Texte intégral
L. Bazin.- Bonjour, L. Chatel !
Bonjour, L. Bazin !
Ministre de l'Education nationale, porte-parole d'un gouvernement recadré hier, assez sèchement, fermement, comme la majorité d'ailleurs, par le Premier ministre et par le Président, qui ont appelé les frondeurs à la solidarité, que ces frondeurs s'appellent Guaino, conseiller du président, R. Yade, ministre, secrétaire d'Etat en l'occurrence, ou J.-P. Raffarin, sénateur. Ça fait beaucoup de couacs quand même. Il fallait reprendre en main, c'est ça, il fallait dire : « Ça suffit maintenant ! » ?
Vous savez, j'ai un peu l'impression d'un phénomène de loupe grossissant et déformant sur ce qui se passe...
Vous allez me refaire le coup des médias, là !
Non, non, pas du tout !
Non ?
...Sur ce qui se passe dans la majorité aujourd'hui. Je m'explique. Nous sommes à mi-mandat et je crois que nous sommes fiers, et notre majorité peut être fière du travail qui a été accompli depuis deux ans et demi ; travail de réforme en profondeur de notre société, de respect des engagements du président de la République, on va y revenir, du travail sur la scène internationale et en même temps nous avons une feuille de route très importante sur la taxe, aujourd'hui ; réforme en profondeur des collectivités territoriales, tout le monde l'attend, la France localement est bloquée, nous allons débloquer la France, libérer les énergies locales ; réforme de la taxe professionnelle, qui est un impôt que tout le monde reconnaît comme absurde, qui nuit à la compétitivité de notre économie...
Oui, mais qui rapporte beaucoup d'argent aux collectivités locales et c'est ce que disent les sénateurs UMP frondeurs, UMP et Nouveau centre d'ailleurs.
Oui, mais je crois que dans la vie, le rôle des politiques c'est de décider, c'est de choisir. Et choisir c'est aussi renoncer.
C'est qui les "politiques" en l'occurrence ? C'est le gouvernement ? L'exécutif a décidé, soumettez-vous !
L'exécutif a pris une décision, il se trouve que j'y suis un petit peu, en partie, responsable puisque j'étais secrétaire d'Etat à l'Industrie quand j'ai proposé au président de la République au plus fort de la crise économique, c'est-à-dire en début d'année 2009, au moment où nous avons conçu le plan automobile, le pacte automobile, je lui ai proposé de mettre fin à cet impôt absurde qui pénalise la production dans notre pays. Et donc le Président a pris une décision, je me souviens ça n'a pas été chose facile de considérer qu'il fallait supprimer la taxe professionnelle...
J'entends, mais ce que vous dites ce matin c'est ce qu'a dit, si j'ai bien compris, le Président à J.-P. Raffarin, hier matin lors du petit-déjeuner de la majorité, c'est-à-dire ça suffit, tu es vice-président de l'UMP, tu es solidaire, un point c'est tout.
Alors je reviens sur le prisme et sur l'effet loupe déformant...
Mais vous ne me répondez toujours pas !
Si, je vais vous répondre, je vais vous répondre ! Nous ne pouvons pas, nous qui avons fait le choix de donner davantage de pouvoir au Parlement à travers la réforme constitutionnelle...
J'allais vous le dire.
...Contester le fait que l'Assemblée nationale et le Sénat sont là pour aménager les textes, proposer des textes. Je rappelle que la moitié de l'ordre du jour dorénavant est de la responsabilité des parlementaires...
Mais...
...Et d'amender, de faire vivre le débat.
Mais...
Donc le débat il doit exister et il existe au sein de la majorité. Il était prévu qu'il y ait une discussion entre le groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, le groupe parlementaire au Sénat et le Gouvernement sur la taxe professionnelle ; le Gouvernement n'est pas arrivé avec un texte en disant : c'est ça, c'est à prendre ou à laisser.
J'ai compris. Donc c'est la méthode de J.-P. Raffarin qui est critiquée, cette tribune ; c'est ça, en gros ? On ne se parle pas comme ça au sein d'une famille ?
... Alors ensuite, ce qu'ont dit hier un certain nombre de responsables de la majorité, moi j'ai entendu, par exemple, G. Longuet, le président du groupe UMP au Sénat, dire à ses collègues : quand on a des choses à se dire, on évite de le dire à l'extérieur, on le dit plutôt au sein du groupe. Voilà. Mais ça c'est l'analyse des différents acteurs, des groupes parlementaires de la majorité.
Et ça, ça vaut pour le Gouvernement, ça vaut pour R. Yade, elle s'est désolidarisée, je cite F. Fillon, c'est devant le groupe parlementaire UMP hier matin à l'Assemblée, "il faudra en tirer les conséquences". Ça veut dire quoi, qu'elle est virée du Gouvernement, mais que ce sera lors du prochain remaniement ? C'est un licenciement décalé dans le temps ?
Vous savez que j'ai été DRH dans une vie passée...
Oui, c'est pour ça que je vous pose la question en ces termes.
Je ne suis pas DRH du Gouvernement, donc je suis le porte-parole...
Qu'est-ce que ça veut dire ? Ce matin, R. Yade est secrétaire d'Etat aux Sports ou pas ?
Attendez, d'abord ce n'est pas le porte-parole du Gouvernement qui fait le Gouvernement, qui défait le Gouvernement.
Non, mais vous pouvez me confirmer si elle est toujours secrétaire d'Etat aux Sports ce matin ?
Bien sûr qu'elle est secrétaire d'Etat aux Sports.
Pour combien de temps ?
Ecoutez, c'est au président de la République et au Premier ministre d'en décider.
Le Premier ministre il a dit « Il faudra en tirer les conséquences », ça peut être autre chose qu'un départ ?
Le Premier ministre il a rappelé un certain nombre de principes ; les principes c'est qu'il y a un cap. Le cap c'est, par exemple, la suppression de la taxe professionnelle. Dans le cadre de ce cap, il y a un débat entre l'exécutif...
Oui, là, pardon, je vous parle de R. Yade.
Et quand il y a débat, il y a aussi un certain nombre de lignes rouges. Les lignes rouges c'est en particulier que les arbitrages qui ont été rendus en interministériel, c'est-à-dire entre les ministres, validés par le Premier ministre et par le président de la République. C'était le cas sur ce sujet, eh bien ensuite ils doivent être respectés. Mais ça c'est la règle...
Donc elle a fait faute R. Yade en contestant l'arbitrage rendu sur les droits à l'image collectifs des sportifs ?
Si vous me permettez...
Oui ou non ?
Cessons de personnaliser les choses.
Oui, mais, si vous le permettez, répondez à mes questions !
Oui, je réponds à vos questions.
Alors est-ce que, oui ou non, elle a fait une faute ?
J'y réponds. Encore une fois lorsqu'il y a un cap qui est fixé, lorsqu'il y a un débat qui est engagé, il y a un moment où on rend un arbitrage et cet arbitrage il doit être respecté par les membres du Gouvernement. Mais ce que je vous dis là, excusez-moi de vous le dire...
Donc elle a fauté !
Ça me paraît une évidence.
Ça va de soi, oui. Donc elle a fauté !
J'ai été secrétaire d'Etat, j'ai travaillé... Encore une fois, ce n'est pas à moi de décerner des bons et des mauvais points. Ce qui est important c'est que le Gouvernement maintienne le cap, le Gouvernement continue à réformer et qu'il continue à dialoguer avec cette majorité. Je vais vous dire une chose, L. Bazin, si aujourd'hui vous me parlez beaucoup de ce qui se passe dans la majorité, c'est parce que le débat il a lieu chez nous. Et, je dirais, il faudrait presque s'en réjouir parce que moi j'aimerais que le débat il ait aussi lieu au Parlement avec les autres groupes parlementaires. Sur ces grands sujets si importants : la réforme des collectivités territoriales, la réforme de la taxe professionnelle, moi je n'entends pas beaucoup le Parti socialiste s'exprimer, je n'entends pas beaucoup l'opposition. Donc j'évoquais tout à l'heure la loupe, l'effet loupe déformant et amplifiant, c'est aussi parce qu'il ne se passe pas grand-chose en face et parce que nous n'avons pas beaucoup de contre-propositions. C'est en quelque sorte l'UMP, la majorité qui crée le débat. C'est une bonne chose, en même temps sachons faire le pas...
Et ne pas pousser le bouchon trop loin.
Pousser vers l'extrême.
Vous l'avez dit, ne pas pousser le bouchon trop loin. R. Yade vous lui conseillez... alors c'est confraternellement, d'une certaine manière que je vous pose la question, de vous vis-à-vis d'elle ; vous lui conseillez d'être tête de liste dans le Val-d'Oise aux régionales, ce serait une bonne chose ?
Mais moi je n'ai pas à lui conseiller. Mon rôle, si vous voulez... Que chacun fasse son travail.
Elle fait un peu la moue, elle semble ne pas vouloir y aller et ça semble agacer l'Elysée.
Non, mais interrogez-la, c'est une responsable politique, vous avez le droit de l'interroger, elle répondra.
C'est vrai, on le prend régulièrement d'ailleurs.
Ce n'est pas à moi de décider pour tel ou tel de mes collègues du Gouvernement s'ils doivent être candidats, pas candidats, être jugés sur leurs actions. Encore une fois, qui juge de l'action des membres du Gouvernement ? C'est le président de la République, dont je rappelle que c'est lui qui nomme les ministres sur proposition du Premier ministre.
Oui, ça ne nous a pas échappé, c'est la lecture des textes constitutionnels.
C'est la Constitution.
Vous serez, vous, tête de liste en Haute-Marne, comme on le lit ce matin dans un journal, Le Figaro ?
Ce que je crois c'est que c'est une élection très importante pour nous, pour la majorité. Moi je souhaite que dans ma région, la Champagne- Ardenne, la majorité nationale parlementaire reprenne la majorité au Conseil régional. Donc je trouve légitime qu'en tant que responsable politique, je m'engage dans cette aventure, dans ce combat pour aider J.-L. Warsmann qui va être notre chef de file aux régionales.
Au niveau régional.
Alors maintenant la nature, la façon dont je vais m'engager est en discussion avec mes camarades au sein du Mouvement populaire, à la fois au niveau national et au niveau local.
Vous vous engagerez...
D'une manière ou d'une autre.
Mais vous n'avez pas l'air d'être, pardon de l'expression, chaud bouillant pour être tête de liste pour quitter le ministère demain ?
Je m'engagerai, parce que quand on est responsable politique, son rôle c'est d'aller au combat, de porter les valeurs de notre famille politique. La nature de l'engagement elle reste à discuter et les têtes de liste, les chefs de file départementaux ils seront choisis le 28 novembre par notre famille politique.
D'accord. Les régionales, on va en reparler avec F. Hollande mais de manière détournée ; il considère que le débat sur l'identité nationale, et F. Hollande il était ce matin sur France Inter, c'est une manière de préparer cette élection. (Extrait document France Inter / F. Hollande, député (PS) de Corrèze). Il participera au débat, il l'a dit également ce matin et on l'a entendu, c'est une bonne chose ? Le ministre de l'Education veut se saisir de ce débat de l'identité nationale ?
Bien sûr !
Comment ?
Je crois que c'est le rôle de tous les responsables politiques de se saisir de ce débat.
On peut l'organiser dans les écoles ?
Alors nous allons voir sous quelle forme. Je crois que c'est un très bon débat. Pourquoi ? Tous les grands pays du monde aujourd'hui se posent cette question : qui nous sommes, d'où venons-nous, où allons-nous, quelles sont nos valeurs ? Un pays, comme le nôtre, qui s'ouvre en permanence, qui s'enrichit de la différence, c'est très important qu'il se pose un moment et qu'il réfléchisse sur ses valeurs, sur son identité, sur son avenir. Donc c'est un bon débat, qui n'est pas une surprise. D'ailleurs N. Sarkozy avait évoqué cette question pendant sa campagne présidentielle.
Alors si c'est un bon débat, est-ce qu'on doit l'avoir à l'école ? C'est la question que je vous pose.
Oui, alors...
Et comment ?
D'abord, ce débat il a lieu à l'école. L'école est sans doute la meilleure incarnation de ce qu'est notre modèle républicain, avec l'apprentissage de la liberté, avec l'égalité des chances, qui est sans doute à l'école l'endroit où ça se développe, qui se justifie...
Mais vous savez combien c'est difficile...
Oui, c'est difficile, c'est un combat permanent.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Et donc l'école c'est sans doute la plus grande incarnation aujourd'hui des valeurs de cette République. Donc, oui, nous allons participer au débat. Moi-même je vais participer...
Je veux dire concrètement, ça veut dire que dans les classes, on va parler identité nationale, on va demander aux professeurs d'en parler ?
Ça veut dire que dans le cadre de ce qu'on appelle l'ECJS, c'est-à-dire l'éducation civique, j'imagine que les enseignants, et je leur fais totale confiance en la matière...
Mais vous ne leur demandez pas explicitement...
Non, mais ce débat il doit aussi... ce n'est pas d'en haut qu'on va impulser le débat. Il faut l'initier, mais il va être porté par l'ensemble de la population. Moi j'ai été très frappé, E. Besson a ouvert un site Internet, le premier jour 7 000 contributions, 7 000 contributions, alors qu'il y a huit jours un certain nombre d'autres responsables du Parti socialiste nous expliquaient que c'était un débat décalé, inutile.
Et un certain nombre de modérations, un certain nombre d'internautes qui se plaignent de ne pas pouvoir déposer leurs messages, notamment le Front national qui crée son propre site.
Ce qui est clair c'est qu'E. Besson est très vigilant à ce que sur ce site, il n'y ait pas de dérive dans les propos qui sont présentés sur le site. Mais encore une fois, 7 000 contributions le premier jour ça prouve que ce débat il doit venir de la base, il doit venir du terrain, c'est ce que nous allons faire.
Je vais vous parler encore une fois des enfants qui vont à l'école, mais qui quand ils ne sont pas à l'école traînent parfois dans les rues. B. Hortefeux s'en émeut régulièrement, un certain nombre de députés de droite également et le ministre de l'Intérieur a évoqué hier un couvre-feu pour les moins de treize ans, c'est une idée qui a été évoquée lors des rencontres de Beauvau et sur laquelle revient M. Aubry ce matin, elle n'est pas tout à fait d'accord, c'est le moins que l'on puisse dire. (Extrait document RTL / M. Aubry, première secrétaire du PS). Pas de couvre-feu mais des moyens...
C'est intéressant parce que l'intervention de M. Aubry démontre à quel point sur les questions de sécurité il y a encore des archaïsmes terribles dans la pensée du Parti socialiste. Oui, moi je revendique le fait que nous nous adaptons en permanence à l'évolution de la délinquance. Et si nous voulons être efficaces contre l'insécurité, il nous faut en permanence nous adapter. B. Hortefeux...
Quitte à passer par la loi, par exemple, pour imposer ce type de couvre-feu ?
Alors nous verrons quel est le mode le plus approprié.
Mais vous ne l'excluez pas ?
B. Hortefeux qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui ? Il constate qu'il y a une augmentation de la délinquance des mineurs, + 5 %. Eh bien il adapte, il fait des propositions pour répondre à cela. Aujourd'hui, il y a des maires en France qui prennent des arrêtés précisément pour faire en sorte que des jeunes de moins de treize ans sortent le soir accompagnés de leurs parents, c'est aussi pour leur sécurité à eux...
Ça nous semble légitime.
Donc il lance le débat, c'est un bon débat, il y répondra et nous verrons de quelle manière on peut mettre en oeuvre ou non cette mesure, mais c'est une proposition qui est sur la table.
Merci, Monsieur le Ministre de l'Education nationale...
Merci à vous.
Et porte-parole du Gouvernement - on l'a entendu ce matin largement - d'avoir été notre invité ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 novembre 2009
Bonjour, L. Bazin !
Ministre de l'Education nationale, porte-parole d'un gouvernement recadré hier, assez sèchement, fermement, comme la majorité d'ailleurs, par le Premier ministre et par le Président, qui ont appelé les frondeurs à la solidarité, que ces frondeurs s'appellent Guaino, conseiller du président, R. Yade, ministre, secrétaire d'Etat en l'occurrence, ou J.-P. Raffarin, sénateur. Ça fait beaucoup de couacs quand même. Il fallait reprendre en main, c'est ça, il fallait dire : « Ça suffit maintenant ! » ?
Vous savez, j'ai un peu l'impression d'un phénomène de loupe grossissant et déformant sur ce qui se passe...
Vous allez me refaire le coup des médias, là !
Non, non, pas du tout !
Non ?
...Sur ce qui se passe dans la majorité aujourd'hui. Je m'explique. Nous sommes à mi-mandat et je crois que nous sommes fiers, et notre majorité peut être fière du travail qui a été accompli depuis deux ans et demi ; travail de réforme en profondeur de notre société, de respect des engagements du président de la République, on va y revenir, du travail sur la scène internationale et en même temps nous avons une feuille de route très importante sur la taxe, aujourd'hui ; réforme en profondeur des collectivités territoriales, tout le monde l'attend, la France localement est bloquée, nous allons débloquer la France, libérer les énergies locales ; réforme de la taxe professionnelle, qui est un impôt que tout le monde reconnaît comme absurde, qui nuit à la compétitivité de notre économie...
Oui, mais qui rapporte beaucoup d'argent aux collectivités locales et c'est ce que disent les sénateurs UMP frondeurs, UMP et Nouveau centre d'ailleurs.
Oui, mais je crois que dans la vie, le rôle des politiques c'est de décider, c'est de choisir. Et choisir c'est aussi renoncer.
C'est qui les "politiques" en l'occurrence ? C'est le gouvernement ? L'exécutif a décidé, soumettez-vous !
L'exécutif a pris une décision, il se trouve que j'y suis un petit peu, en partie, responsable puisque j'étais secrétaire d'Etat à l'Industrie quand j'ai proposé au président de la République au plus fort de la crise économique, c'est-à-dire en début d'année 2009, au moment où nous avons conçu le plan automobile, le pacte automobile, je lui ai proposé de mettre fin à cet impôt absurde qui pénalise la production dans notre pays. Et donc le Président a pris une décision, je me souviens ça n'a pas été chose facile de considérer qu'il fallait supprimer la taxe professionnelle...
J'entends, mais ce que vous dites ce matin c'est ce qu'a dit, si j'ai bien compris, le Président à J.-P. Raffarin, hier matin lors du petit-déjeuner de la majorité, c'est-à-dire ça suffit, tu es vice-président de l'UMP, tu es solidaire, un point c'est tout.
Alors je reviens sur le prisme et sur l'effet loupe déformant...
Mais vous ne me répondez toujours pas !
Si, je vais vous répondre, je vais vous répondre ! Nous ne pouvons pas, nous qui avons fait le choix de donner davantage de pouvoir au Parlement à travers la réforme constitutionnelle...
J'allais vous le dire.
...Contester le fait que l'Assemblée nationale et le Sénat sont là pour aménager les textes, proposer des textes. Je rappelle que la moitié de l'ordre du jour dorénavant est de la responsabilité des parlementaires...
Mais...
...Et d'amender, de faire vivre le débat.
Mais...
Donc le débat il doit exister et il existe au sein de la majorité. Il était prévu qu'il y ait une discussion entre le groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, le groupe parlementaire au Sénat et le Gouvernement sur la taxe professionnelle ; le Gouvernement n'est pas arrivé avec un texte en disant : c'est ça, c'est à prendre ou à laisser.
J'ai compris. Donc c'est la méthode de J.-P. Raffarin qui est critiquée, cette tribune ; c'est ça, en gros ? On ne se parle pas comme ça au sein d'une famille ?
... Alors ensuite, ce qu'ont dit hier un certain nombre de responsables de la majorité, moi j'ai entendu, par exemple, G. Longuet, le président du groupe UMP au Sénat, dire à ses collègues : quand on a des choses à se dire, on évite de le dire à l'extérieur, on le dit plutôt au sein du groupe. Voilà. Mais ça c'est l'analyse des différents acteurs, des groupes parlementaires de la majorité.
Et ça, ça vaut pour le Gouvernement, ça vaut pour R. Yade, elle s'est désolidarisée, je cite F. Fillon, c'est devant le groupe parlementaire UMP hier matin à l'Assemblée, "il faudra en tirer les conséquences". Ça veut dire quoi, qu'elle est virée du Gouvernement, mais que ce sera lors du prochain remaniement ? C'est un licenciement décalé dans le temps ?
Vous savez que j'ai été DRH dans une vie passée...
Oui, c'est pour ça que je vous pose la question en ces termes.
Je ne suis pas DRH du Gouvernement, donc je suis le porte-parole...
Qu'est-ce que ça veut dire ? Ce matin, R. Yade est secrétaire d'Etat aux Sports ou pas ?
Attendez, d'abord ce n'est pas le porte-parole du Gouvernement qui fait le Gouvernement, qui défait le Gouvernement.
Non, mais vous pouvez me confirmer si elle est toujours secrétaire d'Etat aux Sports ce matin ?
Bien sûr qu'elle est secrétaire d'Etat aux Sports.
Pour combien de temps ?
Ecoutez, c'est au président de la République et au Premier ministre d'en décider.
Le Premier ministre il a dit « Il faudra en tirer les conséquences », ça peut être autre chose qu'un départ ?
Le Premier ministre il a rappelé un certain nombre de principes ; les principes c'est qu'il y a un cap. Le cap c'est, par exemple, la suppression de la taxe professionnelle. Dans le cadre de ce cap, il y a un débat entre l'exécutif...
Oui, là, pardon, je vous parle de R. Yade.
Et quand il y a débat, il y a aussi un certain nombre de lignes rouges. Les lignes rouges c'est en particulier que les arbitrages qui ont été rendus en interministériel, c'est-à-dire entre les ministres, validés par le Premier ministre et par le président de la République. C'était le cas sur ce sujet, eh bien ensuite ils doivent être respectés. Mais ça c'est la règle...
Donc elle a fait faute R. Yade en contestant l'arbitrage rendu sur les droits à l'image collectifs des sportifs ?
Si vous me permettez...
Oui ou non ?
Cessons de personnaliser les choses.
Oui, mais, si vous le permettez, répondez à mes questions !
Oui, je réponds à vos questions.
Alors est-ce que, oui ou non, elle a fait une faute ?
J'y réponds. Encore une fois lorsqu'il y a un cap qui est fixé, lorsqu'il y a un débat qui est engagé, il y a un moment où on rend un arbitrage et cet arbitrage il doit être respecté par les membres du Gouvernement. Mais ce que je vous dis là, excusez-moi de vous le dire...
Donc elle a fauté !
Ça me paraît une évidence.
Ça va de soi, oui. Donc elle a fauté !
J'ai été secrétaire d'Etat, j'ai travaillé... Encore une fois, ce n'est pas à moi de décerner des bons et des mauvais points. Ce qui est important c'est que le Gouvernement maintienne le cap, le Gouvernement continue à réformer et qu'il continue à dialoguer avec cette majorité. Je vais vous dire une chose, L. Bazin, si aujourd'hui vous me parlez beaucoup de ce qui se passe dans la majorité, c'est parce que le débat il a lieu chez nous. Et, je dirais, il faudrait presque s'en réjouir parce que moi j'aimerais que le débat il ait aussi lieu au Parlement avec les autres groupes parlementaires. Sur ces grands sujets si importants : la réforme des collectivités territoriales, la réforme de la taxe professionnelle, moi je n'entends pas beaucoup le Parti socialiste s'exprimer, je n'entends pas beaucoup l'opposition. Donc j'évoquais tout à l'heure la loupe, l'effet loupe déformant et amplifiant, c'est aussi parce qu'il ne se passe pas grand-chose en face et parce que nous n'avons pas beaucoup de contre-propositions. C'est en quelque sorte l'UMP, la majorité qui crée le débat. C'est une bonne chose, en même temps sachons faire le pas...
Et ne pas pousser le bouchon trop loin.
Pousser vers l'extrême.
Vous l'avez dit, ne pas pousser le bouchon trop loin. R. Yade vous lui conseillez... alors c'est confraternellement, d'une certaine manière que je vous pose la question, de vous vis-à-vis d'elle ; vous lui conseillez d'être tête de liste dans le Val-d'Oise aux régionales, ce serait une bonne chose ?
Mais moi je n'ai pas à lui conseiller. Mon rôle, si vous voulez... Que chacun fasse son travail.
Elle fait un peu la moue, elle semble ne pas vouloir y aller et ça semble agacer l'Elysée.
Non, mais interrogez-la, c'est une responsable politique, vous avez le droit de l'interroger, elle répondra.
C'est vrai, on le prend régulièrement d'ailleurs.
Ce n'est pas à moi de décider pour tel ou tel de mes collègues du Gouvernement s'ils doivent être candidats, pas candidats, être jugés sur leurs actions. Encore une fois, qui juge de l'action des membres du Gouvernement ? C'est le président de la République, dont je rappelle que c'est lui qui nomme les ministres sur proposition du Premier ministre.
Oui, ça ne nous a pas échappé, c'est la lecture des textes constitutionnels.
C'est la Constitution.
Vous serez, vous, tête de liste en Haute-Marne, comme on le lit ce matin dans un journal, Le Figaro ?
Ce que je crois c'est que c'est une élection très importante pour nous, pour la majorité. Moi je souhaite que dans ma région, la Champagne- Ardenne, la majorité nationale parlementaire reprenne la majorité au Conseil régional. Donc je trouve légitime qu'en tant que responsable politique, je m'engage dans cette aventure, dans ce combat pour aider J.-L. Warsmann qui va être notre chef de file aux régionales.
Au niveau régional.
Alors maintenant la nature, la façon dont je vais m'engager est en discussion avec mes camarades au sein du Mouvement populaire, à la fois au niveau national et au niveau local.
Vous vous engagerez...
D'une manière ou d'une autre.
Mais vous n'avez pas l'air d'être, pardon de l'expression, chaud bouillant pour être tête de liste pour quitter le ministère demain ?
Je m'engagerai, parce que quand on est responsable politique, son rôle c'est d'aller au combat, de porter les valeurs de notre famille politique. La nature de l'engagement elle reste à discuter et les têtes de liste, les chefs de file départementaux ils seront choisis le 28 novembre par notre famille politique.
D'accord. Les régionales, on va en reparler avec F. Hollande mais de manière détournée ; il considère que le débat sur l'identité nationale, et F. Hollande il était ce matin sur France Inter, c'est une manière de préparer cette élection. (Extrait document France Inter / F. Hollande, député (PS) de Corrèze). Il participera au débat, il l'a dit également ce matin et on l'a entendu, c'est une bonne chose ? Le ministre de l'Education veut se saisir de ce débat de l'identité nationale ?
Bien sûr !
Comment ?
Je crois que c'est le rôle de tous les responsables politiques de se saisir de ce débat.
On peut l'organiser dans les écoles ?
Alors nous allons voir sous quelle forme. Je crois que c'est un très bon débat. Pourquoi ? Tous les grands pays du monde aujourd'hui se posent cette question : qui nous sommes, d'où venons-nous, où allons-nous, quelles sont nos valeurs ? Un pays, comme le nôtre, qui s'ouvre en permanence, qui s'enrichit de la différence, c'est très important qu'il se pose un moment et qu'il réfléchisse sur ses valeurs, sur son identité, sur son avenir. Donc c'est un bon débat, qui n'est pas une surprise. D'ailleurs N. Sarkozy avait évoqué cette question pendant sa campagne présidentielle.
Alors si c'est un bon débat, est-ce qu'on doit l'avoir à l'école ? C'est la question que je vous pose.
Oui, alors...
Et comment ?
D'abord, ce débat il a lieu à l'école. L'école est sans doute la meilleure incarnation de ce qu'est notre modèle républicain, avec l'apprentissage de la liberté, avec l'égalité des chances, qui est sans doute à l'école l'endroit où ça se développe, qui se justifie...
Mais vous savez combien c'est difficile...
Oui, c'est difficile, c'est un combat permanent.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Et donc l'école c'est sans doute la plus grande incarnation aujourd'hui des valeurs de cette République. Donc, oui, nous allons participer au débat. Moi-même je vais participer...
Je veux dire concrètement, ça veut dire que dans les classes, on va parler identité nationale, on va demander aux professeurs d'en parler ?
Ça veut dire que dans le cadre de ce qu'on appelle l'ECJS, c'est-à-dire l'éducation civique, j'imagine que les enseignants, et je leur fais totale confiance en la matière...
Mais vous ne leur demandez pas explicitement...
Non, mais ce débat il doit aussi... ce n'est pas d'en haut qu'on va impulser le débat. Il faut l'initier, mais il va être porté par l'ensemble de la population. Moi j'ai été très frappé, E. Besson a ouvert un site Internet, le premier jour 7 000 contributions, 7 000 contributions, alors qu'il y a huit jours un certain nombre d'autres responsables du Parti socialiste nous expliquaient que c'était un débat décalé, inutile.
Et un certain nombre de modérations, un certain nombre d'internautes qui se plaignent de ne pas pouvoir déposer leurs messages, notamment le Front national qui crée son propre site.
Ce qui est clair c'est qu'E. Besson est très vigilant à ce que sur ce site, il n'y ait pas de dérive dans les propos qui sont présentés sur le site. Mais encore une fois, 7 000 contributions le premier jour ça prouve que ce débat il doit venir de la base, il doit venir du terrain, c'est ce que nous allons faire.
Je vais vous parler encore une fois des enfants qui vont à l'école, mais qui quand ils ne sont pas à l'école traînent parfois dans les rues. B. Hortefeux s'en émeut régulièrement, un certain nombre de députés de droite également et le ministre de l'Intérieur a évoqué hier un couvre-feu pour les moins de treize ans, c'est une idée qui a été évoquée lors des rencontres de Beauvau et sur laquelle revient M. Aubry ce matin, elle n'est pas tout à fait d'accord, c'est le moins que l'on puisse dire. (Extrait document RTL / M. Aubry, première secrétaire du PS). Pas de couvre-feu mais des moyens...
C'est intéressant parce que l'intervention de M. Aubry démontre à quel point sur les questions de sécurité il y a encore des archaïsmes terribles dans la pensée du Parti socialiste. Oui, moi je revendique le fait que nous nous adaptons en permanence à l'évolution de la délinquance. Et si nous voulons être efficaces contre l'insécurité, il nous faut en permanence nous adapter. B. Hortefeux...
Quitte à passer par la loi, par exemple, pour imposer ce type de couvre-feu ?
Alors nous verrons quel est le mode le plus approprié.
Mais vous ne l'excluez pas ?
B. Hortefeux qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui ? Il constate qu'il y a une augmentation de la délinquance des mineurs, + 5 %. Eh bien il adapte, il fait des propositions pour répondre à cela. Aujourd'hui, il y a des maires en France qui prennent des arrêtés précisément pour faire en sorte que des jeunes de moins de treize ans sortent le soir accompagnés de leurs parents, c'est aussi pour leur sécurité à eux...
Ça nous semble légitime.
Donc il lance le débat, c'est un bon débat, il y répondra et nous verrons de quelle manière on peut mettre en oeuvre ou non cette mesure, mais c'est une proposition qui est sur la table.
Merci, Monsieur le Ministre de l'Education nationale...
Merci à vous.
Et porte-parole du Gouvernement - on l'a entendu ce matin largement - d'avoir été notre invité ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 novembre 2009