissant de l'Iran, êtes-vous prêt à patienter avant de parler de sanctions ?
R - Nous avons déjà voté, au Conseil de sécurité des Nations unies, trois résolutions incluant des sanctions. Pour envisager des sanctions supplémentaires, il faut que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité soient d'accord. Pour le moment, nous ne le sommes pas et nous en reparlerons à New York à la fin du mois. Je ne crois pas non plus que les sanctions soient une solution magique. Il faut être particulièrement vigilants aux types de sanctions que l'on souhaite voter, visant qui et quoi ? Le circuit bancaire sûrement, les voyages de personnes. Mais elles ne doivent pas viser le peuple iranien.
Q - Quand souhaitez-vous voir la Turquie comme pays membre de l'Union européenne ?
R - Excellente question ! Actuellement, nous appréhendons chapitre d'adhésion après chapitre d'adhésion. Il y a 35 chapitres, le processus prend donc du temps. Comme vous le savez, la Turquie n'est pas la première sur la liste des prétendants, il y a également les pays des Balkans où nous devons résoudre certains problèmes notamment entre la Slovénie et la Croatie, entre l'ARYM et la Grèce. Cependant pour accepter de nouveaux membres, le Traité de Lisbonne doit être ratifié par tous, et nous espérons qu'il le sera le plus rapidement possible avec le vote des Irlandais en octobre prochain.
Q - Vous voyez le ministre turc des Affaires étrangères à midi, est-ce que vous n'avez pas peur que le refus français d'accepter la Turquie dans l'Union européenne pousse Ankara vers l'Asie, la Russie ?
R - C'est une des questions qu'il faut se poser et il faut trouver une solution. C'est la raison pour laquelle, il faut se parler et se faire confiance.
Q - Et à propos de la Turquie ? Vous allez rencontrer votre homologue Carl Bildt qui, lui, est favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
R - Certains d'entre nous ne sont pas toujours d'accord, ce qui fait que l'Union européenne est si intéressante. Nous avons besoin d'un consensus, mais aussi de convaincre les populations, eux et nous !
Q - Sur la Turquie, vous avez vu votre homologue turc...
R - Il y a l'ouverture des chapitres d'adhésion qui se déroule selon un plan précis. Chaque semestre, un ou deux chapitres sont ouverts. Nous continuons ce processus, le président de la République l'a dit. Il y a 35 chapitres ce qui signifie que nous en avons encore pour plusieurs années. Avec mon homologue turc, nous venons d'aborder la question du prochain sommet de l'Union pour la Méditerranée, qui se déroulera à Istanbul le 24 septembre.
Plus il y aura de contacts, plus il y aura de rencontres et les choses avanceront... Par ailleurs, c'est l'année de la Turquie (des échanges croisés entre la Turquie et la France se déroulent à partir du mois de septembre). Il y aura une visite projetée du président Gül, ainsi que du ministre des Affaires étrangères en France. Ces évènements artistiques sont parrainés par les deux pays et leur préparation se déroule très bien.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2009
R - Non. Jusqu'à présent, aucun Français n'a été molesté, et il ne s'est rien passé. Nous disposons, bien sûr, d'un plan d'évacuation, ou plus précisément d'un plan de regroupement et de protection. Nos soldats sont sur place et je regrette bien entendu ce qui s'est passé à Port Gentil. J'espère que le pire est derrière nous. Dans le processus électoral, il y a une commission de recours auprès de laquelle des appels sont possibles dans un délai de 10 jours. J'ignore si les concurrents, qui s'estiment lésés, feront appel. En tout cas, nous, nous ne nous en mêlons pas.
Q - Quel est le message que vous faites parvenir à nos compatriotes au Gabon ?
R - J'écoute ce que nous disent nos compatriotes au Gabon, et je pense qu'ils ne sont pas inquiets. Evidemment tout est prêt pour les protéger, des troupes françaises se sont déplacées vers Port Gentil. En dernier recours, il y a un plan d'évacuation, mais qui n'est pas du tout à l'ordre du jour. La protection de tous nos ressortissants, peu importe les pays où ils se trouvent, est une nécessité. Le centre de crise est en alerte depuis plusieurs jours et nous sommes informés régulièrement de l'évolution de la situation.
Q - Il y a un sentiment anti-français dans certaines factions au Gabon...
R - Je n'ignore pas le sentiment anti-français, parce qu'il existe. Il date de la colonisation bien que depuis, les choses aient évolué. Néanmoins, honnêtement, ce n'est pas au Gabon où il est le plus fort.
Q - Qu'avez-vous proposé pour améliorer la situation en Afghanistan ?
R - C'est difficile à dire, mais je crois qu'il s'agit principalement de travailler avec les Afghans - et non pas de les bombarder. Nous devons mettre en place une approche commune et leur proposer des projets qu'ils superviseront voire géreront en vue de développer leur pays. Il s'agit de l'un des pays les plus pauvres du monde. Mais aussi, nous devons développer leurs troupes. C'est notre objectif que d'augmenter le nombre des soldats afghans et de leur confier le plus rapidement possible le commandement de leur propre sécurité et de leur propre protection.
Q - S'agissant du bombardement du camion hier...
R - Il s'agit d'une grave erreur. Une enquête va être menée. Etant à Stockholm, j'ignore tout des circonstances.
Q - Une grave erreur de la part de qui ?
R - Je ne suis pas juge, j'ignore de la part de qui. Je connais la guerre pour l'avoir vécue près de quarante ans. De tels drames ont toujours lieu, c'est le cas en Afghanistan, mais malheureusement cela se produit aussi ailleurs. Cela fait partie de la cruauté de la guerre et nous devons l'éviter. C'est la raison pour laquelle nous demandons qu'une enquête soit menée en vue de définir les responsabilités.
Q - Selon vous, que peut faire l'Europe unie en Afghanistan ?
R - Tout d'abord, parler plus que nous ne le faisons. Nous appartenons certes à cette alliance mais nous n'avons pas défini un projet précis ni même une stratégie européenne commune quand bien même certains d'entre nous se connaissent depuis longtemps et connaissent ce pays. Il faut que l'on s'interroge sur les bases de notre stratégie : pourquoi, combien de temps et comment ?
Q - Sur l'Afghanistan...
R - C'est une situation difficile à laquelle nous n'attendons pas d'issue militaire. Il faut qu'il y ait une sécurisation suffisante. Il faut que l'armée, la police afghane soient formées, et que nous puissions accéder aux populations plus facilement afin de leur proposer des projets qu'ils prendraient eux-mêmes en main. C'est la seule solution ! Cependant, nous ne devons pas partir, nous ne devons pas les abandonner maintenant. Certainement pas ! Il faut prendre en considération la façon dont ils ont participé aux élections. C'est un succès pour la communauté internationale mais c'est surtout un succès pour les Afghans qui ont voté dans des conditions extrêmement difficiles.
Q - Sur l'Afghanistan, quelles sont les attentes des Européens vis-à-vis de la commission électorale. S'agit-il simplement d'un avis ?
R - Il y a deux choses : la commission électorale et la commission des recours, qui comporte une présidence canadienne, deux représentants afghans ainsi que deux représentants des autres pays de l'alliance.
Nous attendons, dans un premier temps, que la proclamation des résultats soit définitive. Après il y aura un délai de 10 à 15 jours pendant lequel des recours éventuels pourront être pris en compte - il y en a eu plus de 2000. Et ces recours doivent être étudiés, d'où une commission d'enquête. On attend les conclusions pour savoir si, après la découverte éventuelle de fraudes éventuelles, on pourrait être amené à réduire le pourcentage accordé à chaque candidat. C'est à partir des résultats définitifs que l'on pourra, oui ou non, avec cette commission réduire le pourcentage. Cela posera peut-être des problèmes quant au nombre de tours : un seul ou un deuxième.
Q - S'agissant de l'Iran, êtes-vous prêt à patienter avant de parler de sanctions ?
R - Nous avons déjà voté, au Conseil de sécurité des Nations unies, trois résolutions incluant des sanctions. Pour envisager des sanctions supplémentaires, il faut que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité soient d'accord. Pour le moment, nous ne le sommes pas et nous en reparlerons à New York à la fin du mois. Je ne crois pas non plus que les sanctions soient une solution magique. Il faut être particulièrement vigilants aux types de sanctions que l'on souhaite voter, visant qui et quoi ? Le circuit bancaire sûrement, les voyages de personnes. Mais elles ne doivent pas viser le peuple iranien.
Q - Quand souhaitez-vous voir la Turquie comme pays membre de l'Union européenne ?
R - Excellente question ! Actuellement, nous appréhendons chapitre d'adhésion après chapitre d'adhésion. Il y a 35 chapitres, le processus prend donc du temps. Comme vous le savez, la Turquie n'est pas la première sur la liste des prétendants, il y a également les pays des Balkans où nous devons résoudre certains problèmes notamment entre la Slovénie et la Croatie, entre l'ARYM et la Grèce. Cependant pour accepter de nouveaux membres, le Traité de Lisbonne doit être ratifié par tous, et nous espérons qu'il le sera le plus rapidement possible avec le vote des Irlandais en octobre prochain.
Q - Vous voyez le ministre turc des Affaires étrangères à midi, est-ce que vous n'avez pas peur que le refus français d'accepter la Turquie dans l'Union européenne pousse Ankara vers l'Asie, la Russie ?
R - C'est une des questions qu'il faut se poser et il faut trouver une solution. C'est la raison pour laquelle, il faut se parler et se faire confiance.
Q - Et à propos de la Turquie ? Vous allez rencontrer votre homologue Carl Bildt qui, lui, est favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
R - Certains d'entre nous ne sont pas toujours d'accord, ce qui fait que l'Union européenne est si intéressante. Nous avons besoin d'un consensus, mais aussi de convaincre les populations, eux et nous !
Q - Sur la Turquie, vous avez vu votre homologue turc...
R - Il y a l'ouverture des chapitres d'adhésion qui se déroule selon un plan précis. Chaque semestre, un ou deux chapitres sont ouverts. Nous continuons ce processus, le président de la République l'a dit. Il y a 35 chapitres ce qui signifie que nous en avons encore pour plusieurs années. Avec mon homologue turc, nous venons d'aborder la question du prochain sommet de l'Union pour la Méditerranée, qui se déroulera à Istanbul le 24 septembre.
Plus il y aura de contacts, plus il y aura de rencontres et les choses avanceront... Par ailleurs, c'est l'année de la Turquie (des échanges croisés entre la Turquie et la France se déroulent à partir du mois de septembre). Il y aura une visite projetée du président Gül, ainsi que du ministre des Affaires étrangères en France. Ces évènements artistiques sont parrainés par les deux pays et leur préparation se déroule très bien.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2009