Déclaration de Mme Valérie Létard, secrétaire d'Etat aux technologies vertes et aux négociations sur le climat, sur les grandes orientations pour le développement des métiers liés à la "croissance verte", à Paris le 6 octobre 2009.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Ma terre première, pour construire demain", à la Cité des sciences et de l'industrie le 6 octobre 2009

Texte intégral

Monsieur le Député, (William Dumas),
Madame la Présidente de la Cité des sciences et de l'Industrie,
Messieurs les Directeurs, Directeur de cabinet du ministre de la Culture (Pierre Hanotaux), Directeur Général, (Patrick Butor),
Directeur des expositions (Marc Girard),
Monsieur le Directeur de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble, (Vincent Michel),
Monsieur le Directeur du Vaisseau, (Laurent Schmidt),
Monsieur le Conservateur en chef, responsable des collections du musée des confluences (Bruno Jacomy)
Monsieur le responsable scientifique du Forum départemental des sciences (Olivier Moreau)
Mesdames, Messieurs,
Nous venons de découvrir ensemble une magnifique exposition, fruit de la collaboration de plusieurs institutions de culture scientifique et technique et d'un laboratoire de recherche.
Permettez-moi tout d'abord de féliciter et de remercier chaleureusement tous les partenaires de cette initiative passionnante. Nous avons, au fil des salles, pu nous rendre compte tout à la fois de la pertinence de techniques ancestrales, de leur efficacité mais aussi de leur beauté architecturale. Comment rester insensible au charme que dégagent les cités anciennes, les palais, les sites archéologiques ou les ouvrages plus récents d'architectes qui ont entrepris de réutiliser en les repensant ces modes de construction millénaires ? A cet égard, le mur d'images interactif que nous avons pu admirer tout à l'heure constitue, à n'en pas douter, un moment fort de la visite.
Mais en même temps, et c'est là tout l'intérêt de l'exposition, nous ne sommes pas dans une vision nostalgique du passé. Bien au contraire, ce que nous avons vu ensuite des utilisations multiples de la terre crue se fait au travers de recherches particulièrement pointues sur la matière en grains. Elles s'appuient sur des travaux scientifiques de haut niveau au croisement de plusieurs disciplines : physique, chimie, architecture et biologie.
Permettez-moi, si vous le voulez bien d'en tirer trois enseignements pour la Secrétaire d'Etat au développement durable que je suis.
Tout d'abord, dans le compte à rebours sur le réchauffement climatique dans lequel notre planète est désormais engagée, cette exposition montre que des solutions vertueuses en termes de consommation énergétique et innovantes par leur qualité en matière d'isolation, de qualité thermique et de durabilité, peuvent être obtenues à partir d'un matériau de base simple, peu coûteux et accessible partout dans le monde, pour peu que l'on sache l'adapter aux particularités locales et faire preuve de créativité.
J'y vois un encouragement formidable qui s'inscrit complètement dans le sens de l'engagement des Grenelles de l'Environnement où nous nous sommes fixés de réduire la consommation énergétique de nos bâtiments anciens de 38% d'ici à 2020 et de promouvoir des constructions selon la norme « bâtiment basse consommation », à savoir moins de 50 kWh/m2/an. Le pisé de la région Rhône-Alpes, le torchis en Alsace ou encore l'adobe du Sud-ouest, toutes ces techniques peuvent aujourd'hui concourir à atteindre cet objectif ambitieux.
Deuxième enseignement : ce que nous construirons demain s'appuiera sur nos savoirs d'hier mais ceux-ci devront être améliorés, revisités et actualisés pour profiter de l'apport des connaissances techniques et technologiques les plus pointues. Ce que le laboratoire CRAterre fait au quotidien depuis déjà de nombreuses années, nous devons l'encourager dans toutes les disciplines et les métiers du bâtiment. En effet, dans le développement des futurs métiers de la croissance verte où nous escomptons la création ou la transformation de 600 000 emplois à l'horizon 2020, le secteur du bâtiment en représentera à lui seul plus de 390 000.
Ces emplois demanderont des compétences nouvelles, une forte technicité, ce qui suppose que nous ayons anticipé la montée des besoins et formé des dizaines de milliers de personnes, qualifiées ou moins qualifiées. C'est tout l'enjeu des orientations que j'ai présentées au début du mois de septembre sur les métiers de la croissance verte. Ils constituent un enjeu majeur pour nos entreprises et un défi pour notre appareil de formation. Mais ce sera aussi une opportunité pour tous nos concitoyens, et particulièrement les jeunes et les habitants des quartiers. Car ces métiers, ce sont les emplois de demain. Ce seront surtout les emplois de nos enfants qui leur offriront un avenir et la possibilité de vivre dans des villes à taille plus humaine, avec un mode de vie plus respectueux de la nature.
Les orientations ainsi définies vont être débattues, concertées et donner lieu à un plan global. Ce plan identifiera les métiers du futur et évaluera les besoins en recrutement. Il définira les besoins en formation, en organisera les parcours et en facilitera l'accès au plus grand nombre. Le plan prévoira aussi les modalités d'information et de valorisation de ces nouveaux métiers. Il ciblera prioritairement les secteurs contribuant à atteindre les objectifs des 13 grands domaines d'action du Grenelle de l'environnement. Parmi ces derniers,, bien évidemment le bâtiment est très présent : isolation des logements, audits énergétiques, installation de système de production d'énergie renouvelable comme le photovoltaïque en sont quelques exemples.
Nous avons commencé à proposer aux régions et aux partenaires professionnels des expérimentations spécifiques afin de favoriser dans chaque territoire le développement de ces métiers. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) accompagnera techniquement et financièrement ces projets dans les régions qui se porteront volontaires. La présentation détaillée du plan de mobilisation se fera à l'occasion de la conférence nationale sur les métiers verts, annoncée par le Président de la République et qui se tiendra au début de l'année 2010.
Troisième enseignement : et ce que je viens de vous dire m'y amène tout naturellement. Il y a, dans la notion de développement durable, une notion de proximité. Utiliser les moyens à sa disposition localement, être attentif au bilan carbone de ses actions, cela a aussi une traduction très concrète pour la Cité des sciences et de l'industrie : celle de travailler en réseau avec des acteurs régionaux. Et c'est tout à votre honneur, Claudie Haigneré, de l'avoir si bien compris et mis en oeuvre. Cette exposition a été nourrie par les coopérations avec des institutions de toute la France.
Ce travail en réseau est aussi celui que je promeus dans mon plan des métiers de la croissance verte, partant du principe de simple bon sens qu'on ne construit pas à Dunkerque ou Valenciennes comme on peut le faire à Marseille ou Toulouse. Mais qu'il y, pour tous, un intérêt évident à mutualiser les expériences et les bonnes pratiques.
Aussi, si vous le voulez bien, j'aimerais retenir de notre rencontre ce soir, la symbolique forte de ce que nous sommes capables de réaliser ensemble, lorsque l'imagination, l'intelligence et l'envie d'agir pour la planète se rencontrent pour changer les comportements.
Cette force et cette conviction, je sais que vous la mettez en oeuvre dans le cadre du prochain rapprochement entre la Cité des Sciences et le Palais de la Découverte, rapprochement qui donnera lieu à la réalisation d'un grand musée du 21ème siècle. C'est un grand projet dont nous avons eu l'occasion de parler Madame la Présidente, un projet ambitieux dans lequel l'avenir de la planète et le développement durable tiendront une place essentielle. Je souhaite comme vous que cette ambition soit reconnue dans le cadre du grand emprunt au titre duquel vous avez déposé un dossier très argumenté.
Pour conclure, je voudrais rappeler une belle formule de Jean-Louis Borloo pour exprimer la profondeur du changement qui se présente à nous : il dit souvent que c'est une mutation profonde qui relève de l'âme, du sens de la vie et de l'humanité.
Ce que nous avons vu ce soir lui donne, je crois, parfaitement raison. Et je voudrais remercier tous ceux qui m'entourent et dont l'action et la passion permettent de faire rayonner, au service du plus grand nombre, la culture du développement durable.
Je vous remercie.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 7 octobre 2009