Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Chers Amis,
Nous ne nous voyons pas assez !
Je suis donc très heureux de vous accueillir ici ce soir pour célébrer la "naissance" de l'Association des internationalistes.
Enfin une nouvelle internationale !
Je me félicite, et surtout je vous félicite de cette initiative qui permettra de valoriser en France et hors de nos frontières, les études et recherches en relations internationales.
Au-delà du plaisir de vous revoir ou de vous rencontrer pour ceux que je ne connais pas, je souhaite, en vous recevant ce soir, marquer mon attachement - l'attachement de tout le ministère des Affaires étrangères - à l'enseignement et la recherche françaises dans le domaine des relations internationales.
Lors des mes séjours aux Etats-Unis, notamment comme professeur invité à l'Université d'Harvard, j'ai toujours été agréablement surpris par le poids et l'influence sur la scène publique des professeurs et chercheurs en relations internationales. Les analyses de ces intellectuels sont sollicitées par les médias, écoutées du public et prises en compte par les politiques. Bref, leurs idées comptent !
Par contraste en France, alors qu'il existe des spécialistes de renommée mondiale, des centres universitaires dynamiques, des think-tanks dignes de leurs homologues américains - bien qu'insuffisamment nombreux, les travaux de recherches en relations internationales sont moins valorisés et pèsent moins dans les processus de décisions qu'aux Etats-Unis.
En France, malheureusement, les relations internationales, éclatées entre différentes disciplines - sciences politiques, histoire, droit, géographie, économie - ne sont pas considérées par les puristes comme une discipline scientifique à part entière. Ce morcellement entraîne une division des forces et des moyens, un manque de visibilité, alors qu'il s'agit d'un champ vivant, d'un réservoir de talents et d'idées, pour le moins utiles dans "un monde privé de sens".
En cela, la naissance de votre association est une grande et belle nouvelle pour ceux qui, comme nous, oeuvrent dans le domaine des relations internationales !
Avant que le professeur Soutou nous présente votre association, je voudrais vous livrer quelques interrogations et réflexions personnelles et vous dire un mot de l'esprit qui inspire mon action pour réformer ce ministère ; pour en faire un ministère en mouvement et ouvert sur l'extérieur et resserrer nos liens avec vous, chercheurs et spécialistes des questions internationales.
Comment imaginer conduire une politique étrangère digne de ce nom sans se donner les moyens de connaître le monde et de le penser de façon indépendante ; sans un échange intellectuel avec ceux dont la vocation est de rechercher des grilles de lectures et de donner du sens aux grandes mutations contemporaines que connaît notre planète ?
Au-delà de la gestion quotidienne, le ministère des Affaires étrangères doit être partie prenante de cette "discussion du monde". Nous devons jeter un regard lucide sur le monde, sans complaisance ou résignation et être capable de nous affranchir des paradigmes dominants au risque, sinon, de mener une politique étrangère au jour le jour, sans consistance, exclusivement réactive.
L'une des caractéristiques de notre époque est sans doute, pour citer Pierre Hassner, ici à mes côtés, "l'éclatement des paradigmes, l'impossibilité des explications totalisantes" : aucun concept unique ne permet plus de saisir la complexité internationale dans sa globalité comme au temps du "concert des nations" ou de "l'affrontement bipolaire".
La mondialisation pas plus que "la guerre contre le terrorisme", l'unipolarité pas plus que la multipolarité, le règne du droit international, pas plus que le "choc des civilisations" ou "la fin de l'histoire" n'épuisent l'explication de la marche du monde.
Car ce monde change rapidement, tourne à une vitesse accélérée avec le risque, parfois, de perdre ses repères. De nouvelles dynamiques se mettent en place, de nouveaux enjeux s'imposent ; sans pour autant que disparaissent totalement les logiques anciennes, celle des Etats, celle de la puissance. Cela pose des défis formidables à notre compréhension et à notre action et nous oblige à nous ouvrir à la multiplicité des points de vue et des doctrines.
C'est pourquoi je ressens fortement, dans l'exercice de mes responsabilités au quotidien, un certain nombre de besoins :
- besoin d'anticiper. La consolidation de la fonction prospective doit porter à la fois sur les tendances lourdes, dans tous les domaines pertinents pour la politique étrangère, et sur les évolutions plus fines quand il s'agit de prévention de crise, de veille et d'alerte précoce ;
- besoin d'introduire des idées alternatives dans les débats internes. Ce qui suppose de disposer de données et d'analyses que ne recueillent pas systématiquement nos circuits traditionnels, et donc d'entretenir des contacts permanents, en France et à l'étranger, avec les centres de recherche, les praticiens, des personnalités en marge, voire pas toujours fréquentables officiellement. Il est aussi essentiel de disposer d'une capacité de dissensus dans une activité, la diplomatie, privilégiant par essence le statu quo. Je l'ai clairement dit à nos ambassadeurs lors de leur conférence annuelle en août dernier, en les appelant à ne fixer aucune limite à leur ambition intellectuelle. C'est l'un des acquis précieux du CAP, aujourd'hui direction de la Prospective, dirigée par Pierre Lévy, à l'origine de notre rencontre et dont certains prédécesseurs sont également ce soir avec nous - Michel Foucher, Gilles Andréani. Cet acquis, j'y tiens particulièrement ;
- besoin, parallèlement, de peser dans la compétition globale des idées : nombre de donnés ou de ce que l'on considérait comme des acquis ne vont plus de soi : l'intégration européenne, l'action collective, la prééminence de nos valeurs "occidentales". Aujourd'hui, peser sur le cours du monde ne signifie plus seulement influencer les réponses à des questions posées par d'autres (Etats, institutions internationales, ONG...), mais les susciter et en définir le contenu. L'enjeu pour nous est de contribuer à faire émerger les idées qui façonnent les agendas de la politique internationale ;
- besoin d'agir, à l'heure de la mondialisation, selon les logiques de l'influence : agir à travers les réseaux, construire des pouvoirs d'influence, offrir des modèles attractifs, attirer les élites de demain, conquérir les opinions.
C'est sur ce diagnostic que se fonde la réforme du Quai d'Orsay que j'ai mise en oeuvre et dont je mentionnerai brièvement quelques-unes des mesures susceptibles de vous intéresser :
- la création de la direction générale de la Mondialisation, du Développement et du Partenariat pour mieux traiter les enjeux globaux, qui doivent être appréhendés selon une approche politique. C'est le sens des démarches que j'ai entreprises avec certains de mes collègues européens à l'approche du Sommet de Copenhague sur le changement climatique ;
- la création de la direction de la Prospective - je l'ai évoquée - qui remplace le CAP, dont les missions ont été élargies et renforcées. Vous le connaissez bien, en particulier dans sa fonction d'interface avec le monde de la recherche ;
- la réorganisation et l'installation des Archives à la Courneuve. Les archives sont pour vous un instrument de travail unique et indispensable pour neutraliser les tentations de certains de relire l'Histoire dans un esprit parfois plus polémique que scientifique. J'en profite pour vous annoncer que, pour couper court aux polémiques sur le rôle de la France après la chute du Mur de Berlin, lors de la réunification allemande, j'ai donné instruction pour que les archives du Quai d'Orsay concernant l'Allemagne en 1989 et 1990 soient ouvertes immédiatement ;
- on pourrait également évoquer la création de l'Institut diplomatique et consulaire, la réforme et le regroupement de notre réseau culturel à l'étranger, la politique culturelle extérieure.
Mais une réforme ne consiste pas uniquement à redéfinir un organigramme. A mes yeux, c'est d'abord un changement d'approche. Un seul exemple : la nécessité de croiser les enjeux et de casser les raisonnements cloisonnés, enfermés dans des catégories figées pour appréhender le monde dans sa complexité et ses interdépendances. Quelques illustrations :
- le lien entre enjeux environnementaux et enjeux de sécurité s'impose désormais comme une évidence. On nous prédit des guerres environnementales - mais d'ores et déjà les facteurs climatiques exacerbent les tensions dans bien des régions du monde (Darfour) ;
- il en est de même du lien entre développement et sécurité ou entre démocratie/gouvernance et stabilité, qui sont aujourd'hui reconnus.
Je voudrais également insister sur deux convictions profondes :
- une meilleure prise en compte de la religion comme facteur structurant des relations internationales ouvre également des perspectives nouvelles pour notre action diplomatique. D'où la création du pôle religion dirigé par Joseph Maïla présent ce soir au sein de la direction de la Prospective ;
- les phénomènes démographiques ne doivent pas nous échapper. Certes, ils sont peu visibles et leurs effets s'inscrivent dans le long terme. Ils n'en constituent pas moins une clé de compréhension indispensable.
A la lumière de ces exemples, on constate que si l'éclatement des disciplines peut être un facteur de faiblesse, l'attachement - si français - à une approche pluridisciplinaire des relations internationales peut également faire notre force. Et c'est toute la raison d'être de cette association d'"internationalistes", qui a vocation à associer, mais sans les assimiler, vos différentes approches et à ménager un espace de dialogue jusqu'ici insuffisamment développé en France.
Votre contribution nous est également indispensable pour expliquer notre action et la réalité des relations internationales à nos concitoyens, parfois en manque de repères dans un univers ultra-médiatisé, saturé d'informations où triomphe l'immédiateté au détriment - trop souvent - du recul nécessaire à l'analyse. La politique étrangère doit désormais être envisagée non seulement sous l'angle diplomatique mais aussi comme une pédagogie sur le monde et sur la France dans le monde. Chacun de vous y contribue à sa manière.
Dans ce monde aux enjeux complexes, pour qu'un pays comme la France puisse peser pour promouvoir une vision conforme à ses intérêts et à ses valeurs, nous avons besoin, plus que jamais, de solliciter votre capacité à penser le monde, dans le respect total - cela va sans dire - de votre indépendance intellectuelle.
La réunion de ce soir constitue une première étape et je me réjouis à l'idée qu'elle sera suivie, les 5 et 6 février prochains, par les premières journées grand public de la recherche en relations internationales, que j'ai souhaité organiser ici. Elles permettront de donner corps à nos ambitions : un ministère ouvert sur l'extérieur, inspiré par la richesse de nos productions intellectuelles, renforcé dans son action par des liens plus étroits entre l'expertise et la décision.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 2009
Chers Amis,
Nous ne nous voyons pas assez !
Je suis donc très heureux de vous accueillir ici ce soir pour célébrer la "naissance" de l'Association des internationalistes.
Enfin une nouvelle internationale !
Je me félicite, et surtout je vous félicite de cette initiative qui permettra de valoriser en France et hors de nos frontières, les études et recherches en relations internationales.
Au-delà du plaisir de vous revoir ou de vous rencontrer pour ceux que je ne connais pas, je souhaite, en vous recevant ce soir, marquer mon attachement - l'attachement de tout le ministère des Affaires étrangères - à l'enseignement et la recherche françaises dans le domaine des relations internationales.
Lors des mes séjours aux Etats-Unis, notamment comme professeur invité à l'Université d'Harvard, j'ai toujours été agréablement surpris par le poids et l'influence sur la scène publique des professeurs et chercheurs en relations internationales. Les analyses de ces intellectuels sont sollicitées par les médias, écoutées du public et prises en compte par les politiques. Bref, leurs idées comptent !
Par contraste en France, alors qu'il existe des spécialistes de renommée mondiale, des centres universitaires dynamiques, des think-tanks dignes de leurs homologues américains - bien qu'insuffisamment nombreux, les travaux de recherches en relations internationales sont moins valorisés et pèsent moins dans les processus de décisions qu'aux Etats-Unis.
En France, malheureusement, les relations internationales, éclatées entre différentes disciplines - sciences politiques, histoire, droit, géographie, économie - ne sont pas considérées par les puristes comme une discipline scientifique à part entière. Ce morcellement entraîne une division des forces et des moyens, un manque de visibilité, alors qu'il s'agit d'un champ vivant, d'un réservoir de talents et d'idées, pour le moins utiles dans "un monde privé de sens".
En cela, la naissance de votre association est une grande et belle nouvelle pour ceux qui, comme nous, oeuvrent dans le domaine des relations internationales !
Avant que le professeur Soutou nous présente votre association, je voudrais vous livrer quelques interrogations et réflexions personnelles et vous dire un mot de l'esprit qui inspire mon action pour réformer ce ministère ; pour en faire un ministère en mouvement et ouvert sur l'extérieur et resserrer nos liens avec vous, chercheurs et spécialistes des questions internationales.
Comment imaginer conduire une politique étrangère digne de ce nom sans se donner les moyens de connaître le monde et de le penser de façon indépendante ; sans un échange intellectuel avec ceux dont la vocation est de rechercher des grilles de lectures et de donner du sens aux grandes mutations contemporaines que connaît notre planète ?
Au-delà de la gestion quotidienne, le ministère des Affaires étrangères doit être partie prenante de cette "discussion du monde". Nous devons jeter un regard lucide sur le monde, sans complaisance ou résignation et être capable de nous affranchir des paradigmes dominants au risque, sinon, de mener une politique étrangère au jour le jour, sans consistance, exclusivement réactive.
L'une des caractéristiques de notre époque est sans doute, pour citer Pierre Hassner, ici à mes côtés, "l'éclatement des paradigmes, l'impossibilité des explications totalisantes" : aucun concept unique ne permet plus de saisir la complexité internationale dans sa globalité comme au temps du "concert des nations" ou de "l'affrontement bipolaire".
La mondialisation pas plus que "la guerre contre le terrorisme", l'unipolarité pas plus que la multipolarité, le règne du droit international, pas plus que le "choc des civilisations" ou "la fin de l'histoire" n'épuisent l'explication de la marche du monde.
Car ce monde change rapidement, tourne à une vitesse accélérée avec le risque, parfois, de perdre ses repères. De nouvelles dynamiques se mettent en place, de nouveaux enjeux s'imposent ; sans pour autant que disparaissent totalement les logiques anciennes, celle des Etats, celle de la puissance. Cela pose des défis formidables à notre compréhension et à notre action et nous oblige à nous ouvrir à la multiplicité des points de vue et des doctrines.
C'est pourquoi je ressens fortement, dans l'exercice de mes responsabilités au quotidien, un certain nombre de besoins :
- besoin d'anticiper. La consolidation de la fonction prospective doit porter à la fois sur les tendances lourdes, dans tous les domaines pertinents pour la politique étrangère, et sur les évolutions plus fines quand il s'agit de prévention de crise, de veille et d'alerte précoce ;
- besoin d'introduire des idées alternatives dans les débats internes. Ce qui suppose de disposer de données et d'analyses que ne recueillent pas systématiquement nos circuits traditionnels, et donc d'entretenir des contacts permanents, en France et à l'étranger, avec les centres de recherche, les praticiens, des personnalités en marge, voire pas toujours fréquentables officiellement. Il est aussi essentiel de disposer d'une capacité de dissensus dans une activité, la diplomatie, privilégiant par essence le statu quo. Je l'ai clairement dit à nos ambassadeurs lors de leur conférence annuelle en août dernier, en les appelant à ne fixer aucune limite à leur ambition intellectuelle. C'est l'un des acquis précieux du CAP, aujourd'hui direction de la Prospective, dirigée par Pierre Lévy, à l'origine de notre rencontre et dont certains prédécesseurs sont également ce soir avec nous - Michel Foucher, Gilles Andréani. Cet acquis, j'y tiens particulièrement ;
- besoin, parallèlement, de peser dans la compétition globale des idées : nombre de donnés ou de ce que l'on considérait comme des acquis ne vont plus de soi : l'intégration européenne, l'action collective, la prééminence de nos valeurs "occidentales". Aujourd'hui, peser sur le cours du monde ne signifie plus seulement influencer les réponses à des questions posées par d'autres (Etats, institutions internationales, ONG...), mais les susciter et en définir le contenu. L'enjeu pour nous est de contribuer à faire émerger les idées qui façonnent les agendas de la politique internationale ;
- besoin d'agir, à l'heure de la mondialisation, selon les logiques de l'influence : agir à travers les réseaux, construire des pouvoirs d'influence, offrir des modèles attractifs, attirer les élites de demain, conquérir les opinions.
C'est sur ce diagnostic que se fonde la réforme du Quai d'Orsay que j'ai mise en oeuvre et dont je mentionnerai brièvement quelques-unes des mesures susceptibles de vous intéresser :
- la création de la direction générale de la Mondialisation, du Développement et du Partenariat pour mieux traiter les enjeux globaux, qui doivent être appréhendés selon une approche politique. C'est le sens des démarches que j'ai entreprises avec certains de mes collègues européens à l'approche du Sommet de Copenhague sur le changement climatique ;
- la création de la direction de la Prospective - je l'ai évoquée - qui remplace le CAP, dont les missions ont été élargies et renforcées. Vous le connaissez bien, en particulier dans sa fonction d'interface avec le monde de la recherche ;
- la réorganisation et l'installation des Archives à la Courneuve. Les archives sont pour vous un instrument de travail unique et indispensable pour neutraliser les tentations de certains de relire l'Histoire dans un esprit parfois plus polémique que scientifique. J'en profite pour vous annoncer que, pour couper court aux polémiques sur le rôle de la France après la chute du Mur de Berlin, lors de la réunification allemande, j'ai donné instruction pour que les archives du Quai d'Orsay concernant l'Allemagne en 1989 et 1990 soient ouvertes immédiatement ;
- on pourrait également évoquer la création de l'Institut diplomatique et consulaire, la réforme et le regroupement de notre réseau culturel à l'étranger, la politique culturelle extérieure.
Mais une réforme ne consiste pas uniquement à redéfinir un organigramme. A mes yeux, c'est d'abord un changement d'approche. Un seul exemple : la nécessité de croiser les enjeux et de casser les raisonnements cloisonnés, enfermés dans des catégories figées pour appréhender le monde dans sa complexité et ses interdépendances. Quelques illustrations :
- le lien entre enjeux environnementaux et enjeux de sécurité s'impose désormais comme une évidence. On nous prédit des guerres environnementales - mais d'ores et déjà les facteurs climatiques exacerbent les tensions dans bien des régions du monde (Darfour) ;
- il en est de même du lien entre développement et sécurité ou entre démocratie/gouvernance et stabilité, qui sont aujourd'hui reconnus.
Je voudrais également insister sur deux convictions profondes :
- une meilleure prise en compte de la religion comme facteur structurant des relations internationales ouvre également des perspectives nouvelles pour notre action diplomatique. D'où la création du pôle religion dirigé par Joseph Maïla présent ce soir au sein de la direction de la Prospective ;
- les phénomènes démographiques ne doivent pas nous échapper. Certes, ils sont peu visibles et leurs effets s'inscrivent dans le long terme. Ils n'en constituent pas moins une clé de compréhension indispensable.
A la lumière de ces exemples, on constate que si l'éclatement des disciplines peut être un facteur de faiblesse, l'attachement - si français - à une approche pluridisciplinaire des relations internationales peut également faire notre force. Et c'est toute la raison d'être de cette association d'"internationalistes", qui a vocation à associer, mais sans les assimiler, vos différentes approches et à ménager un espace de dialogue jusqu'ici insuffisamment développé en France.
Votre contribution nous est également indispensable pour expliquer notre action et la réalité des relations internationales à nos concitoyens, parfois en manque de repères dans un univers ultra-médiatisé, saturé d'informations où triomphe l'immédiateté au détriment - trop souvent - du recul nécessaire à l'analyse. La politique étrangère doit désormais être envisagée non seulement sous l'angle diplomatique mais aussi comme une pédagogie sur le monde et sur la France dans le monde. Chacun de vous y contribue à sa manière.
Dans ce monde aux enjeux complexes, pour qu'un pays comme la France puisse peser pour promouvoir une vision conforme à ses intérêts et à ses valeurs, nous avons besoin, plus que jamais, de solliciter votre capacité à penser le monde, dans le respect total - cela va sans dire - de votre indépendance intellectuelle.
La réunion de ce soir constitue une première étape et je me réjouis à l'idée qu'elle sera suivie, les 5 et 6 février prochains, par les premières journées grand public de la recherche en relations internationales, que j'ai souhaité organiser ici. Elles permettront de donner corps à nos ambitions : un ministère ouvert sur l'extérieur, inspiré par la richesse de nos productions intellectuelles, renforcé dans son action par des liens plus étroits entre l'expertise et la décision.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 2009