Texte intégral
M. Darmon.- Il rêvait d'être le ministre des policiers, il s'est retrouvé ministre des ouvriers. On vous voit beaucoup donc au chevet des entreprises en difficulté, le groupe Molex par exemple, groupe américain spécialisé dans l'industrie automobile, menace de quitter la France, a décidé de quitter la France. Vous avez, hier, présenté donc un candidat à la reprise, qui n'avait pas encore signé. Où en est-on aujourd'hui ?
Je suis en mesure de vous annoncer ce matin, sur le plateau de France 2, à "Télématin", après en avoir encore discuté toute la nuit, dans des négociations très difficiles, que nous avons signé dans mon ministère, il y a à peu près une heure et demi de cela, la reprise par un fonds industriel, d'une part de l'activité de Molex et de la relance d'une activité industrielle sur le site de Villemur.
Alors que l'on comprenne bien : le groupe Molex américain quitte donc le site, quitte l'entreprise, mais vous avez donc un repreneur qui est un fonds d'investissement américain, qui reprend une partie de l'activité seulement, c'est cela ?
Effectivement. Qu'on comprenne bien : l'activité Molex, c'est fini depuis deux mois, décision prise de quitter le 15, aujourd'hui. Devait-il y avoir un avenir industriel ? Les salariés se sont beaucoup battus pour cela...
Vous aviez d'ailleurs appelé au boycott des produits américains...
...Et moi aussi, parce que je suis plus pour la valeur travail et la défense de l'outil de travail que la négociation à la prime. Pour autant, il faut un plan social qui accorde la dignité et qui indemnise justement des salariés qui ont subi des conséquences et des préjudices importants. Eh bien, la bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui, on est sur les deux : d'un côté, nous préservons une activité industrielle, il y a un fonds d'investissement, un fonds industriel qui relance l'activité et qui la reprend pour partie, pour une part du chiffre d'affaires de Molex, et pour le reste, sur une diversification que l'Etat va accompagner...
Ça concerne combien de personnes ?
Ça représente dans un premier temps entre 60 et 70 personnes, mais comme l'Etat va accompagner, en demandant à PSA, en demandant à Renault, en se tournant vers l'aéronautique du côté de Toulouse, vers le CEA du côté de Grenoble, qu'il y ait de plus en plus de contrats de signés avec cette entreprise, je veux une remontée en puissance de 200 à 300 salariés dans les trois ans qui viennent.
Parce que les syndicats aujourd'hui disent qu'en fait, ça va concerner seulement quinze à vingt personnes, et il y a encore un plan social d'au moins 200, sinon plus, personnes qui sont concernées. Donc est-ce que vous contestez cette analyse ?
Mais quoi que l'on dise, il n'y avait plus d'activité à Villemur-sur-Tarn Qu'est-ce qu'on veut ? Qu'on se batte pour qu'il y ait encore des activités industrielles dans les territoires de France demain ou pas ? Il y a ce matin, je l'annonce, un protocole que j'ai signé, que nous avons signé, repreneur, direction de Molex, soutenu par le Gouvernement, qui garantit que désormais, il y aura encore pour les années qui viennent, à Villemur-sur-Tarn, une activité industrielle. Soixante à soixante-dix salariés dans un premier temps, puisque Molex n'accepte de céder qu'une part de son activité. Elle pouvait ne rien céder, et il n'y aurait plus d'activité industrielle à Villemur. Il y a un mois de cela, on me disait "Monsieur le ministre, jamais vous ne réussirez - de toute façon, Molex est décidé à partir - à ce qu'il y ait une suite". Il y a une suite qui est possible ce matin, elle a été signée cette nuit.
Vous avez trouvé justement, et en signant donc cette nuit, un candidat, donc un repreneur, qui est un fonds d'investissement américain. Dites-moi, on est quand même lion du capitalisme familial à la papa, que vante N. Sarkozy sans arrêt sur les estrades des usines. Il y a un discours pour amadouer les ouvriers et une réalité économique. On va vers les fonds d'investissement, un an après la crise ?
La réalité économique, c'est que vous avez un fonds d'investissement, qu'il soit allemand, qu'il soit américain, qui considère qu'il y a encore une attractivité et une compétitivité...
Pourquoi il n'y a pas de Français ?
Mais il y a des Français derrière ; pourquoi y a-t-il des Français derrière ? Parce que qui va passer des commandes, qui va être client, qui est industriel en France ?
Mais à la reprise, il n'y a pas un candidat investisseur français qui pouvait reprendre ?
Nous sommes sur de la sous-traitance, c'est-à-dire la fabrication de pièces, notamment pour l'automobile aujourd'hui, et je l'espère demain pour d'autres activités, que ce soit l'aéronautique, que ce soit l'aérospatiale, que ce soit l'industrie nautique par exemple, où nous allons bien sûr décloisonner tout cela dans la réorganisation, la restructuration industrielle de notre industrie en France. Eh bien, l'essentiel, c'est qu'il y ait encore une compétitivité qui attire. Il y a aujourd'hui des industries françaises qui localisent les activités dans d'autres pays, et c'est normal - je dis bien pas "délocaliser", localiser -, quand on veut vendre des voitures aux Chinois, il faut construire des voitures françaises en Chine. Et c'est une bonne chose. D'un autre côté, lorsque Renault, PSA ont besoin de faire construire des culasses, des pièces pour la voiture du futur, la voiture électrique, la voiture hybride, que nous présentons par exemple au salon de Francfort aujourd'hui...
C'est donc l'illustration effectivement de votre méthode ?
...Il est bon qu'il y ait des sous-traitants qui soient en mesure de le faire et de le faire plutôt sur le territoire national.
C'est un peu donc l'illustration de la méthode Estrosi à l'Industrie. Mais dites-moi, on a le sentiment également que c'est un peu aussi un coup de pouce à B. Thibault, non ? Il avait lui-même porté personnellement ce dossier à l'Elysée, en s'en faisant l'avocat auprès de N. Sarkozy, et vous vous en êtes emparé. S'est quand même une opportunité...
Et alors, et alors ?!
Il n'y a pas une volonté de l'aider un petit peu, alors qu'il est en train de jouer sa réélection en décembre ?
Mais quoi y aurait-il quelque chose de choquant à ce que le président de la République, à ce que moi-même considérions qu'un des porte-parole importants dans notre pays du monde salarié, engagé dans le militantisme syndical, défende plutôt la valeur travail et l'outil de travail comme l'ont fait les salariés de Molex à Villemur-sur-Tarn, plutôt que de défendre toujours la prime et la compétition à la prime ? Eh bien moi, c'est une philosophie qui me va bien. Et quelque part, que nous puissions organiser notamment des états généraux de l'industrie sur ces valeurs-là, ça me convient parfaitement.
Justement, j'allais y venir : états généraux de l'industrie, annoncés également par le président de la République, sur votre proposition, mais qui dit que c'est une idée de B. Thibault. Donc là, c'est encore une fois une manière de le mettre un petit peu sur la sellette pour l'aider, non ?
Mais lorsqu'il y a eu le sommet social à l'Elysée, le 1er juillet dernier, à l'initiative du président de la République, il y a eu effectivement, de la part de B. Thibault, cette idée qui a été lancée. Le président de la République les a voulus, les a annoncés. Il m'a confié de lui faire des propositions pour leur organisation ; ils seront très utiles ces états généraux.
Il y a un autre axe qu'on a beaucoup évoqué cet été, c'est l'axe X. Bertrand-C. Estrosi, donc X. Bertrand, secrétaire général de l'UMP, et vous, patron de la grosse fédération de l'UMP en France ; c'est l'axe des chouchous du Président ?
Non, mais il n'y a pas d'axe, il n'y a pas de chouchous. L'UMP est une grande famille, le président de la République a toujours souhaité que sa famille politique ne soit pas une famille faite de courants, faite de compétition, mais au contraire une équipe qui s'enrichisse par la diversité et la valeur ajoutée que chacun peut apporter. Aujourd'hui, que j'estime que X. Bertrand soit un secrétaire général qui dynamise notre formation politique, qui la prépare aux échéances futures, et qui, en même temps, soutienne l'action du Gouvernement, et apporte la contribution par un débat permanent organisé dans chacune de nos fédérations des militants, pour discuter du grand emprunt national, pour discuter de la valeur travail, pour discuter de l'avenir industriel de notre pays, je ne vais pas m'en plaindre. C'est comme cela que je conçois l'avenir de notre formation populaire. Oui, je soutiens de toutes mes forces l'action qu'il mène à la tête de l'UMP.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 septembre 2009
Je suis en mesure de vous annoncer ce matin, sur le plateau de France 2, à "Télématin", après en avoir encore discuté toute la nuit, dans des négociations très difficiles, que nous avons signé dans mon ministère, il y a à peu près une heure et demi de cela, la reprise par un fonds industriel, d'une part de l'activité de Molex et de la relance d'une activité industrielle sur le site de Villemur.
Alors que l'on comprenne bien : le groupe Molex américain quitte donc le site, quitte l'entreprise, mais vous avez donc un repreneur qui est un fonds d'investissement américain, qui reprend une partie de l'activité seulement, c'est cela ?
Effectivement. Qu'on comprenne bien : l'activité Molex, c'est fini depuis deux mois, décision prise de quitter le 15, aujourd'hui. Devait-il y avoir un avenir industriel ? Les salariés se sont beaucoup battus pour cela...
Vous aviez d'ailleurs appelé au boycott des produits américains...
...Et moi aussi, parce que je suis plus pour la valeur travail et la défense de l'outil de travail que la négociation à la prime. Pour autant, il faut un plan social qui accorde la dignité et qui indemnise justement des salariés qui ont subi des conséquences et des préjudices importants. Eh bien, la bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui, on est sur les deux : d'un côté, nous préservons une activité industrielle, il y a un fonds d'investissement, un fonds industriel qui relance l'activité et qui la reprend pour partie, pour une part du chiffre d'affaires de Molex, et pour le reste, sur une diversification que l'Etat va accompagner...
Ça concerne combien de personnes ?
Ça représente dans un premier temps entre 60 et 70 personnes, mais comme l'Etat va accompagner, en demandant à PSA, en demandant à Renault, en se tournant vers l'aéronautique du côté de Toulouse, vers le CEA du côté de Grenoble, qu'il y ait de plus en plus de contrats de signés avec cette entreprise, je veux une remontée en puissance de 200 à 300 salariés dans les trois ans qui viennent.
Parce que les syndicats aujourd'hui disent qu'en fait, ça va concerner seulement quinze à vingt personnes, et il y a encore un plan social d'au moins 200, sinon plus, personnes qui sont concernées. Donc est-ce que vous contestez cette analyse ?
Mais quoi que l'on dise, il n'y avait plus d'activité à Villemur-sur-Tarn Qu'est-ce qu'on veut ? Qu'on se batte pour qu'il y ait encore des activités industrielles dans les territoires de France demain ou pas ? Il y a ce matin, je l'annonce, un protocole que j'ai signé, que nous avons signé, repreneur, direction de Molex, soutenu par le Gouvernement, qui garantit que désormais, il y aura encore pour les années qui viennent, à Villemur-sur-Tarn, une activité industrielle. Soixante à soixante-dix salariés dans un premier temps, puisque Molex n'accepte de céder qu'une part de son activité. Elle pouvait ne rien céder, et il n'y aurait plus d'activité industrielle à Villemur. Il y a un mois de cela, on me disait "Monsieur le ministre, jamais vous ne réussirez - de toute façon, Molex est décidé à partir - à ce qu'il y ait une suite". Il y a une suite qui est possible ce matin, elle a été signée cette nuit.
Vous avez trouvé justement, et en signant donc cette nuit, un candidat, donc un repreneur, qui est un fonds d'investissement américain. Dites-moi, on est quand même lion du capitalisme familial à la papa, que vante N. Sarkozy sans arrêt sur les estrades des usines. Il y a un discours pour amadouer les ouvriers et une réalité économique. On va vers les fonds d'investissement, un an après la crise ?
La réalité économique, c'est que vous avez un fonds d'investissement, qu'il soit allemand, qu'il soit américain, qui considère qu'il y a encore une attractivité et une compétitivité...
Pourquoi il n'y a pas de Français ?
Mais il y a des Français derrière ; pourquoi y a-t-il des Français derrière ? Parce que qui va passer des commandes, qui va être client, qui est industriel en France ?
Mais à la reprise, il n'y a pas un candidat investisseur français qui pouvait reprendre ?
Nous sommes sur de la sous-traitance, c'est-à-dire la fabrication de pièces, notamment pour l'automobile aujourd'hui, et je l'espère demain pour d'autres activités, que ce soit l'aéronautique, que ce soit l'aérospatiale, que ce soit l'industrie nautique par exemple, où nous allons bien sûr décloisonner tout cela dans la réorganisation, la restructuration industrielle de notre industrie en France. Eh bien, l'essentiel, c'est qu'il y ait encore une compétitivité qui attire. Il y a aujourd'hui des industries françaises qui localisent les activités dans d'autres pays, et c'est normal - je dis bien pas "délocaliser", localiser -, quand on veut vendre des voitures aux Chinois, il faut construire des voitures françaises en Chine. Et c'est une bonne chose. D'un autre côté, lorsque Renault, PSA ont besoin de faire construire des culasses, des pièces pour la voiture du futur, la voiture électrique, la voiture hybride, que nous présentons par exemple au salon de Francfort aujourd'hui...
C'est donc l'illustration effectivement de votre méthode ?
...Il est bon qu'il y ait des sous-traitants qui soient en mesure de le faire et de le faire plutôt sur le territoire national.
C'est un peu donc l'illustration de la méthode Estrosi à l'Industrie. Mais dites-moi, on a le sentiment également que c'est un peu aussi un coup de pouce à B. Thibault, non ? Il avait lui-même porté personnellement ce dossier à l'Elysée, en s'en faisant l'avocat auprès de N. Sarkozy, et vous vous en êtes emparé. S'est quand même une opportunité...
Et alors, et alors ?!
Il n'y a pas une volonté de l'aider un petit peu, alors qu'il est en train de jouer sa réélection en décembre ?
Mais quoi y aurait-il quelque chose de choquant à ce que le président de la République, à ce que moi-même considérions qu'un des porte-parole importants dans notre pays du monde salarié, engagé dans le militantisme syndical, défende plutôt la valeur travail et l'outil de travail comme l'ont fait les salariés de Molex à Villemur-sur-Tarn, plutôt que de défendre toujours la prime et la compétition à la prime ? Eh bien moi, c'est une philosophie qui me va bien. Et quelque part, que nous puissions organiser notamment des états généraux de l'industrie sur ces valeurs-là, ça me convient parfaitement.
Justement, j'allais y venir : états généraux de l'industrie, annoncés également par le président de la République, sur votre proposition, mais qui dit que c'est une idée de B. Thibault. Donc là, c'est encore une fois une manière de le mettre un petit peu sur la sellette pour l'aider, non ?
Mais lorsqu'il y a eu le sommet social à l'Elysée, le 1er juillet dernier, à l'initiative du président de la République, il y a eu effectivement, de la part de B. Thibault, cette idée qui a été lancée. Le président de la République les a voulus, les a annoncés. Il m'a confié de lui faire des propositions pour leur organisation ; ils seront très utiles ces états généraux.
Il y a un autre axe qu'on a beaucoup évoqué cet été, c'est l'axe X. Bertrand-C. Estrosi, donc X. Bertrand, secrétaire général de l'UMP, et vous, patron de la grosse fédération de l'UMP en France ; c'est l'axe des chouchous du Président ?
Non, mais il n'y a pas d'axe, il n'y a pas de chouchous. L'UMP est une grande famille, le président de la République a toujours souhaité que sa famille politique ne soit pas une famille faite de courants, faite de compétition, mais au contraire une équipe qui s'enrichisse par la diversité et la valeur ajoutée que chacun peut apporter. Aujourd'hui, que j'estime que X. Bertrand soit un secrétaire général qui dynamise notre formation politique, qui la prépare aux échéances futures, et qui, en même temps, soutienne l'action du Gouvernement, et apporte la contribution par un débat permanent organisé dans chacune de nos fédérations des militants, pour discuter du grand emprunt national, pour discuter de la valeur travail, pour discuter de l'avenir industriel de notre pays, je ne vais pas m'en plaindre. C'est comme cela que je conçois l'avenir de notre formation populaire. Oui, je soutiens de toutes mes forces l'action qu'il mène à la tête de l'UMP.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 septembre 2009