Texte intégral
Monsieur le président, [Pierre MARTIN]
Messieurs les vice-présidents, [Jean LARDIN, Alain DUPLAT, Pierre PEREZ]
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous dire le très grand plaisir que j'ai à être parmi vous aujourd'hui pour clôturer ce congrès de l'UPA et remercier votre président, Pierre Martin, de son invitation. Je salue également Jean Lardin, Alain Duplat et Pierre Perez, respectivement présidents de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), de la Confédération Générale de l'Alimentation en Détail (CGAD) et de la Confédération nationale de l'artisanat des métiers et des services (CNAMS). Je ne voudrais pas non plus oublier les fédérations et tous les acteurs régionaux et départementaux qui représentent les professions artisanales de notre pays.
Permettez-moi en guise d'introduction de citer ce proverbe issu d'une fable de La Fontaine : « C'est à l'oeuvre que l'on connaît l'artisan ». Dans cette fable que je vous invite à relire, des frelons et des abeilles prétendent tous deux avoir créé des rayons de miel. Mis en demeure de prouver leurs compétences et par là leur bonne foi, « Le refus des Frelons fit voir/ Que cet art passait leur savoir ».
Je pensais à cette fable en venant vous rencontrer car elle illustre les valeurs que représentent l'artisanat dans notre pays. C'est valeurs, quelles sont-elles ? C'est la transmission d'un savoir-faire et c'est le souci du travail bien fait. Ce ne sont pas des vestiges du passé, ce sont des valeurs sûres et ce sont des valeurs modernes. Car vos valeurs, ce sont aussi celles de la formation et de l'innovation. Vous représentez des métiers qui ont su s'adapter aux évolutions du marché du travail, j'en veux pour preuve que vous comptiez aussi dans vos rangs des promoteurs de sites internet. L'artisanat est une source de croissance et d'innovation irremplaçable pour notre société et en tant que ministre du travail, je suis venu saluer votre action.
J'ai d'ailleurs récemment adressé mes félicitations à une douzaine de jeunes apprentis de notre pays qui se sont illustrés lors des 40èmes Olympiades des métiers. Dans cette compétition mondiale, qui avait lieu cette année au Canada, la France a été récompensée dans sept métiers sur trente-neuf, dont trois médailles d'or et quatre médailles de bronze : une médaille d'or en art floral, une autre en plâtrerie pour le secteur du BTP, un diplôme d'honneur en peinture automobile ou encore en ébénisterie... C'est un palmarès dont nous pouvons être fiers. Outre leurs qualités professionnelles dans les métiers de l'artisanat, ces jeunes ont aussi été récompensés pour leurs qualités humaines et leur esprit d'équipe. Ce sont ces valeurs sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour refonder aujourd'hui notre modèle économique et social.
Comme l'a dit le Président de la République en juin dernier devant l'Organisation Internationale du Travail, la crise mondiale sans précédent que nous connaissons depuis plus d'un an doit nous inciter à refonder notre modèle de développement en liant étroitement progrès économique et progrès social. C'est le rôle du Ministre du Travail et des Relations sociales d'accompagner cette nouvelle donne, mais c'est aussi la responsabilité des artisans que vous représentez de la mettre en oeuvre.
C'est votre rôle d'abord parce que vous êtes au coeur de l'activité économique. Je ne m'attarderai pas sur des chiffres que vous connaissez bien : plus d'un Français sur dix travaille aujourd'hui dans une entreprise artisanale.
Les entreprises artisanales génèrent 175 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France métropolitaine et sont près de 860 000, ce qui représente un tiers des entreprises françaises. Vous êtes donc, et de loin, le premier employeur de France. Dans certains endroits de notre territoire particulièrement touchés par le chômage, vous avez un rôle moteur parce que vous êtes créateurs d'emplois, notamment pour les jeunes que vous accueillez comme apprentis.
Vous avez donc un rôle à jouer aussi parce que vous êtes des artisans de cohésion et de progrès social. Au-delà des chiffres que je viens de citer, vous représentez des métiers, des traditions, des savoir-faire qui font la richesse de notre pays et qui fondent le lien social au coeur de nos territoires. Vous regroupez plus de 250 métiers et 650 activités dans le bâtiment, la production, les services, l'alimentation. Par cette diversité, vous donnez un visage aux activités économiques les plus quotidiennes.
Ce visage, c'est celui de l'électricien ou du plombier que l'on fait venir chez soi, c'est celui du boulanger chez qui l'on se rend chaque jour, c'est aussi celui du coiffeur, du fleuriste ou du maçon qui nous proposent leurs services, nous conseillent, nous aident.
C'est par chacun d'entre vous que se tisse notre lien social, un lien de proximité que je sais précieux, en tant que ministre de la ville, pour la vitalité de nos communes rurales comme pour l'humanité de nos grandes villes.
Je sais que vous tiendrez demain vos états généraux de l'économie de proximité et je suivrai vos travaux avec attention, car je suis convaincu qu'il n'y a pas de contradiction entre l'économie de proximité que vous incarnez et l'économie mondialisée que nous devons contribuer ensemble à réinventer.
Parce que vous êtes au coeur de l'activité économique, parce que vous êtes au contact des réalités sociales, je serai en permanence à votre écoute pour conduire avec vous les chantiers qui nous attendent.
Vous le savez, je crois profondément au dialogue social. Le dialogue social permet de trouver des solutions dans l'intérêt des entreprises comme des salariés.
Ce dialogue doit s'appuyer sur des interlocuteurs solides, dont la légitimité ne saurait en aucun cas être remise en cause. C'est tout l'objet de la réforme des règles de représentativité prévue par la loi du 20 août 2008.
En tant qu'organisation patronale, je sais que vous suivez avec beaucoup d'attention les questions relatives au dialogue social et à la mesure de l'audience syndicale dans les très petites entreprises (TPE). _ Les discussions sur ce sujet ont débuté le 13 octobre et se poursuivront le 27 octobre. Je souhaite que ces discussions soient constructives sur les deux volets visés par la loi du 20 août 2008 : l'audience et la représentation du personnel. J'ai indiqué qu'il fallait rapidement des avancées significatives et je souhaite vous dire que l'Etat prendra toutes ses responsabilités.
Je ne saurais oublier, d'ailleurs, votre contribution à la progression du dialogue social dans notre pays. En 2001 en effet, vous avez conclu un accord interprofessionnel pour développer et financer le dialogue social dans l'artisanat. Cet accord prévoit une contribution obligatoire égale à 0,15 % de la masse salariale, à la charge des entreprises du secteur de l'artisanat.
Les derniers textes en permettant l'application ont été pris par mon ministère en 2008 et je salue cette avancée qui permet de faciliter la concertation entre les partenaires sociaux.
J'évoquerai enfin un dernier chantier que nous devons conduire ensemble pour refonder la relation de travail dans notre société, celui de l'amélioration des conditions de travail. C'est une exigence de notre système de protection sociale. C'est également nécessaire pour accompagner l'allongement de la durée de vie au travail, renforcer la compétitivité de notre pays et favoriser l'emploi des salariés les plus âgés et les plus fragiles. J'ai donc engagé la préparation du 2ème Plan Santé au travail 2010-2014 qui sera conduit dans la concertation avec les partenaires sociaux au sein du conseil d'orientation sur les conditions de travail (COCT). C'est un plan qui vous concerne au premier chef puisqu'il ciblera les branches où les risques professionnels sont les plus fréquents, comme par exemple le BTP.
Monsieur le président, mesdames et messieurs,
Je veux vous remercier pour votre action quotidienne sur le terrain, pour ce que vous apportez à notre économie et pour les multiples talents que vous contribuez à déployer. Mais vous êtes à mes yeux porteurs d'un mouvement plus vaste. Nous avons besoin de toutes vos compétences, de toute votre audace d'entrepreneurs et de toute votre ténacité pour consolider notre modèle fondé sur la reconnaissance du travail et sur le progrès social, afin que la France soit mieux armée pour réussir, conformément aux priorités du Président de la République et du Premier ministre.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 23 octobre 2009