Texte intégral
- Vous allez séjourner dans l'île jusqu'à demain, quel est le but de votre visite ?
C'est la troisième fois que je me rends à La Réunion depuis ma nomination. J'ai souhaité me déplacer rapidement après le premier Conseil interministériel de l'Outre-mer dans chaque département pour expliquer les décisions du Président de la République. Il existe deux niveaux d'annonces : celui des mesures communes aux outre-mer et celui spécifique à chaque territoire. Par ailleurs, le logement est l'une de mes priorités et j'entends me rendre compte à La Réunion des actions menées pour produire des logements sociaux et lutter contre l'habitat insalubre. Enfin, j'attache beaucoup d'importance aux secteurs de l'agriculture et de l'élevage que je considère comme des fleurons pour les outre-mer. Je visiterai donc à Saint-Pierre un abattoir, une exploitation de canne à sucre avant de me rendre à l'association réunionnaise pour la modernisation de l'économie fruitière, légumière et horticole.
- Jusqu'ici, vous étiez venue deux fois avec votre casquette de secrétaire d'Etat à l'Outre-mer mais surtout comme accompagnatrice de ministre. Cette fois-ci vous venez en tant que ministre de l'Outre-mer. Qu'est-ce que cela va changer sur le fonds ?
En me nommant ministre de plein exercice, le Président de la République et le premier Ministre ont adressé un message fort aux ultramarins. Ma priorité, c'est de ne pas décevoir mes compatriotes qui, pour la première fois, ont une des leurs à la tête de la rue Oudinot.
- Vous dites que vous venez pour expliquer les décisions du président de la République. Mais annoncerez vous quand même des mesures concrètes avec traduction immédiate dans le quotidien des Réunionnais ?
Le Président de la République a prononcé le 6 novembre dernier à l'Elysée un discours fondateur pour les outre-mer. Chaque territoire doit s'emparer des décisions annoncées et c'est pour engager cette démarche que je viens échanger autour des mesures adoptées pour La Réunion. Je répondrai également aux questions sur le financement des mesures et sur la manière dont le gouvernement va les mettre en oeuvre. Mais ce n'est pas le plus important à mes yeux. L'essentiel réside dans le fait d'atteindre les objectifs. Nous devons nous inscrire dans une culture de résultats et ne plus se contenter uniquement d'inscriptions budgétaires car ce n'est pas toujours un gage de réussite. Les ultramarins ont été entendus lors du CIOM. Ma feuille de route est claire : je vais faire appliquer ces mesures qui ont pour objectif notamment le développement endogène des territoires. Je souhaite donc que les premiers résultats soient visibles avant la fin de l'année.
- Aussi bien aux Antilles qu'à La Réunion, le discours de Nicolas Sarkozy a déçu les partenaires sociaux. Dans l'île, des secteurs comme le tourisme et le bâtiment ont été complètement occultés. Les syndicats hurlent contre le gouvernement et le patronat ne cache plus son désarroi. Qu'avez-vous à leur dire ?
Vos affirmations me surprennent. Je rentre des Antilles où j'ai, par exemple, largement abordé le plan tourisme et je peux vous dire qu'il a été particulièrement bien accueilli. Le Président de la République l'a dit le 6 novembre, nous avons joué le jeu. Jugez-en : un commissaire au développement nommé pour l'océan Indien, le « small business act » pour les PME pour renforcer le tissu économique réunionnais, la filière hospitalo-universitaire de La Réunion, la cession gratuite du foncier de l'Etat pour amplifier la construction de logements sociaux ou encore l'assouplissement des conditions d'entrée des touristes. Je le dis clairement : ces mesures sont directement inspirées des contributions significatives des socioprofessionnels et notamment des réunionnais.
- Le monde économique attend toujours les décrets d'application de la Lodeom. Où en sont-ils ?
Des décrets très attendus par les socioprofessionnels ont été soumis, comme la loi le prévoit, aux collectivités d'outre-mer. Certains sont parus, comme le décret Bagasse ou, sur le point de paraître, comme le décret sur l'article 32 permettant les abandons de charges sociales prévus par le plan CORAIL, que j'ai signé avant de quitter Paris. S'agissant des textes d'application en matière de logement, les collectivités ont proposé des améliorations aux textes qui leur ont été soumis. Plutôt que de précipiter leur publication, j'ai souhaité que nous prenions un temps complémentaire, comme cela m'a été demandé par les élus et les professionnels de La Réunion notamment pour les améliorer. Je peux vous assurer que le Gouvernement est particulièrement à l'écoute de leurs observations.
- Le BTP a perdu près de 7 000 emplois depuis le début de l'année. Ce secteur peut-il bénéficier de mesures spécifiques transitoires ?
Je ne pense pas que la réponse à la crise d'activité que connaît depuis un an et demi le secteur du BTP à La Réunion soit dans la création de nouvelles mesures dont chacun connaît le délai de mise en oeuvre. Je me refuse à entrer dans une logique d'affichage, où l'annonce d'une mesure chasse l'autre, jusqu'à en donner le tournis. Le secteur du BTP a été au coeur du plan national de relance, fondé sur l'investissement : l'Etat a accordé des crédits supplémentaires pour contrer la crise économique. Spécifiquement pour les départements d'outre-mer, nous avons mis en place des mesures particulières d'allégement des charges et d'étalement des dettes dont le BTP, grâce au protocole « Novelli », peut pleinement bénéficier. J'ajoute que l'enveloppe budgétaire pour le logement social outre-mer augmente en 2010 de 20 millions, en application du conseil interministériel de l'outre-mer. Tout le monde sait parfaitement que la crise du bâtiment à La Réunion est aussi liée à la fin de grandes chantiers (route des Tamarins) et à un niveau de programmation des opérations d'investissement au plan local qui ne peut pas compenser ces opérations exceptionnels.
- Depuis le début de cette année, plusieurs centaines d'assistants d'éducation ont perdu leur emploi. Les employés de l'ARAST sont également menacés. Les collectivités se disent financièrement exsangues et n'ont plus les moyens de financer des associations créatrices d'activités. Comment le gouvernement peut-il y remédier pour sauver l'emploi ?
La situation de l'emploi s'est nettement dégradée à la Réunion depuis le début de l'année 2008. Le Gouvernement a immédiatement réagi en renforçant le nombre de contrats aidés. Et puis, dans le cadre du plan de relance, nous avons considérablement assoupli les conditions de chômage partiel pour éviter les licenciements économiques. De même, les mesures destinées à soulager la trésorerie des entreprises, jusqu'à l'annulation de dettes sociales, ont permis de sauvegarder des emplois. Je ne reviens pas en outre sur les mesures pour le développement économique des outre-mer qui ont été prises dans la LODEOM ou viennent d'être décidées lors du conseil interministériel de l'outre-mer.
- La question du prix des carburants a alimenté de multiples conflits tout au long de cette année et donné lieu à une série de rapports. Concrètement, quel est le sens de la réforme préconisée aujourd'hui par votre gouvernement et quel est le calendrier retenu ?
Le rapport des inspections générales (dit rapport Bolliet) et celui de l'autorité de la concurrence ont permis de mettre à plat le système de réglementation des prix des carburants dans les DOM et de faire un certain nombre de préconisations. Dès septembre, j'ai décidé de mettre en oeuvre les premières mesures de diminution des marges. Parallèlement, une réforme du décret de 1988 régissant ces prix à La Réunion a été entreprise. Elle prévoit notamment de modifier les tarifs chaque mois, ce qui permettra une évolution des prix pratiqués plus en phase avec celle des cours mondiaux. Ce projet de décret est en cours de consultation auprès des collectivités locales et pourra entrer en vigueur en tout début d'année 2010. Le rapport de l'Autorité de la concurrence a également abordé la filialisation des activités de stockage. Il faut que les industriels fassent des propositions dans ce sens.
- La question de l'Assemblée unique à La Réunion risque aussi de se retrouver au centre des prochaines régionales. Le développement économique de La Réunion passe-t-il, selon vous, par une réforme administrative, voire un changement de statut ?
Le Président de la République a toujours dit qu'il répondrait favorablement aux demandes des élus qui souhaitent poser la question d'une éventuelle évolution institutionnelle. C'est le cas actuellement à la Martinique et en Guyane comme vous le savez. Pour répondre à la seconde partie de votre question, je pense que c'est avant tout le projet politique qui peut favoriser le développement de l'activité économique. L'initiative appartient donc aux acteurs locaux. Jusqu'à présent, ils ont toujours affiché leur opposition à cette question de l'assemblée unique.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 26 novembre 2009
C'est la troisième fois que je me rends à La Réunion depuis ma nomination. J'ai souhaité me déplacer rapidement après le premier Conseil interministériel de l'Outre-mer dans chaque département pour expliquer les décisions du Président de la République. Il existe deux niveaux d'annonces : celui des mesures communes aux outre-mer et celui spécifique à chaque territoire. Par ailleurs, le logement est l'une de mes priorités et j'entends me rendre compte à La Réunion des actions menées pour produire des logements sociaux et lutter contre l'habitat insalubre. Enfin, j'attache beaucoup d'importance aux secteurs de l'agriculture et de l'élevage que je considère comme des fleurons pour les outre-mer. Je visiterai donc à Saint-Pierre un abattoir, une exploitation de canne à sucre avant de me rendre à l'association réunionnaise pour la modernisation de l'économie fruitière, légumière et horticole.
- Jusqu'ici, vous étiez venue deux fois avec votre casquette de secrétaire d'Etat à l'Outre-mer mais surtout comme accompagnatrice de ministre. Cette fois-ci vous venez en tant que ministre de l'Outre-mer. Qu'est-ce que cela va changer sur le fonds ?
En me nommant ministre de plein exercice, le Président de la République et le premier Ministre ont adressé un message fort aux ultramarins. Ma priorité, c'est de ne pas décevoir mes compatriotes qui, pour la première fois, ont une des leurs à la tête de la rue Oudinot.
- Vous dites que vous venez pour expliquer les décisions du président de la République. Mais annoncerez vous quand même des mesures concrètes avec traduction immédiate dans le quotidien des Réunionnais ?
Le Président de la République a prononcé le 6 novembre dernier à l'Elysée un discours fondateur pour les outre-mer. Chaque territoire doit s'emparer des décisions annoncées et c'est pour engager cette démarche que je viens échanger autour des mesures adoptées pour La Réunion. Je répondrai également aux questions sur le financement des mesures et sur la manière dont le gouvernement va les mettre en oeuvre. Mais ce n'est pas le plus important à mes yeux. L'essentiel réside dans le fait d'atteindre les objectifs. Nous devons nous inscrire dans une culture de résultats et ne plus se contenter uniquement d'inscriptions budgétaires car ce n'est pas toujours un gage de réussite. Les ultramarins ont été entendus lors du CIOM. Ma feuille de route est claire : je vais faire appliquer ces mesures qui ont pour objectif notamment le développement endogène des territoires. Je souhaite donc que les premiers résultats soient visibles avant la fin de l'année.
- Aussi bien aux Antilles qu'à La Réunion, le discours de Nicolas Sarkozy a déçu les partenaires sociaux. Dans l'île, des secteurs comme le tourisme et le bâtiment ont été complètement occultés. Les syndicats hurlent contre le gouvernement et le patronat ne cache plus son désarroi. Qu'avez-vous à leur dire ?
Vos affirmations me surprennent. Je rentre des Antilles où j'ai, par exemple, largement abordé le plan tourisme et je peux vous dire qu'il a été particulièrement bien accueilli. Le Président de la République l'a dit le 6 novembre, nous avons joué le jeu. Jugez-en : un commissaire au développement nommé pour l'océan Indien, le « small business act » pour les PME pour renforcer le tissu économique réunionnais, la filière hospitalo-universitaire de La Réunion, la cession gratuite du foncier de l'Etat pour amplifier la construction de logements sociaux ou encore l'assouplissement des conditions d'entrée des touristes. Je le dis clairement : ces mesures sont directement inspirées des contributions significatives des socioprofessionnels et notamment des réunionnais.
- Le monde économique attend toujours les décrets d'application de la Lodeom. Où en sont-ils ?
Des décrets très attendus par les socioprofessionnels ont été soumis, comme la loi le prévoit, aux collectivités d'outre-mer. Certains sont parus, comme le décret Bagasse ou, sur le point de paraître, comme le décret sur l'article 32 permettant les abandons de charges sociales prévus par le plan CORAIL, que j'ai signé avant de quitter Paris. S'agissant des textes d'application en matière de logement, les collectivités ont proposé des améliorations aux textes qui leur ont été soumis. Plutôt que de précipiter leur publication, j'ai souhaité que nous prenions un temps complémentaire, comme cela m'a été demandé par les élus et les professionnels de La Réunion notamment pour les améliorer. Je peux vous assurer que le Gouvernement est particulièrement à l'écoute de leurs observations.
- Le BTP a perdu près de 7 000 emplois depuis le début de l'année. Ce secteur peut-il bénéficier de mesures spécifiques transitoires ?
Je ne pense pas que la réponse à la crise d'activité que connaît depuis un an et demi le secteur du BTP à La Réunion soit dans la création de nouvelles mesures dont chacun connaît le délai de mise en oeuvre. Je me refuse à entrer dans une logique d'affichage, où l'annonce d'une mesure chasse l'autre, jusqu'à en donner le tournis. Le secteur du BTP a été au coeur du plan national de relance, fondé sur l'investissement : l'Etat a accordé des crédits supplémentaires pour contrer la crise économique. Spécifiquement pour les départements d'outre-mer, nous avons mis en place des mesures particulières d'allégement des charges et d'étalement des dettes dont le BTP, grâce au protocole « Novelli », peut pleinement bénéficier. J'ajoute que l'enveloppe budgétaire pour le logement social outre-mer augmente en 2010 de 20 millions, en application du conseil interministériel de l'outre-mer. Tout le monde sait parfaitement que la crise du bâtiment à La Réunion est aussi liée à la fin de grandes chantiers (route des Tamarins) et à un niveau de programmation des opérations d'investissement au plan local qui ne peut pas compenser ces opérations exceptionnels.
- Depuis le début de cette année, plusieurs centaines d'assistants d'éducation ont perdu leur emploi. Les employés de l'ARAST sont également menacés. Les collectivités se disent financièrement exsangues et n'ont plus les moyens de financer des associations créatrices d'activités. Comment le gouvernement peut-il y remédier pour sauver l'emploi ?
La situation de l'emploi s'est nettement dégradée à la Réunion depuis le début de l'année 2008. Le Gouvernement a immédiatement réagi en renforçant le nombre de contrats aidés. Et puis, dans le cadre du plan de relance, nous avons considérablement assoupli les conditions de chômage partiel pour éviter les licenciements économiques. De même, les mesures destinées à soulager la trésorerie des entreprises, jusqu'à l'annulation de dettes sociales, ont permis de sauvegarder des emplois. Je ne reviens pas en outre sur les mesures pour le développement économique des outre-mer qui ont été prises dans la LODEOM ou viennent d'être décidées lors du conseil interministériel de l'outre-mer.
- La question du prix des carburants a alimenté de multiples conflits tout au long de cette année et donné lieu à une série de rapports. Concrètement, quel est le sens de la réforme préconisée aujourd'hui par votre gouvernement et quel est le calendrier retenu ?
Le rapport des inspections générales (dit rapport Bolliet) et celui de l'autorité de la concurrence ont permis de mettre à plat le système de réglementation des prix des carburants dans les DOM et de faire un certain nombre de préconisations. Dès septembre, j'ai décidé de mettre en oeuvre les premières mesures de diminution des marges. Parallèlement, une réforme du décret de 1988 régissant ces prix à La Réunion a été entreprise. Elle prévoit notamment de modifier les tarifs chaque mois, ce qui permettra une évolution des prix pratiqués plus en phase avec celle des cours mondiaux. Ce projet de décret est en cours de consultation auprès des collectivités locales et pourra entrer en vigueur en tout début d'année 2010. Le rapport de l'Autorité de la concurrence a également abordé la filialisation des activités de stockage. Il faut que les industriels fassent des propositions dans ce sens.
- La question de l'Assemblée unique à La Réunion risque aussi de se retrouver au centre des prochaines régionales. Le développement économique de La Réunion passe-t-il, selon vous, par une réforme administrative, voire un changement de statut ?
Le Président de la République a toujours dit qu'il répondrait favorablement aux demandes des élus qui souhaitent poser la question d'une éventuelle évolution institutionnelle. C'est le cas actuellement à la Martinique et en Guyane comme vous le savez. Pour répondre à la seconde partie de votre question, je pense que c'est avant tout le projet politique qui peut favoriser le développement de l'activité économique. L'initiative appartient donc aux acteurs locaux. Jusqu'à présent, ils ont toujours affiché leur opposition à cette question de l'assemblée unique.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 26 novembre 2009