Point presse de M. François Fillon, Premier ministre, sur la stratégie de EDF et d'Areva au sein de la filière nucléaire française, le contrat de vente de deux centrales nucléaires à Abou Dhabi et le coût du chantier EPR à Flamanville, à Flamanville le 26 novembre 2009.

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Circonstance : Déplacement du Premier ministre sur le site de l'EPR de Flamanville (Manche) le 26 novembre 2009

Texte intégral

Arnaud (BFM TV) : Au-delà du soutien à la filière plurielle et à ses acteurs que vous venez d'indiquer, dans quelles mesures vous apparaît-il nécessaire aujourd'hui de reconfigurer cette filière nucléaire française ? A-t-elle besoin d'un leader clairement identifié, dans cette hypothèse, lequel ? Et de manière plus générale, quelle est pour vous la bonne articulation des relations entre EDF et Areva ?
F. Fillon : Je pensais avoir déjà répondu à cette question. Le leader c'est l'Etat, qui pilote la filière. Ensuite, il y a des acteurs, j'ai indiqué qu'EDF avait un rôle central, compte tenu de son expérience et de son poids dans le monde. Je vous ai aussi indiqué que nous pensions que le modèle intégré d'Areva avait permis à cette entreprise d'obtenir la place de numéro 1 mondial qui est la sienne aujourd'hui et qu'il fallait préserver ce modèle. Naturellement, toutes les structures doivent évoluer. Celle d'EDF vient d'évoluer de façon très importante ; celle d'Areva continuera d'évoluer. J'ai notamment indiqué que nous souhaitions qu'Areva soit concentré sur le domaine nucléaire mais sur l'ensemble de la filière, et c'est pour ça d'ailleurs que nous avons souhaité qu'Areva, notamment pour trouver les moyens d'investissement nécessaire, se sépare d'une entreprise, TNDI, dont la vente va avoir lieu. Voilà, les choses sont simples. Je pense qu'il n'est pas question de jouer au mécano avec une filière qui est une filière d'excellence, il faut simplement que l'ensemble des acteurs soit coordonné, et que nos offres, puisqu'il s'agit pour l'essentiel des questions d'exportation, nos offres soient vraiment adaptées aux besoins des pays. Il y a des pays qui veulent que ce soit EDF qui pilote les choses, dans ces cas-là, ce sera EDF qui pilotera. Il y a des pays qui souhaitent, pour des raisons liées à la structuration de leur propre marché de l'électricité, que ce soient d'autres acteurs qui soient en tête de ligne, eh bien à chaque fois, nous mettrons en oeuvre la solution qui correspond à la demande des clients. Et c'est là qu'on voit que le rôle de la puissance publique est considérable. Il y a des secteurs dans lesquels on voit bien que l'Etat n'a pas de raison de se mêler des questions industrielles, là, nous sommes au coeur d'un sujet stratégique où l'Etat a toute sa responsabilité et toute sa place. Oui, madame ?
Question : Pour le contrat à Abou Dhabi, est-ce que vous pensez que vous pensez que les dernières semaines il y a eu des nuisances ?
F. Fillon : Des quoi...?
Question : ...des problèmes ont été posés pour l'équipe de France, comme vous dites ? Et la deuxième question c'est l'Etat penche pour quelle solution pour la vente de Areva TNDI ?
F. Fillon : Alors je réponds tout de suite à la deuxième Question : l'Etat ne penche pour aucune solution. Il y a des offres qui ont été faites, qui sont d'ailleurs toutes des offres de qualité sur le plan financier. Il y a un travail d'expertise qui est en cours, et la décision sera prise au vu de ce travail d'expertise. Sur l'offre d'Abou Dhabi, nous avons travaillé depuis plusieurs mois à améliorer cette offre pour être - comment dirais-je ? - plus en ligne avec la demande de nos clients éventuels. Et comme la compétition est rude, comme il faut le dire, nous vendons un réacteur qui est le meilleur dans le monde, ce n'est pas étonnant que le meilleur dans le monde soit un peu plus cher que ceux qui sont moins bons. Et donc il a fallu d'abord convaincre nos clients que c'était bien le meilleur dans le monde, et ensuite mettre en place une organisation entre EDF, Areva et les autres acteurs, qui soit la plus adaptée possible à la demande du client. Je pense que nous y sommes parvenus, en tout cas que nous en sommes très proches, et j'espère que nous pourrons remporter ce marché. Mais comme vous le savez, nous sommes en compétition dans bien d'autres régions dans le monde.
Question : Pour compléter la question de ma consoeur, qui est le chef de file, selon vous, sur les contrats Abou Dhabi ? Et puis, deuxième question, vous n'avez pas évoqué le projet de troisième réacteur EPR en France, vous avez évoqué celui de Penly. Est-ce que le troisième réacteur est toujours d'actualité ou pas ?
F. Fillon : Il y aura un troisième, puis il y aura un quatrième, puis il y aura un cinquième. Simplement, voilà, le deuxième entrera en service en 2017 donc je ne vois pas l'utilité d'annoncer aujourd'hui un troisième réacteur. Mais naturellement, la politique que nous conduisons, vise à créer des capacités supplémentaires et à remplacer au fur et à mesure qu'il faudra le faire les réacteurs existants. Pour Abou Dhabi, on a mis en place un nouveau montage dans lequel EDF et GDF Suez notamment, ont une place importante. C'est une négociation commerciale. Je pense qu'il faut laisser ceux qui doivent la conduire, la conduire. Oui, madame ?
Question : Est-ce, sur le chantier EPR, à Flamanville, où on est qu'il va y avoir effectivement un surcoût au final avec cette nouvelle date de 2013 ou est-ce que c'est un décalage sans augmentation supplémentaire de la facture ?
F. Fillon : Moi, je ne suis pas le président d'EDF, je ne suis pas le chef de chantier. J'ai dit tout à l'heure ce que l'Etat attendait, c'est que le réacteur soit près en 2012, qu'il commence à produire de l'électricité dans le réseau à partir de 2013. Il n'est pas étonnant que sur ce qui est, au fond, la toute première expérience de construction, avec le réacteur de Finlande, d'un nouveau type de réacteur, il y ait des retards, il y ait des mises au point. Je pense que sur des chantiers de cette complexité, nous sommes en face de situations qui sont finalement assez normales, même si naturellement, je pense que le président d'EDF, comme l'ensemble des autres autorités qui veillent à ce chantier, ne souhaitent pas que je donne l'occasion aux entreprises d'accentuer les retards qui sont déjà suffisamment importants.
Question d'un journaliste de l'AFP : Il y a une polémique en cours autour de la rémunération du patron d'EDF. Les syndicats maison, notamment, disent que si on augmente la rémunération du patron, c'est que l'entreprise est saine, et dans ce cas, il faut augmenter tous les salaires. Quelle est votre réponse ?
F. Fillon : D'abord l'entreprise est saine, je veux vous le dire tout de suite. Deuxièmement, il faut que les choses soient très claires. On a choisi H. Proglio parce qu'on avait besoin, comme je l'ai dit tout à l'heure, de mettre à la tête d'EDF un grand industriel avec une grande expérience. Et la vérité me commande de dire que ce n'est pas H. Proglio qui était candidat à la présidence d'EDF. C'est le Gouvernement qui l'a choisi pour accomplir cette mission. Dans ces conditions, il est parfaitement normal, même si c'est la commission des rémunérations d'EDF qui prendra cette décision, que la rémunération d'H. Proglio soit proche de celle qu'il avait dans ses fonctions précédentes. Encore une question ?
Question : Puisque vous avez mentionné les ambitions de la France pour Copenhague. Successivement, la Chine et les Etats-Unis viennent d'annoncer un certain nombre d'objectifs chiffrés sur lesquels ils étaient prêts à s'engager. Est-ce que ces objectifs vous paraissent de nature à obtenir au bout du compte un accord qui satisfasse les espoirs de la France ?
F. Fillon : En tout cas, c'est un grand progrès que les Etats-Unis désormais acceptent de se fixer des objectifs chiffrés, même si on peut discuter sur le niveau de ces ambitions, et que la Chine le fasse avec autant de volontarisme. Je pense que c'est le signe qu'en Chine comme aux Etats-Unis, on a pris enfin conscience de la gravité de la situation, et donc, cela me rend plus optimiste naturellement pour la conclusion d'un accord à Copenhague. Même si le chemin jusqu'à cet accord est encore très long. Merci beaucoup Mesdames et Messieurs.
Source http://www.gouvernement.fr, le 27 novembre 2009